Читать книгу Histoire des Samanides - Mohammad ibn Khāvand Chāh dit Mīrkhond - Страница 3

AVERTISSEMENT.

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Deux motifs m’ont guidé et déterminé dans le choix du morceau de Mirkhond que je publie: le premier est exprimé dans les lignes suivantes, empruntées à notre immortel de Sacy: «Le rôle que cette puissante dynastie ( celle des Samanides) a joué dans les contrées orientales de l’empire mahométan, pendant plus d’un siècle; la protection accordée par les princes de cette famille aux lettres et aux sciences; les rapports de commerce qui existaient entre leurs états et les contrées septentrionales de l’Europe, rapports suffisamment prouvés par le grand nombre de monnaies frappées à leur nom, qu’on a découvertes dans la Prusse et la Poméranie, sont autant de motifs qui donnent un grand intérêt à leur histoire .» Voilà pour le fond. Si l’on nous interrogeait maintenant sur la forme de l’histoire des Samanides, nous répondrions, avec le même savant: «Ce dernier ouvrage est très-propre à exercer les commençants et à les attacher, tant par l’intérêt de la narration que par le style, qui, sans être hérissé de difficultés, présente néanmoins de temps en temps des tournures recherchées et le luxe de l’expression orientale .»

Après avoir rendu compte des considérations qui ont fixé mon attention sur l’histoire des Samanides, de Mirkhond, je devrais, ce semble, réunir ici les détails que nous possédons sur la vie de cet auteur; mais ces renseignements, assez peu nombreux, ont été rassemblés avec soin par A. Jourdain et MM. Audiffret et Quatremère. Je me contenterai donc de renvoyer aux recherches de ces savants. Je renverrai aussi aux judicieuses observations de M. Quatremère , sur le mérite et les défauts de Mirkhond, considéré comme auteur d’une histoire universelle.

Ces défauts ne sont malheureusement ni en petit nombre, ni de peu d’importance dans le morceau qui nous occupe. Certaines parties de l’histoire des Samanides sont traitées avec une sécheresse, une négligence inconcevables. En veut-on quelque exemple? Aucun règne de prince oriental n’a été signalé par plus d’événements de tout genre que celui de Nasr-ben-Ahmed. Eh bien! après avoir raconté assez brièvement les faits des seize premières années de ce règne, Mirkhond passe entièrement sous silence ceux des quinze dernières. Voici dans quels termes il cherche à excuser cette impardonnable omission:


«Les hommes intelligents n’ignorent pas que sous le règne de l’émir Saïd, des événements innombrables arrivèrent dans le Thabaristan, le Khoraçan et le Mavérannahr. Si la totalité de ces faits était ici rapportée, ce livre finirait par devenir prolixe.»

Et, comme pour mettre dans tout son jour la faiblesse de son excuse, Mirkhond passe sur-le-champ au récit de trois anecdotes relatives à l’émir Nasr, et dont la seconde est d’une puérilité incontestable. Il est vrai que notre auteur pouvait alléguer pour sa justification l’exemple d’Hamd-Allah-Cazouini. Mais, quelque sec que soit le récit de cet historien, il l’est beaucoup moins que celui de Mirkhond, pour l’époque en question.

L’équité dont je me suis fait une loi m’ordonne d’ajouter que toutes les portions de l’histoire des Samanides sont loin d’être aussi incomplètes. Par exemple, presque tout ce qui a rapport aux quatre derniers princes de la famille de Saman est exposé avec les plus grands détails. On sent que Mirkhond avait sous les yeux un excellent guide, la traduction persane du Tarikh-Iémini, d’Otbi; aussi ne s’est-il pas fait faute de le copier fréquemment.

Une autre partie du fragment que je publie laisse beaucoup à désirer. Je veux parler de ce qui regarde l’histoire littéraire. Mirkhond a omis de mentionner les nombreux écrivains qui ont vécu sous les Samanides, et auxquels ces princes ont accordé la plus généreuse protection. Il n’a pas dit un mot de Roudeki, qui mit en vers le livre de Kélileh et Dimneh, travail pour lequel Nasr-ben-Ahmed lui fit présent de 80,000 pièces d’argent. Il n’était cependant pas indifférent pour la gloire de ce prince de rappeler les bienfaits dont il combla son poëte favori, et dont on se fera une idée lorsque l’on saura que Roudeki laissa en mourant deux cents esclaves indiens ou turcs et quatre cents chameaux . C’est encore ainsi que Mirkhond a passé sous silence le nom d’Abou-Ali -Mohammed -ben-Mohammed-Bélami, visir de Mançour-ben-Nouh, et qui traduisit en persan, par ordre de ce prince, l’histoire de Thabari .

Voilà les qualités que l’on peut louer et les défauts que l’on doit reprendre chez notre historien. Après les avoir exposés, sans exagérer les premières, ni atténuer les seconds, je dois faire connaître les secours que j’ai eus pour exécuter ce travail, et la méthode que j’ai suivie.

L’histoire des Samanides n’a été publiée qu’une seule fois, sous le titre de Mohammedis filii Chavendschahi vulgo Mirchondi historia Samanidarum persice, e codice bibliothecœ Gottingensis nunc primum edidit, etc. Fridericus WILKEN . Je ne ferai pas ici l’examen critique de cette édition: les personnes, qui voudraient connaître ce qu’elle laisse à désirer pourront consulter le compte qui en a été rendu, par Silvestre de Sacy, dans le Magasin encyclopédique . Quoique cet illustre savant ait apprécié le travail de M. Wilken avec une indulgence dont il s’est plus d’une fois écarté dans d’autres occasions, ce qu’il en a dit suffit pour démontrer qu’une nouvelle édition de l’histoire des Samanides ne saurait être un travail oiseux et inutile. Placé dans des circonstances beaucoup plus favorables que celles où se trouvait M. Wilken, à l’époque où il publia son ouvrage, il n’est pas étonnant que j’aie pu corriger en une multitude d’endroits le texte de ce savant. Au lieu d’un seul manuscrit, assez incorrect et quelquefois même incomplet, j’en ai eu trois à ma disposition, sur lesquels un très-bon , et un autre assez exact . De plus, il m’a été possible de comparer le texte de mon auteur avec la traduction persane du Tarikh-Otbi, ouvrage dont Mirkhond a souvent reproduit les expressions, dans plus de la dernière moitié de son récit.

Je ne dirai rien de ma traduction, sinon que j’ai cherché à la rendre aussi exacte que possible. Les métaphores que j’ai dû renoncer à faire passer dans ma version, je me suis, le plus souvent, astreint à en indiquer le sens dans les notes. Peut-être trouvera-t-on que j’en ai conservé un trop grand nombre. Je répondrai d’abord que, ma traduction, étant destinée principalement aux élèves de l’École des langues orientales et du Collége de France, ne saurait être trop littérale, ni serrer le texte de trop près. En second lieu, je ferai observer que la plupart de ces images contre lesquelles nous nous récrions si vivement, ne présentent rien de plus hardi, de plus gigantesque, que telle autre hyperbole risquée par nos grands écrivains . Les ouvrages du premier prosateur de ce siècle me fourniraient, au besoin, plus d’un exemple de ce que j’avance.

Il ne me reste plus qu’à parler des notes que j’ai placées à la suite de ma traduction. Dans plusieurs de ces notes, j’ai expliqué, soit les termes, soit les passages qui me paraissaient présenter quelque difficulté, en rectifiant, à l’occasion, la version de M. Wilken. D’autres notes sont destinées ou à compléter le texte de mon auteur, ou à éclaircir certaines difficultés historiques ou géographiques. Cette dernière partie de mon travail m’a coûté beaucoup de temps et de recherches. Si je n’ose me flatter d’avoir toujours rencontré la vérité, je puis du moins me rendre le témoignage de n’avoir jamais négligé cette sage lenteur et ce travail de la lime qu’Horace recommande aux poëtes, et qui ne sont pas moins nécessaires aux personnes vouées par état et par goût aux travaux d’érudition.

Histoire des Samanides

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