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INTRODUCTION

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Table des matières

GEORGES VASARI est né à Arezzo le 30 juillet 1511. Il a étudié la peinture à Florence, dans l’atelier de Michel Ange, et reçu aussi des leçons d’André del Sarto. Après avoir pratiqué son art à Florence et à Rome, il a commencé vers 1536, à s’occuper aussi d’architecture; et, à la fois comme peintre et comme architecte, il a été l’un des maîtres les plus recherchés de son temps. En 1555 il est devenu, en quelque sorte, le surintendant artistique du duc Côme de Médicis. Il est mort à Florence le 27 juin 1573.

Son œuvre d’architecte n’est pas sans valeur: c’est à lui, notamment, que sont dûs les plans du palais qui contient aujourd’hui, à Florence, le Musée des Offices. Quant à sa peinture, dont de nombreux échantillons peuvent se voir dans des églises et des palais de Florence, de Pise, de Rome, d’Arezzo, la grande habileté du dessin et l’élégance de la composition ne suffisent malheureusement pas à racheter, dans cette fastueuse peinture toute décorative, la faiblesse de l’invention, le manque d’originalité et le mauvais goût.

Le mérite véritable de Vasari est d’ordre littéraire. Sans aucune expérience du métier d’écrire, ce peintre-architecte, dont toute l’œuvre artistique est à jamais oubliée, s’est mis au rang des plus illustres et des plus précieux écrivains italiens. Il nous a raconté lui-même, dans la Description de ses œuvres, le concours de circonstances qui, vers l’année 1546, l’a conduit à entreprendre le grand ouvrage qui lui vaut aujourd’hui l’immortalité :

Cette année-là, j’allai souvent le soir, ayant fini ma journée, voir dîner l’illustre cardinal Farnez. Il y avait là, chaque soir, s’ingéniant à entretenir le cardinal par de très beaux raisonnements, Molza, Annibal Caro, messire Gandolfo, messire Claude Tolomei, messire Romule Amaseo, monseigneur Paul Jove, et maints autres hommes lettrés et galants, dont est toujours remplie la cour du susdit seigneur. Et ainsi, un certain soir on en vint à parler du musée de Paul Jove, et des portraits d’hommes illustres que ce prélat a recueillis, classés, et ornés de très belles inscriptions. Alors, la conversation passant d’un sujet à l’autre, comme c’est l’usage, monseigneur Jove dit qu’il avait toujours eu, et maintenant encore, un grand désir de joindre à son musée et au recueil de ses Eloges un traité où il serait question de tous les hommes illustres dans les arts du dessin depuis Cimabué jusqu’à notre temps. Et il s’étendit sur ce sujet, et nous fit voir qu’il avait grande connaissance et grand jugement dans les choses de nos arts. Mais je dois ajouter que, en parlant des divers artistes, il se trompait sur certains détails, tantôt changeant les noms, les surnoms, les patries, les œuvres, tantôt ne disant pas les choses exactement comme elles avaient été, mais pour ainsi dire à la grosse. Or, lorsque Paul Jove eut fini ce discours, voici que le cardinal, se tournant vers moi, me dit: «Eh! bien, Georges, qu’en pensez-vous, ne serait-ce point là vraiment un bel ouvrage, et bien digne de la peine que l’on prendrait à le faire?» — «Ce serait à coup sûr une belle œuvre, monseigneur, — répondis-je, — si Paul Jove pouvait s’aider d’exactitude minutieuse dans l’art de mettre les choses à leur place, et de les dire comme elles ont eu lieu en réalité. Je dis cela parce que pour merveilleux qu’ait été son discours, il a changé maintes choses l’une pour l’autre.» — A quoi le cardinal, appuyé par Jove, et par Caro, et par Tolomei, et par tous les autres, répliqua, en s’adressant à moi: «Mais vous, alors, est-ce que vous ne pourriez pas fournir à Paul Jove un résumé et des notices bien classées sur les susdits artistes et leurs œuvres, suivant l’ordre des temps? Ce serait encore un nouveau service que vous rendriez à vos arts!» Et moi, tout en comprenant bien qu’une telle tâche était au-dessus de mes forces, je promis de la tenter bien volontiers, selon mon pouvoir. Et ainsi je me mis à rechercher mes notes et écrits, recueillis par moi depuis ma première jeunesse autant pour ma distraction qu’à cause de l’affection que j’ai toujours eue pour la mémoire de nos artistes: car le fait est que tous renseignements sur ceux-ci m’avaient toujours beaucoup intéressé. Je réunis donc tout ce qui, dans ces papiers, me paraissait convenir à l’œuvre projetée, et je le portai à Paul Jove; et lui, après m’avoir beaucoup loué de mes peines, me dit: «Mon cher Georges, je veux que tu prennes toi même le soin de développer tout cela, d’une manière dont je vois que tu sais le faire excellemment; parce que, quant à moi, je n’en ai pas le courage ni le goût, ignorant les procédés de vos métiers, et maints autres détails que vous savez fort bien: sans compter que, si j’entreprenais moi-même ce travail, je ferais tout au plus un petit traité semblable à celui de Pline. Faites ce que je vous dis, Vasari, car je vois que vous y réussirez merveilleusement! » Et comme, ensuite, il ne me voyait pas très résolu à accepter sa proposition, il me la fit répéter encore par Caro, et Molza, et Tolomei, et d’autres de mes plus chers amis: si bien que, enfin, m’étant décidé, je mis la main à mon livre, avec l’intention de le donner à l’un d’entre eux, quand je l’aurais terminé, afin qu’il le revît, lui donnât une forme littéraire, et le publiât sous un autre nom que le mien.

C’est cependant sous son propre nom que Vasari a publié son livre, à Florence en 1550, sous le titre de: Vie des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes. Dix-huit ans après en 1568, il en a fait paraître une seconde édition, considérablement revue, corrigée et augmentée, qui m’a servi pour la traduction de notre édition.

T. W.

La vie des peintres italiens

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