Читать книгу LE REMORDS - Oluwafunmilayo Inemesit Adewole - Страница 8

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ACTE 1

Scène 1

Akure, l’an 2012.

La scène est dans la semi-obscurité. Le chœur avance lentement vers le milieu de la scène, la main dans la main.

Le chœur : Nous avons chez nous un proverbe populaire auquel je voudrais ajouter une petite touche, comme suit : « Ce qu’une grande personne voit assis, un enfant n’arrivera pas à voir, même s’il grimpe sur une table ».

(Sarcastique) Mais de nos jours on s’en fout de cela ! Beaucoup de nos enfants se prennent pour adultes avant même de passer l’adolescence.

(Rire doux) Ils essaient de prendre des décisions et d’assumer la responsabilité de leurs actions. Beaucoup de jeunes en ont l’audace.

(Regard morne) Pourtant, soit qu’ils finissent par passer le reste de leur vie à regretter leurs actions, soit qu’ils meurent de souffrance. (Ils soupirent et regardent l’assistance avec lassitude.) Que de remords ! (Ils secouent la tête.)

(La scène s’illumine complètement, suivie d’une diminution progressive de l’éclairage.)

La scène s’ouvre sur le salon des Fatoye. La table est préparée pour cinq personnes. Les Fatoye avaient invité au dîner Collins, le fiancé de Debola.

M. Fatoye : (Sourit et se tourne en mangeant vers Debola) Ce repas est vraiment délicieux, Debola.

Debola : (Sourit) Merci, papa. Ma journée est réussie chaque fois que tu complimentes mes talents culinaires.

Tope : (Les yeux en rond) La voilà encore ! On croirait qu’elle avait préparé un repas hors de cette planète !

Mme Fatoye : (Sourire doux. Elle tapote Tope sur le bras.) Ma chère, c’est évident qu’elle a une excellente tutrice. Abi ?

Tope : Bee ni o, maman. (Elle boit un verre d’eau.)

Debola : Tope, tu dois avouer que je fais de très bons repas. Arrête de rouspéter, qui sait ? Un jour je pourrais peut-être te passer mes recettes secrètes. (Clin d’œil à Tope.)

Tope : (Avec mépris) Sans blagues ! Je préfère aller à la tutrice principale. (Elle sourit d’un air satisfait et continue à manger en faisant des bruits de succion avec sa bouche.)

Collins : (Regarde Tope et rit. Il pose son verre de jus sur la table) Personne n’est né avec des compétences culinaires, Debola, tu les as sans doute acquises de ta mère.

Debola : Ça va sans dire. (Il tourne ses yeux de Collins à Tope, et pose finalement un regard fixe sur Collins.) Eh bien, Collins, tu pourrais au moins être de mon côté ! (Elle fait la moue.)

Collins : Ce n’est pas du tout comme ça, Debola. Je voulais dire…

Debola : (Un regard sévère vers Collins) Chut ! Pas un mot, s’il te plaît !

Tope : (Sourit) Debola, ce n’était qu’une blague inoffensive !

M. Fatoye : Arrête, Tope ! Ça suffit ! Pourquoi tu aimes tout le temps faire des remarques impolies pendant le repas, au lieu de savourer la cuisine délicieuse de ta sœur ?

Debola : (Bat ses yeux sur Tope et se tourne à son père en souriant) Merci, papa. Si un jour j’arrive à aller à une école de cuisine, je te préparerai les meilleurs repas tous les jours.

Mme Fatoye : (Elle tape dans ses mains, étonnée) Hé ! Quoi encore ? Je pensais que tu prévoyais te marier bientôt ! Collins, tu dois précipiter les préparatifs des noces, sinon je risque moi-même de perdre mon mari.

Collins : Eh bien, après tout ce qui se passe, moi aussi je suis à court de mots.

(Tout le monde rit. Chacun prend son verre de jus et boit.)

M. Fatoye : (Prend une petite gorgée de jus et tousse) C’est une bonne chose que vous avez terminé vos cours universitaires. Sinon ce serait difficile de poursuivre des cours de maîtrise ès sciences après votre mariage. Vous êtes un jeune homme ambitieux, j’aime ça. (Il sourit et fait un signe de tête en regardant Mme Fatoye.) Vous ferez un couple idéal et vous serez de très bons parents.

Collins : (Inclination de la tête) Merci, monsieur. Je compte sur le soutien de mes parents et mon désir personnel d’atteindre cet objectif lorsqu’il se présentera.

M. Fatoye : (Fait un signe de tête) Génial ! Ça me fait plaisir que vous reconnaissez l’immense contribution de vos parents à votre succès !

Collins : Je vous remercie, toi et ta mère, du fond de mon cœur pour cette invitation au dîner avec ta famille. C’est une occasion que je vais chérir le reste de ma vie. (Se courbe devant M. et Mme Fatoye, sourit à Tope et tient fermement la main de Debola.)

Mme Fatoye : (Parle d’une voix douce) Vous êtes toujours la bienvenue, Collins. (Sa voix s’élève.) Avec vos études derrière vous, je crois que votre voie professionnelle est maintenant grande ouverte devant vous. Que pensez-vous du mariage ? J’ai hâte à tenir mes petits-enfants sur ma poitrine, Collins. Je suis sûre que votre mère a aussi les mêmes pensées.

Collins : (Rougit et bredouille des mots inaudibles.)

Debola : (Timide) Maman ! Nous ne sommes pas encore mariés, et tu parles déjà de petits-enfants !

Collins : (Tousse) Maman, nous avons décidé de nous marier dès que Debola termine ses études universitaires.

Debola : (Regarde Collins, bouche bée) Nous avons décidé ?

M. Fatoye : (Mord sur un morceau de poisson et repose ses couverts sur la table, les yeux fixés sur Debola) Eh bien, on dirait qu’il y a un malentendu quelque part. (D’un ton sérieux.) Quand êtes-vous arrivés à cette décision que ma fille semble ignorer ?

Collins : (Tousse) J’avais l’intention d’en parler plus tard à Debola. Je ne savais pas qu’on allait le discuter au dîner, je pensais qu’on allait manger et parler en général. C’est tout. (Hausse les épaules.) Etant donné que je ne fais pas encore partie de la famille.

Debola : (Grincement de dents) Collins. (Pincée douce sur le bras de Collins.)

Collins : (Cri doux) Tiens ! Pourquoi tu fais ça, Debola ?

Mme Fatoye : (Regarde Collins) Qu’est-ce que vous dites ?

Debola : Eh bien, maman, exactement ce qu’il a dit…

Mme Fatoye : (Pointe Debola du doigt) Je sais exactement ce que ton copain voulait dire, jeune femme.

Debola : (Déçue) Maman, il n’est pas mon copain. Collins est mon fiancé.

Mme Fatoye : Pourtant, il me donne l’impression que pour lui, ma fille n’est qu’une copine.

Collins : (Se tient droit, gêné) Je…, je…., c’est que….. (Tourne ses yeux vers M. Fatoye, toujours gêné.) Je vais épouser Debola, ça c’est sûr. C’est que j’avais l’intention de poursuivre mes études de doctorat en même temps qu’elle fait ses études.

M. Fatoye : (Ebahi) Sans informer notre fille ! (Il prend sa fourchette et respire profondément.) Sans discuter vos plans avec la femme que vous allez épouser ! (Secoue sa tête dans la consternation.) Je ne comprends pas le comportement des jeunes hommes d’aujourd’hui !

Collins : (Parle d’un ton embarrassé) Papa, j’allais le lui dire. Vous savez, monsieur, nous les hommes, nous sommes la tête dans une relation ou dans une famille. Il nous faut donc parfois prendre seuls certaines décisions. Vous comprenez bien, n’est-ce pas, papa ?

M. Fatoye : Non, Collins. Je ne vous comprends pas. (Il rit.) C’est incroyable, d’un coup, on est passé d’un jeune homme intelligent à un imbécile ! (Claque ses mains, stupéfié.) Quelle transformation, Collins ! Avez-vous par hasard une double personnalité ?

Collins : Euh, monsieur….

M. Fatoye : (Il fait signe à Collins de sa main) Ce n’est pas du tout ça. Est-ce que vous vous êtes demandé ce qui se passera si un jour vous vous trouvez dans une voiture dont le chauffeur ne sait pas conduire ?

Debola : (Tourne ses yeux vers Tope.)

Tope : (Il hausse ses épaules, les yeux grands ouverts.)

Collins : (Boit une petite gorgée de jus) Ne vous inquiétez pas, monsieur. La voiture est en très bon état et ce chauffeur a beaucoup d’expérience, et il est prêt à tout.

M. Fatoye : (Sourit à Collins) Et si le chauffeur ne connait pas la route ? (Il fixe ses yeux sur la fourchette.) Debola.

Debola : (Excitée) Oui, papa ?

M. Fatoye : Va chercher une bouteille de vin pour ton invité, s’il te plaît.

Debola : Oui, monsieur. (Elle part.)

Mme Fatoye : (Elle rouspète.)

M. Fatoye : (Sourit à Mme Fatoye et fait signe de la tête.)

Collins : (Regarde Tope.)

Tope : (Tourne son regard de l’autre côté, tousse et se met à manger.)

(La lumière s’éteigne progressivement.)

Scène 2

Le salon des Fatoye.

Collins s’incline devant M. et Mme Fatoye et part.

Debola : (Dit au revoir à Collins, ferme la porte et s’appuie contre la porte.) Ça ne s’est pas bien passé du tout. (Pousse un soupir profond.)

M. Fatoye : (Se lève de sa chaise et cri, furieux) Si ce jeune homme ose venir ici encore, je lui jetterai de l’eau chaude !

Debola : Ce n’est pas comme ça, papa, laisse-moi t’expliquer.

Mme Fatoye : Tais-toi, Debola ! Il n’y a rien à expliquer. C’est tout évident qu’il s’en fout de toi. On ne commence jamais d’arranger un mariage avant même de demander l’opinion de la femme qu’on veut épouser. Olọ́run o. Ça te fait de la peine ? (Elle tourne son regard vers le sol et secoue sa tête.)

Debola : Maman, je peux tout expliquer.

Mme Fatoye : Expliquer quoi ? Le jeune homme préfère ses études sur toi ! Ne sois pas idiote, Debola. Ode ! Le jeune homme te manipule, et tu ne vois rien. Tu dois lui demander avec fermeté ce qui est de ton droit. Sans blagues ! Je ne vous comprends plus, les jeunes d’aujourd’hui. Vous ne comprenez pas les questions de relations. (Fait signe du doigt sur sa tête pour indiquer que Debola devient dingue.) C’est évident que tu es une femme avec l’intelligence d’un bébé. On te donne du lait et ça va pour toi.

Debola : (Confuse) Pas du tout. (Un regard sans intérêt.) Collins a peut-être réagi comme ça parce que tu as changé l’ambiance agréable du dîner. Il n’était pas nécessaire du tout de parler de petits-enfants.

Mme Fatoye : C’est quoi ça que tu dis ? Oh, Debola ! (Elle secoue la tête et s’assit.)

M. Fatoye : Debola, ce que ta mère essaie de te dire, c’est que ce jeune homme n’est pas prêt, ni pour toi, ni pour le mariage.

Debola : Papa, et maman, s’il vous plaît, il n’est pas du tout comme ça. Il va changer. Il se sentait intimidé, c’est tout. (Démoralisée.)

M. Fatoye : J’ai tout compris, et je sais ce qui est bon pour mes enfants. Ce jeune homme ne s’intéresse pas du tout à toi. Je l’ai dit, et je le répète encore, je ne veux plus le revoir dans cette maison. C’est tout ! (Il sort.)

Debola : (Se met à genoux en sanglots) Maman, je vous supplie, toi et papa. Collins est une personne agréable. Il faut lui donner une autre chance.

M. Fatoye : Debola, ne fais pas le monde croire que j’ai enfanté une imbécile. Tu dois faire attention à ce que te disent tes parents. Excuse-moi. (Elle siffle de mépris et sort.)

Debola : (Elle pleure en hoquetant.)

(La lumière s’éteigne progressivement.)

LE REMORDS

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