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AVANT-PROPOS
DU TRADUCTEUR

Table des matières

Il y a, dans l’histoire des peuples, de ces moments suprêmes où toutes les facultés de la nation sont réveillées et mises en jeu de ces moments où le génie national s’affirme avec éclat, en revendiquant pour le peuple son droit à la vie. Telle est, pour les Magyars, l’année1848.

La Hongrie avait montré son héroïsme à l’Europe lorsque, de concert avec la Pologne, elle avait sauvé, il y a plusieurs siècles, le monde civilisé de l’invasion des Tartares et des Turcs. Mais ensuite le pays, affaibli par cette lutte gigantesque, tomba en1526dans les filets de l’Autriche, et son développement fut comme arrêté.

Il y eut des soulèvements partiels sous les Bocskay, les Rakoczy, les Bethlen, d’immortelle mémoire, mais ils n’eurent aucun résultat: les empereurs d’Autriche, pressés par le danger, accordaient quelques réformes qu’ils s’empressaient de retirer dès que la paix était rétablie.–Le dernier soulèvement eut lieu en .1825: les. Hongrois réclamèrent, de tous les côtés à la fois, leurs lois et leurs libertés que, depuis1526, tous les empereurs avaient juré de respecter et qu’ils avaient tous violés. Enfin, vers1847, lorsque l’Europe commença à s’agiter, la nation tout entière voulut obtenir des réformes. Les propriétaires, entraînés par la parole ardente de Louis Kossuth, cet éloquent Washington de la Hongrie, et gagnés par un généreux enthousiasme révolutionnaire, comme la noblesse française dans la nuit du4août, abolirent d’eux-mêmes les corvées, et, non contents de libérer les paysans, leur distribuèrent gratuitement la terre.

L’Autriche continua cependant à résister aux vœux du pays, et la population de Pesth, poussée à bout, se souleva le15mars1848, deux jours après la révolution de Vienne. L’empereur, pressé de toutes parts, accorda enfin une constitution à la Hongrie, et l’on nomma un ministère national. Mais, aussitôt, la Cour souleva secrètement, à force d’or et d’intrigues, neuf nationalités différentes établies en Hongrie: les Raciens, les Croates, les Serbes, les Valaques, les Esclavons, les Saxons, etc. Alors la nation, menacée de périr, se leva tout entière. Le 14avril1849, l’indépendance de la Hongrie fut solennellement proclamée. L’Autriche, aux abois, appela la Russie à son aide. La Hongrie résista encore héroïquement, et, pour tomber, il fallut qu’elle eut un traître dans son sein. Elle fut vaincue, mais elle avait gagné la foi en elle-même.

Pendant la courte durée de son indépendance, le pays, malgré ces luttes surhumaines, s’était transformé: des fabriques avaient été élevées de tous côtés, des écoles s’étaient ouvertes. Des poëtes immortels avaient surgi tout à coup: les Petofi, les Arany, les Vörosmarty, les Tompa, et tant d’autres. Toute une littérature nouvelle et patriotique avait pris naissance.

Maurice Jokaï, conteur plein de verve, appartient à cette génération des écrivains de la révolution. C’est lui qui consola le peuple Hongrois pendant les longues années de deuil, de1850à1867! Ses nombreux romans et son théâtre rappelaient à la nation, et rappelaient avec l’autorité du talent, ses anciennes gloires, ses héroïsmes, sa grandeur. La popularité de l’écrivain fut immense. Nous avons choisi, parmi ses romans, celui où Maurice Jokaï retrace avec âme quelques épisodes de cette mémorable révolution à laquelle il a pris part.

L’action s’ouvre peu de temps avant1848. Le château et le village imaginaires où commence ce récit sont situés au milieu d’une plaine que terminent, à l’est, les montagnes de la Transylvanie, et, à l’ouest, celles de Bude.

Cette plaine riche et fertile est arrosée par le Danube et la Tisza. C’est cette Puszta magyare où le vent fait onduler, dans des champs à perte de vue, les épis dorés du blé et du maïs. Là aussi paissent, dans des prairies sans fin, de grands troupeaux de bœufs aux cornes gigantesques. C’est le pays des mirages!.

Nous nous sommes efforcé de laisser à ce remarquable ouvrage toute son originalité et sa couleur locale.

Palfalva (Hongrie), ce15septembre1879.

Les fils de l'homme au coeur de pierre

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