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LES EAUX-FORTES
DE
JULES DE GONCOURT

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ES eaux-fortes que gravait Jules de Concourt, sans autre ambition que de faire dire à la pointe et à lacide ce que la plume peut décrire mais non montrer, sont des œuvres originales, précises, justement désirées aujourd’hui par les amateurs les plus délicats. Par la spontanéité et l’esprit, la passion et la patience, elles sont de même jet et de même reprise que les travaux littéraires de ce lucide et brillant esprit, frappé si jeune. Elles eussent suffi, si le public d’alors y eût pris garde et si lui-même eût prétendu aux succès d’artiste, à le classer dès le début parmi les aquafortistes d’élite. Mais il n’y songeait point. Il ne se courbait sur la plaque de cuivre vernie et enfumée que pour se reposer à de longs intervalles d’autres études. Quelques épreuves d’essai étaient tirées pour les intimes. Ce fut pour lui très-dur de conduire jusqu’au bout les planches qui commentent le texte des livraisons de l’Histoire de l’Art du XVIIIe siècle, écrite en collaboration avec son frère Edmond de Goncourt. Aujourd’hui, qu’épreuves d’essai et que livraisons sont épuisées, les amateurs attardés les recherchent avidement.

Ces eaux-fortes, d’un dessin vivant et personnel, d’une attaque leste et ferme, d’un travail ingénieux et appliqué, d’une morsure colorée et fine, nous montrent Jules de Goncourt tantôt directement aux prises avec la nature, tantôt face à face avec ces maîtres français du XVIIIe siècle dont il sentait à fond le style et la grâce, La Tour, Chardin, Fragonard, les Saint-Aubin, Prud’hon,–tantôt luttant d’esprit moderne avec les croquis du maître qu’il affectionnait entre tous, Gavarni.

Des réussites constantes s’expliqueraient mal dans l’œuvre d’un pur amateur, la force de la volonté ou la pénétration du goût ne suffisant pas à faire obéir le crayon et surtout la pointe. La lente éducation technique des yeux et de la main, Jules se l’était donnée dès la sortie de collége, pendant des années d’un travail à deux, ardent et appliqué, coupé par les écoeurements des essais, soutenu par les petits bonheurs du mieux-faire. Ses années de voyages d’artiste et de touriste en France, en Algérie, en Italie, ses stations dans les musées, les églises, les rues, sur le bord de la mer, ses mises au net dans son atelier de la rue Saint-Georges, M. Philippe Burty, qui fut son ami, les dira dans une notice qui ouvre la publication que nous annonçons.

Sa passion pour l’eau-forte, il nous l’a révélée lui-même dans ce qu’il fait dire à l’un des personnages de son roman, MANETTE SALOMON:

«… L’eau-forte l’empoignait avec son intérêt, son absorption passionnée, l’oubli qu’elle lui donnait de tout, du repos, du cigare, l’espèce d’effacement du temps qu’elle faisait dans sa vie. Penché sur sa planche, à gratter le cuivre, à découvrir, sous les tailles et les égratignures, l’or rouge du trait dans le vernis noir, il passait des journées…

«... Au bout de cela, la morsure, ce travail de l’acide qui, selon le degré, la température, des lois inconnues, une chance, un hasard, va réussir ou manquer la planche, faire ou defaire son caractère, creuser ou émousser son style, la morsure le prenait aux émotions de son mystère et de sa chimie magique. Il était enlevé à lui-même quand, baissé sur les fumées rousses, les bulles d’air crevant à la surface, il suivait dans l’eau mordante les changements du cuivre, ses pâlissements, les bouillonnements verts qui moussaient sur les traits de la pointe. Et aussitôt la planche dévernie, essencée, il avait une hâte à sortir. Il se dépêchait d’arriver, sa planche sous le bras, tout en haut de la rue Saint-Jacques.

«Là, au bout d’un jardinet, dans une pièce pleine d’un jour blanc, il avait une véritable anxiété à suivre la main noire du tireur, encrant et chargeant sa planche sur la boîte, l’essuyant avec la paume, la tamponnant avec de la gaze, la bordant et la margeant avec du blanc d’Espagne, la passant sous le rouleau, serrant la presse, tournant la roue et la retournant. Il était tout entier à ce qui allait se lever de là, à ce tour de roue, la fortune de son dessin. L’épreuve toute mouillée, il l’arrachait de la main de l’ouvrier…»

Les vingt et une eaux-fortes que nous publions ont été choisies parmi les cuivres les plus caractéristiques que Jules de Goncourt laissait en mourant. Les unes donnent l’idée de ce qu’il pouvait faire d’après les maîtres du XVIIIe siècle; les autres, totalement inédites, sont des études d’après la nature, d’après Decamps ou Henri Monnier, et une suite d’après des croquis et des aquarelles de Gavarni, suite qu’il affectionnait tout particulièrement et qu’il se proposait de compléter.

Des bois, gravés d’après ses souvenirs de voyages, ses études dans les collections, sont semés dans le texte.

A la notice biographique, M. Philippe Burty joint un catalogue descriptif de toutes les eaux-fortes, essais ou pièces terminées qu’a fait mordre Jules de Goncourt, ainsi que la mention précise de tous les états qu’elles ont successivement traversés.


Nous publions de ces vingt et une eaux-fortes deux éditions du format du présent prospectus: l’une de grand luxe sur papier spécial, avec les eaux-fortes tirées sur papier du Japon, à cent exemplaires avant toute lettre et au prix de200francs; la seconde, à deux cents exemplaires, les eaux-fortes tirées sur papier vergé, avec le numéro d’ordre et le nom de l’imprimeur à la pointe et au prix de100francs.

Le texte sortira des presses de M. Jules Claye.

Les eaux-fortes seront tirées par M. François Liénard.

Le texte et les eaux-fortes seront livrés réunis dans un carton. Les deux éditions seront numérotées.

Eaux-fortes de Jules de Goncourt

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