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IV.
FAUSSE ROUTE

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– Voilà une très-jolie histoire, et que je me rappellerai pour la raconter à la veillée, dit l'oiselière que Sabina tenait toujours par le bras.

– Prince Percinet, s'écria lady G… passant son autre bras sous celui de Léonce, et en courant avec lui vers la voiture qui les attendait, vous êtes mon bon génie, et je m'abandonne à votre admirable sagesse.

– J'espère, dit le curé en s'asseyant dans le fond du wurst avec Sabina, tandis que Léonce et Madeleine se plaçaient vis-a-vis, que nous allons reprendre le chemin de Saint-Apollinaire? Je suis sûr que mes paroissiens ont déjà besoin de moi pour quelque sacrement.

– Que votre volonté soit faite, cher pasteur, répondit Léonce en donnant des ordres à son jockey.

– Eh quoi! dit Sabina au bout de quelques instants, nous retournons sur nos pas, et nous allons revoir les mêmes lieux?

– Soyez tranquille, répondit Léonce en lui montrant le curé que trois tours de roue avaient suffi pour endormir profondément, nous allons où bon nous semble. – Tourne à droite, dit-il au jeune automédon, et va où je t'ai dit d'abord.

L'enfant obéit, et le curé ronfla.

– Eh bien, voici quelque chose de charmant, dit Sabina en éclatant de rire; l'enlèvement d'un vieux curé grondeur, c'est neuf; et je m'aperçois enfin du plaisir que sa présence pouvait nous procurer. Comme il va être surpris et grognon en se réveillant à deux lieues d'ici!

– M. le curé n'est pas au bout de ses impressions de voyage, ni vous non plus, Madame, répondit Léonce.

– Voyons, petite, raconte-moi ton histoire et confesse-moi ton péché, dit Sabina en prenant, avec une grâce irrésistible, les deux mains de l'oiselière assise dans la voiture en face d'elle. Léonce, n'écoutez pas, ce sont des secrets de femme.

– Oh! Sa Seigneurie peut bien entendre, répondit Madeleine avec assurance. Mon péché n'est pas si gros et mon secret si bien gardé, que je ne puisse en parler à mon aise. Si M. le curé n'avait pas l'habitude de m'interrompre pour me gronder, au lieu de m'écouter, à chaque mot de ma confession, il ne serait pas si en colère contre moi, ou du moins il me ferait comprendre ce qui le fâche tant. J'ai un bon ami, Altesse, ajouta-t-elle en s'adressant à Sabina. Voilà toute l'affaire.

– En juger la gravité n'est pas aussi facile qu'on le pense, dit lady G… à Léonce. Tant de candeur rend les questions embarrassantes.

– Pas tant que vous croyez, répondit-il. Voyons, Madeleine, t'aime-t-il beaucoup?

– Il m'aime autant que je l'aime.

– Et toi, ne l'aimes-tu pas trop? reprit lady G…

– Trop? s'écria Madeleine; voilà une drôle de question J'aime tant que je peux; je ne sais si c'est trop ou pas assez.

– Quel âge a-t-il? dit Léonce.

– Je ne sais pas; il me l'a dit, mais je ne m'en souviens plus. Il a au moins… attendez! dix ans de plus que moi. J'ai quatorze ans, cela ferait vingt-quatre ou vingt-cinq ans, n'est-ce pas?

– Alors le danger est grand. Tu es trop jeune pour te marier, Madeleine.

– Trop jeune d'un an ou deux. Ce défaut-là passera vite.

– Mais ton amoureux doit être impatient?

– Non! il n'en parle pas.

– Tant pis! et toi, es-tu aussi tranquille?

– Il le faut bien; je ne peux pas faire marcher le temps comme je fais voler les oiseaux.

– Et vous comptez vous marier ensemble?

– Cela, je n'en sais rien; nous n'avons point parlé de cela.

– Tu n'y songes donc pas, toi?

– Pas encore, puisque je suis trop jeune.

– Et s'il ne t'épousait pas, dit lady G…

– Oh! c'est impossible, il m'aime.

– Depuis longtemps? reprit Sabina.

– Depuis huit jours.

– Oime! dit Léonce, et tu es déjà sûre de lui à ce point?

– Sans doute, puisqu'il m'a dit qu'il m'aimait.

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