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PRÉFACE.

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EN Allemagne il n’est personne qui ne connaisse l’histoire du baron de Munchhausen. Tous les yeux ont lu, toutes les oreilles ont entendu cette curieuse histoire. Depuis plus de cinquante ans, elle se raconte aux veillées d’hiver, elle égaye les joyeux buveurs autour des tables où coule le vin du Rhin, elle voyage avec les caravanes des étudiants de Heidelberg et de Jéna, elle déride le front des graves penseurs du Nord et donne un ton de plus à la gaîté des rieurs du Midi. Dieu sait combien de fois elle a déridé le front de l’hôte de Johannisberg lui-même.

Mais, en réalité , c’est plutôt par tradition qu’elle s’est propagée partout, qu’elle s’est glissée dans toutes les familles, qu’elle s’est imprimée dans toutes les mémoires, que par le livre lui-même, qui, ignoré de la plupart, mérite cependant une place dans toutes les bibliothèques. Car est-il un livre qui ait apporté plus de joie dans la plus humble chaumière et dissipé plus de soucis dans les palais les plus riches?

On peut dire, sans être taxé d’exagération, que l’histoire de Munchhausen est une des perles de la littérature allemande. Peu de productions de cette littérature qui présente une richesse aussi variée d’humour, une aussi grande abondance de saillies, une ironie aussi fine, et en même temps une allure aussi franche et aussi facile.

Le modeste écrivain auquel cette œuvre est due n’a jamais voulu se nommer. Cependant l’histoire littéraire allemande l’attribue généralement au poète G. A. Bürger. Même, dans une réimpression des œuvres complètes de l’auteur de Lénore, on a inséré l’histoire de Munchhausen, quoiqu’elle n’ait jamais été publiée dans l’édition originale.

On a tout lieu de croire que Bürger eut une part très-importante, la plus grande peut-être, à cet ouvrage, et qu’il doit en être considéré comme l’éditeur. Mais en réalité, il n’en fut pas l’auteur unique; car il n’est pas moins certain que deux de ses célèbres contemporains, Kærstner et Lichtenberg, ses condisciples à l’université de Gœttingue, y contribuèrent aussi pour une bonne part. Il est probable, comme la tradition le raconte, que l’idée première de cette production est le résultat de quelque joyeuse causerie de table de ces trois chefs de la littérature allemande, cherchant à lutter entre eux d’imagination et de récits exagérés, et que l’un d’eux, Bürger, lui donna la forme sous laquelle elle fut publiée, pour la première fois, en 1788, comme une prétendue traduction de l’anglais, publiée à Londres, bien qu’elle fût mise en lumière par la librairie de Dieterich à Gœttingue. La participation de Lichtenberg à ce livre ne peut être révoquée en doute; elle résulte de tant de choses, elle se révèle si bien dans l’ensemble dé l’œuvre et dans les détails, qu’elle saute aux yeux de toutes parts à l’examen critique le plus superficiel. On y reconnaît aussi clairement la verve caustique de Kærstner. L’idée de produire l’ouvrage comme une traduction allemande d’une création originale anglaise, ainsi que l’ont porté toutes les éditions publiées jusqu’à ce jour, appartient évidemment à cet écrivain. Elle peut toutefois avoir en partie sa source dans l’intention d’éviter tout scandale et de ne pas se compromettre. Mais il est évident qu’il n’existe pas d’édition anglaise de l’histoire de Munchhausen anté. rieure à l’édition allemande. La première édition anglaise est postérieure de plusieurs années à la première allemande publiée à Gœttingue.

Voici ce que Bürger, Lichtenberg et Kærstner écrivirent en tète de leur livre:

Préface de L’éditeur anglais.

«Le baron de Munchhausen, auquel on doit l’origine de la plupart des aventures que nous racontons ici, appartient à l’une des plus nobles familles de l’Allemagne, à une lignée qui a fourni à plusieurs provinces de cet empire les hommes les plus honorables et les plus illustres. Lui-même est le type le plus rare de l’honnête homme et possède l’esprit le plus original. Comme il a trouvé sans doute par expérience combien de peine on a souvent à faire entrer un peu de sens commun dans la plupart des têtes, et combien des ergoteurs effrontés ont souvent de facilité à assourdir toute une société et à lui faire accroire, en dépit des cinq sens, les choses les plus saugrenues, il ne se donne jamais la peine de les réfuter; mais il dirige d’abord adroitement la conversation vers des sujets indifférents, puis il raconte une petite historiette de ses voyages, de ses campagnes, de ses aventures drôlatiques, dans un ton tout-a-fait particulier, mais qui est le véritable ton qui convient à l’art de bien mentir, ou, pour parler plus décemment, de tirer le grand couteau du fourreau.

«On a, il y a quelque temps, recueilli plusieurs de ces historiettes et on les a offertes au public afin de propager un moyen dont peut se servir, à l’occasion, celui qui vient à tomber au milieu d’une assemblée où trône quelqu’un de ces impudents fanfarons. Cette occasion se présente en tout temps et chaque fois que quelqu’un avance sérieusement des choses fausses sous le masque de la vérité, et trompe, au dé triment de son propre honneur et de sa propre conscience, ceux qui ont le malheur d’être ses auditeurs.

«Aussi, l’écoulement rapide des premières éditions de ce petit livre, qu’on aurait peut-être plus convenablement intitulé le Démenteur, a suffisamment prouvé que le public en a parfaitement compris le but moral.

«La présente édition est considérablement augmentée. Nous espérons que ces additions ne seront pas regardées comme des rameaux indignes du tronc dont elles sont sorties.»

A la suite de cette préface se trouvait la suivante:

Préface du traducteur allemand.

«C’est en vérité un phénomène étrange que la publication des récits suivants en Angleterre. Nés et grandis sur le sol allemand, propagés dans toute la patrie. germanique sous les fermes et dans les costumes les plus divers, ils ont enfin été recueillis à l’étranger et mis en lumière. Peut-être en cette occasion encore l’Allemagne fut injuste envers le mérite de ses propres enfants. Peut-être l’Angleterre a-t-elle mieux compris ce que c’est que l’esprit, quelle est sa valeur, et combien il honore celui qui le possède. Ce sont là des points que d’autres pourront discuter. Pour nous, il nous suffit d’avoir recherché dans un pays étranger un produit national pour le rendre à sa patrie, sans avoir été guidés par cet esprit mercantile qui pousse nos écrivains à braconner sans relâche sur le domaine des littératures étrangères.

«Du reste, ce petit recueil a fait fortune dans les deux pays. L’original anglais a obtenu cinq éditions, et nous publions aujourd’hui la seconde de la traduction allemande. Nous l’avons enrichie des additions qui ont été faites à la cinquième édition anglaise, mais sans nous attacher toutefois à les reproduire textuellement; car, en plus d’un endroit, nous avons retranché des interpolations qu’on y avait glissées et qui ne s’accordent pas avec la version primitive. En un mot, nous avons, dans cette seconde édition, comme nous l’avions fait dans la première, traité ce petit livre, non pas comme un dépôt sacré, mais comme une propriété dont nous avons le droit de faire ce qu’il nous plaît.

«Nous devons à la vérité de dire que ce livre n’est ni un système, ni un traité, ni un commentaire, ni un mémoire, ni une dissertation, et qu’aucune des classes de nos principales académies et sociétés scientifiques n’y a pris la moindre part. Cependant nous croyons que ce n’est pas là une raison pour qu’il ne puisse, sous plus d’un rapport, être d’une grande utilité et d’un salutaire enseignement. Quel fruit on peut en retirer, l’éditeur anglais l’a suffisamment développé, dans sa préface, en nous disant l’intention réelle dans laquelle il fut écrit. Un critique anglais espère même que celte production contribuera à convertir certains hâbleurs du parlement britannique. Nous l’espérons avec lui pour d’autres. Cependant, si elle n’aboutissait qu’à égayer in nocemment le lecteur, il n’est pas nécessaire, croyons-nous que l’auteur de cette préface mette ses habits de dimanche, son manteau, son jabot et sa perruque à marteaux, pour recommander humblement ce petit volume à la bienveillance de la gent lisante. Car, si mince et si frivole-qu’il puisse paraître au premier abord, il est peut être d’une valeur infiniment plus importante qu’un grand nombre d’honorables volumes, gros et ventrus, qui ne possèdent ni le privilége de faire rire, ni celui de faire pleurer, et ne redisent que ce qui a été dit mille et mille fois avant leur laborieuse naissance.»

Histoire et aventures du Baron de Munchhausen

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