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III

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Après les révélations de Huber, il y a quelques années de silence; mais bientôt Dzierzon, curé de Carlsmark (en Silésie), découvre la parthénogenèse, c'est-à-dire la parturition virginale des reines, et imagine la première ruche à rayons mobiles, grâce à laquelle l'apiculteur pourra dorénavant prélever sa part sur la récolte de miel, sans mettre à mort ses meilleures colonies et sans anéantir en un instant le travail de toute une année. Cette ruche, encore très imparfaite, est magistralement perfectionnée par Langstroth, qui invente le cadre mobile proprement dit, propagé en Amérique avec un succès extraordinaire. Root, Quinby, Dadant, Cheshire, de Layens, Cowan, Heddon, Howard, etc., y apportent encore quelques améliorations précieuses. Mehring, pour épargner aux abeilles l'élaboration de la cire et la construction de magasins qui leur coûtent beaucoup de miel et le meilleur de leur temps, a l'idée de leur offrir des rayons de cire mécaniquement gaufrés, qu'elles acceptent aussitôt et approprient à leurs besoins. De Hruschka trouve le Smélatore, qui, par l'emploi de la force centrifuge, permet d'extraire le miel sans briser les rayons, etc. En peu d'années, la routine de l'apiculture est rompue. La capacité et la fécondité des ruches sont triplées. De vastes et productifs ruchers se fondent de tous côtés. A partir de ce moment prennent fin l'inutile massacre des cités les plus laborieuses et l'odieuse sélection à rebours qui en était la conséquence. L'homme devient véritablement le maître des abeilles, maître furtif et ignoré, dirigeant tout sans donner d'ordre, et obéi sans être reconnu. Il se substitue aux destins des saisons. Il répare les injustices de l'année. Il réunit les républiques ennemies. Il égalise les richesses. Il augmente ou restreint les naissances. Il règle la fécondité de la reine. Il la détrône et la remplace après un consentement difficile que son habileté extorque d'un peuple qui s'affole au soupçon d'une intervention inconcevable. Il viole pacifiquement, quand il le juge utile, le secret des chambres sacrées et toute la politique retorse et prévoyante du gynécée royal. Il dépouille cinq ou six fois de suite du fruit de leur travail les sœurs du bon couvent infatigable, sans les blesser, sans les décourager et sans les appauvrir. Il proportionne les entrepôts et les greniers de leurs demeures à la moisson de fleurs que le printemps répand, dans sa hâte inégale, au penchant des collines. Il les oblige de réduire le nombre fastueux des amants qui attendent la naissance des princesses. En un mot, il en fait ce qu'il veut et en obtient ce qu'il demande, pourvu que sa demande se soumette à leurs vertus et à leurs lois car, à travers les volontés du dieu inattendu qui s'est emparé d'elles,—trop vaste pour être discerné et trop étranger pour être compris,—elles regardent plus loin que ne regarde ce dieu même, et ne songent qu'à accomplir, dans une abnégation inébranlée, le devoir mystérieux de leur race.

La vie des abeilles

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