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CHAPITRE TROIS

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Reece se tenait au bord du cratère de lave, les yeux baissés, dans une incrédulité totale comme le sol tremblait violemment sous ses pieds. Il pouvait difficilement considérer ce qu’il venait tout juste de faire, ses muscles encore douloureux d’avoir libéré le rocher, d’avoir lancé l’Épée de la Destinée dans le gouffre.

Il venait à peine de détruire l’arme la plus puissante de l’Anneau, l’arme légendaire, l’épée de ses ancêtres depuis des générations, l’arme de l’Élu, la seule à maintenir le Bouclier. Il l’avait résolument jetée dans le cratère de lave en fusion, et de ses propres yeux l’avait vue fondre, s’embraser dans une grosse boule rougeoyante, puis disparaître dans le néant.

Perdue pour toujours.

Le sol avait alors commencé à trembler, et n’avait pas arrêté depuis. Reece avait du mal à garder son équilibre, tout comme les autres, tandis qu’il s’éloignait du bord. Il avait l’impression que le monde s’effondrait autour de lui. Qu’avait-il fait ? Avait-il détruit le Bouclier ? L’Anneau ? Avait-il commis la pire erreur de sa vie ?

Reece se rasséréna en se disant qu’il n’avait pas le choix. Le rocher et l’Épée étaient tout simplement trop lourds pour eux tous à transporter hors de cet endroit – encore mois pour escalader des murs avec – ou pour semer ces violents sauvages. Il s’était retrouvé dans une situation désespérée, et cela avait nécessité des mesures adaptées.

Leur situation, aux abois, ne s’était pas encore améliorée. Reece entendit un grand cri tout autour de lui, et un bruit s’éleva d’un millier de ces créatures, claquant des crocs d’une façon déconcertante, riant et grognant à la fois. Cela ressemblait à une armée de chacals. À l’évidence, Reece les avait énervés ; il avait volé leur précieux objet, et maintenant ils semblaient tous résignés à le lui faire payer.

La situation avait été si mauvaise quelques instants auparavant, elle était maintenant même pire. Reece repéra les autres. Elden, Indra, O’Connor, Conven, Krog et Serna – tous les yeux baissés avec effroi vers le cratère, puis se détournant et regardant autour d’eux avec désespoir. Des milliers de Faws se rapprochaient dans toutes les directions. Reece était parvenu à épargner l’Épée, mais il n’avait pas planifié au-delà, n’avait pas bien réfléchi à la manière de la mettre lui et les autres hors de danger. Ils étaient encore complètement encerclés, sans une porte de sortie.

Reece était déterminé à trouver une issue, et avec le fardeau de l’Épée ne pesant plus sur leurs épaules, ils pouvaient au moins maintenant bouger rapidement.

Reece dégaina son épée, elle siffla à travers l’air avec un bruit particulier. Pourquoi rester passif et attendre que ces créatures attaquent ? Au moins, ils périraient au combat.

« CHARGEZ ! » cria Reece aux autres.

Ils dégainèrent tous leurs armes et se rallièrent derrière lui, le suivant tandis qu’il fonçait à l’opposé du bord du cratère et droit dans l’épaisse masse de Faws, abattant son épée de tous les côtés, tuant à gauche et à droite. Près de lui, Elden leva sa hache et trancha deux têtes d’un coup, pendant qu’O’Connor bandait son arc et tirait dans sa course, éliminant tous ceux qui se tenaient sur son passage. Indra se précipita en avant et, avec son épée courte, en poignarda deux dans le cœur, tandis que Conven sortit ses deux épées et, hurlant comme un fou, chargeait, massacrant sauvagement et tuant des Faws dans toutes les directions. Serna brandissait sa masse, et Krog sa lance, protégeant leur flanc arrière.

Ils étaient une machine de guerre unie, combattant comme un seul guerrier, luttant pour leurs vies, se frayant un passage à travers l’épaisse cohue en essayant désespérément de s’échapper. Reece les conduisit au sommet d’une petite colline, visant une position dominante.

Ils glissèrent tout en avançant, le sol tremblant encore, la pente raide, boueuse. Ils perdirent de l’élan et plusieurs Faws sautèrent sur Reece, le griffant et le mordant. Il se retourna et leur donna des coups de poing ; ils étaient tenaces et s’accrochèrent à lui, mais il réussit à se libérer d’eux, en leur donnant des coups de pieds, puis en les transperçant de son épée avant qu’ils ne puissent attaquer de nouveau. Entaillé et contusionné, Reece continua à se battre, comme ils le faisaient tous, luttant pour leurs vies pour gravir la colline et s’échapper de cet endroit.

Quand ils atteignirent finalement les hauteurs, Reece eut un moment de répit. Il se tint là, le souffle court, et au loin entraperçut le mur du Canyon avant qu’il ne soit dissimulé par la brume épaisse. Il savait que c’était là-bas, leur fil d’Ariane pour retourner à la surface, et il savait qu’ils devaient l’atteindre.

Reece regarda en arrière, par-dessus son épaule, et vit des milliers de Faws se précipitant pour eux dans la montée, bourdonnant, claquant des crocs, faisant un bruit terrible, plus fort que jamais, et il sut qu’ils ne les laisseraient pas partir.

« Et moi alors ? » hurla une voix, transperçant l’air.

Reece se retourna et vit Centra en contrebas. Il était encore retenu captif, à côté du chef, et un Faw tenait encore un couteau contre sa gorge.

« Ne me laissez pas ! » cria-t-il. « Ils me tueront ! »

Reece se tenait là, brûlant de frustration. Évidemment, Centra avait raison : ils le tueraient. Reece ne pouvait pas le laisser là ; cela irait contre son code d’honneur. Après tout, Centra les avait aidés quand ils en avaient besoin.

Reece se trouvait là, hésitant. Il se tourna et vit, au loin, le mur du Canyon, la sortie, le tentant.

« Nous ne pouvons pas y retourner pour lui ! » dit Indra, hors d’elle. « Ils nous tueront tous. »

Elle donna un coup de pied à un Faw qui l’approchait et il tomba en arrière, glissant sur son dos dans la pente.

« Nous serions chanceux de nous échapper vivants en l’état ! » intervint Serna.

« Il n’est pas un des nôtres », dit Krog. « Nous ne pouvons pas mettre le groupe en péril pour lui ! »

Reece, immobile, débattait. Les Faws se rapprochaient, et il savait qu’il devait prendre une décision.

« Vous avez raison », admit Reece. « Il n’est pas un des nôtres. Mais il nous a aidés. Et c’est un homme bien. Je ne peux le laisser à la merci de ces choses. Pas d’hommes laissés derrière ! » dit Reece avec fermeté.

Il commença à se diriger vers le bas de la pente pour revenir vers Centra – mais avant qu’il ne le put, Conven se détacha subitement du groupe et chargea, se ruant en contrebas, bondissant et dérapant sur la pente boueuse, les pieds d’abord, l’épée au clair, glissant vers le bas et frappant dans son élan, tuant des Faws à gauche et à droite. Il se précipitait vers l’endroit d’où ils étaient sortis sans l’aide de personne, imprudemment, se jetant dans la horde de Faws et tant bien que mal se frayant un passage à travers eux avec une complète détermination.

Reece prenait part à l’action juste derrière.

« Le reste d’entre vous ne bouge pas ! cria-t-il. « Attendez notre retour ! »

Reece suivit les pas de Conven, fauchant les Faws de tous côtés ; il rattrapa ce dernier et lui fournit un renfort, les deux se ménageant un passage vers le bas de la montagne, vers Centra, en se battant.

Conven alla de l’avant, perçant à travers la nuée de Faws tandis que Reece se dirigeait vers Centra, qui les regardaient, les yeux écarquillés de peur. Un Faw leva sa dague pour trancher sa gorge, mais Reece ne lui laissa pas cette chance : il fit un pas en avant, leva son épée, visa et la lança de toutes des forces.

L’épée vola à travers les airs, tournoyant sans fin, et se logea dans la gorge du Faw, un instant avant qu’il ne tue Centra. Ce dernier cria, alors qu’il jetait un regard et vit le Faw mort, à seulement quelques centimètres, leurs visages se touchant presque.

À la surprise de Reece, Conven n’alla pas vers Centra ; à la place il continua de grimper en courant la petite colline, et Reece leva un regard, horrifié de voir ce qu’il faisait. Conven avait l’air d’être suicidaire. Il traça son chemin à travers le groupe de Faws entourant leur chef, qui était assis en hauteur sur sa plateforme, observant la bataille. Conven tua ceux autour de lui. Ils n’avaient pas anticipé cela, tout arriva trop vite pour qu’aucun d’entre eux n’ait le temps de réagir. Reece réalisa que Conven visait leur chef.

Conven se rapprocha, bondit dans les airs, leva son épée, et alors que le chef s'en rendait compte et tentait de fuir, il le frappa au cœur. Le chef poussa un cri perçant – et soudain, un chœur de dix mille cris se fit entendre, tous les Faws, comme si eux même avaient été touchés. C’était comme s’ils partageaient tous le même système nerveux – et Conven l’avait sectionné.

« Tu n’aurais pas dû faire ça », dit Reece à Conven tandis qu’il revenait à ses côtés. « Maintenant tu as déclenché une guerre. »

Sous le regard épouvanté de Reece, une petite colline explosa, et en jaillirent des milliers et des milliers de Faws, se déversant comme dans une fourmilière. Le sol trembla sous leurs pas, tandis qu’ils grinçaient des dents et fonçaient droit sur Reece et Conven et Centra.

« COUREZ ! » hurla Reece.

Il poussa Centra, qui était en état de choc, ils firent tous demi-tour et coururent vers les autres, se battant en chemin sur la pente boueuse.

Reece sentit un Faw sauter sur son dos et le faire tomber. Ce dernier le tira par les chevilles, vers le bas de la pente et approcha ses crocs de sa nuque. Une flèche siffla près de la tête de Reece, et le son d’une flèche pénétrant des chairs se fit entendre. Reece leva les yeux pour voir O’Connor, au sommet de la colline, tenant un arc.

Reece se remit sur pieds, Centra l’aidant pendant que Conven protégeait leurs arrières, repoussant les Faws. Enfin, ils gravirent le reste de la colline et atteignirent les autres.

« C’est bon de vous voir de retour ! » lança Elden alors qu’il se précipitait en avant et liquidait plusieurs Faws avec sa hache.

Reece fit une pause au sommet, jetant un coup d’œil vers les brumes et se demandant quelle voie emprunter. Le chemin bifurquait et il s’apprêtait à partir à droite.

Mais Centra la dépassa soudain, prenant à gauche.

« Suivez-moi ! » appela-t-il tout en courant. « C’est la seule voie ! »

Alors que des milliers de Faws commençaient à gravir la pente, Reece et les autres tournèrent et coururent, suivant Centra, glissant et dérapant sur l’autre côté de la colline, pendant que le sol continuait de trembler. Ils emboitèrent le pas à Centra, et Reece fut plus reconnaissant que jamais de lui avoir sauvé la vie.

« Nous devons arriver au Canyon ! » intervint Reece, n’étant pas sûr de savoir quel chemin empruntait Centra.

Ils sprintèrent, slalomant entre les arbres robustes et noueux, luttant pour suivre Centra tandis qu’il se frayait un passage avec dextérité à travers la brume sur le chemin irrégulier, recouvert de racines.

« Il n’y a qu’une seule manière de semer ces choses : » répondit Centra. « Restez sur mes traces ! »

Ils suivirent ce dernier de près alors qu’il courait, trébuchant sur des racines, écorchés par les branches, Reece ayant du mal à voir à travers la brume qui allait en s’épaississant. Il trébucha plus d’une fois sur le sol inégal.

Ils coururent jusqu’à ce que leurs poumons leur fassent mal, l’affreux cri strident de ces choses derrière eux, des milliers d’entre elles, se rapprochant. L’aide apportée à Krog par Elden et O’Connor les ralentissait. Reece espérait et priait pour que Centra sache où il allait ; il ne pouvait pas du tout voir le mur du Canyon depuis l’endroit où ils étaient.

D’un coup, Centra s’arrêta net, tendit la main et frappa la poitrine de Reece, le stoppant sur ses pas.

Reece regarda en contrebas et vit à ses pieds un dénivelé abrupt, se terminant en une rivière tumultueuse.

Reece se tourna vers Centra, déconcerté.

« L’eau », expliqua-t-il, essoufflé. « Ils ont peur de traverser l’eau. »

Les autres s’arrêtèrent juste à côté d’eux, le regard fixé sur les rapides rugissants, tandis qu’ils essayaient tous de reprendre leur souffle.

« C’est votre seule chance », ajouta Centra. « Traversez cette rivière et vous pourrez les semer pour le moment, et gagner du temps. »

« Mais comment ? » demande Reece, le regard posé sur les eaux vertes tourbillonnantes.

« Ce courant nous tuerait ! » dit Elden.

Centra eut un petit sourire.

« C’est le dernier de vos soucis », répondit-il. « Ces eaux sont infestées de Fourens – les animaux les plus mortels de la planète. Tombez dedans, et elles vous déchiquèteront. »

Reece regarda l’eau, pensif.

« Alors nous ne pouvons pas nager », dit O’Connor. « Et je ne vois pas d’embarcation. »

Reece regarda par-dessus son épaule, le bruit des Faws se rapprochant.

« C’est votre seule chance. », dit Centra, attrapant quelque chose derrière lui et tirant une longue liane attachée à un arbre, dont les branches surplombaient la rivière. « Nous devons nous balancer par-dessus », dit-il. « Ne glissez pas. Et ne retombez pas en deçà du rivage. Renvoyez-la-nous quand vous aurez terminé. »

Reece considéra l’eau bouillonnante, et tandis qu’il le faisait, il vit d’horribles petites créatures jaunes sauter dans les airs, comme des poissons-lunes, toute mâchoire ouverte, claquant sèchement et faisant des bruits étranges. Il y en avait des bancs entiers et ils avaient tous l’air d’attendre leur prochain repas.

Reece jeta à nouveau un regard par-dessus son épaule, et vit l’armée de Faws à l’horizon, se rapprochant. Ils n’avaient pas le choix.

« Tu peux y aller en premier », dit Centra à Reece.

Reece secoua la tête.

« J’irais en dernier », répondit-il. Au cas où nous ne réussirions pas à temps. Tu y vas en premier. Tu nous as amenés ici. »

Centra hocha de la tête.

« Tu n’as pas à me le demander deux fois », dit-il avec un sourire, observant nerveusement les Faws

se rapprocher.

Centra empoigna la vigne vierge et dans un cri il sauta, passant rapidement au-dessus des eaux alors qu’il était suspendu vers le bas de la liane, relevant ses pieds des eaux et des créatures cherchant à mordre. Finalement, il atterrit sur le rivage opposé, en tombant sur le sol.

Il avait réussi.

Centra se tenait debout, souriant ; il attrapa la liane qui se balançait, et la renvoya par-dessus la rivière.

Elden tendit le bras et l’attrapa, et la tendit à Indra.

« Les femmes d’abord », dit-il.

Elle grimaça.

« Je n’ai pas besoin d’être dorlotée », dit-elle. « Tu es grand. Tu pourrais casser la vigne. Vas-y, et finis-en avec ça. Ne tombe pas – ou alors cette femme devra te sauver. »

Elden eut un rictus, pas amusé, alors qu’il se saisissait de la liane.

« J’essayais juste d’aider », dit-il.

Elden s’élança dans un cri, fendit les airs, et retomba sur l’autre rive à côté de Centra.

Il renvoya la corde, et O’Connor passa, suivi de Serna, puis Indra, puis Conven. Les derniers à rester étaient Reece et Krog.

« Eh bien, j’imagine qu’il ne reste plus que nous deux », dit Krog à Reece. « Vas-y. Sauve ta peau », dit Krog, jetant un coup d’œil nerveux par-dessus son épaule. « Les Faws sont trop proches. Il n’y a pas assez de temps pour que nous passions tous les deux. »

Reece secoua la tête.

« Aucun homme n’est laissé derrière », dit-il. « Si tu n’y vas pas, je n’irais pas non plus. »

Ils restèrent tous deux figés là, entêtés, Krog ayant l’air d’être de plus en plus nerveux. Krog hocha de la tête.

« Tu es un idiot. Pourquoi te soucies-tu autant de moi ? Je ne me préoccuperais pas de toi à moitié autant que tu le fais. »

« Je suis le chef maintenant, ce qui fait de toi ma responsabilité », répondit Reece. « Je ne me soucie pas de toi. Je me soucie de l’honneur. Et mon honneur me commande de ne laisser personne derrière ».

Ils se retournèrent tous deux fébrilement quand les premiers des Faws les atteignirent. Reece s’avança, à côté de Krog, tailladèrent avec leurs épées, en tuant plusieurs.

« Nous y allons ensemble ! » héla Reece.

Sans perdre un autre moment, Reece attrapa Krog, le mit sur son épaule, agrippa la liane, et les deux crièrent quand ils se mirent en route à travers les airs, un instant avec que les Faws ne prennent d’assaut le rivage.

Les deux passèrent dans les airs, se balançant vers l’autre côté.

« À l’aide ! » cria Krog.

Il était en train de glisser de l’épaule de Reece, et il attrapa la liane ; mais elle était humide à cause des fines gouttelettes des rapides, et les mains de Krog laissèrent échapper la liane alors qu’il chutait. Reece tendit la main pour l’empoigner, mais tout arriva trop vite : le cœur de Reece palpita alors qu’il était forcé de regarder Krog tomber, juste hors de sa portée, dans les eaux tumultueuses.

Reece atterrit sur le rivage opposé et tomba au sol. Il roula sur ses pieds, prêt à se précipiter dans les eaux – mais avant qu’il ne puisse réagir, Conven se détacha du groupe, fonça et plongea tête la première dans les eaux bouillonnantes.

Reece et les autres observèrent, le souffle coupé. Conven était-il si brave, se demanda Reece ? Ou à tel point suicidaire ?

Conven nagea avec intrépidité à travers le puissant courant. Il atteignit Krog, d’une quelconque manière sans se faire mordre par les créatures, et l’empoigna tandis qu’il se débattait, enroulant un bras autour de ses épaules et faisant surplace avec lui. Conven nagea contre le courant, mettant le cap vers le bord.

Tout à coup, Krog cria.

« MA JAMBE ! »

Krog se tordit de douleur quand un Fouren se logea dans sa jambe, en le mordant, ses écailles jaunes et brillantes visibles malgré le courant. Conven nagea et nagea jusqu’à ce qu’il s’approche du rivage et que Reece et les autres tendent les bras pour les tirer hors de l’eau.

Alors qu’ils le faisaient, un banc de Fouren sauta dans les airs après eux, Reece et les autres les repoussèrent.

Krog se débattit, Reece baissa le regard et vit le Fouren encore dans sa jambe. Indra sortit sa dague, se pencha et la plongea dans la cuisse de Krog alors qu’il criait, tandis qu’elle retirait l’animal. Il retomba sur le rivage, puis de retour à l’eau.

« Je te hais ! » lui siffla Krog.

« Bien », répondit Indra, impassible.

Reece jeta un œil à Conven, qui se tenait là, dégoulinant, ébahi par son audace. Conven le regarda fixement, inexpressif, et Reece remarqua, choqué, qu’un Fouren s’était logé dans son bras, se tortillant dans les airs. Reece avait peine à croire à quel point Conven était calme, pendant qu’il tendit le bras lentement, tira d’un coup sec et le lança dans l’eau.

« Ça n’a pas fait mal ? » demanda Reece, confus.

Conven haussa les épaules.

Reece s’inquiétait plus que jamais pour Conven ; même s’il admirait son courage, il ne pouvait croire en son imprudence. Il avait plongé tête la première dans un banc de créatures vicieuses, et n’avait même pas réfléchi deux fois quant à ça.

Du côté opposé de la rivière, des centaines de Faws étaient présents, les fixant du regard, furieux, claquant des dents.

« Enfin », dit O’Connor, « nous sommes en sécurité. »

Centra secoua la tête.

« Seulement pour le moment. Ces Faws sont intelligents. Ils connaissent les méandres de la rivière. Ils prendront la voie détournée, courront autour, trouveront le gué. Bientôt, ils seront de notre côté. Notre temps est limité. Nous devons y aller. »

Ils suivirent tous Centra tandis qu’il sprintait à travers les terrains boueux, dépassant des geysers jaillissants, se frayant un passage à travers ce paysage exotique.

Ils coururent et coururent, jusqu’à ce que finalement la brume se lève et que le cœur de Reece soit transporté de joie de voir, devant eux, le mur du Canyon, ces anciennes pierres brillantes. Il leva les yeux, et ses murs semblèrent remarquablement hauts. Il ne savait pas comment ils les escaladeraient.

Reece se tint là avec les autres et regarda fixement avec appréhension. Le mur semblait encore plus imposant maintenant qu’il ne l’était lorsqu’ils étaient descendus. Il les passa en revue et vit leur état dépenaillé, et se demanda comment ils pourraient possiblement escalader. Ils étaient tous exténués, harassés et blessés, las de la bataille. Leurs mains et pieds étaient à vif. Comment pouvaient-ils escalader directement, quand il avait fallu tout ce qu’ils avaient pour seulement descendre ?

« Je ne peux pas continuer », dit Krog, respirant bruyamment, la voix cassée.

Reece se sentait pareil, même s’il ne le dit pas.

Ils étaient acculés dans un coin. Ils avaient distancé les Faws, mais pas pour longtemps. Bientôt ils les trouveraient, ils seraient surpassés en nombre et tués. Tout ce dur labeur, tous leurs efforts, tout cela pour rien.

Reece ne voulait pas mourir là. Pas dans cet endroit. S’il devait mourir, il voulait que cela arrive là-haut, sur son propre sol, sur le continent, et avec Selese à ses côtés. Si seulement il pouvait avoir une chance supplémentaire de s’échapper.

Reece entendit un bruit horrifique, et il se retourna pour voir les Faws, peut-être à quatre-vingt-dix mètres. Il y en avait des milliers, ils avaient déjà longé la rivière, et se rapprochaient.

Ils sortirent tous leurs armes.

« Il n’y a pas d’autre endroit où fuir », dit Centra.

« Alors nous nous battrons jusqu’à la mort ! », s’écria Reece.

« Reece ! » se fit entendre une voix.

Reece leva le regard directement vers le mur du Canyon, et alors que la brume se dissipait, apparut un visage qu’il prit tout d’abord comme une apparition. Il ne pouvait le croire. Là, devant lui, se trouvait la femme à laquelle il venait tout juste de penser.

Selese.

Que faisait-elle là ? Comment était-elle arrivée là ? Et qui était cette autre femme avec elle ? On aurait dit la guérisseuse royale, Illepra.

Les deux femmes étaient suspendues là, contre la falaise, une corde longue et épaisse enroulée autour de leurs tailles et de leurs mains. Elles descendaient rapidement, avec une corde longue et épaisse, une facile à saisir. Selese tendit le bras et lança le reste, faisant tomber une bonne quinzaine de mètres dans les airs, comme une manne venue du paradis, et qui atterrit aux pieds de Reece.

C’est l’issue.

Ils n’hésitèrent pas. Ils coururent tous vers la corde, et en quelques instants étaient en train d’escalader, aussi vite qu’ils le pouvaient. Reece laissa tous les autres passer en premier, et alors qu’il bondissait, le dernier homme debout, il escalada et tira la corde avec lui en même temps, pour que les Faws ne puissent pas s’en servir.

Tandis qu’il se sortait de là, les Faws apparurent, tendant les bras et sautant pour atteindre ses pieds – et ratant de justesse Reece alors qu’il escaladait hors de portée.

Reece s’arrêta quand il atteignit Selese, qui l’attendait sur une saillie ; il se pencha et ils s’embrassèrent.

« Je t’aime », dit Reece, rempli de tout son être d’amour pour elle.

« Et moi toi », répondit-elle.

Ensemble, ils se retournèrent et se dirigèrent vers le sommet du mur du Canyon avec les autres. Ils grimpèrent, toujours plus haut. Bientôt, ils seraient de retour chez eux. Reece avait du mal à y croire.

Chez eux.

Un Ciel Ensorcelé

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