Читать книгу Du mariage civil et du mariage religieux - Henri Thiercelin - Страница 5
DE LA QUESTION DU MARIAGE.
ОглавлениеL’attention publique s’est préoccupée, dans ces derniers temps, d’une polémique dont le résultat eût pu être de modifier, sur la question du mariage, la législation qui nous régit. Les partisans aveugles d’un ordre de choses qui n’est plus auraient voulu rendre, ou plutôt donner au mariage, un caractère exclusivement religieux. D’autres, plus timides, moins conséquents, se seraient contentés de mettre, comme on dit, à cet endroit Dieu dans la loi. Tous tendaient à donner à notre législation, sur ce point, l’empreinte du caractère théocratique.
Les circonstances dans lesquelles la discussion s’est produite indiqueraient seules qu’un principe supérieur était en jeu; les aveux qui sont survenus étaient superflus. Qu’y a-t-il à s’étonner? Les partis exploitent tout, les passions, les terreurs et jusqu’aux sentiments les plus intimes, s’ils prédisposent à des concessions, qui bientôt, hélas! deviendront l’occasion de nouveaux débats. Il était tout naturel que, à un moment où la société, dans sa frayeur, revenait à d’anciennes croyances trop oubliées, il se trouvât des hommes pour ressusciter des prétentions qu’elles favorisaient jadis, au risque d’amener un mouvement contraire.
C’est donc toujours du droit et de l’autorité qu’il s’agit. La lutte des deux principes n’est pas nouvelle. Dans les sociétés antiques, elle ne pouvait avoir un caractère bien accusé. Personnifiée au sommet dans un homme ou une aristocratie qui ne pouvait agir qu’au nom de sa propre raison et ne prétendre qu’à l’exercice d’un pouvoir humain, l’autorité devait être confondue avec la force. Elle s’ignorait elle-même, sa mission, sa destinée, et jusqu’à la part d’influence légitime peut-être qu’elle pouvait exercer temporairement. Aussi les combats où elle demeurait vaincue ne laissaient-ils d’autre regret que celui de la défaite, comme dans les jeux sanglants des tribus sauvages, où le parti qui succombe, sans considération de la justice ou de l’iniquité de sa cause, ne songe, après la perte de la bataille, qu’au moyen de la regagner.
Le caractère de la lutte n’a jamais disparu complétement, mais l’avénement du christianisme l’a profondément modifié. L’Église catholique a mis dans le débat le poids de sa puissance spirituelle. L’autorité est alors apparue avec le seul caractère qu’elle puisse avoir, c’est-à-dire comme s’exerçant en vertu d’une mission providentielle. Et c’est ainsi que, dans l’ordre temporel comme dans l’ordre spéculatif, on l’a vue depuis, plus sûre d’elle-même, avec une conscience plus nette de sa force et de sa valeur, formuler son principe, en régler l’application, mais aussi travailler, sans le savoir, à dégager le principe contraire, l’idée du droit, du sentiment indistinct qui germait dans les masses.
Qui doit l’emporter de l’autorité ou du droit?
De nos jours, l’antagonisme est nettement posé. La révolution française, dont les commencements font admirer les bienfaits et la grandeur, autant que ses excès la font maudire, a formé une génération ne reconnaissant, presque tout entière, d’autre principe de gouvernement que le droit. L’irritation d’un moment, pour des excès dont le principe du droit n’est pas responsable, ne prouve rien. Faut-il revenir au système de Grégoire VII et de Boniface VIII, plus ou moins adouci, et, avec cette banalité qui sera répétée longtemps encore, qu’on ne peut bannir Dieu de la loi, imposer au pouvoir temporel une tâche d’auxiliaire qui ne peut jamais être la sienne?
C’est la question qui s’agite aujourd’hui à propos du mariage.
A Dieu ne plaise que nous contestions à la plus haute expression de l’autorité, à l’Église, l’empire qu’elle prétendra toujours, et avec raison, exercer sur les âmes, nous ne disons pas tout à fait sur les consciences. Bacon a dit qu’un peu de philosophie naturelle incline à l’athéisme, mais qu’une science plus haute ramène à la religion. Il en donne cette raison, que l’homme qui considère les causes secondes éparses peut bien acquiescer par ses propres lumières à chacune d’elles, mais que pour pénétrer plus avant et trouver la chaîne qui les lie, il lui faut se réfugier vers l’idée d’un Dieu . Nous ajouterons qu’il n’y a pas de religion sans dogme, et que l’Église seule donne une réponse satisfaisante aux questions que tout homme s’est posées, au moins une fois, sur sa destinée, sa nature, son avenir. Mais reconnaître que l’Église est en possession de la vérité surnaturelle, ce n’est pas lui donner le droit de rendre obligatoires les préceptes qui en découlent.
Les adversaires du droit individuel humain, disons plus simplement, du droit, puisqu’il n’en est pas d’autre, font une singulière confusion d’idées. On a dit avec raison: L’homme s’agite, et Dieu le mène . Or, de ce que Dieu fait sentir une autre justice que celle que la raison perçoit, justice toujours mystérieuse, ils nient la justice et la raison. Mais quoi de commun entre cette intervention occulte de Dieu dans le gouvernement des choses humaines, et le pouvoir prétendu d’interpréter ses décrets et de les faire exécuter? L’action de Dieu sur le monde est un fait que l’école seule de Voltaire pourrait contester; mais enfin ce n’est qu’un fait, appartenant à l’ordre historique, et le pouvoir théocratique, quelque part qu’on le place, est quelque chose d’essentiellement différent. L’homme, entouré de mystères, jouet de tendances contraires, sans cesse trompé dans ses calculs et déçu dans ses prévisions, se sent sous une main toute-puissante: naturellement il remontera à cette raison suprême et mystérieuse des choses dont la vérité entraîne son adhésion; mais ce sera par un effort de sa propre raison, non autrement. Il se soumettra volontairement, il n’abdiquera pas sans réserve. Avec ce sentiment qui l’humiliera sous des mystères inaccessibles à son intelligence, mais patents, certains, comme ces astres invisibles dont des calculs démontrent l’existence à tel endroit du firmament, il conservera cet autre sentiment de son indépendance et de la responsabilité qui pèse sur lui comme être libre et intelligent. Donc, après cette parole: Dieu mène le monde, il faut ajouter: La force n’appartient qu’au droit.
L’autorité religieuse formule comme elle veut ou doit ses dogmes et ses préceptes. Elle n’est pas tenue d’être raisonnable, parce qu’elle ne demande qu’une adhésion volontaire. Mais le pouvoir temporel, appelant la force pour maintenir ses commandements, ne peut rien lui emprunter. Il ne saurait parler un autre langage que celui de la raison commune. Et c’est pourquoi, en maintenant le droit selon les lumières qui lui sont départies, il doit laisser à une justice plus haute, à laquelle les moyens ne manqueront pas, le soin, s’il se trompe, de rectifier ses jugements.
D’ailleurs, jusqu’où ira-t-on dans cette voie? A quel titre préjuge-t-on la volonté divine, et comment peut-on substituer aussi hardiment un droit conjectural à des règles de justice que l’homme de tous les pays trouve écrites dans sa conscience? S’attend-on à rencontrer des limites? L’histoire apprend qu’il n’y en a pas. Les prétentions de la Papauté au moyen âge étaient très-logiquement déduites du pouvoir que l’Église, par ses ministres, exerce sur les consciences. Le plus véhément apologiste de la puissance papale fait remarquer avec raison que les Papes n’ont jamais rien exigé qu’en vertu de leur puissance spirituelle, que, comme catholique, nul ne peut leur contester . C’est comme interprètes de la loi de Dieu qu’ils prétendaient à se faire écouter des souverains et des sujets. Ils ne marchaient pas contre le prince récalcitrant; ils lançaient l’interdit. Ils ne se constituaient pas les vengeurs du droit violé, du droit tel qu’ils le concevaient; ils n’étaient que juges. Or qui peut limiter l’exercice d’une telle puissance, dès qu’on a renoncé aux lumières de la raison, si incertaines et vacillantes qu’elles soient? Le pouvoir civil qui se fait, sur un point quelconque, l’exécuteur d’une justice surhumaine, est logiquement entraîné vers la condition de ces souverains placés au moyen âge sous la suzeraineté spirituelle des papes. Sans doute les moyens de coërcition d’alors ne seront plus employés, l’es prit du temps y répugne; mais il n’importe. La question est de savoir si le même droit subsiste; et dès qu’on le reconnaît, il faut bien qu’il soit obligatoire, puisqu’on ne pourrait y résister qu’en se rendant coupable.
Faut-il, comme les enfants, ne pas compter pour une faute tout acte qui n’est pas suivi du châtiment?
C’est une grande injustice que d’opposer à l’Église les actes particuliers de ses chefs pour une impeccabilité à laquelle elle n’a jamais prétendu pour eux. Mais on peut, on doit lui opposer son droit tel qu’elle l’a formulé, avec les conséquences qu’elle en a déduites. Tous les gouvernements peuvent se tromper, parce qu’ils sont discutables; l’Église seule, dans sa doctrine. ne le peut pas. On a dit que son infaillibilité n’était pas un privilége particulier; qu’elle n’est infaillible qu’en ce sens qu’on ne peut lui résister. C’est une erreur. Il faut laisser aux souverainetés temporelles le triste privilège de commander sans avoir raison. La résistance n’est impossible contre l’Église que parce que son infaillibilité est un dogme et doit être une vérité.
Voilà l’autorité telle qu’elle se présente. Sa marque, c’est de ne pouvoir être discutée; c’est de n’avoir nul compte à rendre de ses jugements, parce qu’elle agit en vertu d’une délégation divine. L’Église catholique en a compris la première le caractère; mais l’autorité, quoique résidant essentiellement dans l’Église, peut se manifester ailleurs. Une loi qui n’est pas juste, nous voulons dire de la justice de tous les pays, et qui cherche sa justification dans des raisons empruntées à l’ordre surnaturel, est un acte d’autorité, de quelque pouvoir qu’elle émane. Telle serait la loi du mariage religieux, imposée ou confirmée par la puissance, divine dans son institution, dont toutes celles qui veulent être souveraines tiennent leur droit. Et il ne faut pas qu’on se récrie: nous disons qu’une telle loi serait un acte d’autorité, pour ne pas dire un acte arbitraire, sous lequel nom personne n’en voudrait.
On a dit que l’exercice de la souveraineté spirituelle du Saint-Siège avait assuré et assurerait encore la liberté des peuples. Cela peut être, si l’on donne aux souverainetés temporelles un pouvoir sans limites. Le souverain qui ne reconnaîtrait pas une autorité divine en lui (ce qui serait déjà une monstruosité de l’orgueil), ou ailleurs, n’aurait de règle que son bon plaisir. Il serait un fléau qu’aucun peuple ne tolérerait longtemps. Mais si le droit est le seul principe d’action des gouvernements, la garantie d’une justice supérieure est naturellement sans objet.
A tout cela, les docteurs ultramontains répondent: La doctrine catholique est telle, on ne peut la modifier; c’est un fait, il faut l’accepter tel qu’il est.
C’est le prendre de bien haut. Toute discussion est dès-lors impossible. On ne discuta plus avec les Jésuites quand ils dirent d’eux-mêmes: Sint ut sunt aut non sint.
On ajoutera: La doctrine est telle, parce que telle est la raison.
Dites votre raison; et il sera bien constant que le correctif ne corrige rien.
Ce n’est pas sans un certain embarras qu’on se livre, de notre temps, à des discussions de cette nature. Les prétentions excessives des papes du moyen âge ne sont-elles pas définitivement condamnées? Il semble que l’on combatte des fantômes. Et cependant le principe des prétentions des Grégoire VII, des Innocent III, des Boniface VIII, est encore et sera toujours un des dogmes principaux du catholicisme. Qu’est-ce que la confession, pour parler sans ambiguïté, sinon le pouvoir de diriger les consciences, qui se traduit vis-à-vis des peuples par l’appel à la résistance, et vis-à-vis des souverains par l’interdit? Les catholiques qui se récrient contre le pouvoir indirect de l’Église dans les questions civiles n’y voient rien, et ceux qui parlent de le limiter, prouvent simplement qu’ils ne le comprennent pas .
On a bientôt fait de parler de l’accord de l’aurité et de la raison; mais nul encore ne l’a réalisé. Est-ce que l’Église, par ses prêtres, ne prononce pas sur les cas de la conscience de chaque fidèle individuellement? Est-ce que les doutes qui intéressent l’âme et le salut ne naissent pas en toutes matières? Est-ce qu’il n’y a pas de conscience pour les citoyens comme citoyens, et pour les souverains comme maîtres? Cicéron a pu dire qu’en matière de religion, il écoutait, non les philosophes, mais les pontifes: Cum de religione agitur, T. Coruncanium, P. Scipionem, P. Scævolam, pontifices maximos, non Zenonem, aut Cleanthem, aut Chrysippum sequor . Mais un écrivain catholique ne parlerait pas ainsi; il ne ferait nulle réserve au profit de Chrysippe ou de Zénon. Il saurait qu’avec une doctrine qui fait rentrer le droit et la morale dans le dogme, et dont le ministre descend jusque dans le sanctuaire de la conscience pour la conduire, il ne faut parler ni de raison ni de droit.
Au reste, la corrélation que nous avons indiquée est vaguement sentie. Que de catholiques éclectiques pour un point unique, c’est-à-dire réservant ce dogme qui semble engager leur liberté morale! Nous ne voudrions pas placer le critérium de la certitude dans la décision du nombre; un point de morale ou un dogme ne se met pas aux voix. Mais n’y a-t-il pas quelque chose de significatif dans la résistance du chrétien sur un seul chef; et quand le même homme prie au nom de la Trinité, fait sacrer son mariage, s’agenouille devant la croix, présente ses enfants au baptême et à la communion, et mourra désolé s’il n’a reçu l’onction suprême?
On parlera d’orgueil, de gêne dans le mal, d’endurcissement. Certes, une pratique que Voltaire lui-même considère comme le plus grand frein aux crimes secrets et le meilleur moyen de faire restituer par les voleurs l’argent qu’ils ont dérobé, peut bien provoquer la révolte de l’orgueil. Mais aussi un autre mobile peut exister, et c’est le sentiment mal démêlé de la responsabilité morale que tout homme sent peser sur lui.
Nos bons aïeux, qui valaient mieux que nous, ne retranchaient pas un seul article du Credo catholique. Ce n’est point à dire qu’il n’y eût de leur temps ni orgueil, ni endurcissement; ces deux maux datent de plus loin; ils ont existé de tout temps. Mais ce qui est plus nouveau, c’est le sentiment de cette indépendance de la conscience, sans laquelle les œuvres sont sans mérite et la soumission même sans dignité.
Il est vrai qu’aujourd’hui l’on bafoue la conscience. Serait-ce donc qu’il n’y en a plus?
Il vient toujours un moment où elle se relève et ressaisit, au moins en partie, son empire. Parmi les catholiques mêmes, c’est une vieille lutte que celle qui s’agite entre les ultramontains et les gallicans. Ceux-ci veulent conserver l’ancienne discipline de l’Église des Gaules, et repoussent les nouveaux règlements de Rome qui y porteraient atteinte. Ils contestent la puissance du pape sur le temporel, et limitent son autorité en toutes matières par les canons. Que font-ils autre chose que réclamer contre le Chef même de l’Église un droit, une liberté ?
Ils s’arrêtent dans la même voie, un peu plus loin, à la vérité, où les catholiques éclectiques dont nous venons de parler, attendent pour s’engager.
Il est bien vrai qu’il n’a pas dépendu des ultramontains que les gallicans ne fussent des hérétiques. Mais le gallicanisme, tout inconséquent qu’il est, et par cela surtout, n’en est pas moins une noble protestation de la raison contre les prétentions de l’absolutisme.
De Maistre a écrit un gros livre pour établir cette thèse, que l’Église c’est le Pape. Sa grande raison, c’est que l’universalité qui est le caractère de l’Église suppose la forme monarchique, à cause du nombre des sujets et de l’étendue géographique de l’empire .
C’est peu convaincant, dirons-nous; ces causes ne feraient point obstacle à ce que le gouvernement de l’Église fût aristocratique en la forme. Il n’est qu’une explication, et la voici:
Quand la discipline ecclésiastique place à côté de chaque individu un guide, un directeur, un interprète de la loi de Dieu, il serait contradictoire de ne point établir au sommet un interprète suprême, dont tous les autres apprennent hiérarchiquement ce qu’ils doivent faire. Il faut un juge supérieur là où il y a des juges subordonnés. Dès que la loi est appliquée par des hommes, le pouvoir souverain ne peut être anonyme, à peine d’engendrer l’anarchie. Et de là il suit, qu’ainsi que le fidèle ne peut disputer contre son directeur, celui-ci ne peut disputer, pour aucune raison, sous aucun prétexte, contre le supérieur de tous.
Voilà l’ultramontanisme dans son principe; qu’on supprime, en imagination, la confession, et il n’a plus nulle raison d’être.
Tout cela prouve une chose: c’est qu’il n’y a pas de milieu entre l’absolutisme théocratique et le droit. Bossuet, le gallican, génie plus pratique que logique, s’est en vain débattu contre les inconséquences évidentes de son système.
Peut-être aussi — pourquoi le dissimuler? — cela montre-t-il l’impossibilité de concilier, dans un autre ordre, le sentiment et la raison. Un Père de l’Église, saint Augustin, dit quelque part que l’autorité n’est pas sans raison, et que la raison elle-même indique quand il faut lui céder. On va ainsi de la science à la foi. C’est une méthode qui ne rentre qu’assez mal dans l’esprit d’une doctrine qui s’impose d’abord, et ne s’inquiète qu’après du soin de se justifier. Mais en est-il une autre? On tient au moins les deux bouts de la chaîne, tandis que les logiciens à outrance en laissent forcément échapper un.
Assurément ce n’est pas la paix que cet état flottant de l’âme entre deux sentiments qui semblent la solliciter en sens contraire. Mais aussi la paix n’est pas de ce monde, et tel qui croit l’avoir trouvée a trouvé la mort. Dans toutes les conditions, la vie de l’homme est un combat contre les passions qui le tourmentent; il est, pour quelques-uns, une autre lutte plus douloureuse encore, celle de la raison inquiète, agitée et cherchant en elle une certitude qu’elle ne trouve pas. Les plus grands esprits sont ceux qui l’ont le mieux connue; Pascal n’était croyant que par désespoir. Heureusement, l’homme, qui hésite sur ce qu’il doit penser, n’hésitera jamais sur ce qu’il doit faire; il a en lui un guide infaillible, dont il est au moins étrange qu’il faille aujourd’hui réclamer les droits.
C’est cette pensée, résumé des lignes qui précèdent et sommaire des pages qui vont suivre, que nous voudrions rendre palpable. Le droit n’a qu’un principe, la conscience, la raison, non la raison qui se soumet, mais la raison qui juge et prononce. La logique, et la logique implacable, est là sur son domaine. L’autorité ne peut être discutée, donc elle ne peut contraindre.
Loin de nous la pensée de rien ajouter à l’âcreté d’une polémique déjà trop envenimée. Fils respectueux, sinon toujours soumis, de l’Église, nous jugeons moins sa doctrine que nous ne cherchons à la comprendre. A tous les titres, elle commande la vénération. C’est elle qui a formé des saints, et au-dessous, de nos jours, ces admirables curés de campagne, qui font que chaque village compte au moins un homme de bien véritable, dans toute l’acception du mot. Mais la même réserve n’est pas commandée vis-à-vis de ces esprits intolérants qui mettent la foi qu’ils disent avoir au service de leur convoitise; et quand la passion haineuse, en de telles matières, parle un certain langage, il est bien permis de la démasquer pour la flétrir.