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LETTRES A UN PENSIONNAIRE DE L’ÉCOLE DE ROME. PAR COCHIN.

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Ces lettres, presqu’inédites, contiennent des préceptes très utiles, de la part d’un artiste qui, bien que né dans un siècle de mauvais goût, a, par ses dessins et ses écrits, donné de bons exemples et d’excellens préceptes. M. Gault de Saint-Germain, qui connut intimement Cochin, a bien voulu nous communiquer le manuscrit autographe des lettres que nous publions. Ces lettres ont été adressées à Pierre-Charles Jombert, qui avait remporté le prix de Rome en1772. Nous les faisons précéder d’une notice de M. Gault de Saint-Germain sur Cochin, qu’on lira avec intérêt.

NOTICE
SUR COCHIN.

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COCHIN (Charles-Nicolas) est né à Paris en1715, et mort dans la même ville en1792. On a de son crayon spirituel un nombre considérable de portraits de personnages célèbres dans les sciences, les lettres et les arts. La collection en est précieuse pour l’histoire.

Cochin fut de l’Académie royale de peinture. Pour sa réception, il offrit un dessin au crayon rouge, représentant Lycurgue blessé dans une sédition. Ce précieux dessin le montra plus scrupuleux dans le style de l’histoire, et plus savant dans les usages, les costumes, l’expression des peuples de l’antiquité, que tous les académiciens de son temps.

Il est auteur d’un grand nombre de dessins pour vignettes et planches. Ils ont servi à une belle édition de Boileau, à l’ Abrégé chronologique de l’Histoire de France, par le président Hénault; à la Géométrie de Le Clerc; à l’Encyclopédie de Diderot; au Poème sur la peinture, par Lemierre; au poème de Roland, etc. On a de lui: 1o un Voyage d’Italie, ou Recueil de notes sur les ouvrages de peinture, de sculpture, qu’on voit dans les principales villes d’Italie, Paris, Jombert, 1758, 3vol. in-12; 2o Méthode pour apprendre le dessin, etc. Cet ouvrage est orné de100planches représentant les différentes parties du corps humain, d’après Raphaël et d’autres grands maîtres, et de plusieurs figures académiques dessinées d’après nature; 3o les Proportions et les Mesures des Antiques qui se voient en Italie, et quelques études d’animaux et de paysages, Paris, Jombert, 1755, in-fol.; 4o Costumes des principaux peuplesj à l’usage des artistes, contenant etc., ouvrage fait avec D’André Bardon, et rédigé depuis dans une nouvelle édition par Cochin, Paris, Jombert, 1784, 2vol. in-4o. Ce livre contient environ356planches.

Cochin a souvent travaillé avec Diderot, notamment dans l’Essai de ce dernier sur la peinture et ses observations sur le Salon de1765, ouvrage qui eut une grande vogue. Voici, à ce sujet, une anecdote peu connue.

L’impératrice de Russie, Catherine Alexiewna, ayant manifesté le désir d’avoir une idée des artistes français, s’adressa à Diderot, qui n’avait ni la connaissance ni le sentiment des beaux-arts. Diderot s’adressa aussitôt à Cochin, un de ses compagnons de table et de plaisirs. Le sel de la gaîté caustique du philosophe, uni à la science de l’artiste, qui haïssait passablement ses confrères académiciens, produisit cette fameuse critique du Salon de1765, production scandaleuse par les médisances et les offenses personnelles dont elle est remplie.

On attribua à Cochin seul une des autres brochures que les salons faisaient naître alors, et il ne l’a pas désavouée. Elle avait pour titre: Réponse de M. Jérôme, râpeur de tabac, à M. Raphaël, peintre de l’Académie de Saint-Luc, entrepreneur général des enseignes de la ville, faubourgs et banlieue de Paris. C’est une facétie peu digne de Cochin; mais il avait des qualités essentielles qui rachetaient son penchant à la satire; sa raillerie, qui ne manquait pas de finesse, n’allait jamais jusqu’à l’offense, et il apportait dans la société les égards, l’urbanité, la politesse et toutes les convenances d’un homme de bonne compagnie.

Sa fécondité, sa facilité était vraiment remarquables. Aux soirées d’hiver, dans les maisons amies où il se rendait habituellement, on avait soin de faire préparer à part une petite table, avec deux bougies et un fauteuil; lorsqu’on distribuait les cartes d’invitation pour l’ouverture du jeu, Cochin s’asseyait à cette table, taillait son crayon, ouvrait son portefeuille de poche, et s’occupait à composer, à terminer, avec beaucoup de goût et de précision, les dessins que l’on attendait de lui, ce qui ne l’empêchait pas de prendre part activement à la conversation. C’est dans le salon de M. Watelet qu’il a fait ainsi ses précieux dessins pour le poème de Roland. Je possède deux de ces dessins dans ma collection.

Le commerce, à cette époque, exigeait des productions en harmonie avec les mœurs dégénérées. Cochin fut souvent réduit à sacrifier au mauvais goût, et cependant alors il se montrait encore surieur, en grâce et en exécution, aux artistes de son temps. Comme dessinateur de vignettes, on peut dire que le premier en France il a introduit dans ce genre un dessin régulier.

Cochin parlait purement et avec une grande facilité. Il se plaisait à donner des conseils à la jeunesse. Ses conversations artistiques étaient savantes, instructives, sentencieuses; elles laissaient de bons souvenirs. J’étais du nombre de ceux qui aimaient à l’entendre, et ma mémoire est celle de la reconnaissance.

Lethum non omnia finit.

(PROP., Elég. VII.)

GAULT DE ST-GERMAIN.

Lettres à un jeune artiste peintre

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