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J. A. GENAND

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Ce n'est qu'après bien des hésitations et de pressantes sollicitations de la part de mes amis que je me suis décidé à publier sous la forme d'un volume une traduction originairement destinée à occuper le rez-de-chaussée d'un journal politique et à laquelle mes occupations ne m'ont permis de consacrer que quelques rares loisirs, insuffisants pour rendre l'original avec tous les soins et la perfection qu'il méritait.

En cédant à l'invitation des personnes qui, dès le début de mon travail, ont bien voulu m'aider de leurs encouragements et de leurs conseils, je n'ai eu en vue d'autre objet que celui d'être utile à mes compatriotes et d'apporter mon faible contingent à la propagation de notre littérature nationale en traduisant en français une oeuvre essentiellement canadienne.

Je m'explique.

Ce qu'on est convenu d'appeler le roman moderne règne malheureusement chez nous comme ailleurs, et ce serait en vain qu'on essaierait de le détrôner: lutter contre cette folie du siècle serait une autre folie. Mais, de même qu'un peuple n'a que le gouvernement qu'il se crée, du moins par son attitude, de même une société ne reçoit que la nourriture intellectuelle qu'elle veut; s'il est impossible de substituer un genre à un autre, il n'est pas impossible de le modifier, de rendre cette nourriture plus saine.--J'ai voulu prouver à mes lecteurs que si la lecture des romans est une nécessité, il est du moins possible de lire honnêtement des romans honnêtes.

En effet, contrairement à la plupart des romans importés en ce pays, qui, tous ou à peu près sans exception, s'étudient à embellir le Vice et à enlaidir la Vertu, Antoinette de Mirecourt est une grande leçon de morale. Ecrit dans le but de démontrer les funestes résultats d'un mariage clandestin, ce roman est rempli d'enseignements utiles qui ne peuvent manquer de produire d'heureux fruits dans la position sociale où nous nous trouvons en Canada.--Sous ce rapport, plus d'un motif m'a fait entreprendre l'oeuvre que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui au public.

D'un autre côté, l'ouvrage de Madame Leprohon est, comme je viens de le dire, essentiellement Canadien. Il se rapporte à l'Histoire de notre pays; les personnages qui y figurent appartiennent, pour la plupart, à la vieille noblesse Française; la scène se passe à Montréal: tout, en un mot, y est Canadien. L'auteur lui-même qui occupe un rang élevé dans la littérature anglaise du Canada et une place distinguée parmi les écrivains Américains, appartient à une famille Canadienne.--Pour toutes ces considérations, ne voulant pas qu'un ouvrage de ce genre, auquel il ne manquait que d'être écrit en français, fût perdu pour notre littérature Canadienne, je me suis hasardé à entreprendre la traduction d'Antoinette de Mirecourt.

Ai-je réussi? Nécessairement, avec le peu de temps que j'ai pu y consacrer, beaucoup de défauts ont dû se glisser dans mon travail, mais du moins je me flatte d'avoir fait une traduction exacte, et si la phrase est quelquefois incorrecte, le style négligé, le sens a été scrupuleusement rendu, et le fond reste ce qu'il est dans l'original.

J'ose donc espérer que le public, entrant dans les explications que je viens de lui donner, aura pour moi cette indulgence dont les lecteurs de L'Ordre ont bien voulu user à mon égard et tiendra compte, au moins, de ma bonne volonté.

J. A. Genand.

Montréal, 4 Août 1865.


Antoinette de Mirecourt, ou, Mariage secret et Chagrins cachés

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