Читать книгу Les monstres dans la légende et dans la nature : études sur les traditions tératologiques - Henri 1849-1925 Cordier - Страница 3
AVERTISSEMENT
ОглавлениеJ’AVOUE que j’étais fort éloigné d’entreprendre des études dont les monstres étaient l’objet, lorsque la publication du «Voyage du frère Odoric de Pordenone à travers l’Asie au XIVe siècle» m’obligea à étudier un nombre considérable de problèmes si intéressants que je n’hésite pas à vous présenter le résultat de mes recherches. Je me trouvais en présence de phénomènes si extraordinaires, qu’ils pouvaient à bon droit passer pour miraculeux; ne pouvait-on pas, avec l’aide de la science moderne, leur attribuer une cause naturelle? Je tâche en effet, avant de chercher des combinaisons savantes, de retrouver, s’il est possible, des origines simples, partant populaires ou naturelles, plutôt qu’héroïques ou surnaturelles, convaincu que le mythe est le résultat et non la source de faits explicables. Je crois avoir réussi, dans l’espèce, au-delà de toutes mes espérances.
Ce n’est ni dans les bestiaires, les herbiers, les lapidaires, si fort à la mode chez nos ancêtres, qu’il faut chercher l’explication des phénomènes qui nous occupent, car ce genre d’ouvrages ne contiennent qu’un exposé des vertus des animaux, des plantes ou des minéraux, ni même dans les ouvrages de tératologie pure, comme ceux d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire ou du docteur Martin, qui sont du domaine de la médecine et de l’anthropologie plutôt que du nôtre, mais bien dans les ouvrages des auteurs anciens, dans les récits des voyageurs, et dans quelques-unes des compilations si curieuses qui ont été faites au XVIe siècle. Ces recueils étaient particulièrement riches en descriptions de monstres et ils renfermaient souvent les mêmes gravures sur bois que se repassaient les imprimeurs. Je me suis en général servi des figures de Lycosthènes parce que son volume est, peut-être, le plus complet en ce genre, mais on retrouvera quelques-unes de ses images aussi bien dans la Cosmographie d’André Thévet, que dans celle de Sébastien Munster, et dans les OEuvres d’Ambroise Paré.
Ces études spéciales paraissent avoir été très négligées depuis bien des années, mais il convient cependant de citer les Traditions tératologiques de Jules Berger de Xivrey, le Folk-Lore in China de Dennys et les Mythical Monsters par Charles Gould.
Dans ce travail, j’ai d’abord recueilli chronologiquement tous les documents relatifs aux phénomènes étudiés, puis j’ai tâché d’en donner l’explication. J’ai dégagé de la masse énorme de sujets les trois groupes les plus importants: 1° les hommes à tête de chien, les Cynocéphales; 2° les monstres à tête humaine; 3° les nains ou pygmées; puis j’ai réuni dans un quatrième groupe les monstres divers. J’invite toutes les personnes que peut intéresser ce genre d’études à m’adresser leurs observations que j’insérerai quand l’ouvrage paraîtra sous forme de volume.