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I

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LA PEINTURE EN ANGLETERRE AVANT GAINSBOROUGH

SI l’on considère l’histoire de l’Art en général, et si l’on établit des comparaisons avec l’Europe occidentale, l’Ecole anglaise de peinture a été certainement une des dernières dont on puisse constater le développement.

En Italie, en Espagne, en France, dans les Pays-Bas, en Allemagne, et même en Scandinavie, la peinture et la sculpture ont existé dès le Moyen Age, ont resplendi au temps de la Renaissance, ont été illustrées par quantité d’artistes qui ont laissé de tous côtés des chefs-d’œuvre.

On aurait tort de croire cependant qu’il n’y eut pas de Primitifs anglais; au XIII, XIV, et XVème siècles, alors que sur le continent un art existait reflétant les aspirations, le caractère, le tempérament de chaque nation, dans la péninsule britannique aussi des œuvres voyaient le jour.

D’une époque très reculée datent là-bas des sujets religieux et des portraits, du règne de Henri III, par exemple.

Malheureusement, la plupart de ces anciennes productions ont disparu, et l’on regrette d’autant plus leur perte que l’on peut juger de leur valeur par les spécimens qui subsistent, tels que les portraits de Henri VI, de Henri VII, et des princes et des comtes de ce temps. Ce ne sont certainement pas des merveilles artistiques, mais de très précieuses choses documentaires.

Néanmoins, il faut admettre que, jusqu’au règne de Henri VIII, la peinture n’a pas existé en Angleterre.

Ce souverain est le premier qui donna réellement un encouragement aux travaux artistiques; en l’année 1526, date mémorable, commence véritablement l’histoire esthétique de l’Angleterre.

Pourquoi cela? Parce que, cette année-là, le comte d’Arundel, revenant d’un voyage sur le continent, amenait avec lui “un jeune homme à puissante carrure, à la figure basanée et sensuelle, au regard d’une fixité étrange.”

C’était Hans Holbein, dont la réputation, bien qu’il n’eût que trente ans, était déjà quasi universelle, grâce aux éloges que lui avait décernés Erasme.

Ses concitoyens, à Bâle, n’avaient-ils pas su apprécier son talent à sa juste valeur, ou fut-il séduit par les faveurs royales? La cour d’Angleterre se l’attacha par une situation honorifique et par une pension de deux cents florins.

Cette circonstance fut fort heureuse pour le mouvement artistique.

A part quelques excursions sur le continent, Holbein passa vingt-huit ans en Angleterre, jusqu’à ce qu’il mourût de la peste en 1543.

Quelle fut sa véritable influence?

Presque nulle—malgré son génie, ses succès et sa popularité à la Cour; le sol n’était pas propice à sa formule artistique, il ne forma point d’école, il n’eut pas d’élèves pouvant profiter de sa technique et continuer sa tradition.

PLANCHE II.—RALPH SCHOMBERG, M.D.

(National Gallery)

Ce tableau représente un descendant du feld-maréchal duc de Schomberg, qui fut tué en 1690 à la bataille de la Boyne.


A sa mort, le premier et court chapitre de l’histoire de l’Angleterre est clos, et l’on pourrait craindre que la tentative très louable de Henri VIII ne soit mort-née. Mais non, un résultat important est déjà acquis; la peinture a gagné l’estime du public, et les souverains vont désormais attirer auprès d’eux les artistes de talent, comme Antonio Moro, Lucas de Heere, Zucchero, et Van Somer.

Pendant le règne d’Elisabeth des distinctions sont, pour la première fois, décernées à des artistes de naissance anglaise, Hilliard et Oliver, mais on ne peut encore leur attribuer le mérite d’avoir fondé une école nationale.

Avec l’avènement de Charles Ier l’art commence à prendre une place importante; le souverain possédait un goût fin et distingué, et non content d’attirer des artistes à la Cour, il voulait collectionner de belles œuvres achetées à l’étranger. Son exemple fut suivi par son frère, le prince Henry, par le comte d’Arundel, et par nombre de courtisans; c’est à ce moment que parvinrent en Angleterre les toiles de maîtres italiens tels que Raphaël, Léonard de Vinci, Corrège, Véronèse, Titien, Tintoret. Des Pays-Bas vinrent également des tableaux de Rubens et de Rembrandt.

L’évènement artistique le plus important du règne de Charles Ier—celui qui aura la plus réelle influence dans l’histoire de l’art en Angleterre—c’est, en 1632, la présence de Van Dyck; c’est de lui que naquit et que procède l’Ecole anglaise qui sera à son apogée au siècle suivant.

Van Dyck avait trente-trois ans quand il vint à Londres. Il était en pleine gloire; il fut de suite attaché à la Cour, et son succès fut immédiat. Le roi, la reine, leurs enfants, ne se lassaient pas de poser devant lui, imités en cela par les courtisans, les femmes de la noblesse; la mode en était si bien établie que sa faveur persista durant la Révolution et le régime puritain qui succédèrent à la mort de Charles Ier.

Van Dyck était tellement assailli de commandes qu’il se trouva dans l’impossibilité d’y satisfaire. Il fit alors ce que Rubens avait fait à Anvers: il prit dans son atelier des élèves qu’il dressa à exécuter les parties les moins importantes de ses portraits, telles que les draperies et les fonds. Ce travail, exécuté ainsi sous l’œil du maître, leur donna des principes artistiques précieux, et une école se créa peu à peu qui aboutira à la glorieuse éclosion du XVIIIème siècle.

Le gouvernement du Protecteur ralentit quelque peu le mouvement, mais l’impulsion était donnée, et, sous la Restauration, la peinture refleurit à nouveau, avec des artistes, pour la plupart étrangers, sans doute, mais ayant pour qualité primordiale d’être des reflets de Van Dyck.

On demandait des portraits dans la manière du maître, et aucun peintre de cette époque n’essaya de conquérir une originalité particulière: tous s’en tenaient à une imitation servile; les meilleurs, Lely et Kneller, tous deux Hollandais, firent cependant quelques portraits non dépourvus d’une note personnelle.

A cette époque, surgit tout à coup un peintre, de naissance anglaise, qui, tout en reconnaissant les mérites de Van Dyck, affirma une manière nouvelle; Hogarth regarda la nature par ses propres yeux, et, en dépit de la mode d’alors, peignit les choses et les gens comme il les voyait; il refusa de flatter ses modèles comme on le faisait avant lui. On lui en tint peut-être rigueur, mais, grâce à lui, le charme était rompu, et il avait prouvé qu’on pouvait être un grand artiste sans s’attacher à copier éternellement Van Dyck.

Tel est rapidement le résumé de l’histoire de la peinture en Angleterre jusqu’au milieu du XVIIIème siècle; et il nous faut constater qu’il n’y eut pas alors d’école anglaise véritablement digne de ce nom.

Mais, à ce moment, s’opère une transformation complète, et une pléiade d’artistes remarquables va naître. Ils admirent sans doute Van Dyck, Rembrandt, Raphaël, le Titien, mais ils ont le courage de dire: “La nature est encore un plus grand maître que ces ancêtres.” Et c’est ce qui explique qu’en plus du portrait, ils s’attachèrent au paysage, complètement négligé avant eux, et dans cette voie ils firent une brillante carrière.

De tous ces artistes remarquables, Reynolds, Raeburn, Romney, Hoppner, Lawrence, Turner, le plus important est sans aucun doute Thomas Gainsborough.

Gainsborough : huit reproductions fac-simile en couleurs

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