Читать книгу Le culte de la très sainte Vierge Marie dans le Poitou - Joseph-Marie-U. Béduchaud - Страница 3
A LA MÉMOIRE DE MON VÉNÉRÉ PÈRE
ОглавлениеC’est à l’école d’un père admirablement chrétien, — dont un saint prêtre qui le connaissait bien a pu écrire avec raison: O quam perfectissimum laicum cujus sacerdotes ipsi desiderant esse imitatores, — que, depuis ma plus tendre enfance, j’appris spontanément à aimer d’une manière toute spéciale la Très Sainte Vierge. A la naissance de chacun des dix enfants que Dieu lui donna, il ajouta à leur nom de baptême le nom béni de MARIE; et, toute sa vie, il usa auprès d’eux des plus charmantes industries pour les porter à honorer la Reine du ciel par un culte de choix. Il écrivit, en outre, et publia deux œuvres consacrées à la gloire de notre divine Mère , favorablement accueillies dans le monde religieux.
Comment, à mon tour, aurais-je pu ne pas m’efforcer de suivre cet exemple dans la faible mesure de mes moyens, et ne pas continuer les traditions paternelles auprès de mes propres enfants et petits-enfants déjà nombreux, en leur transmettant ce précieux héritage?
Ne pouvais-je pas également, ne devais-je pas, comme mon vénéré père, travailler de mon mieux à faire aimer Marie, non pas seulement au foyer domestique, mais aussi en dehors de ce sanctuaire familial?
Pierre Béduchaud
(père de l’auteur)
décédé le 2 août 1881, à l’âge de 73 ans.
Envoyé, adolescent encore, il y a 50 ans, par Notre-Dame d’Aquitaine , vers Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, — dont l’église fut, dès mon entrée dans cette ville, celle qui se présenta tout de suite à mes yeux, et qui reçut mon premier salut et ma première visite, de même que ma première habitation fut dans une maison alors contiguë à cette vénérée basilique et aujourd’hui détruite, — je fus bientôt frappé par les grands souvenirs religieux et historiques se rattachant depuis des siècles à ce sanctuaire, qui en tendit durant plus de trente années la voix magistrale du cardinal Pieglorifier la Vierge immaculée dans la chaire de cette bénie Madone des Clefs en regard de laquelle il voulut faire reposer ses dépouilles mortelles, je fus témoin de leur descente dans ce noble tombeau, en 1880.
Depuis dix-huit ans j’avais vu l’illustre Prélat, — dont le blason disait très haut qu’il appartenait tout entier à Marie: Tuus sum ergo, — mettre tout son cœur à restaurer, à revivifier les sanctuaires de la divine Mère de Dieu établis de longue date dans son vaste diocèse, ou à en ériger d’autres encore. Et je ne parle pas de ses œuvres incomparables dans l’ordre doctrinal pour la glorification de Marie.
Amené, — grâce à ma tâche professionnelle de correcteur d’imprimerie depuis un demi-siècle dans cette ancienne et si honorable Maison Oudin (aujourd’hui Société Française d’imprimerie et de librairie), grâce aussi à ma bien humble collaboration à la Semaine Religieuse depuis la naissance de cet organe diocésain, en 1864, — à suivre, pour ainsi dire, jour par jour les faits et gestes de cet incomparable épiscopat, il me fut facile de recueillir ce qui avait été écrit successivement sur la plupart des sanctuaires poitevins par des plumes autorisées et d’y ajouter le résultat de mes propres recherches avec les communications de bienveillants amis . Je parvins ainsi à constituer une Summa Mariana poitevine dont l’intérêt local, à défaut d’autre mérite, me semblait indiscutable, sans trop de témérité. Les lecteurs de la feuille diocésaine ont pu, d’ailleurs, en juger par les nombreuses monographies que j’y ai publiées à ce sujet, dans les années 1899, 1900 et 1901; beaucoup d’entre eux ont bien voulu m’en témoigner leur satisfaction.
C’est le résumé de ces monographies, augmenté d’un bon nombre d’autres documents encore inédits et de diverse nature — comme on pourra le voir par la table des matières ci-après, — que je présente aujourd’hui à tous ceux qui ont au cœur une dévotion spéciale pour l’auguste Mère du Sauveur.
Les grands souvenirs du couronnement solennel, en 1863, de l’antique et vénérée statue de Notre-Dame-la-Grande, où j’aime à faire un petit pèlerinage chaque jour, — de celle de Notre-Dame de Pitié, dans la Gâtine, en 1873; de Notre-Dame de Lourdes en 1876, ne méritaient-ils pas aussi d’être rappelés dans ce livre, tant aux fidèles et aux pèlerins qui, comme moi, eurent le bonheur d’y assister qu’à ceux qui n’en furent pas les témoins?
Pourrait-on, d’autre part, reprocher à l’auteur de ces lignes, qui eut la faveur d’aller prier successivement, avec d’autres pèlerins du Poitou, non pas seulement à Lourdes — ce qui arrive annuellement à des milliers d’entre nous, — mais à ces autres grands sanctuaires qui s’appellent Notre-Dame de Chartres, Notre-Dame des Victoires à Paris, Notre-Dame de la Salette, Notre-Dame de Fourvière à Lyon, Notre-Dame de la Garde à Marseille, Notre-Dame de Bétharam, Notre-Dame de Buglose, Notre-Dame de Verdelais près Bordeaux, Notre-Dame de Celles, Notre-Dame de Ranton, dans notre diocèse et, en dehors de France, Notre-Dame de la Consolata à Turin, l’Annunziata à Gênes, Notre-Dame des Anges à Assise — (et ici quels chers souvenirs du séraphique François dont on a donné le nom à l’humble Tertiaire. Frère Joseph-François, qui écrit ces mots), — enfin à Sainte-Marie-Majeure et à divers autres sanctuaires de Marie à Rome, — pourrait-on me reprocher, dis-je, de ne pas exprimer ici à la Reine du Ciel, aussi bien en mon nom qu’en celui de mes compagnons de pèlerinage, notre filiale gratitude pour ces insignes faveurs, et de n’en pas prendre occasion pour travailler à la faire aimer et glorifier de plus en plus?...
Je ne saurais mieux terminer ce préambule qu’en reproduisant cette belle prière jaillie du cœur de mon vénéré père, et par laquelle il couronnait l’un des chapitres de son Album de Marie Immaculée:
«A Marie immaculée.
«Oui, vous êtes toute belle, ô Vierge immaculée, non d’une beauté
«passagère et périssable, mais d’une beauté semblable à celle de l’hu-
«manité de Jésus, laquelle charmera éternellement les yeux et le cœur
«des bienheureux, les ravira d’admiration et leur fera goûter une ten-
«dresse d’amour ineffable. O glorieuse Souveraine, élevée au-dessus
«des astres, qui pâlissent devant votre face, en vous Dieu lui-même ne dé-
«couvre aucune souillure, et c’est pourquoi il vous nomme sa Bien-Aimée,
«En contemplant les traits bien imparfaits sous lesquels le génie humain
«vous représente, qu’il nous est doux de penser à ce Credo enthou-
«siaste de l’Eglise catholique, répondant
«à celui de l’immortel Pie IX, définissant
«et proclamant solennellement, dans cette
«journée du 8 décembre 1854, le dogme
«béni de votre Immaculée Conception que
«tous les cœurs catholiques, que vos plus
«grands serviteurs, ô Marie, attendaient
«depuis des siècles! Satan, de nos jours,
«renouvelle avec un effrayant succès l’œu-
«vre non interrompue de séduction qui
«dégrada nos premiers parents. Partout
«l’orgueil, la sensualité et l’indépendance
«exercent de terribles ravages; partout les
«fausses jouissances du fruit défendu sont
«préférées aux délices réelles du jardin
«céleste; partout le sens moral va se per-
«dant de plus en plus; le bien s’appelle
«le mal, le mal s’appelle le bien. Ève nou-
«velle, levez-vous; soyez pour nous une
«arche de sanctification et une tour d’ivoire! Que la beauté très pure
«de votre visage fasse ressortir toute la laideur du prince des ténèbres.
«malgré le masque trompeur qui la couvre. O Marie conçue sans péché,
«priez pour nous qui avons recours à vous!» — (P. BÉDUCHAUD. Bordeaux, 1858. année des apparitions de la Très-Sainte Vierge à Lourdes.)
Malgré les 54 années qui nous séparent de l’époque où elle fut écrite, cette prière est devenue hélas! dans nos tristes jours, plus opportune que jamais. Je suis assuré qu’elle traduira les sentiments de tous mes lecteurs, et qu’ils aimeront à la répéter avec confiance.
JOSEPH-MARIE-U. BÉDUCHAUD.
Poitiers, le 2 juillet 1912, en la fête de la Visitation de la Très-Sainte-Vierge Marie.