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INTRODUCTION.

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Table des matières

QUAND on jette les yeux sur les cartes d’Afrique qui ont été publiées, on voit dans l’intérieur de la partie septentrionale de cette portion de l’ancien monde, des montagnes, des rivières, de grands lacs traces avec des détails très-précis; un grand nombre de positions dont les noms nous font connaître, par la différence des caractères avec lesquels ils sont écrits, si ce sont des villes capitales, des bourgs ou des villages; beaucoup d’états, de royaumes, de nations, de peuplades, dont les situations et l’importance relatives sont indiquées avec une clarté parfaite. Enfin les limites du grand désert de sable sont marquées avec une netteté qui semble ne rien laisser à desirer; et ces vastes solitudes, que tant de relations nous peignent comme si effrayantes, ont en quelque sorte disparu: tant sont nombreuses les oasis qu’on y a placées; tant elles paraissent rapprochées les unes des autres; tant se trouvent fixées avec précision leur étendue, leurs limites, et les positions des lieux qu’elles renferment.

Un état si prospère de la géographie de ces contrées semble devoir rendre de nouvelles recherches superflues.

Cependant, lorsqu’on ignorerait tout à cet égard, on concevrait des soupçons en comparant nos cartes d’Afrique les plus récentes avec celles que l’on a publiées dans les16e et17e siècles; car, bien loin d’avoir acquis de nouvelles notions, il semblerait que nous en aurions beaucoup perdu. Plusieurs de ces anciennes cartes nous donnent sur l’intérieur de l’Afrique un plus grand nombre de détails que nos cartes modernes. Sur quelques-unes ce continent paraît presque aussi peuplé que les royaumes les plus florissants de l’Europe: on y voit non-seulement les limites des états, mais aussi celles de leurs provinces et de leurs districts; de sorte qu’on embrasse d’un coup-d’œil les divisions et les subdivisions de toute cette partie du monde avec autant de facilité que celles de la France sur une carte divisée par départements et par arrondissements.

Mais quand l’œil de la science veut scruter toutes ces richesses, elles s’évanouissent comme des fantômes, et on s’aperçoit avec peine qu’elles rie servent qu’à déguiser la plus complète pauvreté. Les contrées qui paraissent avoir été mesurées sont à découvrir; et là où tout paraissait fait, tout reste à faire.

Ces considérations m’avaient engagé à soumettre à un examen approfondi les notions que nous pouvons avoir sur l’intérieur de l’Afrique septentrionale, afin de connaître quels moyens elles nous offrent de déterminer sur une carte tout ce qui concerne la géographie positive, c’est-à-dire le tracé des rivières, des lacs, des chaînes de montagnes; les positions des peuples, des villes et des bourgades; l’étendue des déserts, et les situations respectives des oasis.

Dans le cours de mes études géographiques, j’avais été souvent ramené à ce sujet curieux. Je regrettais toujours, entraîné par d’autres travaux, de ne pouvoir lui accorder qu’une attention passagère. Une occasion s’est enfin présentée, qui m’a en quelque sorte forcé d’achever la tâche devant laquelle j’avais plus d’une fois reculé.

Dans le milieu de l’année1818, on envoya à l’Académie des inscriptions et belles-lettres de l’Institut de France, un itinéraire de Tripoli à Timbouctou, écrit par un cheyk arabe, qui avait servi de guide aux caravanes, et qui a long-temps fait le commerce de Timbouctou. Cet itinéraire avait été traduit d’arabe en français par M. de La Porte, ci-devant interprète de la chancellerie de France à Tripoli en Barbarie. L’Académie me chargea de prendre connaissance de cet itinéraire, et de lui faire à ce sujet un rapport verbal.

Il m’était impossible d’avoir une opinion sur l’exactitude des distances données dans cet itinéraire, sans examiner sur quels renseignements ou sur quelles combinaisons reposait la position assignée sur nos cartes à la ville de Timbouctou, qui est le point extrême ou principal où se termine la série des positions qu’il indique. Cet examen m’a entraîné dans celui de toute la géographie positive des parties occidentales de l’Afrique septentrionale, auquel il se trouvait nécessairement lié. Ce travail, souvent repris, souvent interrompu, fut enfin achevé; mais je ne me proposais pas de le soumettre à l’Académie, parce que les développements qu’il nécessite excèdent les bornes d’un simple rapport verbal, et que d’ailleurs ce qui concerne la géographie moderne semble sortir un peu de ses travaux habituels. Je n’avais pas non plus l’intention de le publier; mais, lorsque j’eus lu dans un journal qui s’imprime à Marseille une notice relative à l’Afrique, dans laquelle on apprenait au public qu’un itinéraire écrit en arabe, de Tripoli à Timbouctou, dont M. Ritchie, jeune voyageur anglais, possédait une copie, avait été présenté à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, je pensai qu’il était convenable de prouver que la savante compagnie à laquelle j’ai l’honneur d’appartenir avait apporté à la communication qui lui avait été faite toute l’attention qu’elle méritait. J’avais donc, dans ce but, extrait de mon travail sur l’intérieur de l’Afrique tout ce qui peut servir à éclaircir cet itinéraire.

Mais bientôt j’eus occasion de voir un second itinéraire, pareillement écrit en arabe et beaucoup plus détaillé. M. de Sacy eut la bonté d’en faire à ma prière une traduction qu’il me remit. Cet itinéraire commence, comme le précédent, à Tripoli, et se termine de même à Timbouctou. Mais il ne conduit à cette ville que par une route détournée et qui passe par Haoussa. Aussi offrait-il plus de difficultés que le premier; cependant, comme le sujet m’était devenu beaucoup plus familier, je parvins à arranger ce second itinéraire sur la carte que j’avais dressée, sinon avec une certitude complète, du moins d’une manière probable, et qui concorde avec les notions que j’avais acquises d’ailleurs sur cette partie de l’Afrique.

Enfin M. de La Porte, à qui l’on devait l’un et l’autre itinéraire, et qui les avait envoyés d’Afrique en Europe, ayant eu occasion de venir à Paris, m’offrit obligeamment de me communiquer, avec la permission de S. Exc. le ministre des affaires étrangères, la copie d’un troisième itinéraire dans l’intérieur de l’Afrique. J’acceptai l’offre avec empressement, et M. de La Porte me remit l’itinéraire de Cachenah.

Avant de me livrer à l’analyse de ces trois itinéraires et de la carte qui les accompagne, il sera utile d’examiner d’abord les tentatives que l’on a faites à différentes époques pour pénétrer dans cette partie de l’Afrique, et de quelle manière les géographes qui m’ont précédé ont fait usage des notions qu’on a pu se procurer sur ces contrées.

Ces recherches seront donc divisées en trois parties.

Dans la première partie, je traiterai des progrès des découvertes géographiques dans l’intérieur de la partie occidentale de l’Afrique septentrionale, des voyages entrepris dans cette partie du monde, et particulièrement de ceux où l’on a eu pour but d’arriver à Timbouctou.

Dans la seconde partie, j’examinerai de quelle manière les géographes ont employé les notions que les voyageurs leur avaient procurées, le tracé des différentes cartes géographiques pour ce qui concerne l’intérieur de la partie occidentale de l’Afrique septentrionale, et sur-tout les différentes positions que l’on a assignées à la ville de Timbouctou.

Dans la troisième et dernière partie, je ferai l’analyse géographique des trois itinéraires manuscrits qui sont le sujet de cet ouvrage; et je terminerai par quelques conjectures auxquelles ont donné lieu les recherches contenues dans les deux parties précédentes.

Enfin dans l’Appendice, je donnerai les traductions des trois itinéraires dont je me suis spécialement occupé, savoir: l’itinéraire de Tripoli à Timbouctou, et celui de Tripoli à Cachenah; tous deux composés par le Cheyk Hagg-Kassem; et l’itinéraire de Tripoli à Haoussa et à Timbouctou, par Mohammed, fils d’Ali. Je ferai suivre ces trois itinéraires de la relation du voyage qu’Ibn-Hassan a fait en1787, de Fez à Tafilet, qui m’a servi à déterminer la position de cette dernière ville. J’ajouterai encore quelques autres documents originaux que j’ai eu occasion de citer dans le cours de l’ouvrage.

Recherches géographiques sur l'intérieur de l'Afrique septentrionale

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