Читать книгу Ompdrailles, le tombeau des lutteurs - Léon Cladel - Страница 3
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Rhapsôdie XXIII.
E vainquis au pugilat Klydomèdeus, fils d’Enops; à la lutte, Agkaios le pleuronien qui se leva contre moi. Je courus plus vite que le brave Iphiklos; je triomphai, au combat de la lance, de Phyleus&de Polydôron; mais, à la course des chars, par leur nombre, les Aktoriônes remportèrent la victoire,&ils m’enlevèrent ainsi les plus beaux prix. Car ils étaient deux:&l’un tenait fermement les rênes,&l’autre le fouet. Tel j’étais autrefois,&maintenant de plus jeunes accomplissent ces travaux,&il me faut obéir à la triste vieillesse; mais, alors, j’excellais parmi les héros. Va! continue par d’autres combats les funérailles de ton compagnon.....
Nestôr parla ainsi,&le Pèléide déposa les prix pour le rude combat des poings. Et il amena dans l’enceinte,&il lia de ses mains une mule laborieuse, de six ans, indomptée&presque indomptable; &il déposa une coupe ronde pour le vaincu. Et, debout, il dit au milieu des Argiens:
–Atréides,&vous Akhaiens aux belles knémides, j’appelle, pour disputer ces prix, deux hommes vigoureux à se frapper de leurs poings levés. Que tous les Akhaiens le sachent, celui à qui Apollôn donnera la victoire conduira dans sa tente cette mule patiente,&le vaincu emportera cette coupe ronde
Il parla ainsi,&aussitôt un homme vigoureux&grand se leva, Epéios, fils de Panopeus, habile au combat du poing. Il saisit la mule laborieuse&dit:
–Qu’il vienne, celui qui veut emporter cette coupe, car je ne pense pas qu’aucun des Akhaiens puisse emmener cette mule, m’ayant vaincu par le poing; car, en cela, je me glorifie de l’emporter sur tous. N’est-ce point assez que je sois inférieur dans le combat? Aucun homme ne peut exceller en toutes choses. Mais, je le dis,&ma parole s’accomplira: je briserai le corps de mon adversaire&je romprai ses os. Que ses amis s’assemblent ici en grand nombre pour l’emporter, quand il sera tombé sous mes mains.
Il parla ainsi,&tous restèrent muets. Et le seul Euryalos se leva, homme illustre, fils du roi Mèkisteus Talionide, qui, autrefois, alla dans Thèbè aux funérailles d’Oidipous,&qui l’emporta sur tous les Kadméiônes. Et l’illustre Tydéide s’empressait autour d’Euryalos, l’animant de ses paroles, car il lui souhaitait la victoire. Et il lui mit d’abord une ceinture,&il l’arma de courroies faites du cuir d’un bœuf sauvage.
Puis les deux combattants s’avancèrent au milieu de l’enceinte. Et tous deux, levant à la fois leurs mains vigoureuses, se frappèrent à la fois, en mêlant leurs poings lourds. Et on entendait le bruit des mâchoires frappées;&la sueur coulait chaude de tous leurs membres. Mais le divin Epéios, se ruant en avant, frappa de tous les côtés la face d’Euryalos, qui ne put résister plus longtemps&dont les membres défaillirent. De même que le poisson qui est jeté, par le souffle furieux de Boréas, dans les algues du bord,&que l’eau noire ressaisit; de même Euryalos frappé bondit. Mais le magnanime Epeios le releva lui-même,&ses chers compagnons, l’entourant, l’emmenèrent à travers l’assemblée, les pieds traînants, vomissant un sang épais,&la tête penchée. Et ils l’emmenaient ainsi, en le soutenant,&ils emportèrent aussi la coupe ronde.
Et le Pèléide déposa les prix de la lutte difficile devant les Danaens: un grand trépied fait pour le feu,&destiné au vainqueur,&que les Akhaiens, entre eux, estimèrent du prix de douze bœufs;&, pour le vaincu, une femme habile aux travaux &valant quatre bœufs. Et le Pèléide, debout, dit au milieu des Argiens:
–Qu’ils se lèvent, ceux qui osent combattre pour ce prix.
Il parla ainsi,&aussitôt le grand Télamonien Aias se leva;&le sage Odysseus, plein de ruses, se leva aussi. Et tous deux, s’étant munis de ceintures, descendirent dans l’enceinte&se saisirent de leurs mains vigoureuses, tels que deux poutres qu’un habile charpentier unit au sommet d’une maison pour résister à la violence du vent. Ainsi leurs reins, sous leurs mains vigoureuses, craquèrent avec force,&leur sueur coula abondamment,&d’épaisses tumeurs, rouges de sang, s’élevèrent sur leurs flancs&leurs épaules. Et tous deux désiraient ardemment la victoire&le trépied qui en était le prix, mais Odysseus ne pouvait ébranler Aias,&Aias ne pouvait ébranler Odysseus. Et déjà ils fatiguaient l’attente des Akhaiens aux belles knémides; mais le grand Télamonien Aias dit alors à Odysseus:
–Divin Laertiade, très sage Odysseus, enlève-moi, ou je t’enlèverai,&Zeus fera le reste.
Il parla ainsi,&il l’enleva; mais Odysseus n’oublia point ses ruses,&, le frappant du pied sur le jarret, il fit ployer ses membres,&, le renversant, tomba sur lui. Et les peuples étonnés les admiraient. Alors le divin&patient Odysseus voulut à son tour enlever Aias, mais il le souleva à peine,&ses genoux ployèrent,&tous deux tombèrent côte à côte,&ils furent souillés de poussière. Et, comme ils se relevaient une troisième fois, Akhilleus se leva lui-même&les retint:
–Ne combattez pas plus longtemps, &ne vous épuisez pas. La victoire est à tous deux. Allez donc, emportant des prix égaux,&laissez combattre les autres Akhaiens.
Il parla ainsi;&, l’ayant entendu, ils lui obéirent,&, secouant leur poussière, ils se couvrirent de leurs vêtements. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
HOMÈRE
(Traducteur: LECONTE DE LISLE).