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Mss. FANNI À UN SEUL LECTEUR.

Table des matières

SI le naturel&la vérité, qui font tout le mérite de ces Lettres, leur attirent l’approbation du Public; si le hazard vous les fait lire; si vous reconnoissez les expressions d’un cœur qui fut à vous; si quelque trait rappelle à votre mémoire un sentiment que vous avez payé de la plus basse ingratitude; que la vanité d’avoir été l’objet d’un amour si rendre, si délicat, ne vous fasse jamais nommer celle qui prit en vous tant de confiance. Montrez-lui du moins, en gardant son secret, que vous n’êtes pas indigne à tous égards du sincere attachement qu’elle eut pour vous. Le desir de faire admirer son esprit, ne l’engage point à publier ces Lettres, mais celui d’immortaliser, s’il est possible, une passion qui fit son bonheur, dont les premieres douceurs sont encore présentes à son idée,& dont le souvenir lui sera toujours cher. Non, ce n’est point cette passion qui fit couler ses pleurs, qui porta la douleur &l’amertume dans son ame.... Elle n’accuse que vous des maux qu’elle a soufferts; elle ne connoît que vous pour l’auteur de ses peines.... Son amour étoit en elle la source de tous les biens; vous l’empoisonnâtes cruellement!…. Elle ne hait point l’amour, elle ne hait que vous.

Je n’ai rien à dire au Public. Si je l’amuse, j’aurai fait bien plus que je n’espérois; si je l’ennuie, j’aurai fait ce que mille autres font tous les jours.

Lettres de mistriss Fanni Butlerd, à milord de Caitombridge, comte de Plisinte, duc de Raflingth

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