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AVANT-PROPOS

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Table des matières

Ce livre a moins pour but de donner au public une biographie détaillée de l’illustre cardinal, que d’étudier l’influence qu’il a exercée sur son siècle.

Le cardinal Manning est incontestablement une des grandes figures de l’époque. Bien que très Anglais de caractère et de tempérament, il nous appartient, en tant que prince de l’Eglise, ayant joué un rôle prépondérant dans le monde catholique.

C’est là de l’internationalisme de bon aloi: celui qui établit entre les hommes de nationalités diverses une communauté d’origines, de foi et d’espérances, une solidarité d’intérêts spirituels, qui ne fait qu’affermir les sentiments du patriotisme, tout aussi bien que l’amour de la patrie affermit l’amour de la famille.

Manning, Anglais de race, de cœur et de génie, est essentiellement catholique par son action. Comme tel, il appartient à tous les catholiques, parce que sa destinée, sa vocation providentielle l’a mis en situation de combattre la révolte de l’homme contre Dieu, sous ses trois formes: le protestantisme, le libéralisme et le socialisme.

La lutte contre le protestantisme fut la première, et certainement la plus méritoire. La Réforme, pour lui, s’identifiait avec la patrie; l’Église anglicane était sa mère; il ne voulait pas la séparer de la tradition apostolique, et une de ses plus dures épreuves, après sa conversion, fut de reconnaître que l’ordination qu’il avait reçue n’était pas valable. Mais il aimait sa patrie pour elle-même, et il comprit que la meilleure manière de travailler au bien de l’Angleterre, était de lui montrer la route de la vérité intégrale, en allant lui-même vers Rome.

Alors il se trouva en présence d’un autre adversaire de l’Église, le faux libéralisme, qui, sous des apparences trompeuses de science et de progrès, tend à ébranler l’autorité divine, à établir l’homme dans une complète indépendance morale, en un mot, à se passer de Dieu. Contre cet ennemi, Manning estimait qu’un seul principe était efficace, le principe d’autorité. La moindre atteinte à ce principe lui paraissait un danger, et c’est ce qui lui rendit suspect le libéralisme catholique, malgré les bonnes intentions de ses partisans. On sait avec quelle ardeur il apporta son concours à la promulgation du dogme de l’infaillibilité du Pape, comme consécration solennelle du principe d’autorité.

Cette œuvre accomplie, il pouvait appliquer tout son zèle à son ministère pastoral. Son cœur le poussait vers les classes laborieuses dont il connaissait les souffrances, pour avoir vécu en contact avec elles, dès les premières années de son sacerdoce. Et tout de suite se dressa devant lui l’erreur socialiste, cet autre fruit de la révolte de l’homme contre Dieu. Le socialisme ne veut pas reconnaître d’autres destinées pour l’homme que la vie présente; peu lui importent les compensations éternelles; il veut le paradis sur terre. Les inégalités sociales sont l’obstacle au bonheur universel: toute la question sociale est là.

Manning jugeait que, pour résoudre ces redoutables problèmes, il ne suffit pas de les nier, mais qu’il faut les aborder de front, et porter remède aux maux qui les font naître. La religion seule a le secret de ces remèdes, et, si elle ne supprime pas les inégalités sociales, elle rétablit l’équilibre, en enseignant à chacun le devoir de justice. Il fut un des promoteurs du mouvement de réorganisation sociale qui s’est produit au cours du siècle dernier, et dont le Chef de l’Eglise a défini les règles dans un enseignement suprême.

Telle est, dans son ensemble, l’œuvre du cardinal Manning. C’est sous ce triple aspect de la lutte contre le protestantisme, contre le libéralisme et contre le socialisme, qu’il a paru intéressant de l’étudier, pour faire ressortir la mission que la Providence lui a confiée, dans le cours de sa longue et laborieuse carrière

1er novembre 1904.

Le cardinal Manning

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