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A MONSEIGNEUR DE MONTMORENCY, Duc, Pair, & grand Admiral de France, & c.

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ONSEIGNEUR,

Quand je n’aurois pas l’honneur d’estre à vous, comme je l’ay, & que le don que je vous y fait de moy du jour que mon affection & mon bonheur m’attacherent à vostre service, ne m’eust pas osté la liberté de disposer de mes actions ; je ne sçais point de Seigneur en France à qui plus justement qu’à vous je puisse presenter comme je fais les premiers fruicts de mon Estude. Si j’estois asseuré de leur bonté, je ne douterois point qu’ils vous fussent agréables, & n’importunerois pas vostre Grandeur en la priant de les recevoir : la facilité qu’elle a tousjours euë à pratiquer les bonnes choses est rune marque infaillible de son inclination à les aimer. J’oseray dire, MONSEIGNEUR, sans vous flatter, que vous estes peut estre le seul de vostre condition en qui l’on remarque aujourd’huy plus de perfections & moins de defauts, & de qui les honnestes gens ont tousjours eu plus de sujet de se loüer. Je laisse à part les actions de courage, qu’on ne sçauroit mieux relever que par la comparaison de celles de vos Ancestres. Ou treuvera-t’on un Seigneur apres vous qui dans la corruption du siecle ait conservé de l’amour pour les bonnes lettres, jusqu’au point de leur establir des pensons sur le plus clair de son revenu ? Toute la France est tesmoin de ce que vous avez faict pour un de ses plus beaux Esprits, à qui vostre seule protection a donné lieu de tesmoigner son innocence. Il a plustost manqué de vie que de recognoissance : & je m’asseure que le plus grand regret qu’il ait encor dans le tombeau, c’est de n’avoir pas laissé dans ses Escrits de quoy repousser la calomnie de ceux qui voudroient l’accuser d’ingratitude en vostre endroit. De moy qui cheris sa memoire parfaitement, plustost que de souffrir qu’on l’obscurcisse d’une si noire tache, je mesteray son interest avec le mien, & m’efforceray de tout mon pouvoir de m’acquitter d’une debte commune, que la mort ne luy permit pas de vous payer. Cependant recevez s’il vous plaist ces premices de ma jeunesse : c’est tout ce que je puis rendre aujourd’huy à vostre Grandeur, en recognoissance de tant de bien-faits que j’ay receu d’elle depuis deux ans que j’ay la gloire d’estre,

MONSEIGNEUR,

Vostre tres-humble, tres-obeïssant

& tres-obligé serviteur, MAIRET.

La Sylvie du sieur Mairet

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