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AVANT-PROPOS

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Toutes les sciences morales subissent en ce moment une crise dont le signe caractéristique peut se résumer dans cette formule: antinomie des théories de la science et des principes de la conscience. Nulle n’échappe à cette contradiction, l’histoire pas plus que la psychologie, l’esthétique pas plus que la métaphysique, la morale pas plus que la politique. Si la liberté ressort des enseignements de la conscience, le déterminisme qui la supprime est la conclusion de toutes les explications de la science. Là est le nœud qu’il ne suffit pas de trancher, comme on le fait trop souvent, par un appel au sens commun, mais qu’il est nécessaire de délier par une véritable critique des diverses méthodes scientifiques. Tant que la contradiction subsistera sur ce point vital, les sciences morales ne seront point assurées d’avoir trouvé leur base. La science et la conscience, affirmant le oui et le non sur les attributs essentiels à la nature humaine, deviennent ainsi suspectes, l’une aux savants, l’autre aux moralistes.

Comment écarter l’obstacle? En montrant que les écoles qui se contredisent et s’excluent réciproquement ont chacune leur part légitime dans l’œuvre commune des sciences morales, que la contradiction entre leurs diverses conclusions ne commence que du moment où elles dépassent la mesure de leur compétence propre, affirmant ou niant ce qu’elles n’ont pas pour objet de constater. C’est ce que nous avons essayé de faire dans une série d’études publiées d’abord dans la Revue des deux mondes, année 1869, sous la forme d’articles que nous recueillons dans ce petit livre, en y ajoutant quelques nouvelles citations et quelques développements.

Si ce travail peut attirer l’attention des savants et des penseurs de toutes les écoles sur le problème capital qui en fait l’objet, et de provoquer une solution décisive après un examen approfondi, il n’aura pas été tout à fait inutile à la philosophie de notre temps.

É. VACHEROT,

7 janvier 1870.

La science et la conscience

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