Читать книгу Les contemplations. Autrefois, 1830-1843 - Victor Hugo, Clara Inés Bravo Villarreal - Страница 20

LIVRE PREMIER
AURORE
XIX
VIEILLE CHANSON DU JEUNE TEMPS

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Je ne songeais pas à Rose;

Rose au bois vint avec moi;

Nous parlions de quelque chose,

Mais je ne sais plus de quoi.


J'étais froid comme les marbres;

Je marchais à pas distraits;

Je parlais des fleurs, des arbres;

Son oeil semblait dire: «Après?»


La rosée offrait ses perles,

Les taillis ses parasols;

J'allais; j'écoutais les merles,

Et Rose les rossignols.


Moi, seize ans, et l'air morose;

Elle vingt; ses yeux brillaient.

Les rossignols chantaient Rose

Et les merles me sifflaient.


Rose, droite sur ses hanches,

Leva son beau bras tremblant

Pour prendre une mûre aux branches;

Je ne vis pas son bras blanc.


Une eau courait, fraîche et creuse

Sur les mousses de velours;

Et la nature amoureuse

Dormait dans les grands bois sourds.


Rose défit sa chaussure,

Et mit, d'un air ingénu,

Son petit pied dans l'eau pure;

Je ne vis pas son pied nu.


Je ne savais que lui dire;

Je la suivais dans le bois,

La voyant parfois sourire

Et soupirer quelquefois.


Je ne vis qu'elle était belle

Qu'en sortant des grands bois sourds.

«Soit; n'y pensons plus!» dit-elle.

Depuis, j'y pense toujours.


Paris, juin 1831.

Les contemplations. Autrefois, 1830-1843

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