Le Chevalier des Touches
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J. Barbey d'Aurevilly. Le Chevalier des Touches
Le Chevalier des Touches
Table des matières
«COLLECTION GUILLAUME ET LEMERRE» J. BARBEY D'AUREVILLY. Le Chevalier Des Touches
A MON PÈRE
Le Chevalier Des Touches
I
TROIS SIÈCLES DANS UN PETIT COIN
II
HÉLÈNE ET PARIS
III
UNE JEUNE VIEILLE AU MILIEU DE VÉRITABLES VIEILLARDS
IV
HISTOIRE DES DOUZE
V
LA PREMIÈRE EXPÉDITION
VI
UNE HALTE ENTRE LES DEUX EXPÉDITIONS
VII
LA SECONDE EXPÉDITION
VIII
LE MOULIN BLEU
IX
HISTOIRE D'UNE ROUGEUR
Отрывок из книги
J. Barbey d'Aurevilly
Publié par Good Press, 2020
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les jambes croisées...
Le fait est que, comme le chat du bonhomme Misère, autre dicton normand, il ne ressemblait plus à personne. Ayant perdu tout, ou à peu près, de sa fortune patrimoniale, il vivait comme il pouvait de quelques bribes, et de la maigre pension qu'octroya la Restauration aux pauvres chevaliers de Saint-Louis qui avaient suivi héroïquement la maison de Bourbon à l'étranger et partagé sa triste fortune. Il avait moins souffert que bien d'autres de cette vie dénuée. Ses besoins n'étaient pas nombreux. Il avait une santé de fer, que l'exercice et le grand air avaient rendue d'une solidité qui paraissait indestructible. Il habitait une petite maison, aux écarts du bourg voisin de Saint-Sauveur-le-Vicomte, sans domestique qu'une vieille femme qui allait parfois balayer son logis, et on ne dira pas: «faire son lit», car il n'en avait pas, et il couchait dans un hamac qu'il avait rapporté d'Angleterre. Sobre comme un anachorète et presque ichthyophage, il se nourrissait de sa pêche, étant devenu, sur le tard de ses jours, un pêcheur aussi infatigable qu'il avait été un indomptable chasseur dans la première moitié de sa vie. Toutes les rivières du pays le connaissaient et le voyaient incessamment sur leurs bords, à dix lieues à la ronde, un paquet de longues lignes sur son épaule et à la main un vase de fer-blanc, d'une forme allongée comme la boîte au lait des laitières, et dans lequel il mettait, sous une couche de terreau, les vers de jardin qu'il accrochait à ses hameçons. Il pêchait aussi à la mouche, cette chasse écossaise, cette chasse en marchant, dont il avait pris l'habitude en Écosse, et qui émerveillait les paysans du Cotentin, à qui cette pêche était, avant lui, inconnue, quand ils le voyaient courir sur la rive, en remontant ou en descendant les rivières, et figurer le vol de la mouche en maintenant toujours son hameçon à quelques pouces du fil de l'eau, avec un aplomb de main et de pied qui tenait vraiment du prodige.
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