Читать книгу Le Trône des Dragons - Морган Райс, Morgan Rice - Страница 12
CHAPITRE SIX
ОглавлениеLe Prince Vars chevauchait en tête, il essayait de rester bien droit en selle, de garder sa prestance royale. Il avait toujours été doué pour. Il n'était pas aussi musclé que Rodry, n'avait pas la beauté presque féminine de Greave, mais il était encore jeune, beau et noble, avec son armure et ses magnifiques atours.
Il se savait observé par les gardes qui l'accompagnaient, dans l'attente de ses ordres. Il songea à l'auberge dans laquelle ils avaient passé la nuit, s'étaient enivrés de bière, empiffrés de viande et étourdis de femmes. Vars avait largement profité des trois, la tentation de remettre le couvert était grande.
"Votre Altesse," questionna le sergent. "Ne devions-nous pas rattraper la Princesse pour la procession des noces ?"
"C'est moi qui donne les ordres, Sergent," lui rappela Vars, l'homme avait raison, c'était agaçant. Faire relâche une soirée ne coûtait rien, tous sauraient qui commandait. Vars savait combien son père serait fâché s'il découvrait son absence, Vars ne voulait pas risquer la colère de son père.
"Très bien. En avant !"
Ils se mirent en route, le soleil s'était levé, la chaleur était agréable, pas étouffante. Ils employèrent la matinée à rejoindre le carrefour choisi par Vars. Ils traversèrent des terres arables, des champs de blé et autres céréales que les paysans étaient censés cultiver. Les routes étaient en terre, avec des murs de pierres sèches de part et d'autre et quelques arbres : pommiers, cèdres, chênes et poiriers. Des moutons paissaient dans les champs, des bêtes stupides, à l'image du vulgus pecum.
Ses hommes étaient heureusement sensés : ils ne lui firent pas remarquer qu'ils étaient déjà passés par là hier parvenus au carrefour où gisait le panneau. Vars s'engagea le premier sur l'autre voie ; l'auberge où Lenore avait passé la nuit devait se trouver à une heure de route.
Elle accueillerait Vars en héros après cette période en solitaire, effrayée par les dangers de la route, comme elle le faisait avec Rodry. Bien sûr, Vars devrait passer quelques jours encore avec elle durant ce voyage, ils arpenteraient le fin fond du royaume pour récolter les présents, ce n'était pas si terrible après tout. Une partie du tribut trouverait peut-être le chemin de ses coffres chemin faisant …
Cette agréable pensée permit à Vars de poursuivre, tandis que ses troupes marchaient au pas sur la route menant à l'auberge. Il l'apercevait de loin, les bâtiments étaient désormais visibles entre les arbres. Vars poussa son cheval. La brillante cohorte arriverait bientôt à bon port, avec Vars à sa tête…
Quelque chose clochait. De la fumée aurait dû s'échapper des fourneaux, de multiples signes de vie. Un calme absolu régnait. Vars voulut faire demi-tour, s'éloigner. Il savait que son père considérerait sa fuite comme un aveu de faiblesse …
Il ralentit suffisamment pour laisser ses hommes arriver à l'auberge avant lui. A l'abri derrière ses hommes, Vars aperçut le carrosse de Lenore, l'espoir renaissait. Puis il vit les cadavres, l'espoir céda la place à une terreur effroyable.
Ils gisaient là où ils étaient morts ou avait été traînés. Vars reconnut les uniformes ensanglantés des gardes qui escortaient Lenore. Des servantes avaient été sauvagement assassinées, moins rapidement cela dit. L'œil entraîné de Vars ne connaissait que trop bien la mort lente.
La peur s'empara de lui. Notamment pour sa demi-sœur, en dépit des racontars, Vars n'était pas un monstre. Il eut surtout peur pour lui, peur de la réaction de son père lorsqu'il apprendrait que Vars avait échoué à protéger Lenore, mais là n'était pas la question.
La question … la question était que Vars était absent au moment des faits.
Il éprouva un certain soulagement dans un premier temps, sa présence ici rimait avec danger inconsidéré, voire, la mort, vue la facilité avec laquelle les gardes de Lenore avaient été massacrés.
Sa pensée suivante fut que tel était son destin, tout le monde l'apprendrait. Ils le considèreraient comme un être méprisable, un moins que rien, tout prince du royaume soit-il.
"Trouvez ma sœur !" ordonna Vars. "Découvrez ce qui s'est passé !"
Il resta assis sur son cheval pendant que ses hommes se déployaient, fouillaient l'auberge dans les moindres recoins. Vars était assis, la main sur le pommeau de son épée, ne sachant que faire si jamais les assaillants sortaient des bâtisses alentour. Attaquer, rester assis, comme pétrifié, prendre la fuite ? Il ne risquait pas d'entrer en premier et aller au-devant du danger.
Vars se haïssait.
"Il y a quelqu'un !" cria le sergent depuis l'écurie. "Elle est en vie !"
Vars mit pied à terre, espérant qu'il s'agisse de Lenore. Si elle était morte …
Il fit irruption dans l'écurie et trouva le sergent, qui aidait une jeune femme à se relever. Ce n'était pas Lenore, elle ne ressemblait pas aux servantes. Elle portait des vêtements simples de paysanne, peut-être une servante de l'auberge. Vars s'approcha d'elle.
"Que s'est-il passé ? Où est ma sœur ?"
La jeune femme hurla devant son ton impérieux, seule la présence apaisante du sergent l'empêcha de fuir. Vars n'avait pas de temps à perdre. Il devait savoir ce qui s'était passé, s'il était vraiment dans le pétrin.
"Que s'est-il passé ? Où est la Princesse Lenore ?"
"Partie", répondit la servante. "Les mercenaires… l'ont enlevée …"
"Des mercenaires ?" rétorqua Vars, incrédule. Il en avait entendu parler. Le Roi Ravin formait des tueurs, leur apprenait à traverser les ponts pour parvenir à ses fins.
"Ils … ils nous ont presque tous tué. Ils se sont emparés de l'auberge, n'ont gardé que quelques-unes d'entre nous pour … pour …"
Un autre que Vars aurait prodigué des paroles d'apaisement mais Vars se borna à la dévisager.
"Où est ma sœur ?"
"Ils l'ont enlevée. Ils ont attendu qu'elle entre dans l'auberge avec ses hommes, ils ont tué les hommes, et … ils l'ont capturée ; elle et ses domestiques. Ils l'ont gardée ici, lui ont fait du mal, ils font route vers le Sud."
"Ils t'ont laissé la vie sauve pour témoigner ?" demanda Vars, circonspect. Quand on fait le mal, mieux vaut agir en secret, à l'abri des regards indiscrets. Il était bien placé pour le savoir.
"Ils voulaient que ça se sache," reprit la jeune femme. "Ils ont tué certaines servantes, quant aux autres… ils les ont renvoyées pour annoncer la nouvelle. Ils m'ont laissée ici. Afin que l'on sache ce qu'ils ont fait, ils ont réussi à enlever la Princesse, ici-même. Ils la détiennent."
Vars laissa échapper un cri de colère et de frustration. Ses hommes imputeraient sa colère à l'enlèvement de sa sœur, la sachant en danger. Sa colère était tout autre. D'autres personnes savaient ce qui s'était passé, grâce aux victimes relâchées par les mercenaires. Frustration de savoir que son échec serait connu de tous.
Il devait voir ce qu'il convenait de faire.
"Combien sont-ils ?"
"Une … douzaine."
Une douzaine d'hommes avait suffi à commettre cela ? Seul point positif : ils étaient plus nombreux qu'eux. Vars aimait dépasser ses adversaires en nombre.
"Rassemblez les hommes," aboya Vars.
"Et elle ?" demanda le sergent, en indiquant la femme.
"Seule ma sœur compte !"
Elle seule comptait aux yeux de leur père. En revenant avec elle, Vars aurait pu inventer toutes les histoires voulues imputables à un retard en cours de route, il aurait été accueilli en héros. Mais rentrer sans …
C'était tout bonnement impossible ; Vars s'y refusait.
Il rejoignit sa monture et monta en selle, tel le héros d'une chanson. L'ironie de la situation ne l'effleura même pas lorsque ses hommes se rassemblèrent, comme s'ils obéissaient aux ordres d'un vrai chef.
Vars agita son épée, plus qu'il ne le faisait habituellement lors d'un combat et regarda ses hommes.
"Toi, va voir s'il reste des chevaux à l'écurie. Les autres, en marche, au trot." Un murmure s'éleva, que Vars fit taire d'un simple coup d'œil. "Ma sœur, votre Princesse, est en danger ! Les hommes du Roi Ravin l'emmènent dans le Royaume du Sud, ils devront franchir les ponts. Nous pouvons les arrêter et la sauver si nous arrivons les premiers ! Chacun de vous sera un héros !"
Tous, mais lui serait le plus grand. Il sauverait sa sœur, ses hommes raconteront comment le brave prince Vars avait combattu contre les fines lames du Roi Ravin. En cas d'échec … son père le tuerait certainement.
Tuer une douzaine d'hommes pour parvenir à ses fins ? Vars était prêt à tout.
"En avant !" hurla-t-il en faisant avancer sa monture. "Nous devons à tout prix atteindre ce pont !"