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AVANT-PROPOS

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Musæus, assez peu connu en France, a une grande réputation dans son pays d’origine, c’est-à-dire en Allemagne. C’est un écrivain spirituel, humoristique, doué d’un esprit pédagogique plutôt que satirique, et qui a su railler assez finement, dans son Grandisson allemand, ceux qui confondent la sensiblerie avec la sentimentalité et la sensibilité.

Mais ce qui l’a rendu célèbre en Allemagne, c’est son recueil de Contes populaires, dans lesquels il évoque le monde mystérieux et charmant des fées, des gnomes et des sorcières.

Les Contes populaires de Musaeus ont eu jusqu’à trois éditions principales en Allemagne, et un certain nombre d’entre eux ont été traduits en français, par Bourguet, avec une notice de Paul de Kock (1826), par Materne (1848). Ces traductions sont du reste épuisées et introuvables actuellement. En outre, elles ne comprennent que quelques contes alors que l’œuvre de Musæus s’étend en cinq gros volumes.

La traduction de M. Pessonneaux ne porte, elle aussi: que sur quelques contes — cinq exactement — qui comptent parmi les meilleurs de l’auteur allemand.

Le traducteur a su faire revivre le style original et pur de Musæus, dont le bon sens le dispute à l’intention honnête. Dans l’ouvrage de M. Pessonneaux, on retrouve l’ironie piquante et la verve endiablée de l’auteur, qui, de l’aveu de bien des littérateurs, tient une place honorable à côté de Wieland, d’Hoffmann, etc. Certains vont même jusqu’à le surnommer le Perrault de l’Allemagne. Nous accepterions volontiers cette comparaison si, au contraire du conteur français, Musæus ne substituait trop souvent son propre esprit à celui de ses héros imaginaires. Chez Perrault aucun esprit d’auteur ne s’ajoute au récit. Toutefois né croyons pas trop à la naïveté des contes de Perrault. Selon M. Brunetière, cette naïveté n’existe que dans l’imagination des lecteurs.

A part cette faible critique, l’œuvre de Musaeus est vraiment remarquable, et mérite l’honneur d’une nouvelle traduction partielle. Celle de M. Pessonneaux nous paraît excellente en tous points.

L’ouvrage est très plaisant à lire. Peut-il en être autrement? Le conte a toujours plu, il plaira toujours, tant qu’il y aura des enfants et des intelligences éprises de mystérieux et de surnaturel. Sans aller jusqu’à dire après Théophile Gautier que Peau d’Ane soit le chef-d’œuvre de l’esprit humain, il faut convenir que beaucoup d’entre nous diraient volontiers comme notre grand fabuliste: «Si Peau d’Ane m’était conté, j’y prendrais un plaisir extrême.»

Oui, le conte constitue une bonne partie de notre littérature, à côté du roman dont il n’est qu’une variété. Le conte, c’est une nouvelle à laquelle personne ne croit, pas plus l’auteur que le lecteur, mais qui plaît par son caractère comique ou merveilleux, par son tour d’esprit, par ses récits touchants ou naïfs, récits qui remontent dans les souvenirs du peuple jusqu’aux vieilles légendes d’autrefois.

Et si le conte est moral — et il l’est dans l’œuvre de Musæus, dans la traduction fidèle de M. Pessonneaux — on ne saurait raisonnablement le frapper d’ostracisme. Qu’on lise un conte de ce livre, que ce soit La Nymphe de la fontaine ou le Chercheur de Trésors, que ce soit La Chronique des trois sœurs, ou Richilde ou encore Les Légendes de Rubezahl, on n’y trouvera que des conclusions tout à fait conformes à la morale la plus saine. La conscience la plus rigoureuse s’accommodera volontiers des dénouements de l’auteur. N’y voit-on pas, en effet, la vertu récompensée, le crime puni, le juste triompher de l’injuste et du cruel, le malheur immérité transformé finalement en bonheur parfait, le courage et la ténacité aplanir tous les obstacles, l’innocence reconnue, la perfidie châtiée?

En résumé, au point de vue moral comme au point de vue intellectuel, l’œuvre de Musæus, sera lu avec agrément par les enfants, par les adolescents, parfois aussi par les hommes, ces grands enfants. Le monde des fées et des anges gardiens, a-t-on dit, c’est la religion des enfants. Il y a là une grande part de vérité. Ne leur refusons pas cette joie douce et bienfaisante d’écouter encore, le soir, au coin du feu qui pétille, la nuit de Noël, ou pendant les longues soirées d’hiver, alors qu’au dehors la bise souffle ou que la neige tombe à gros flocons, leur mère-grand, leur vieille nourrice ou leur sœur aînée leur redire ces histoires d’elfes et de fées, histoires toujours extravagantes, parfois profondément philosophiques.

Contes populaires de Musaeus

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