Littérature et Philosophie mêlées
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Victor Hugo. Littérature et Philosophie mêlées
Littérature et Philosophie mêlées
Table des matières
OEUVRES COMPLÈTES
DE. VICTOR HUGO
BUT DE CETTE PUBLICATION
JOURNAL DES IDÉES DES OPINIONS ET DES LECTURES D'UN JEUNE JACOBITE DE 1819
HISTOIRE
A UN HISTORIEN
EXTRAIT DU COURRIER FRANÇAIS DU JEUDI 14 SEPTEMBHE 1792 (IV DE LA LIBERTÉ).—N° 257
APRÈS UNE LECTURE DU _MONITEUR
FRAGMENTS DE CRITIQUE A PROPOS D'UN LIVRE POLITIQUE ÉCRIT PAR UNE FEMME
I
II
III
IV
V
SUR UN POËTE APPARU EN 1820
I
II
III
IV
THÉATRE
I
II
III
IV
V
VI
VII
VIII
IX
FANTAISIE
SATIRIQUES ET MORALISTES
SUR ANDRÉ DE CHÉNIER
A UN TRADUCTEUR D'HOMÈRE
EN VOYANT LES ENFANTS SORTIR DE L'ÉCOLE
A DES PETITS ENFANTS EN CLASSE
UN FEUILLETON
THÉATRE-FRANÇAIS. JEAN DE BOURGOGNE
LES VOUS ET LES TU
D'APRÈS LA RÉVOLUTION. ARISTIDE A BRUTUS
YRIARTE
LA SAINT-CHARLES DE 1820
DU GÉNIE
PLAN DE TRAGÉDIE FAIT AU COLLÈGE
JOURNAL DES IDÉES ET DES OPINIONS D'UN RÉVOLUTIONNAIRE DE 1830
AOUT
SEPTEMBRE
OCTOBRE
NOVEMBRE
TRÈS BONNE LOI ÉLECTORALE
DÉCEMBRE
NAPOLÉON
CAULAINCOURT
NAPOLÉON
JANVIER
FÉVRIER
MARS
DERNIERS FEUILLETS SANS DATE
TOAST:
NOBLESSE. PEUPLE
SUR VOLTAIRE
SUR WALTER SCOTT
A PROPOS DE QUENTIN DURWARD
SUR L'ABBÉ DE LAMENNAIS
A PROPOS DE. L'ESSAI SUR L'INDIFFÉRENCE EN MATIÈRE DE RELIGION
SUR LORD BYRON
A PROPOS DE SA MORT
IDÉES AU HASARD
I
II
III
IV
V
VI
VII
FRAGMENT D'HISTOIRE
SUR M. DOVALLE
GUERRE AUX DÉMOLISSEURS!
YMBERT GALLOIX
Y. G
SUR MIRABEAU. I
L'ONCLE
LE PÈRE
L'ONCLE
AUX GRANDS HOMMES LA PATRIE RECONNAISSANTE
II
III
IV
V
VI
VII
Отрывок из книги
Victor Hugo
Publié par Good Press, 2020
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Ce n'est pas d'ailleurs que nous soyons le moins du monde partisan de l'utilité directe de l'art, théorie puérile émise dans ces derniers temps par des sectes philosophiques qui n'avaient pas étudié le fond de la question. Le drame, oeuvre d'avenir et de durée, ne peut que tout perdre à se faire le prédicateur immédiat des trois ou quatre vérités d'occasion que la polémique des partis met à la mode tous les cinq ans. Les partis ont besoin d'enlever une position politique. Ils prennent les deux ou trois idées qui leur sont nécessaires pour cela, et avec ces idées ils creusent le sol nuit et jour autour du pouvoir. C'est un siège en règle. La tranchée, les épaulements, la sape et la mine. Un beau jour les partis donnent l'assaut comme en juillet 1789, ou le pouvoir fait une sortie comme en juillet 1830, et la position est prise. Une fois la forteresse enlevée, les travaux du siége sont abandonnés, bien entendu; rien ne paraît plus inutile, plus déraisonnable et plus absurde que les travaux d'un siége quand la ville est prise; on comble les tranchées, la charrue passe sur les sapes, et les fameuses vérités politiques qui avaient servi à bouleverser toute cette plaine, vieux outils, sont jetées là et oubliées à terre jusqu'à ce qu'un historien chercheur ait la bonté de les ramasser et de les classer dans sa collection des erreurs et des illusions de l'humanité. Si quelque oeuvre d'art a eu le malheur de faire cause commune avec les vérités politiques, et de se mêler à elles dans le combat, tant pis pour l'oeuvre d'art; après la victoire elle sera hors de service, rejetée comme le reste, et ira se rouiller dans le tas. Disons-le donc bien haut, toutes les larges et éternelles vérités qui constituent chez tous les peuples et dans tous les temps le fond même des sentiments humains, voilà la matière première de l'art, de l'art immortel et divin; mais il n'y a pas de matériaux pour lui dans ces constructions expédientes que la stratégie des partis multiplie, selon ses besoins, sur le terrain de la petite guerre politique. Les idées utiles ou vraies un jour ou deux, avec lesquelles les partis enlèvent une position, ne constituent pas plus un système coordonné de vérités sociales ou philosophiques, que les zigzags et les parallèles qui ont servi à forcer une citadelle ne sont des rues et des chemins.
Le produit le plus notable de l'art utile, de l'art enrôlé, discipliné et assaillant, de l'art prenant fait et cause dans le détail des querelles politiques, c'est le drame pamphlet du dix-huitième siècle, la tragédie philosophique, poëme bizarre où la tirade obstrue le dialogue, où la maxime remplace la pensée; oeuvre de dérision et de colère qui s'évertue étourdiment à battre en brèche une société dont les ruines l'enterreront. Certes, bien de l'esprit, bien du talent, bien du génie a été dépensé dans ces drames faits exprès qui ont démoli la Bastille; mais la postérité ne s'en inquiétera pas. C'est une pauvre besogne à ses yeux que d'avoir mis en tragédies la préface de l'Encyclopédie. La postérité s'occupera moins encore de la tragédie politique de la restauration, qu'a engendrée la tragédie philosophique du dix-huitième siècle, comme la maxime a engendré l'allusion. Tout cela a été fort applaudi de son temps, et est fort oublié du nôtre. Il faut, après tout, que l'art soit son propre but à lui-même, et qu'il enseigne, qu'il moralise, qu'il civilise, et qu'il édifie chemin faisant, mais sans se détourner, et tout en allant devant lui. Plus il sera impartial et calme, plus il dédaignera le passager des questions politiques quotidiennes, plus il s'adaptera grandement à l'homme de tous les temps et de tous les lieux; plus il aura la forme de l'avenir. Ce n'est pas en se passionnant petitement pour ou contre tel pouvoir ou tel parti qui a deux jours à vivre, que le créateur dramatique agira puissamment sur son siècle et sur ses contemporains. C'est par des peintures vraies de la nature éternelle que chacun porte en soi; c'est en nous prenant, vous, moi, nous, eux tous, par nos irrésistibles sentiments de père, de fils, de mère, de frère et de soeur, d'ami et d'ennemi, d'amant et de maîtresse, d'homme et de femme; c'est en mêlant la loi de la providence au jeu de nos passions; c'est en nous montrant d'où viennent le bien et le mal moral, et où ils mènent; c'est en nous faisant rire et pleurer sur des choses qui nous ressemblent, quoique souvent plus grandes, plus choisies et plus idéales que nous; c'est en sondant avec le speculum du génie notre conscience, nos opinions, nos illusions, nos préjugés; c'est en remuant tout ce qui est dans l'ombre au fond de nos entrailles; en un mot, c'est en jetant, tantôt par des rayons, tantôt par des éclairs, de larges jours sur le coeur humain, ce chaos d'où le fiat lux du poëte tire un monde!—C'est ainsi, et pas autrement.—Et, nous le répétons, plus le créateur dramatique sera profond, désintéressé, général et universel dans son oeuvre, mieux il accomplira sa mission et près des contemporains et près de la postérité. Plus le point de vue du poëte ira s'élargissant, plus le poëte sera grand et vraiment utile à l'humanité. Nous comprenons l'enseignement du poëte dramatique plutôt comme Molière que comme Voltaire, plutôt comme Shakespeare que comme Molière. Nous préférons Tartuffe à Mahomet; nous préférons Iago à Tartuffe. A mesure que vous passez d'un de ces trois poëtes à l'autre, voyez comme l'horizon s'agrandit. Voltaire parle à un parti, Molière parle à la société, Shakespeare parle à l'homme.
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