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PREMIÈRE PARTIE

DIEU

1. ADAM ET ÈVE

Dieu regretta ce qu’il fit. Britney Spears, dans la chanson “Hit me baby one more time”, lui rappela que sa solitude le tuait et lui, il devait avouer qu’il y croyait encore, croyait encore (“My loneliness is killing me and I, I must confess I still believe, still believe”).

Tout d’abord donc, cet ennui qui le gagnait petit à petit. Pourtant, à un moment donné, il en aurait des occupations, à éplucher tous les journaux quotidiens de son œuvre magistrale, la planète Terre. Quand ces moments soporifiques envahissaient son corps, qu’il avait choisi en tant que déité, il prenait de grandes décisions qui changeaient pour toujours la face du globe. Et ce n’était pas toujours un bon résultat. Pour ainsi dire, jamais. Dieu était-il bon, même ? Il constituait la figure d’adoration de millions d’êtres humains. Et en son nom, ils agissaient dans une optique moralisatrice basée sur le “bien”, la plupart du temps. Mais ils restaient d’un égocentrisme inégalé et, dans le but de défendre leurs possessions, leur statut social ou leurs opinions, beaucoup d’entre eux n’hésitaient pas à décréter que quiconque représentant des intérêts antagoniques constituait un ennemi à abattre. Non, ce n’était pas le crime en général, ni la violence physique, sinon une ardeur verbale, qui dénotait une haine viscérale envers l’inconnu.

Tout commença lorsqu’il constata que littéralement, rien ne se passait. Rien. Le néant. Tout était beau à Gilead. Adam Smith et Ève Gutiérrez étaient des dignes représentants de la race aryenne. Extraordinairement grands, à peu près 2.50 m pour lui, 2.30 m pour elle. Une blondeur immaculée faisait ressortir leurs yeux vert émeraude. Les muscles proéminents d’Adam rendaient admiratifs les autres représentants de la faune. Ils marchaient nus dans des prairies aux relents verts fluorescents et un soleil éclatant baignait de lumière ces deux rejetons, au milieu de rivières abondantes aux reflets cuivrés. Lorsqu’ils rentraient dans la scène de la jungle, tous les yeux des animaux se tournaient vers eux et ils applaudissaient avec les moyens du bord : avec les mains pour les singes, le bec cliquetant le sol pour les oiseaux, la queue battant fortement le dos pour les espèces à quatre pattes. Puis, ces mêmes animaux se laissaient caresser par ces deux apollons et ronronnaient. Oh quelle joie !

Comme le lion Simba était sympathique ! Il venait voir ses camarades bipèdes et ouvrait grand son museau déchiqueteur afin de mettre dedans la tête d’Adam. Ève n’aimait pas trop ce genre de spectacle. Selon Simba, le jeune homme était un meilleur public. Et après quelques rires complices, Adam passait tendrement sa main sur sa fourrure blonde, bien fournie. Simba était aux anges, il prenait son pied à se faire malaxer tout son corps et rugissait un “Rooaaaaaaaaaar” des plus sensuels. Le jeune homme adorait cet animal, Ève put sentir à un moment un petit accès de “elle-ne-savait-pas-quoi”. Elle était tellement habituée à cette scène, aussi merveilleuse qu’elle fût, que s’extasier devant une fois encore n’était plus sa tasse de thé. Elle préférait le petit chat Azraël, pourtant bien plus fourbe. Il ne demandait pas autant d’attention. Il avait un pelage tigré et gris. Peut-être était-ce cela qui attirait Ève chez ce chat. En soi, il était plus magnanime, il ne réclamait pas des heures de caresses, comme l’autre lourd là, “le roi de la jungle”. Qui donc lui avait octroyé ce titre ? Ève sentait qu’Azraël constituait la clé d’un grand événement troublant. Toutes les bonnes choses avaient une fin, non ? Tout n’était pas blanc dans cette vie, non ? Elle le contemplait pendant des heures, lorsqu’il le lui permettait bien sûr, c’est-à-dire endormi. Elle faisait de même, ce jour-ci. Puis, soudainement réveillé de sa énième sieste de feignasse, il vint vers elle. Elle le regarda dans les yeux et se sentit hypnotisée. La pupille se dilata et Azraël émit un “Roaaaaaaaaaar” strident et se lança sur elle, lui infligeant un coup de griffes sanglant. “Quel connard ! Qu’est-ce qui lui arrive ?”

En effet, Dieu perçut ce décalage entre ses deux paires de créations, Adam et Ève, Simba et Azraël. Adam paraissait être un éternel enfant. Cependant, Ève était d’une complexité intérieure plus intéressante, réellement. Dieu ne s’en étonnait pas, parce que tout avait été créé à son image. Et à celui d’une autre déité, qui se démarqua postérieurement du binôme originel. A chaque fois que Dieu esquissait de grands traits, le cadre était planté et dedans, il pouvait se passer tout, sans qu’il en ait le moindre contrôle. Il avait programmé sur C++ que la gentillesse abondait dans tous les pores de ces deux grands gaillards blonds. Quelle erreur ! Dieu s’ennuyait. C’était tout pareil. Chantal Goya chanterait dans quelques milliers d’années “Bécassine, c’est ma cousine” ou Pierre Perret, “Les jolies colonies de vacances, merci Maman, merci Papa !”. Bon, il n’allait pas les empêcher de composer. Ils auraient leurs fonctions dans cette société, cela dit, dans un tout autre contexte.

Il voulait faire entrer un nouvel acteur dans cette scène idyllique, à jamais immortalisée, dans un théâtre figé. Non pas matériel. Un nouveau sentiment, à l’image du coup de griffe d’Azraël. Appelons-le “le mal”, en opposition au bien qui régnait sur Terre. De grosses heures de programmation l’attendaient. Il s’agissait d’un “copier-coller” de ce qu’il avait déjà décrit pour l’essence qui embaumait la Terre alors, le bien, en inscrivant son contraire, le mal. Toutefois, c’étaient des milliers de lignes de codage. Définir la complexité des choses par un langage binaire était harassant.

If (condition) {

// code

}

else {

// code

}

L’algorithme inclut alors de grandes complexités chez Adam et Ève. Ils devinrent bruns du jour au lendemain et Ève, surtout, rapetissa exagérément. C’était en voyant “Chéri, j’ai rétréci les gosses” que Dieu pensa à les diminuer. Il faillit les réduire à la taille de l’herbe. Néanmoins, il savait trop les conséquences que cela pouvait avoir avec la faune gigantesque qui ne ferait qu’une bouchée de ces deux figurines. Les acariens mais aussi, les insectes tels que les fourmis, seraient des colosses. Le film en avait apporté les preuves. Adam et Ève hallucinaient. “Et ben merci, j’allais caresser la girafe Sophie et ben, je ne lui arrive même pas au début du cou. Et ce système pileux d’un coup… Moi qui avais la chatte d’une fille en jeune âge, peu plissée, je me retrouve avec un tapis poilu à mon entrée.” “Oh mais moi aussi, j’ai l’air du singe Babouche, enfin plutôt King Kong, le gorille. Et j’ai des grosses poches sous les yeux. Si ta chatte est ridée, regarde autour de mes yeux !” se défendit le jeune homme.

Dieu s’esclaffa devant ses deux marionnettes. Il se servit d’un autre nuage bien bombé, tel des paires de fesses prêtes à se faire assaillir, dans l’objectif d’accompagner le visionnage de la scène. S’ils savaient, s’il n’y avait que les changements physiques… Adam et Ève étaient des cobayes, à qui la gentillesse fut altérée. Comment opérer ce changement ? Par l’exacte négation des codes informatiques les plus importants. Cependant, il eut une idée brillante pour accentuer le pouvoir du mal : Dieu éleva simplement leurs niveaux d’hormones. Adam devint un cannibale du sexe sous le coup de la testostérone, Ève devint une schizophrène en proie à des pics d’œstrogène. Les animaux de Gilead avaient l’air d’avoir été métamorphosés, de même. Le premier homme sur Terre appela Simba au loin, celui-ci semblait furieux. Ce n’était plus le Simba, à qui il pouvait toucher le zizi et avec qui, ensuite, il avait pour habitude d’éclater de rire. Adam n’était pas bête. Simba était devenu un prédateur comme lui, très intérieurement. Une lutte s’engageait dans la faune mâle. Simba était le roi incontesté de la jungle. En revanche, Adam serait le roi du monde, par son sexe et ses couilles qui pendaient ! Ève, quant à elle, jugea très vite que son mari était bien immature, décidément. Il menait une vie tellement simpliste. Elle adorerait pouvoir faire une sortie à l’oasis pour y faire une rave party, mais avec de la drogue cette fois-ci. Seulement, les animaux n’étaient plus réceptifs, soudainement. Quel ennui mortel ! Azraël était devenu plus sauvage à son goût. Il ronronnait d’une façon scandaleuse. Ce n’était plus un chat, mais une bête possédée par une sorte de démon sexuel, qui voulait se taper des “chattes de chattes”. Qu’est-ce qu’il était violent dans l’acte ! Il sortait son dard, lui-même fourni de petits pics en surface, pour saigner volontairement les femelles et y injecter sa semence vite fait, bien fait. Et ainsi de suite, encore et encore. Ève était dégoûtée de ces scènes d’orgie animale et ils faisaient désormais des bruits, des hurlements à la mort, quand bien même ils contribuaient au renouvellement de la vie. De toute façon, il n’y avait pas grand-chose à faire. Cette constatation fatale la déchirait. Pourquoi ne pensait-elle pas comme cela avant ? “Allez Adam, autant copuler pour passer le temps…”

Ève tombait enceinte, sans arrêt. Abel et Caïn arrivaient tout d’abord. Abel, il était trop mignon. Il ne donnait aucun travail. Avoir un gosse comme ça, mais qu’est-ce que c’était reposant ! Et lorsque Adam n’arrêtait pas de venir avec sa grosse queue en érection, elle disait : “Stop ! Je dois donner à manger aux gamins ! Ton lait peut attendre, le mien non.” Devant un tel refus, il allait chasser le sanglier, surtout celui qui constituait jadis, son ami Pumba et qui, dorénavant, était devenu si sauvage. Il rêvait de le bouffer. Il rentrait souvent, les mains vides de viande rouge. Bredouille ! Il se débrouillait mieux avec les poissons : mettre un verre de terre au bout d’un bâton lui permettait d’avoir du succès. Des fois, Ève s’en prenait à lui : “De quoi on va vivre maintenant ? Je m’en fous de ce que tu dis, tu vas me ramener Pumba, je veux me le farcir, t’as compris ? Pas de Pumba, pas de sexe !” Adam lui répondait : “Ève, lève-toi et danse avec la vie. L’écho de ta voix est venu jusqu’à moi”, comme pour lui signaler la fois où elle ovulait à fond et ne rêvait que de se faire défoncer l’entre-jambes, sans employer de mots aussi crus toutefois, pour désigner cette soif de galipettes. Elle lui répondit avec le majeur levé vers le ciel.

“Donnons la becquée aux bambins !” Abel s’abreuvait très doucement. Il lui provoquait quasiment un orgasme, cependant Ève se gardait d’en parler. Et puis, il y avait l’autre, Caïn. Il lui mordait tout le temps le téton jusqu’au sang. Elle pensait souvent : “Je le donnerais bien en adoption aux animaux de la jungle, mais bon, comme ceux-ci sont devenus trop sauvages…” Elle aurait vraiment dû, pourtant. Caïn était tout droit sorti de la deuxième codification de Dieu. Il resta perplexe, ce même Dieu, devant cette histoire fratricide. Il ne pouvait pas faire marche arrière. “Allez, c’est du divertissement !”, disait-il alors pour se rassurer, en goûtant la mousse nuageuse d’une bonne bière. Cela resterait inoffensif à l’échelle de l’humanité. Le premier code, celui du bien, était soutenu par une pondération plus importante. Il vaincrait toujours le mal, du moins ce qu’il pensait.

Ce qui le dérangea, c’était l’aspect de la deuxième génération d’humains. Les adolescents avaient commencé à monter des femelles de leur propre famille, dès que leurs membres virils avaient surpassé le profil de la petite tétine… Résultat, un tiers des nouveaux descendants était déficient. Dieu se gourait du tout au tout dans la codification de l’ADN. Enfin non, cette spirale fractale, maîtresse de l’information génétique, représentait une œuvre d’art. Il avait envisagé tous les phénomènes biologiques en vue du renouvellement des espèces : la mitose, pour ce qui était cellulaire et la méiose, pour ce qui était reproductif. Mais voilà, il ne disposait que de deux séquences d’ADN pour se mélanger. Et puis, lors de son dernier changement faisant apparaître “le mal”, il l’avait accompagné d’un vieillissement des tissus composant le corps. Adam et Ève n’étaient plus éternels et quelques-uns de leurs petits-fils encore moins. C’était comme le “Smelly Cat” de Friends qu’entonnait la plus excentrique des amis éternels, Phoebe Buffay. Personne ne voulait d’eux. C’était sans compter aussi sur l’ignorance des grands-parents et parents. Il n’y avait pas d’école à cette époque-là. Ils ne savaient pas que les tares de leurs garnements étaient dues au sabordement, ou plutôt à la réplique et à l’usure de leur matériel génétique. Il y en avait un Down, il avait deux chromosomes sexuels, X, Y, jusque-là tout allait bien, mais un autre X s’y était incrusté. Dieu, lorsqu’il vit XXY pour la première fois au microscope, connecté à son télescope, s’était dit “cool, une orgie avec deux lesbiennes à la Marc Dorcel !” Mais lorsqu’il regarda de plus près, cette orgie génétique créait un brouhaha phénotypique et mental perturbant.

Adam et Ève sommèrent leurs fils de tuer ces individus anormaux. Il n’y avait plus de garde-manger. Pumba avait disparu et Simba avait, lui aussi, très faim, trop, ce qui faisait diminuer les vivres de façon dramatique. Le lion féroce était même prêt à les dévorer désormais ! Donc, un bon festin se fit avec la progéniture avariée, en guise de viande succulente. Quelle joie de partager Down et ses acolytes amorphes en famille !

Devant cette scène, Dieu était interloqué. “Ce sont vraiment des bâtards”, sentencia-t-il. Il devait agir. Voir le pauvre Down ensanglanté comme dans la scène d’ouverture de “Scream” avec Drew Barrymore, puis se faire bouffer par des “Hannibal Lecter” avec des bruits de langue obscènes, le dégoûta profondément. Pour ce motif, il décida de faire découvrir le feu à ces australopithèques. Le lendemain, Dieu fit pleuvoir des milliers de briquets, en analogie avec un de ses films d’anthologie “Les dieux sont tombés sur la tête”, où une tribu du désert de Kalahari recevait par magie une bouteille de Coca-Cola. Tous les dieux étaient-ils aussi espiègles que lui ? Certaines de ses connaissances divines, lors de ses soirées à la discothèque de prédilection Heaven, en tout cas, en avaient l’air.

Les habitants de Gilead étaient décontenancés par les couleurs “flashy” des étrennes venant du ciel tout d’abord, puis ensuite leur matière plastique. Et ils finirent très vite par appuyer dessus. La flamme en jaillit entre les mains d’Adam, la première fois. “Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah” cria-t-il en lançant la source de feu sur Ève. Celle-ci le regarda méchamment, en le réduisant à un moins que rien dans sa tête. “Je suis marié à une tapette, vraiment…” Elle finit par enclencher le briquet, la deuxième fois, et elle mit le doigt après quelques secondes d’hésitation. Dis donc, c’était brûlant, ce machin ! La tribu était terrorisée. Ils ramassèrent tous les briquets et les rangèrent dans la cabane du pêcheur. Ce n’était que lorsque l’automne arriva avec les baisses de températures habituelles qu’Ève tilta et se rappela de la chaleur provoquée par le “dragon rectangulaire”. Quelques brindilles, une flamme, ajoutons-en des fûts de bois et ce fut la naissance des barbecues. Pas avec des Down sacrifiés, mais avec des animaux courants.

Parce que Dieu créa entre-temps quelques lignes de code en plus, afin de substituer les fourches d’ADN qui se répétaient entre la descendance masculine et féminine. Or, ce n’était pas suffisant. Il les savait idiots, ces humains. Ils le seraient jusqu’à bien tard, jusqu’à l’apparition de l’école. Et encore… Bon, tout ceci avait une solution bien facile. Les notions de déontologie, d’éthique et de société vinrent appuyer le “bien”.

À ce moment-là, Marie Madeleine, 13 ans et Calvin, 12 ans étaient en train de faire l’amour. Elle mouillait comme jamais, de par l’effet stimulant de l’énorme sexe de son frère. “Mmmm, tu sais, depuis toute petite, quand je voyais pendre ce bijou de famille, je pensais déjà, il est à moi, je le veux !” à quoi Calvin répondit : “Marie Madeleine, tes paires de lèvres externes appellent au vice. Je rentre en elles pour sentir, en toi, les alvéoles de ton vagin. Il y a tout qui bulle. Les aspérités de ta cavité utérine m’excitent à un point…” Et s’ensuivit une énorme pénétration, au plus profond. Marie Madeleine sentait son entrée gonfler, comme quand on renflouait un saucisson de viande et elle pencha sa tête vers l’arrière avec les pupilles sautillantes, tel un poupon Nenuco. Sa chatte n’était plus qu’un moule beurré par la verge de son frère.

Dieu appuya sur “Enter” pour exécuter ses partitions informatiques. Marie Madeleine et Calvin se virent en plein acte. Les yeux de Marie Madeleine se figèrent, effarés, comme apeurés par la vue de Simba, affamé, au fond de la forêt. Elle décocha un uppercut à Calvin, qui fit translater l’excès de sang depuis son membre viril jusqu’à son menton. “Sale porc, Calvin !” Tu recommences, ne serait-ce qu’une fois, avec ta bite, je te jure, je te la bouffe, mais pas pour que tu jouisses, je te la déchiquette. T’as compris ?” Calvin s’enfuit en courant avec le gros bâton, redevenu ponctuellement, petite tétine. Les Smith dont l’ADN avait été modifié avaient été rebaptisés Klein par un subtil souffle venant du ciel, un souffle pailleté de mini étoiles scintillantes d’or. C’était Dieu qui insufflait ce nom-là. Allez savoir pourquoi…

Tout redevint paisible chez les familles Smith et Klein. Elles fondèrent une société, dans laquelle des règles de bienséance furent établies. Le premier commandement édictait : “Tu ne coucheras pas avec ton frère ou ta sœur.” Calvin Klein ne connaissait que trop bien cet adage et il se mettrait à confectionner des cache-sexes en feuille d’arbre avec des tiges enlacées à quelques trous, en superficie de la feuille, comme soutien de la culotte vétuste. Il était le tailleur officiel de ces messieurs, tailleur tout court, tailleur de pas autre chose, enfin, pas immédiatement !

Puisque, deuxième commandement : “Tu ne coucheras pas avec quelqu’un du même sexe.” Encore Calvin, qui engendrerait cet ordre divin. En effet, il tailla un cache-sexe à Barnabé Smith qui avait un an de moins que lui. Un an de moins, dix centimètres de plus, devant et une demi-sphère presque parfaite, derrière. Une maîtrise complète de la géométrie, ce Barnabé ! Lorsque Calvin enfila la tige de liaison des feuilles avant et arrière, soudainement le sexe de l’adolescent grandit. Cette éclosion, qui pointait clairement vers lui, le troubla. Il essaya de rabattre le morceau de plante du devant, dans le but de cacher cette soudaine intrusion. Rien n’y faisait. Même, le bâton grossissait encore plus. Calvin n’était pas dupe. Il avait déjà monté sa sœur – Dieu seul savait pourquoi il avait fait cela… – et aussi, une dénommée Wesson du clan Smith. Celle-ci n’était pas très futée, elle avait pour habitude de lever les deux doigts index et majeur, ainsi que le pouce dans l’axe perpendiculaire aux autres doigts érigés vers le firmament. Puis, elle criait “Pam ! Pam ! Pam !” accompagnant d’un mouvement de rabattement du pouce. Peu importe, elle avait une chatte qui détonnait “Pam ! Pam ! Pam !”

Enfin, Barnabé, il était plus troublant. Comment ne pas s’agripper à cet organe pointu ? Le jeune peu expérimenté sortit à son ami : “Je vais descendre pour voir comment je peux arranger ton cache-sexe, parole de Calvin Klein !” Devant le regard approbateur et vicieux de l’étalon “monté comme un cheval”, l’éphèbe “rabaissé comme un nain” aux intentions interdites et soumises, goba le gros sexe. Celui-ci était déconcerté. Il avait d’énormes arcades, parce que le bougre de Barnabé n’y allait pas de main morte, lui faisant vomir le Pumba bourguignon de ce midi, quasiment. Ensuite, il plaqua Calvin contre la cabane du grand-père Adam Smith. Il lui dit : “Viens t’asseoir dans la cabane du pêcheur. C’est un mauvais rêve, oublie-le !”, en faisant référence à son énorme engin. Il l’encula si profondément, vingt-six centimètres dans son orifice plein d’excréments. Calvin voulait l’arrêter, mais son trou béant du bas rendait sa bouche béante en haut, de même que les yeux se faisaient globuleux. Il sentit ce que Wesson ou sa sœur Marie Madeleine avaient bien pu ressentir, et dire que cela lui avait valu un énorme coup au menton de la part de sa frangine… Il souhaitait être fille en ce moment précis. Il devenait libertine, une “catin”, comme la chanson de Mylène Farmer que Dieu écoutait en boucle.

Coup de théâtre : le lendemain, il perçut une énorme bosse dans la raie. Une excroissance qui grandit tellement vite, qu’elle boucha sa sortie de selles. Et il avait mal, atrocement mal. La honte le gagna, parce qu’il ne pouvait plus se tenir debout et se cacha du reste de la fratrie. Il prit Barnabé à part, de nouveau dans la cabane du grand-père pêcheur. Barnabé lui signifia que non, même si le seul mot qui lui venait en tête, n’était pas une palabre, plutôt une onomatopée “Mmm…” “Allez vite fait d’accord !” “Non Barnabé, regarde mon anus… j’ai trop mal…” rétorqua Calvin, rabaissant froidement les ardeurs du “Rocco Siffredi” des temps bibliques. Une vision d’horreur survint, lorsque Calvin Klein baissa son cache-sexe. Le regard de Barnabé effrayé était contagieux. “Vas-y, dis-moi la vérité !” “C’est moche ! C’est comme les choux-fleurs pour la forme, mélangés aux betteraves pour la couleur, de tatie Huguette ! C’est « Braindead »” (mot insufflé par Dieu, fan de la réplique du film : “Ta mère a mangé mon chien !”)

Lorsque son anus reprit sa forme initiale sans boursouflures, Calvin, en consensus avec la société, décréta le deuxième commandement : “Tu ne coucheras pas avec quelqu’un du même sexe.” Dieu se retrouvait perplexe à cet énoncé. Il comprenait le malheureux incident qui était arrivé et oui, la fonction première de l’anus était de déféquer, mais bon comme beaucoup de parties du corps, cette zone était érogène. Il dota les hommes, du pied à la tête, de peaux et de muqueuses extrêmement sensibles, afin qu’ils prennent leur pied ! Tant que les deux ou plusieurs, même, étaient consentants et n’étant pas enfant, il ne voyait pas le problème… Soit, il n’interviendrait plus, s’était-il promis à lui-même.

Troisième commandement : “Tu attendras d’avoir 18 ans pour coucher.” Un commandement qui ne venait pas de Calvin Klein, mais de Barnabé Smith. Traumatisé par la vue du trou-du-cul de son ami, il pensa qu’il fallait fixer une limite d’âge pour coucher. “Sûrement que l’anus de Calvin n’avait pas encore atteint sa circonférence finale”, s’était-il dit. Les 18 ans correspondaient à la venue des règles de Marie, la plus vierge de toutes et aussi la plus retardée, physiologiquement parlant. Donc, sûrement à 18 ans, tout le monde était devenu fertile. Calvin Klein n’était pas content, puisqu’il n’avait que 12 ans et il avait déjà goûté au fruit défendu. Peu importe, il le ferait en cachette…

Quatrième commandement : “Tu ne coucheras que si l’autre personne est consentante.” Ah, Dieu était fier de cette norme ! Enfin ! Encore attribué indirectement à Calvin Klein, quand il avait monté sa sœur qui s’en était offusquée, lorsque Dieu avait exécuté sa nouvelle prose informatique.

Cinquième commandement : “Tu ne feras pas d’orgie, même si les femmes ne font rien entre elles ou les hommes ne font rien entre eux.” (renvoyant au deuxième commandement d’interdiction de l’homosexualité). Dieu se disait que cela ne pouvait pas se terminer qu’avec le quatrième commandement, qui était le seul valable avec le premier. “Qu’est-ce qu’ils sont cons !” leur asséna-t-il sans que les humains puissent l’entendre. Cette règle venait de Marie, la pucelle que personne ne voulait sauter. En conséquence, elle s’assura que les autres n’en profiteraient pas trop sans elle.

Dieu eut la sensation qu’il en manquait cinq autres des normes pour que cela fasse un chiffre rond. Mais bon, c’était trop leur demander. Après tout, ils venaient juste d’être dotés de raison.

Ce fut la fin de la première ère de l’homme…

… parce que Adam et Ève moururent, du fait que le vieillard pensait que la femme s’était empoisonnée avec une pomme qu’un serpent lui aurait dit de manger. Or, Ève délirait à cause des baies non comestibles qu’elle avait ingurgitées. “C’est un serpent qui faisait Ssssss avec sa langue et il m’a dit qu’il fallait que je mange la pomme. « S’attends » qu’il disait, « S’attends ». Je pense qu’il voulait dire « J’attends » mais avec sa langue fourchée, il zozotait. Il me faisait peur, je n’ai pas pu lui tenir tête et…” Puis, elle s’évanouit. Adam se munit d’une branche effilée et se poignarda. Il aurait pu patienter juste un petit peu, du fait qu’Ève se leva juste après. À la vue de ce torrent de sang et de tripes à l’air, Ève n’y tint plus et répéta le même “modus operandi”. Enfin, ça allait, Mr & Mrs Smith avaient atteint l’âge de 89 ans… Ils laissèrent derrière eux les familles Smith, Klein et les tous nouveaux venus, Dupont et Gabbana. D’autres suivraient au cours de cette période biblique.

2. JÉSUS

Marie Dupont connut enfin la joie d’être une femme, à part entière !

La pauvre, elle n’était pas très belle. Dieu la comparait à Mona Lisa, avec un regard ceci dit, peu intense, comme hébété. Le fardeau de la virginité paraissait lui courber le dos. Honteuse de sa vulve pure, cependant remplie d’une touffe disgracieuse, elle semblait porter le poids du monde. Elle travaillait à la ferme, accoutrée d’une tenue qui comportait une capuche de couleur blanche qu’elle avait tissée elle-même, avec la laine des moutons tondus. Bien sûr, le crottin des chevaux, des vaches et des porcs surtout, salit très vite ses affublements à l’identique. Elle allait souvent au ruisseau dans le but de frotter ses vêtements avec l’aide du savon concocté par son amie Marseille et fabriqué à base de graisses du bétail récemment sacrifié. Immaculée de bouse, elle s’attelait de façon guillerette à traire les vaches. Cela lui procurait un bien fou d’extraire le liquide blanc. Une fois la besogne achevée, elle ressentait toutefois une grosse amertume, lorsqu’elle contemplait de nouveau ses amies, les bêtes. Elles les voyaient se faire assaillir et les sexes très reluisants de fluide, mais peu reluisants de grâce, injectaient le sperme dans les méandres des femelles. Marie épiait leurs moindres faits et gestes et analysait comment elles réagissaient à cette monture. Les yeux s’ouvraient à l’infini, comme si les globes oculaires allaient sortir de leurs orbites. Les bruits attestaient d’un mélange de torture, d’exécution, entremêlé de plaisir inavouable. L’étable s’enivrait d’une odeur nauséabonde. La vache Milka était la pire de toutes. Elle en devenait violette du trou sous sa queue et violette de visage, quasiment. Quel dégoût ! Pourtant, à certains moments la vache paraissait réjouie aux yeux de Marie. “Elle se fout de ma condition de vierge, cette vache qui rit !”

Marie translata son intérêt vers le coït humain. Le sexe sentait-il aussi mauvais chez les hommes ? Un jour, Marie aperçut Marie Madeleine Klein prendre à part Dolce, du clan Gabbana et l’amena jusqu’à une barque de fortune, calée entre deux rochers, dans un petit ruisseau. Elle les suivit. Marie Madeleine quitta le cache-sexe que son frère confectionna pour Dolce Gabbana au moyen d’une toison blanche. Cette fois-ci, sans aucune envie de la part de Calvin d’enfreindre le deuxième commandement, quoi que… Tel un étalon italien muni de ses cheveux bouclés et d’yeux verts, Dolce se lança sur Marie Madeleine et se jeta littéralement sur “la chaste”. “Marie Madeleine Casta ! Tu parles !”

Marie eut la sensation d’assister à la représentation de la perfection. Ils savaient ce qu’ils faisaient. La position des corps était mesurée au millimètre près, les mouvements des corps étaient chronométrés à la seconde près. Un millimètre trop loin ou une seconde de plus dans l’exécution des mouvements, aurait fait tout mettre à plat. Dolce était bon et surtout, il sentait très bon. Le mélange sexuel de Marie Madeleine et Dolce créait un parfum irrésistible aux notes épicées, fortes, appelant néanmoins à un constant renouvellement du plaisir sexuel. Marie vit alors comment elle se faisait pipi dessus, du moins c’était ce qu’elle croyait. Son clitoris venait de squirter si abondamment qu’il fit ressortir la trace marron de la tunique servant à traire les vaches. Elle savait désormais que Marie Madeleine était sûrement la plus cochonne ou la plus vache de toutes, d’ailleurs une rumeur courait qu’elle s’était faite culbuter par son propre frère… Cela devait être véridique, puisqu’à partir du coït avec Dolce Gabbana, elle puait le foutre à dix kilomètres à la ronde. Son odeur abjecte appelait les mâles de façon inconsciente à ce qu’ils la dominent et la mettent en cloque, en dotant les spermatozoïdes d’un énorme jet de chaux proportionnel à l’excitation et faisant alors la course avec la semence dernièrement injectée par l’ultime concurrent. Marie la vit à plusieurs reprises. Elle conclut que cela ne surpassait en aucun cas la performance de Dolce. Marie Madeleine sans Dolce, puait l’enfer. Marie Madeleine avec Dolce, sentait le paradis. En conséquence, la conclusion évidente était que le parfum de Dolce Gabbana constituait l’essence la plus délicieuse sur Terre.

Marie rêvait de devenir Marie Madeleine. A priori, il s’agirait simplement de rajouter “Madeleine” à son prénom. A cette époque, comme postérieurement d’ailleurs, le prénom “Marie” était utilisé à toutes les sauces. Mais non, ce n’était pas suffisant pour faire oublier la vierge qu’elle était. Il fallait passer à l’acte. Marie désirait pour cela, devenir la Marie Madeleine possédée par Dolce. La Marie Madeleine possédée par d’autres était un cauchemar de maladresse. Dans l’intimité, la vierge essayait de reproduire ses gestes, ses mimiques, ses suppliques, ses râles qui étaient tellement gracieux… Elle voulait être prête, lorsqu’elle se ferait assaillir par l’élu, le seul, l’unique, le grand amour. Elle s’imaginait que son prince charmant lui irait comme un gant, que son engin s’imbriquerait parfaitement dans ses profondeurs. Et la rencontre se ferait de façon si romantique, elle n’avait pas de doute là-dessus. Par exemple, elle se plaindrait comme à son habitude des souliers de torture faits par Ellesse, la première cordonnière que la Terre ait portée. La semelle était en bois et très souvent, les gens se faisaient des entailles accusées et pouvaient même mourir d’une gangrène se propageant à travers tout le corps. Marie ronchonnerait devant son bellâtre et lèverait son pied, pour l’en séparer de son instrument de torture. À ce moment-là, le gentleman ramasserait le soulier et de son canif fraîchement aiguisé par son meilleur silex, il taillerait cette chaussure à la perfection, lissant d’une main forte, qui savait râper là où il fallait. Les raclures sauteraient, n’altérant que très peu l’intensité des regards échangés. Il savait profiler sa plante, sans avoir le besoin de la voir. Il connaissait déjà par cœur les traits de sa bien-aimée. Ensuite, Marie passerait sa main, une fois le travail d’orfèvre fini, et elle s’exalterait devant autant de perfection. Si cet homme pouvait réparer sa godasse, nul doute qu’il pourrait lui enlever tous les maux de la planète, à commencer par sa maudite virginité ! Finalement, en coïncidence avec le coucher du soleil sur la plage, le gentleman s’inclinerait du genou droit devant sa promise et saisirait le pied nu, dans le but de lui enfiler délicatement la ballerine. Elle lui allait à merveille, comme il savait que son sexe se sentirait “chez lui” en son intérieur. Et la défunte pucelle et nouvelle star de l’érotisme (comme dans les téléfilms du dimanche soir sur la chaîne française M6 des années 1990-2000 où les actrices suggéraient la sensualité par des accessoires tels que des pots de fleurs ombrageant certaines parties de leur corps, pensa Dieu) s’inclinerait et braillerait délicatement, à la façon de Marie Madeleine montée par Dolce…

Malheureusement, ce ne fut pas ainsi que les choses se passèrent. Deux inconnus apparurent au royaume. Ils approchèrent Gilead du haut de leurs montures chevaleresques. Ils semblaient venir de très loin, puisque leurs peaux étaient bien basanées. Ils débarquaient du Sud lointain, d’une région vraiment plus aride que celle de la descendance d’Adam et Ève. En été, c’étaient des plaines qui s’étendaient sur des centaines de kilomètres, des plaines de paille sèche. Ils mouraient tellement de chaud qu’ils étaient en proie à de nombreuses hallucinations, surtout le premier, Quijote Cristo. Car ce très grand vieillard arborait une apparence frêle. En plein milieu de ces énormes territoires déserts, son cerveau lui faisait voir des cylindres énormes, blancs, munis de deux paires d’ailes, qui tournaient dans le sens des aiguilles d’une montre. Il se sentait en danger et s’en prenait violemment à ces monstres dénaturant le paysage, à ces engins prêts à voler. Non, il ne leur laisserait pas le temps de s’enfuir. Mais Sancho Panza, beaucoup plus petit et grassouillet, le ramenait sur terre et lui disait qu’il n’en pouvait plus de cette terre justement, si infertile. “Toutes ces conditions sont inhumaines, tu ne vois pas que cela te rend complètement dingue ? Regarde-moi, je n’en peux plus, je transpire tellement que j’attire tous les insectes. La nuit, ils me sucent de partout et pas ce que j’aimerais.” Sancho voulait découvrir de nouveaux horizons, des terres abondantes et luxurieuses en végétation. Il était persuadé que cette planète abritait de tels endroits. Il fallait juste se mettre en marche. Ils suivirent l’étoile qui brillait le plus, la nuit et après des centaines de kilomètres, ils trouvèrent enfin cette contrée verdoyante. Arrivés dans la première bourgade, la première personne qu’ils croisèrent furent Marie, à Gilead.

Marie était impressionnée par la sveltesse de Quijote. En plus, juché sur son cheval, elle eut en vision Marie Madeleine montée par Dolce, tout en remplaçant leurs têtes par Quijote et elle-même, comme ferait une adolescente des années 1990, qui collerait les images des 2Be3 sur sa pochette et en y accolant sa photographie. Quijote avait l’air d’un barbare avec cette peau si bronzée, si ridée, si esquintée, quasiment tuberculeuse. Cependant, il était haut et maigre et elle savait, par avance, de par ses multiples sessions de voyeurisme, que ce trait de personnalité augurait un énorme sexe, en bas. Plus les hommes étaient longilignes, plus le membre perpendiculaire au milieu rentrait profond. Elle se réjouissait. Elle devait écarter l’autre obèse. Elle indiqua à Sancho Panza le chemin pour aller chez McDonalds, le chasseur le plus prolifique de la tribu. Il avait toutes les viandes possibles et imaginables. Il savait les agrémenter de tomates, de laitue et d’une sauce blanche dont lui seul avait le secret. Pour cela, il disait qu’il faisait monter la graisse des animaux… En allant à son restaurant, Marie eut la sensation que les aliments n’étaient pas aussi bons qu’il le prétendait. Cette viscosité pâlichonne lui rappelait les jaillissements de foutre des mauvais amants de Marie Madeleine. Pas de Dolce, qui lançait son sperme magnifiquement en l’air, par des jets fins, mais surpuissants. Cela avait de quoi occuper ce “gros sac” de Sancho Panza pendant longtemps et effectivement, il mangea du McDonalds pendant dix jours consécutifs. Le dernier jour, Sancho Panza fut récompensé par un double étage de viande, de laitue et tomates, ainsi que d’une masse de pain que McDonalds venait de fabriquer, en travaillant le blé dans une installation faite à cet effet : un moulin.

La vierge Marie commença à aguicher Quijote de la même manière que le faisait la pute Marie Madeleine avec n’importe lequel de ces amants. Elle se lécha les babines et se massa les mamelons. Direct, Quijote n’en put plus et voulut la culbuter. Il sortit son énorme arme et la pucelle crut par moments que sa mâchoire se désagrègeait. Elle avalait comme elle pouvait, mais cela atteignait sa glotte, donc des relents du repas de midi lui venaient. Elle mit les dents et Quijote la repoussa violemment. Il sortit la langue de sa bouche, de façon à lui montrer les formes adéquates de la fellation. Marie s’exécuta et se surprit à aimer cela. A chaque léchée, elle sentait que Quijote grandissait dans sa bouche. Il sentait comme la viande passée de quelques jours de chez McDonalds, mais elle ne savait pas pourquoi, elle était excitée. Quijote la souleva et l’emmena sur une botte de foin, de toutes ses forces athlétiques sèches. Il lui enleva son cache-sexe et découvrit la forêt amazonienne. Oui, Quijote découvrit l’Amérique bien avant Christophe Colomb ! Des branches velues venaient recouvrir “L’Origine du Monde”. Des mini-mygales paraissaient parcourir son pubis. Quijote continuait à masturber son sexe et la peur de Marie confessant sa virginité, alliée à la densité feuillue présentée le firent devenir plus allongé. Il voulait arriver jusqu’à sa cavité par le biais de sa langue, toutefois la vue était vraiment trop brouillée pour y voir quelque chose dans ce ciel ombragé. Il se releva soudainement et lui enfila son sexe, jusqu’au fond. Marie couina. Elle avait trop mal. Elle le repoussa. Cependant, Quijote était un vrai chevalier : il ne quittait jamais sa monture. Elle s’obligea alors à penser à Dolce prenant Marie Madeleine et elle feignit le plaisir. Elle inclina la tête en arrière maladroitement. Néanmoins, le cavalier rentrait de nouveau dans les recoins les plus caverneux, faisant redresser la tête de la vierge qui trahissait que son âme disparaissait dans cette violente étreinte. Quijote était sur elle et ne la laissait plus s’échapper, elle bougeait les jambes, comme une tortue renversée sur sa carapace. Le manque d’expérience de Marie l’excitait. Tellement, qu’il jaillit dans sa grotte. En pleine extase, il leva la tête quand soudainement, il aperçut au loin l’objet de ses cauchemars : le moulin de McDonalds. Quijote se retira violemment et cria comme une lavette, en proie à ses élucubrations. Il grimpa sur son cheval et s’enfuit loin, très loin. Il ne se sentait pas encore de taille pour affronter ses pires ennemis, les moulins…

Prise d’hébétude devant la fuite inopinée du goujat, la sotte mit la main dans son vagin et deux liquides se mélangeaient, un rouge et un blanc. Et ce n’était pas deux types de vin ! Elle finit par vomir, ajoutant un autre chromatisme à ces fluides corporels. Tout à coup, un pigeon blanc vola au-dessus d’elle et lui cagua sur le visage, complétant alors la peinture, digne d’un Picasso. Elle était persuadée que c’était un dernier signe de Dieu, un mauvais présage, une punition pour son péché capital. Elle se jura que plus jamais, mais alors plus jamais, elle ne pratiquerait le coït. Cependant, le poids de la virginité enlevé, elle se sentait beaucoup moins niaise qu’avant et cet événement traumatique lui rendit sa légèreté de l’âme, d’autant plus que son bourreau avait pris la poudre d’escampette. Elle chantonnait toute la journée “ Like a virgin ! Touched for the very first time !” (“Comme une vierge ! Touchée pour la toute première fois !” en français).

Quijote laissa derrière lui Sancho Panza devenu un accroc au McDonalds. Lui était ravi des mets exquis préparés dans cet établissement. Au dixième jour, McDonalds le vira en lui disant qu’il devait apporter une contribution à la communauté. Ceci dit, dans le but de l’encourager dans son œuvre philanthropique, il lui offrit son double étage d’hamburger qu’il appela “Big Mac”. Sancho pouffa tout d’abord. Il se ravisa ensuite et se résigna à labourer les terres en vertu de l’économie de troc établie depuis peu dans cette partie de la Terre. Peu importe, il ne supportait plus sa région natale de Castilla-La Mancha. Même sa diarrhée chronique en valait la peine !

Marie tomba enceinte. Elle se figura que cet enfant était un miracle. Après tout, la seule fois qu’elle couchait et bingo, embarrassée d’un petit être humain ! Elle se devait de lui donner un prénom qui rappellerait d’une certaine façon Quijote. Mais comment l’associer à un événement qu’elle considérait réellement comme dramatique ? Elle rembobina, non sans mal, le film de la relation sexuelle. Et elle se rappelait le sexe du chevalier. Elle en avait pris plaisir, du moins dans sa bouche. Sucer était fantastique. “Je suce” dit-elle en elle-même. “Je suce, je suce, je suce !” En un éclair, elle pensa : “Et si je l’appelais, Jesuce ? Non, il faut dissimuler un petit peu.” Elle continua à dérouler le fil de sa réflexion et en vint à vouloir donner un accent du sud pour “Jesuce”, en guise d’hommage à son père. Elle n’avait pas de problème, puisque Sancho Panza, le meilleur ami de Quijote était resté à Gilead. Lui, il dirait plutôt “Yésouz”. Un flash divin la transperça « J E S Ú S » !

Marie eut une grossesse délicate. Trois mois à vomir de partout et elle ne comprenait pas tout l’intérêt de la mise en cloque puis de la mise à bas. Elle pensait que les femmes se faisaient martyriser à coup de marteau-piqueur, ou bien, en version biblique, à coup de pierres granitiques taillées. Oui, le granit a une grande dureté, soit dit en passant ! Et ce “granite-piqueur” était un vrai cauchemar… Comment Marie Madeleine avait-elle pris autant de plaisir ? Bon, avec Dolce, cela pouvait se comprendre, vu ses muscles proéminents antagoniques à cette peau “dolce” sans poils. Voudrait-on faire du dur à partir du doux ? De toute façon, Dolce avec son regard vert de lynx, c’était un homme, un vrai ! On pouvait lui mettre toute sorte d’accoutrements ou pas, il transperçait tout de son regard, de son sexe, de son âme.

Après les trois mois de vomissements, la panse de Marie augmentait. Elle était arrivée à se sentir étrangère à ce qui se tramait à l’intérieur. Plus le mioche poussait en elle, moins elle avait de place pour ses autres organes et plus son ergonomie interne fut violée. Marie commençait à le détester. Les circonstances de sa création avaient été abominables. Quoi espérer de mieux dans ce qui était réellement le pire de tout le processus ? Il était positionné par le cul, ce petit enfoiré de Jesús. Elle dut pousser à fond. Dieu vit la scène et ne put s’empêcher de voir le premier tête-à-tête de Ripley avec l’Alien, déchiquetant la chair par le biais de ses deux paires de mâchoires. Il adorait cette quadrilogie. Avec ses fesses venant en premier, Dieu eut la sensation de voir trois paires de lèvres gigantesques : les lèvres extérieures de Marie, les lèvres intérieures de Marie et les lèvres destinées aux résidus de Jesús. “C’est moche ! C’est moche ! Il crève à coup sûr !” Elle l’aperçut ensanglanté comme quand son vagin fut conquis, le parallélisme lui provoqua des frissons. Quel traumatisme que de faire rentrer le sperme ! Mais en comparaison, faire sortir un petit être de là… Rien à voir ! Passée l’horreur, l’acte fut considéré par la vierge comme un miracle : Jesús naquit en l’An 4 avant lui-même.

Jesús constituait un vrai prodige de la nature, tout de même. Bam, la vierge se faisait pénétrer et bam, elle nous sortait un garnement, de mauvaise manière, mais qui survécut. Même son aspect était miraculeusement… hideux ! Il avait déjà de longs cheveux à la Mick Jagger. Jesús était devenu tout pour Marie. Plus de culbute. Comme elle en avait horreur, donc elle ne se concentrerait uniquement que sur son fils. Elle n’avait pas autre chose à faire ! Elle adorait lui donner le lait, comme elle affectionnait tout particulièrement de sortir celui des vaches. Le lait était le sens de la vie. Cela débutait par ces grandes évacuées masculines durant la création et cela finissait par l’élixir blanc maternel, en vue de l’évolution. Marie aimait sortir son mamelon partout. Très “m’as-tu-vu”, ou plutôt très “as-tu-vu-mes-seins”. Elle était heureuse de l’amplification de sa cage thoracique et surtout, elle jouait un rôle dans la communauté. Elle avait procréé, première chose utile qu’avait jamais faite Marie.

Muni de sa figure d’homme des cavernes à la “Fraggle Rock”, Jesús provoquait plus de rigolades que d’attendrissement de la part des autres. Sa mère n’en avait que faire. Il était parfait, le seul, l’unique. Mais, tout Gilead s’en prenait de plus en plus à ce bâtard au paraître orangé, couleur intermédiaire entre le blanc sain et le bronzé castillan d’apparence toute aussi saine. Cependant, l’orange, ce n’était que la couleur qui venait juste après une grosse jaunisse. Et à cette époque le jaune n’était pas chinois, mais plutôt équivalent à lépreux ! Dieu voyait Donald Trump en miniature en Jesús. “Qui voudrait bien de cela ?” pensait-il. Justement, Marie fit plus ample connaissance avec un charpentier, Leroy du clan Merlin. Ce n’était pas une lumière, ceci dit, un grand manie-tout. Elle ne savait pas pourquoi, Leroy se prit d’affection pour Jesús. Parfait, selon Marie, qui avait besoin de quelqu’un pour faire rentrer des vivres dans le foyer. Leroy fabriquait des armatures de bois à Gilead et cela leur garantissait des viandes de chez McDonalds en échange, par exemple. De plus, il était asexué donc, comme Marie, il n’était vraiment pas tourné vers la chose, ce qui faisait bien le compte de la “fausse Vierge touchée juste une fois”. Leroy, ainsi que tout Gilead, savaient que Jesús n’était pas de lui. C’est pourquoi celui-ci garda l’identité de Jesús Cristo, Jésus Christ pour la version française du livre.

Malgré ses disgrâces handicapantes et le fait qu’il attirait les railleries de ses congénères, Jésus aimantait au contraire la curiosité des immigrants, des gens du voyage et autres personnages les plus ubuesques jamais rencontrés dans notre contrée paumée. Tout d’abord, trois Arabes venus en chameau, vêtus comme des drags queens, selon l’opinion condescendante, depuis le Ciel, de Dieu. Gaspard, Melchior et Balthazar venaient “dealer”, mais ils s’étaient trompés de localité, visiblement. Ils avaient déjà amassé une bonne quantité d’or en chemin, en échange de leur haschisch fait artisanalement. Ils avaient pour consigne de trouver un homme travaillant la boiserie, dans le but de lui vendre la marchandise. Tout naturellement, ils pensèrent qu’il s’agissait de Leroy, le père adoptif de Jésus. Ils étaient des trafiquants certes, mais ils connaissaient les bons usages. Après avoir complimenté faussement Marie, ils firent de même avec le petit Jésus. “C’est un vrai petit roi, celui-là !” s’exclamait un des maures. Une fois le troc effectué entre Leroy et les rois mages d’Orient, haschisch contre des assemblages d’ébéniste, les visiteurs se remirent en marche. Cependant, ils laissèrent un lingot d’or au passage, juste à côté du berceau de Jésus, faisant la joie des villageois, qui n’avaient jamais rien vu d’aussi étincelant de leur vie. Ils se rappelaient les briquets tombés des cieux et pensaient que Dieu leur donnait un autre signe d’amélioration de leur existence. À partir de ce moment-là, ils inclurent l’or comme monnaie d’échange pour le marchandage. Tout avait un prix et les faveurs et contre-faveurs en nature disparurent dans la société de bien, “au blanc”. Ils continuaient à subsister en tant que pots-de-vin dans la société de mal, c’est-à-dire “au noir”. Ils avaient instauré des salaires à la hauteur des prestations réalisées de tout un chacun. Celle qui balayait les maisons, María du clan Da Costa, recevait le SMIC de Gilead, parce qu’il fut déterminé qu’il ne fallait pas beaucoup de connaissances artisanales dans la réalisation de cette tâche. En revanche, Leroy fut un des plus riches villageois, aussi par le fait que l’or venait de lui, du moins de son amorphe de Jésus. Pour le plus grand plaisir de Marie qui accumulait toutes les pièces de monnaie. Elle adorait économiser, elle ne savait pas trop pourquoi. Elle songeait qu’un jour cet acte serait de grande nécessité.

Quelques années plus tard, un gros bonhomme dans un anorak tout rouge avec des extrémités de laine blanche, tout droit venu de la Laponie, passait par Gilead avec son traîneau de cerfs. Comme chaque année, il voulait apporter des tonnes de jouets, la nuit du 24 au 25 Décembre 2020, surtout que la planète en avait plus besoin que n’importe quelle autre année contemporaine : un terrible virus faisait des ravages partout sur Terre. Il avait des tonnes de Barbie et Ken avec leurs décapotables roses, des GI Joe, des Lego et Playmobil, ainsi que des canards de bains avec extrémité pour ces dames et des godemichets doubles pour les couples gays passifs, entre autres. Ce retour en arrière perturba Santa Claus. Il avait dû dépasser la limite des quatre-vingt-huit miles à l’heure du convecteur temporel et en consultant son iPhone, le voilà arrivé à l’an 0 après Jésus Christ, celui-là même n’ayant que quatre ans. Le premier enfant qu’il vit, c’était Jésus en chair et os. Tout d’abord, il ne le reconnut pas en raison de son apparence de moucheton laid, mais la Vierge et le charpentier, à côté, ne laissaient pas de place au doute. Simplement, il ne l’imaginait pas aussi repoussant. Santa Claus savait toutefois que l’imagerie biblique était sujette à des siècles d’appréciation subjective des événements, en commençant par les potes alcooliques de Jésus qui donnèrent leurs premières versions altérées des faits. Cette erreur chronologique devait signifier quelque chose, sûrement le sauvetage de cette infâme année 2020. Se retrouvant à cet endroit précis, le 25 décembre de l’année 0, il laissa tout à Jésus, oubliant que les canards vibrateurs faisaient partie des étrennes, ainsi que les godes pour double pénétration anale. Marie le remercia de cette grande générosité et pensa qu’il devait être plein aux as, vu son énorme bidon, tout en étant un vieillard. Toutes ses possessions venues d’une autre contrée lointaine… “Ouah !” Elle examina plus particulièrement un des canards. Elle l’actionna et le fit vibrer. Soudainement, une connexion se créa en elle et elle s’enfonça la pointe du canard. Cela lui provoqua un plaisir énorme et indicible, et elle se mit à penser à Dolce. “Oh mon doux Dolce ! C’est dommage que je ne sois pas aussi pute que la Marie Madeleine !” Puis, lui vint le traumatisme du maladroit et monstrueux pénis de Quijote. Elle ressortit de sa chambre ébouillantée et épouvantée et cria : “Le Père Noël est une ordure ! Ces jouets sont là pour corrompre notre jeunesse ! D’après le troisième commandement, Santa Claus doit mourir !” Il voulut s’expliquer mais le décalage des époques aggrava le tout. Il désira s’échapper, reprendre ses rênes et faire marche avant, en 2020. Or, les villageois de Gilead l’arrêtèrent. Santa Claus fut exécuté et embroché comme une grosse truie avec un citron dans la bouche, ainsi que les rênes qui étaient si appétissants, lors d’un barbecue avec un feu allumé par les briquets, précédemment envoyés par Dieu. Et voilà comment Noël s’arrêta pour toujours en l’An 2020, même si cette année marqua un autre tournant dans le monde. Ceci était une toute autre histoire…

Revenons-en à nos zigotos de l’An 4 ou 0, selon le référentiel de temps pris en compte ! Au vu des multiples événements bizarres associés à Jésus, il fut très vite montré comme un enfant prodige, alors qu’il n’avait rien de tel. “Qu’est-ce qu’il est moche ce mioche, mais qu’est-ce qu’il a le cul bordé de nouilles !” s’esclaffait Dieu depuis la mousse party de nuages qu’il avait organisée avec d’autres déités mondaines.

Après une enfance chancelante mais finalement fabuleuse, Jésus prit une allure bien plus rassurée dans son adolescence. Il avait toujours une tignasse de rocker. Ce qui se raffermit en lui, fut son enveloppe. Il devint très athlétique et abandonna ponctuellement son teint de faux alcoolique. Sans nul doute ses meilleures années correspondaient au solstice de sa vie. Il avait tout un tas de camarades comme lui, des vrais baroudeurs : Marc, Jean, Luc, Matthieu et Pierre, entre autres. Toutes les filles néanmoins, n’avaient d’yeux que pour Jésus, avec son allure de “Conan le Barbare” des temps anciens. Sa réputation en fut rehaussée quand il accomplit des soi-disant miracles avec l’aide de ses collègues fripouilles. Quel était le but recherché ? Pouvoir se faire les nanas qu’ils voulaient, pardi !

Tout d’abord, ce fut l’illusion de marcher sur l’eau. Comment le faire, si le principe d’Archimède allait à leur encontre. “Tout corps plongé dans un liquide reçoit une poussée verticale, dirigée de bas en haut, égale au poids du volume d’eau déplacé”… Faisant fi de l’énoncé d’Archimède, ils donnèrent leur crédibilité à la troisième loi de Newton. “Lorsqu’un corps exerce une force sur un autre, le second exerce toujours sur le premier une force d’intensité égale, selon la même direction, mais de sens opposé.” Les fourbes placèrent de grandes pierres dans l’eau, quasiment jusqu’à la surface. Cela changeait complètement la donne. Jésus demanda à Ellesse des sabots non dérapant dans le but de réaliser cette performance et ils attendraient simplement le mauvais temps pour ajouter à l’illusion d’optique. Ce fut le cas, le “boys band” appela tous les villageois de Gilead, un jour où il se mit à pleuvoir des cordes. Jésus faillit tomber. Toutefois, il marchait sous un torrent de pluie sur le ruisseau, littéralement ! Les foules l’acclamaient. Les filles lui jetaient leur cache-sexe pour l’appâter et se mettaient à danser, comme si elles avaient pris de l’ecstasy à un festival pluvieux de Solidays. Opération réussie, partouze garantie ! Et Jésus n’avait pas encore 18 ans : l’infraction du troisième commandement n’était pas problématique, au vu de l’étrangeté des faits exécutés.

Trente-quatre autres épisodes de la sorte vinrent compléter cette supercherie durant seize, peut-être dix-sept ans de plus. Cela laissait le temps à Jésus pour bien planifier les événements miraculeux, enfin miraculeux, seulement dans l’illusion d’optique opérée. Le plus important selon Jésus, c’était celui de la transformation de l’eau en vin. Il mit des grappes de raisin dans un tonneau, muni d’un tube acheminant l’eau depuis le récipient cylindrique et bombé. Il se faisait un plaisir d’exploser les raisins avec l’eau dans le tonneau, en face de la foule. Le fluide des grappes giclait sur lui, comme une promesse de ses futures giboulées sur les seins de ces dames, attentives devant la matérialisation de ce nouvel exploit. Mais là, les regards étaient plutôt de défiance, puisque les péquenauds de Gilead ne voyaient pas dans la cuve opaque, où était évacué le breuvage fruité. Jésus avait déjà répété la performance et il savait qu’il lui fallait du temps pour faire fermenter le liquide. Au bout d’une dizaine de jours, Jésus et ses “Backstreet Boys” invitèrent tout Gilead à festoyer. Oui, l’eau s’était convertie en vin et les filles encore une fois sous l’ivresse du liquide et de l’exploit, se déshabillaient désinhibées. Quelle récompense de Dieu !

Il y eut un autre épisode similaire, où il semblait que Satan s’était invité aussi. Jésus voulait inviter tous ses douze potes dans le but de les gratifier de leur complicité. C’était lui, le premier bénéficiant des miracles et il se sentait redevable envers les “Backstreet Boys”. Bon, bien sûr, son souci de protagonisme le fit se placer au milieu. L’objectif était de les remercier, mais il ne fallait pas pousser Mémé dans les orties quand même ! Il commanda des viandes fraîches de McDonalds et ils se donnèrent à cœur joie, sur les chairs des dépouilles, tels des cannibales. Plus que de la nourriture, ils consommèrent de l’alcool à n’en plus finir. Et ce qui arriva les dérouta tellement qu’ils se jurèrent que personne n’en saurait exactement les détails. “Ce qui se passe à la Cène, reste à la Cène” proclama Jésus, en mettant une pièce de monnaie d’or dans son fion puis la léchant avec sa langue, au summum de la nuit de luxure, qu’ils s’étaient donné entre machos. Complètement bourrés ou plutôt, déjà avec une gueule de bois incommensurable, Marc, Jean, Luc et Matthieu eurent l’idée de laisser des écrits de tout ce qu’ils avaient accompli, une sorte de testament pour l’humanité qui les garantirait du moins, pendant leur existence, des parties de sexe, jusqu’à même bien entrés dans l’âge délicat des vieillards.

Le lendemain, à l’aube, Jésus, encore complètement saoul, alla dans l’atelier de son père adoptif Leroy et tomba dans un coma éthylique sur deux planches croisées, munies de clous à leurs extrémités. Leroy ne savait pas encore quoi faire avec réellement, peut-être des poutres pour la toiture de Satan. Jésus mourut là, cloué dans cette croix boisée. Cependant, il ne souffrit pas, car il était complètement inconscient. Les Backstreet Boys le découvrirent et le réveillèrent. Dernier miracle : il ouvrit ses grands yeux marrons inexpressifs en temps normal, mais là, tout injectés de sang et de douleur. Il cria un “Aïe !” et mourut de nouveau, cette fois-ci, pour de vrai.

Les “Backstreet Boys” étaient tellement attristés, d’une part un peu par la mort de la star du groupe et surtout par le fait qu’ils ne baiseraient plus ces demoiselles, jusqu’alors trop crédules. Ils se rappelaient leur promesse d’écrire ce testament. Une autre cène au caractère politiquement correct cette fois-ci, eut lieu, afin de joindre toutes leurs idées ensemble : “ Plus c’est gros, mieux c’est ! dit Jean.

– Ok, on va même changer les lieux et dire que c’est dans des terres lointaines imaginaires, le lieu de toutes les péripéties avec d’autres personnages qui n’ont jamais existé ! renchérit Matthieu.

– On va déformer toute la réalité, ainsi que les légendes de Gilead, ce qui arriva à Adam et Eve, modifier les commandements, on peut inventer aussi une espèce de déluge avec un grand gaillard, par exemple, qui a fabriqué un bateau pour sauver l’humanité et les animaux”, rebondit Marc.

Enfin, Luc trama le coup final en rapport à l’épopée du personnage principal : “Jésus était un messager envoyé par Dieu pour faire le bien, un « Messie ». Tout plaisir doit être pensé comme un péché, pour que les filles ne couchent pas si facilement, mais seulement avec nous !

- Comment appelle-t-on l’œuvre ? Le Bib ? osa Luc, après quelques suggestions de ses camarades, en référence au biberon de lait dédié à ces demoiselles.

- Il nous faut quelque chose de moins flagrant… Hum je sais, on met « bib » et après « le ». Le Bible ! déclara Jean sous l’effet d’un éclair de génie, comme dirait Archimède : « Eureka ! »

- Changeons le genre pour pas que cela soit associé à nous. LA BIBLE !” conclut Matthieu.

Les “Backstreet Boys” sans leur protagoniste, le “Nick Carter” de la Bible, écrivirent donc leurs Testaments, en en faisant plusieurs tomes, l’Ancien, le Nouveau pour délimiter les histoires dans le temps, tout en ne sachant pas qu’ils auraient autant de succès. Ils confectionnaient le livre le plus vendu au monde, en suivant leurs élucubrations lors de nombreuses beuveries, sans leur chef Jésus. “Jésus si tu nous regardes !” proclama un jour, Matthieu, en levant son verre de vin vers le ciel.

Non, ce n’était pas Jésus qui regardait, mais Dieu, outré. “Ils ont osé inventer qu’un dieu a envoyé Jésus sur Terre… Non, personne ne croirait cela…” Il était perturbé devant les manipulations de ces usurpateurs. Il consulta alors le Tribunal Divin, dans le but de savoir si la gestion de la croyance créée chez les “hominidés évolués” lui incombait. Devant l’engouement futur que susciterait la nouvelle religion, la réponse fut unanime et affirmative, au grand désespoir de Dieu…

Celui-ci était intemporel, ce qui signifiait qu’il pouvait consulter tout ce qui se passerait dans le futur, en correspondance avec telle ou telle incursion commandée par ordinateur. Il pouvait revenir en arrière, s’il n’était pas satisfait. Cela dit, c’était contraire au serment divin de déontologie prêté à l’entrée du Ciel. Il savait qu’il enverrait des personnes au long de l’histoire de l’humanité, de vrais Messies, pas comme cet escroc de Jésus, pour faire évoluer les hommes. Ces expéditions lui permettraient de bénéficier d’une culture pop en ébullition, à partir des années 1970 et c’était cela qui comptait. Il raffolait surtout des chansons et des films américains dans les années 1990 – 2020, il avait une vision assez globale de ce qui se faisait dans la musique et le cinéma contemporains de la fin du XXe et début du XXIe siècles. Il savait pertinemment qu’il ne pouvait interférer indéfiniment sur ses créatures. Preuves en étaient les péripéties découlant des voyages dans le temps de Marty McFly dans la trilogie de “Retour vers le futur” ! Les hommes étaient passionnants d’intelligence, mais aussi d’irrationalité, et il voulait étudier au jour le jour leur évolution. Les quelques fois bien comptées où il était intervenu lui avaient permis de faire naître son idole de tous les temps : Britney Spears !

Et comme elle disait :

“If you feel it, let it happen

Keep on dancing, til the world ends”

“Si tu le ressens ainsi, fais en sorte que cela arrive

Continue à danser jusqu’à ce que le monde se termine”

Dieu en fit le serment : “Je le ferai, Britney !”

Enzo, le nouveau Messie

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