Читать книгу Henri VI. 3 - Уильям Шекспир, William Szekspir, the Simon Studio - Страница 4
ACTE PREMIER
SCÈNE III
ОглавлениеPlaine près du château de Sandal
Alarme; excursions. Entrent RUTLAND et son GOUVERNEUR
RUTLAND. – Ah! où fuirai-je? Où me sauverai-je de leurs mains? Ah! mon gouverneur, voyez, le sanguinaire Clifford vient à nous.
(Entrent Clifford et des soldats.)
CLIFFORD. – Fuis, chapelain; ton état de prêtre te sauve la vie. – Mais pour le rejeton de ce maudit duc, dont le père a tué mon père, il mourra.
LE GOUVERNEUR. – Et moi, milord, je lui tiendrai compagnie.
CLIFFORD. – Soldats, emmenez-le.
LE GOUVERNEUR. – Ah! Clifford, ne l'assassine pas, de peur que tu ne sois haï de Dieu et des hommes.
(Les soldats l'entraînent de force. L'enfant reste pâmé de frayeur.)
CLIFFORD. – Allons. – Quoi! est-il déjà mort? ou est-ce la peur qui lui fait ainsi fermer les yeux? – Oh! je vais te les faire ouvrir.
RUTLAND. – C'est ainsi que le lion affamé regarde le malheureux qui tremble sous ses griffes avides, c'est ainsi qu'il se promène insultant à sa proie, et c'est ainsi qu'il s'approche pour déchirer ses membres. – Ah! bon Clifford, tue-moi avec ton épée, mais non pas avec ce regard cruel et menaçant. Bon Clifford, écoute-moi avant que je meure: je suis trop peu de chose pour être l'objet de ta colère: venge-toi sur des hommes, et laisse-moi vivre.
CLIFFORD. – Tu parles en vain, pauvre enfant. Le sang de mon père a fermé le passage par où tes paroles pourraient pénétrer.
RUTLAND. – Eh bien! c'est au sang de mon père à le rouvrir: c'est un homme, Clifford, mesure-toi avec lui.
CLIFFORD. – Eussé-je ici tous tes frères, leur vie et la tienne ne suffiraient pas pour assouvir ma vengeance. Non, quand je creuserais encore les tombeaux de tes pères, et que j'aurais pendu à des chaînes leurs cercueils pourris, ma fureur n'en serait pas ralentie, ni mon coeur soulagé. La vue de tout ce qui appartient à la maison d'York est une furie qui tourmente mon âme; et jusqu'à ce que j'aie extirpé leur race maudite, sans en laisser un seul au monde, je vis en enfer. – Ainsi donc…
(Levant le bras.)
RUTLAND. – Oh! laisse-moi prier un moment avant de recevoir la mort! – Ah! c'est toi que je prie, bon Clifford; aie pitié de moi.
CLIFFORD. – Toute la pitié que peut t'accorder la pointe de mon épée.
RUTLAND. – Jamais je ne t'ai fait aucun mal, pourquoi veux-tu me tuer?
CLIFFORD. – Ton père m'a fait du mal.
RUTLAND. – Mais avant que je fusse né. – Tu as un fils, Clifford; pour l'amour de lui, aie pitié de moi, de crainte qu'en vengeance de ma mort, comme Dieu est juste, il ne soit aussi misérablement égorgé que moi. Ah! laisse-moi passer ma vie en prison; et à la première offense, tu pourras me faire mourir; mais à présent tu n'en as aucun motif.
CLIFFORD. – Aucun motif? ton père a tué mon père: c'est pourquoi, meurs.
(Il le poignarde.)
RUTLAND. -Dii faciant, laudis summa sit ista tuæ4.
(Il meurt.)
CLIFFORD. – Plantagenet! Plantagenet! j'arrive; et ce sang de ton fils, attaché à mon épée va s'y rouiller jusqu'à ce que ton sang figé avec celui-ci me détermine à les en faire disparaître tous deux.
(Il sort.)
4
Hall dit seulement que le jeune Rutland, alors âgé tout au plus de douze ans, ayant été trouvé par Clifford, dans une maison où il s'était caché, se jeta à ses pieds, et implora sa miséricorde, en levant vers lui ses mains jointes, car la frayeur lui avait ôté la parole. Le jeune comte de Rutland avait alors, non pas douze ans, mais dix-sept.