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PRÉFACE

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Table des matières

Notre œuvre est divisée en cinq parties, composées comme suit:

PREMIÈRE PARTIE. Religion, Morale.

DEUXIÈME PARTIE. Littérature, Goût.

TROISIÈME PARTIE. Impressions, Passions.

QUATRIÈME PARTIE. Miscellanées.

CINQUIÈME PARTIE. Notions scientifiques.

Nous n’avons pas la prétention de démontrer que l’étude de ce livre ajoutera beaucoup aux connaissances de nos lecteurs; nous avons voulu seulement attirer leur attention sur les avantages qu’ils trouveront, en suivant la trace de nos exposés, s’ils veulent apporter de la persistance et de la réflexion dans leurs lectures. Ils ne recevront d’abord de nous que peu de lumière directe et immédiate, mais, sans aucun doute, ils sentiront une impulsion qui les portera au delà des faibles notions que nous leur présentons, à titre de simples conseils; ce n’est donc pas un traité sur chaque objet spécial, c’est une étude un peu vague qu’ils devront améliorer par eux-mêmes, en n’oubliant jamais que croire ne pas savoir et travailler dans cette idée, c’est le moyen infaillible de s’instruire et d’enrichir successivement son intelligence.

La science peut se diviser en deux parties: celle connue, que nous pratiquons à l’époque où nous sommes; elle se perfectionné et se confirme tous les jours par l’emploi et l’application; la seconde partie, c’est le travail préparatoire pour les découvertes et les inventions nouvelles; c’est une suite d’essais et de tâtonnements qui sont renfermés entre les deux extrêmes, le succès et la déception.

Nous n’avons pas parlé dans nos exposés de cette phase de la science, c’est l’avenir seul qui devra la traiter un jour; pour nous, nous restons aujourd’hui dans l’actualité et nous avons, en conséquence, résumé les œuvres accomplies par les savants qui ne sauraient nous contredire, sans se mettre en contradiction avec eux-mêmes.

Il est vrai, cependant, qu’il arrive qu’on ne veut voir favorablement que son art spécial, et alors, un livre qui s’écarte de la route battue, pour répandre des notions générales, reçoit très-rarement l’hospitalité littéraire d’une des branches des connaissances humaines.

Essayons d’appuyer cette remarque par une anecdote historique:

Un professeur de droit public avait été présenté à un éminent écrivain par un savant géomètre: «Je vous suis très-obligé,

«disait ce professeur, car vous m’avez fait

«connaître un homme vraiment extraor-

«dinaire: il nous a parlé pendant deux

«heures de choses diverses, avec une pro-

«fonde connaissance de chacune; toute-

«fois, ajouta-t-il en hésitant, il y a un point

«sur lequel je l’ai trouvé un peu faible,

«c’est le droit public; pour moi, dit le géo-

«mètre, je ne le trouve un peu faible que

«sur la géométrie.»

Heureusement que nous n’avons eu en vue, en publiant ce livre, aucun résultat matériel; car quel accueil de ce genre pourrions-nous espérer à une époque où l’irréligion triomphe, où l’abus de l’esprit est appelé raison, où les bons mots légers et sceptiques sont devenus des oracles, et les paradoxes des principes? Nous avons voulu seulement présenter des idées et des faits que nous avons crus généralement utiles, et dont le lecteur pourra ne prendre que la partie qui lui paraîtra intéressante ou sympathique.

Les critiques des écrivains qui se combattent mutuellement sur un même point, ont souvent servi de preuves contre eux-mêmes, et nous en avons profité pour nous approcher de plus près de la vérité, en étudiant ces controverses qui nous éclairent et dont on ne peut contester la valeur, puisqu’elle est le résultat des opinions les plus autorisées sur la nature de la discussion.

Nous n’avons pu qu’effleurer cette riche matière littéraire et scientifique, car la multiplicité des objets à traiter nous oblige à passer rapidement d’un sujet à un autre; nous n’avons pas même parlé des langues mortes, qui cependant forment la base d’une solide instruction; mais de nos jours, à peine entend-on quelques citations en latin, qui est négligé, et en grec, qui a presque disparu, relégué qu’il est dans les étymologies. Certes, il n’est pas indispensable qu’on sache expliquer un distique latin, mais il faut au moins connaître, dans les lettres et dans les sciences, quelques faits, règles et lois qui se présentent sans cesse dans nos rapports avec la société.

Nous conseillons la sobriété de la parole et une sage réserve à ces impatients qui veulent soulever de grosses questions avant d’avoir encore, dans leurs éléments et leurs facultés, le pouvoir de les résoudre; quoique peu exercés, ils sont disposés à prendre prématurément dans la conversation une part tranchée sur certaines matières où ils s’aventurent en raison inverse de leurs capacités; et, en effet, l’imprévoyance avec laquelle on se met en évidence fait prévoir qu’on n’obtiendra pas le résultat que l’amour-propre seul a fait espérer.

La simplicité, la mesure et le tact dans la conversation, plaisent à tout le monde et font naître la sympathie, lorsque des efforts pour briller excitent, au contraire, l’envie; et on se prépare d’autant moins de succès, qu’on aura eu plus de prétentions à l’obtenir.

Nous développerons dans nos chapitres quelques considérations qui feront sentir quel est le mérite d’un bon écrivain, mais en même temps combien sa tâche est difficile. Il est évident alors qu’on doit toujours mesurer ses forces et en même temps se montrer réservé sur le jugement qu’on pourra porter sur la nature et la valeur des compositions des autres.

Nous insistons sur ce point, parce qu’il est presque aussi difficile de juger sainement et profondément un ouvrage que de l’écrire; cependant il n’est personne qui ne se croie en droit de formuler son jugement, et quiconque écrit, est sûr d’avoir autant de juges que de lecteurs. Cette simplicité, cette aisance que nous préconisons, font souvent perdre à l’écrivain beaucoup d’admirateurs, car on s’imagine que pour écrire de cette manière naturelle, il suffit de prendre la plume: on jouit alors des œuvres de l’auteur sans croire qu’il ait eu des efforts à faire, et on marche sur un terrain uni sans penser à ce qu’il en a coûté pour l’aplanir; au reste, cette idée qu’on se forme sur la facilité de composer un ouvrage, est la meilleure preuve de sa bonté ; car si l’art doit être l’imitation de la nature, on doit obtenir un succès complet quand on sait emprunter tous ses traits, jusqu’au point de se faire oublier soi-même (comme auteur), tant l’imitation est près du modèle.

Nous venons de présenter ici quelques conseils sous le rapport de la morale, de l’instruction et de la littérature; c’est le côté purement intellectuel, et comme la partie matérielle ou organique de l’homme exerce une très-grande influence sur ses pensées, ses actes et ses aspirations, nous croyons devoir comprendre, dans notre préface, quelques conseils d’hygiène qui se composent uniquement de préceptes généraux.

Les lois de la vie de toute créature existante sont écrites dans son organisation.

La constitution de l’homme, sa physiologie, ses relations et ses adaptations à la nature, ses instincts, ses passions, ses sentiments, ses facultés, nous démontrent son origine, sa condition et sa destinée.

Dans son organisation physique et mentale, on trouve un guide pour sa santé, on découvre la cause de ses maladies, et la meilleure méthode pour les prévenir ou les guérir,

La physiologie humaine contient donc les bases de l’hygiène.

Pour vivre avec discernement sur la terre, nous devons donc connaître notre rapport avec la matière, les éléments et les forces de la nature, ainsi que nos devoirs, la justice et la charité, et nous efforcer de ne pas croire aux antipathies.

Supérieurs aux instincts qui guident les animaux dans leur mode d’existence, nous avons besoin de connaissances, de raison et de conscience éclairée, pour être toujours, en nos. actes et nos pensées, dans la voie de la morale.

Nous ne nous occuperons pas des règles si détaillées que l’art médical doit appliquer à l’homme pour le guérir dans ses maladies ou pour lui prescrire, suivant sa constitution et son âge, les moyens de prolonger sa vie; ce vaste horizon déployé devant nous exige des connaissances, des travaux et des études approfondies et mûries par la pratique et l’expérience du médecin.

Nous nous bornerons à l’examen de la constitution de l’homme, qui offre à notre admiration les facultés diverses dont il est doué et la puissance qui lui a été donnée; c’est ce pouvoir, ce sont ces aptitudes multiples, plus encore que l’organisation physique, qui font la force de l’homme, et c’est au moyen de son intelligence qu’il règne en maître absolu sur tout ce qui l’entoure.

Rendre compte ici de tout ce que l’homme a accompli depuis quelques siècles seulement, par la seule force morale, serait chose impossible; il faudrait le voir pénétrer dans les entrailles de la terre et dans la profondeur des eaux: le suivre encore dans les airs et énumérer tous les prodiges obtenus par la vapeur et les autres moteurs et puissances qu’il a soumis à sa volonté ; nous le verrions alors transmettre ses pensées, d’un bout du monde à l’autre, avec la rapidité de l’éclair; s’élancer dans l’immensité des airs, arrêter un rayon de lumière à son passage, pour lui faire tracer des figures; enfin porter au loin, sur un fil, le feu qui va déterminer une explosion à une grande distance. On voit qu’il nous faudrait encore passer en revue d’innombrables merveilles, si nous devions rendre compte de tous les problèmes résolus par la science.

On sait que l’esprit perd sa vigueur dans un corps malade, et que l’altération du moral réagit défavorablement sur le physique; il faut donc que l’homme regarde, comme son premier soin, l’observation rigoureuse de l’hygiène, c’est-à-dire l’application à la nature et à ses facultés de tous les rapports d’alimentation, de sobriété, de conduite et de genre de vie, qui doivent le plus contribuer à le maintenir dans l’état normal; car il ne lui suffit pas d’avoir obtenu de précieuses organisations, il faut encore qu’il sache les conserver, si elles sont complètes, ou les améliorer, si elles laissent à désirer, afin de jouir de cet heureux équilibre qu’on appelle la santé, et sans laquelle nous n’avons plus la jouissance et la réalisation de nos aptitudes.

Esquisses morales et littéraires

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