Читать книгу Retour - Морган Райс, Morgan Rice - Страница 8
CHAPITRE PREMIER
ОглавлениеKevin resta si longtemps dans l’obscurité qui l’entourait qu’il fut convaincu qu’il était mort. D’une façon ou d’une autre, ça lui convenait. Tout le monde lui avait dit qu’il ne lui restait plus longtemps à vivre, de toute façon, et ensuite, il s’était retrouvé dans ce vaisseau spatial qui dérivait dans le vide et dont l’air s’échappait petit à petit. Après tous ces événements, n’était-il pas inévitable que la fin soit proche ?
— Kevin, appela la voix de Chloe d’une partie de l’espace située au-delà de cette obscurité, ouvre les yeux.
— Va-t’en. Je suis mort, marmonna Kevin.
Effectivement, une partie de lui-même voulait seulement se rendormir. Il voulait se laisser aller et se détendre, laisser l’obscurité tout engloutir. Il était tellement à l’aise que … Quelque chose lui pinça le bras et il grimaça.
— Aïe !
Quand il ouvrit brusquement les yeux, il vit une pièce qui n’était absolument pas dans le vaisseau dans lequel ils avaient dérivé sans espoir de survivre. Ce n’était pas le vaisseau qu’ils avaient volé à la Ruche et où ils mouraient lentement après avoir été touchés par le vaisseau des Ilariens qui avait cherché ainsi à venger la destruction de leur monde. Ici, il y avait plus d’espace que dans le vaisseau qu’ils avaient dérobé, et il ressemblait presque à …
— C’est un hôpital, devina Kevin.
Il savait à quoi ressemblaient les hôpitaux, maintenant. Il avait passé tant de temps dans des hôpitaux, des laboratoires et d’autres endroits similaires qu’il lui était impossible de ne pas en reconnaître un, même si celui-ci ressemblait à un hôpital extra-terrestre, équipé d’appareils qui ne ressemblaient à aucun de ceux auxquels il était habitué.
— Ah, tu es réveillé, dit Chloe de l’endroit où elle se tenait, à côté du lit de Kevin.
Elle avait l’air légèrement satisfaite des efforts qu’elle avait déployés pour le réveiller et elle souriait d’une façon qui suggérait qu’elle serait très heureuse qu’on lui donne l’occasion de le refaire.
— Tu m’as fait mal, gémit Kevin.
Soudain, pensant à quelqu’un d’autre que lui-même, il demanda :
— Tu es blessée ? Est-ce que tu vas bien ?
— Je vais bien, lui assura Chloe sur un ton maintenant sérieux. Quand ils nous ont emmenés ici, ils ont guéri les bleus les plus graves.
Kevin inspecta quand même son propre corps pour en être sûr et se demanda avec inquiétude si Chloe avait vraiment mal et essayait de le cacher. Quelqu’un avait donné à Chloe une sorte d’uniforme argenté à porter à la place de ses vêtements habituels. Cet uniforme faisait un peu penser aux écailles argentées d’un poisson, car il reflétait la lumière de plusieurs façons quand Chloe bougeait. Quand Kevin baissa les yeux, il vit qu’il portait la même chose.
— Et toi ? demanda Chloe avec une préoccupation visible. Est-ce que tu es blessé ?
— Non, dit Kevin, je ne crois pas.
Il ne se sentait vraiment pas en pire état que d’habitude, ou du moins qu’avant le jour où la Ruche avait choisi de l’accueillir parmi ses membres. Il ressentait des douleurs partout dans le corps et des vertiges menaçaient de monter en lui quand il bougeait trop vite, mais il connaissait ces sensations. Elles étaient si familières que, à ce stade, elles étaient presque comme de vieilles amies. Il n’avait pas l’impression que des douleurs plus violentes comme celle d’un os cassé venaient s’y ajouter.
Chloe avança et le serra fort.
— Je suis vraiment heureuse que tu ailles bien.
Kevin la tint contre lui, alors qu’il n’avait pas l’impression de le mériter à ce moment-là. S’ils en étaient arrivés là, c’était par sa faute. S’il n’avait pas été là, Chloe n’aurait pas été enfermée dans une cellule et soumise à des expériences. Elle n’aurait pas cette chose étrange et apparemment vivante attachée au bras, serrée comme une deuxième peau et dont la surface osseuse et insectoïde paraissait complètement déplacée sur sa peau lisse.
L’espace d’un instant, Kevin fut si content que Chloe aille bien qu’il en oublia la troisième personne, qui manquait à l’appel.
— Où est Ro ? demanda-t-il en cherchant l’ex-membre de la Ruche aux alentours. Est-ce qu’il —
— Vous êtes réveillé ? C’est bien, dit une nouvelle voix.
Kevin se tourna vers le son. Une porte s’était ouverte et Kevin vit une femme ilarienne à la peau bleue vêtue d’un uniforme sombre avec des insignes militaires. Il se souvint de la liaison vidéo que les membres de la Ruche avaient établie avec les Ilariens pour essayer de les duper tous et reconnut la générale s’Lara. Ce souvenir l’assura que tout cela devait être un rêve horrible.
— Générale, c’est vous qui nous avez sauvés ? dit Kevin. Mais je … j’ai essayé de vous duper. Cela dit, j’ai fait encore pire. J’ai … j’ai aidé à détruire votre planète.
Il vit de la colère sur le visage de la générale et, quand il repensa à tout ce qu’il avait fait, la culpabilité l’envahit.
— Vous avez aussi aidé à nous avertir, dit-elle. Donc, vous méritez quelque considération de notre part et … eh bien, nous ne voulons pas abandonner des gens qui sont dans le besoin. Nous ne sommes pas comme la Ruche.
— C’est …
Kevin ne trouvait pas les mots.
— Merci.
— Ne me remerciez pas encore, dit la générale s’Lara, qui leva les yeux et sembla écouter une chose qu’elle était la seule à pouvoir entendre. Mon IA me dit que les autres sont prêts à statuer sur votre sort, aussi bien pour vous deux que pour ce soi-disant ‘Plus Pur’ que vous avez emmené. Suivez-moi, je vous prie.
— Kevin est encore faible, protesta Chloe. Il a besoin de repos.
— Il pourra se reposer aussi longtemps qu’il voudra quand le procès sera terminé. Pour l’instant, suivez-moi, vous deux.
La générale avait visiblement l’habitude que l’on obéisse à ses ordres et elle s’en allait déjà sans vérifier si Kevin et Chloe lui obéissaient.
Kevin se tourna vers Chloe, qui haussa les épaules. Ils savaient qu’ils n’avaient pas vraiment le choix. Ils se dépêchèrent de rejoindre la générale hors de la chambre d’hôpital puis la suivirent dans des couloirs sinueux dont les murs affichaient des images brillantes qui donnaient l’illusion de grands espaces dégagés. Çà et là, Kevin et Chloe passèrent des fenêtres qui donnaient sur l’espace.
— Nous sommes sur un vaisseau, n’est-ce pas ? devina Kevin.
Ce vaisseau-là ne lui donnait pas les mêmes sensations que ceux de la Ruche. Il n’avait pas la stabilité parfaite de ceux qui agissaient sur la pesanteur, mais c’était quand même un vaisseau spatial.
— C’est le navire amiral de la flotte de secours, dit la générale s’Lara. Mon IA y est intégrée.
— Donc, chaque centimètre carré de ce vaisseau est … vous ? demanda Chloe.
— On peut le voir comme ça, répondit la générale. Mon IA se connectera aux autres pour votre procès.
— Comme dans la Ruche ? demanda Kevin, qui comprit immédiatement qu’il n’aurait pas dû dire ça quand il vit l’expression de la générale.
— Nous n’avons rien en commun avec la Ruche, dit sèchement la générale s’Lara. Ses membres envahissent des mondes, les détruisent, réduisent en esclavage les gens qu’ils intègrent ainsi que les autres membres de la Ruche. Les souffrances, les choix des autres n’ont aucune signification pour les membres de la Ruche. Nous communiquons avec nos IA, mais nous choisissons quand même ce que nous faisons et nous ne cherchons pas à conquérir. Nous vivions derrière des boucliers parce que nous ne voulions pas massacrer d’autres peuples, même si cela nous coûtait des mondes.
Kevin sentit une autre vague de culpabilité monter en lui à cette idée. C’était lui qui avait aidé à désactiver ces boucliers et à rendre leur planète vulnérable à ce qui lui était arrivé ensuite. C’était lui qui avait aidé la Ruche à détruire le monde des Ilariens et à conquérir le sien. Pourtant, à sa grande surprise, Chloe fut plus directe.
— Vous auriez pu les affronter et vous ne l’avez pas fait ? dit-elle. Vous vous êtes cachés alors que vous auriez pu les arrêter ?
— Chloe — commença Kevin, mais Chloe ne semblait pas avoir terminé.
— Non, Kevin, dit-elle. Si elle dit qu’ils auraient pu en faire plus, qu’ils auraient pu vaincre la Ruche avant qu’elle n’atteigne la Terre, alors, ils auraient pu nous épargner tout ça. Ils auraient pu nous sauver.
— Nous n’avons même pas pu nous sauver nous-mêmes, dit la générale s’Lara d’un air maintenant affligé. Nous n’avons pas ce qu’il faut pour arrêter la Ruche. Nous pouvons tuer ses membres, nous avons la technologie qu’il faut pour vaincre ses vaisseaux, mais ils sont toujours plus nombreux.
Elle sembla à nouveau écouter quelque chose.
— Non, je sais. De toute façon, nous sommes arrivés.
Elle montra des portes à Kevin et Chloe, qui entrèrent alors dans un grand espace rempli de gens. Comme dans les couloirs, les murs étaient couverts d’images, mais celles-ci paraissaient plus abstraites et Kevin voyait les motifs qui les parcouraient. D’une façon ou d’une autre, il comprit que cela représentait les IA qui communiquaient les unes avec les autres.
Ro se tenait sur un cercle dégagé élevé au-dessus du reste. Kevin se dépêcha de rejoindre l’extra-terrestre, désirant s’assurer qu’il allait bien, mais Chloe fut encore plus rapide et le prit dans ses bras. Les gens présents dans la salle les regardèrent avec stupéfaction. Kevin en voyait tellement, aussi bien des Ilariens que d’autres extra-terrestres qui s’étaient réfugiés auprès d’eux, qu’il avait du mal à les différencier. Cependant, il savait quand même qu’ils les scrutaient tous les trois pour essayer de se faire une opinion sans jamais détourner le regard.
— Ro, tu vas bien ? demanda-t-il.
Son ami n’avait pas l’air blessé mais, malgré tout, il paraissait secoué.
— Je ne sais pas, admit l’extra-terrestre. Je ressens tant d’émotions, comme la culpabilité, la peur et … comment arrivez-vous à supporter ça ?
Kevin posa une main sur l’épaule de l’extra-terrestre. Chloe passa un bras autour de lui.
— Nous y arrivons tout le temps, lui promit Chloe.
— Ces trois personnes ont été sauvées sur un vaisseau en détresse, dit la générale s’Lara, qui s’adressait visiblement à l’assemblée. Vous voyez que l’un d’eux est un des ‘Plus Purs’ de la Ruche, que le garçon est celui qui les a aidés à envahir notre monde et que la fille a été transformée en une de leurs créations.
Kevin détesta ces descriptions de lui-même et de ses amis. Cependant, le pire était qu’il ne pouvait nier ce que la générale disait sur lui.
— Nous sommes en route vers un autre avant-poste, dit la générale s’Lara. Le vaisseau me dit que notre flotte est suivie, ce qui fait que nous devons décider ce que nous allons faire de nos nouveaux invités. Pouvons-nous prendre le risque de les avoir à bord ? Est-ce que leur présence nous met encore plus en danger ? Sont-ils ce qu’ils semblent être ? Certains d’entre vous souhaitent-ils prendre la parole en ce qui concerne le premier, la fille ?
Un tourbillon d’images et de lettres s’afficha sur les murs pendant que les IA communiquaient entre elles. Kevin avait l’impression que, s’il se concentrait, il pouvait capter l’essentiel de leurs conversations. En effet, le même talent qui lui avait permis de traduire tous leurs autres signaux lui permettait de les comprendre maintenant …
… pas coupable de tout cela …
… une victime, pas un ennemi …
… mais l’appareil sur son bras …
Deux individus se levèrent.
— Il a été décidé que je parlerais pour elle, dit un homme. Il nous semble qu’elle a été captive de la Ruche, leur victime, pas une de ses membres. Nous devrions la protéger en tant que réfugiée.
Une femme se leva.
— Il a été décidé que je parlerais contre elle, dit-elle. Bien que nous soyons sensibles à sa détresse, nous ne savons pas ce que les extra-terrestres lui ont fait. L’appareil qu’elle a au bras pourrait être dangereux, parce que la Ruche ne fabrique que des choses dangereuses. Nous devrions l’enfermer ou la détruire pour protéger les autres.
La générale s’Lara adressa un signe de la tête à Chloe.
— Avez-vous quelque chose à dire ?
— Que voulez-vous que je dise ? répondit sèchement Chloe.
Kevin voyait qu’elle était près de perdre patience et que c’était probablement parce qu’elle avait très peur.
— Si vous ne voulez pas parler, je vais le faire, dit la générale. Nous ne sommes pas des gens qui tuent ceux qui pourraient constituer un danger. Chloe, que vous voyez ici devant vous, est autant une des nôtres que tous ceux qui sont venus chercher de l’aide auprès des Ilariens. Je considère que nous devrions l’accueillir parmi nous et que, peut-être, un jour, nous pourrons effacer ce qu’on lui a fait. Est-ce que d’autres personnes souhaitent intervenir ? Non ? Dans ce cas, nous allons parler des autres.
Kevin sentit le regard de la générale se poser sur lui, puis sur Ro.
— Le cas des deux autres est plus complexe, dit-elle. Le premier nous a avertis de l’imminence de l’attaque et nous a aidés, mais c’est aussi lui qui a désactivé nos boucliers. L’autre fait partie des Plus Purs de la Ruche, et il est donc notre ennemi. Je sais que notre peuple est pacifique, mais j’ai du mal à ressentir autre chose que de la colère dans une telle situation.
Kevin regarda les murs. Maintenant, les signes se propageaient moins comme des lucioles et plus comme des abeilles en colère. Les débats paraissaient beaucoup plus complexes et, cette fois-ci, le talent de Kevin ne lui permit de traduire que de courts extraits et il ne put pas suivre complètement la discussion.
… où commence la responsabilité …
… où finit-elle …
… S’il est l’un d’eux, nous savons qui il est …
… a détruit un monde entier !
Kevin était tellement occupé à essayer de comprendre les débats qu’il faillit rater le moment où la première personne se leva.
— Je parle pour le garçon, dit une femme d’un ton doux. Je considère que, bien qu’il ait fait un grand mal, il ne l’a fait que sous le contrôle de la Ruche. Quand il a été libéré, il a cherché à nous aider. Il nous a avertis. Il s’est évadé. Nous ne devrions pas punir ces efforts. Nous devrions l’accueillir parmi nous comme son amie.
— Je suis contre, dit un homme. Même si tout cela est vrai, il a fait partie de la Ruche. Les membres de la Ruche ont tué plus de gens que nous n’aurions pu en compter sans nos IA et il les a aidés. Suis-je supposé le regarder vivre en liberté alors que nos proches ne peuvent plus le faire parce qu’ils sont morts ? Allons-nous pardonner l’impardonnable ?
— Je parle pour le Plus Pur, dit un homme âgé. Les Plus Purs font partie d’une communauté et il s’en est libéré. Il a été déformé par ceux qui l’entouraient, mais il n’est plus cette créature servile. S’il a eu le courage de se libérer de la Ruche, nous devrions l’en féliciter, pas l’en accuser.
— Personne n’échappe à la Ruche, répondit sèchement un autre des Ilariens, dont la colère était palpable. On voit bien que c’est une sorte de mauvais tour. La Ruche a déjà tenté de nous duper. Elle a désactivé nos boucliers. Elle a assassiné notre peuple. Elle a détruit notre monde. Cette chose y a participé, tout comme le garçon ! Nous devrions la détruire avant qu’elle ne fasse encore plus de mal.
Kevin entendait les émotions qui émanaient de ce discours, complètement à l’opposé du mode de fonctionnement de la Ruche. Les Plus Purs auraient pris leurs décisions d’une manière purement rationnelle, tandis que cette approche-là lui paraissait d’une façon ou d’une autre plus réelle.
— Souhaitez-vous défendre votre cause ? dit la générale s’Lara en se tournant vers Kevin et Ro.
Kevin savait qu’il aurait dû, mais il ne savait pas quoi dire. La culpabilité qu’il ressentait encore semblait tout recouvrir, enterrer toute parole. Il savait qu’il fallait qu’il essaie mais, en vérité, il ne voulait pas essayer dans l’immédiat.
— Je ne veux pas parler pour moi-même, dit-il en secouant la tête. Je ne le mérite pas et, en vérité … je suis mourant quoi qu’il arrive. Ce que vous me ferez m’importe peu du moment que vous épargnez les autres.
Quand il s’entendit tenir ces propos, il en fut presque choqué, mais c’était la vérité. Il tenait beaucoup plus à la survie de Ro et de Chloe qu’à la sienne.
— J’ai aidé à détruire un monde. Je ne mérite … je ne mérite rien, mais Ro s’est enfui de la Ruche. Cela mérite considération.
Ro secoua la tête.
— J’ai … j’ai peur, je l’admets, mais je ne nierai pas ce que j’ai fait. J’ai commis horreur après horreur. J’ai commis des actes atroces quand j’étais Plus Pur. Cependant, maintenant, je ne suis plus cette personne. Je suis impur. C’est Kevin que vous devriez épargner. Nous l’avons intégré à la Ruche contre sa volonté. Il n’a pas eu le choix.
— Il y a toujours un choix ! cria l’homme qui avait parlé contre Ro de quelque part à l’arrière de la salle.
Kevin ne savait pas quoi répondre à cela. Cependant, il semblait que Chloe le sache parce qu’elle cria plus fort que tout le monde en regardant l’homme qui avait parlé droit dans les yeux.
— Vous imaginez que Kevin a choisi de se faire capturer par les extra-terrestres ? demanda-t-elle sur un ton qui aurait suffi à en faire reculer plus d’un. Vous croyez qu’il contrôlait tout ? Ils l’ont poussé à accepter de me torturer de toutes sortes de manières et, malgré tout, je ne lui en veux pas parce qu’il n’était pas lui-même. C’était lui sans émotions, sans compassion et, si vous n’avez pas de compassion, vous ne valez pas mieux que la Ruche !
Elle prit le temps de regarder les extra-terrestres et, l’espace d’un instant, Kevin crut qu’elle avait terminé, mais elle continua en pointant un doigt vers ceux qui les entouraient.
— Vous prenez royalement des décisions sur nous, mais vous n’avez même pas essayé de nous comprendre. Kevin … a parcouru tout notre pays pour essayer de sauver notre monde. Il est parti dans l’espace parce qu’il essayait d’arrêter la Ruche. Ils ne l’ont capturé que parce qu’il essayait de les arrêter. Quant à Ro, il s’est révolté contre tout ce qu’il a jamais connu. Il est la preuve qu’il est possible de briser le contrôle de la Ruche, et vous, vous voulez … quoi, le tuer ? Il faudra me passer sur le corps pour le faire !
Elle leur adressa un regard furieux et la générale s’Lara leva une main pour demander le silence.
— Je ne m’exprimerai pas sur ce sujet, dit-elle. Mes propres idées sont trop partagées. La logique exige une chose et l’émotion une autre. Pourtant, j’aimerais poser la question suivante : sommes-nous des êtres de logique pure ? Sommes-nous comme eux ? Je ne sais pas. Il est temps que nous nous décidions.
Elle baissa la tête et, au-dessus d’eux, Kevin vit des lumières dansantes s’agiter pendant que les IA parlaient et débattaient, confrontant probablement les sentiments des Ilariens à leur besoin de logique. Pour Kevin, ces lumières ressemblaient à des essaims d’abeilles furieuses qui volaient çà et là, bougeaient, se séparaient puis formaient de nouvelles combinaisons à mesure que progressait le débat qui les opposait les unes aux autres.
De là où il se tenait, Kevin ne pouvait nullement comprendre quelle direction le débat prenait. Quand il essayait, il en entendait de brefs extraits, mais il y avait tant de fragments différents que même lui ne pouvait pas en déduire où allait la discussion.
Finalement, quelque chose sembla se produire. Kevin eut la sensation que les IA bougeaient, formaient des piles, des groupes qui prenaient leur décision finale. Deux blocs, un rouge et un bleu, apparurent sur la surface qui s’étendait autour du bord de la salle. Les groupes semblaient équivalents, si équivalents que Kevin ne pouvait pas les compter et ne comprenait pas lequel était le plus gros. Il voyait des IA qui tournaient encore autour en réévaluant les faits ou en discutant de ces faits avec les IA auxquelles elles étaient connectées. Cependant, lentement, le compte final et les groupes se stabilisèrent.
Même à ce moment-là, Kevin ne savait pas quel allait être le résultat.