Читать книгу La syphilis - Émile 1853-1933 Roux - Страница 4

PREAMBULE

Оглавление

Table des matières

Ce livre n’est pas un traité de médecine fait pour des médecins; ce n’est pas non plus un petit traité destiné à permettre au malade de se soigner seul, en cachette et en le dispensant de voir un médecin. Son seul but, et il sera grand s’il l’atteint, est de vulgariser les connaissances générales et pratiques que tout le monde peut avoir de la Syphilis, et que tout syphilitique doit posséder.

Beaucoup d’efforts ont déjà été tentés pour démontrer que l’Avarie n’est point une «maladie honteuse», ni une affection inavouable; malgré tout, on rencontre encore quantité de syphilitiques qui, par ignorance ou par un faux sentiment de honte, ne veulent pas avouer leur mal, même au médecin.

La vulgarisation des notions essentielles que tout le monde doit avoir au sujet de la Syphilis n’a guère été pratiquée jusque-là que par la Presse et par le Théâtre.

Dans la Presse, la Syphilis, au moment de l’apparition du 606, a fait l’objet de nombreux articles de journaux politiques. Et si le public en croyait ses articles (soit qu’ils aient été inspirés seulement par l’intérêt, soit que leurs auteurs, non médecins, aient été ignorants de la question), la Syphilis, non traitée par le 606, se terminerait fatalement, après quelques années, par la folie, le gâtisme, l’ataxie locomotrice ou quelque autre paralysie. Au contraire, d’après eux, cette même syphilis traitée par une injection de 606, devait être définitivament «stérilisée» et guérie à tout jamais. Or cela est manifestement faux, et cette conception est nuisible; comme nous le verrons au chapitre du traitement de la Syphilis, cette maladie (même non traitée) n’aboutit pas fatalement aux accidents graves de lapériode tertiaire, et le 606 (remède excellent, précieux, souvent merveilleux) ne peut guérir définitivement en une ou deux injections, et on doit lui adjoindre le mercure.

On a également porté la Syphilis sur le théâtre; Brieux y a fait représenter sa pièce «Les Avariés ». Mais Brieux n’a fait voir là, et il ne pouvait faire voir autre chose, qu’un tout petit côté de la question, les conséquences sociales, et surtout familiales, de l’Avarie. Sans aucun doute, il est très salutaire d’inspirer la crainte, la terreur même, de cette redoutable maladie. La crainte est bien le commencement de la sagesse, comme le dit le proverbe; mais l’amour, ou plus exactement le besoin physique de satisfaire l’amour, l’emporte bien souvent sur la crainte, et si, avec les nouvelles méthodes de traitement rapide de la maladie avec disparition rapide des accidents contagieux, on doit rendre bien moins fréquents les cas de syphilis, il y aura malheureusement toujours des Avariés.

Il faut donc, après avoir fait connaître le danger, apporter la consolation et le remède à ceux qui n’auront pu l’éviter. Je crois que, sans avoir diminué d’une façon appréciable le nombre des cas de syphilis, cette mise en scène de l’Avarie n’a réussi qu’à jeter le trouble dans l’esprit des malades atteints de cette affection.

Aussi, n’est-il pas étonnant que lorsque nous, médecins, révélons à un malade la nature de sa maladie (et nous devons le faire, si nous voulons qu’il suive le traitement pendant le long temps nécessaire) nous assistions à de véritables crises de désespoir, telles que beaucoup déclarent que leur vie est irrémédiablement compromise, qu’ils sont perdus, qu’ils n’ont plus qu’à se suicider... Erreur funeste au syphilitique parce qu’elle empoisonne une partie de son existence; erreur funeste aussi à la société, parce qu’elle détourne nombre de syphilitiques de la création d’une famille.

Pendant les quinze premiers mois de notre grande guerre, les cas de syphilis étaient extrêmement nombreux parmi les troupes en campagne. Au début de la stabilisation du front, de nombreuses prostituées étaient allées exercer leur industrie dans les villes ou villages où se succédaient les troupes au repos; ces marchandes de plaisir furent plus tard chassées. Après un an de guerre, vinrent les permissions périodiques, dites de détente, nécessaires sans aucun doute, mais éminemment favorables à la multiplication des cas de syphilis par le passage à Paris, ou dans d’autres villes, de permissionnaires qui, continents forcés depuis plusieurs mois, se jetaient les yeux fermés sur la première vendeuse d’amour. Devant ce grave danger, l’autorité militaire prescrivit aux médecins dé tous les corps de troupes, de faire des conférences mensuelles aux soldats sur le danger syphilitique et les moyens de s’en préserver. C’est là, je crois, la vulgarisation la plus efficace qui ait été faite au sujet de la syphilis; elle a d’abord mis en garde le soldat, défenseur actuel de la Patrie, reconstructeur futur de la famille, contre le danger vénérien, danger évitable entre tous (et les statistiques ont effectivement accusé à partir de cette époque de vulgarisation une diminution très notable des cas de syphilis dans l’armée); elle a ensuite appris aux victimes de l’Avarie que le salut existe encore pour eux.

Ayant pu suivre depuis trente ans de très nombreux syphilitiques, je peux apporter ici cette déclaration appuyée sur un nombre considérable de faits: Le tableau si effrayant que se fait de son avenir le syphilitique, restera une exception si le malade le veut.

C’est la pensée même de notre illustre et regretté Maître le Pr Fournier.

P’ Roux.

La syphilis

Подняться наверх