Читать книгу Les contemplations. Aujourd'hui, 1843-1856 - Виктор Мари Гюго, Clara Inés Bravo Villarreal - Страница 19

LIVRE CINQUIÈME
EN MARCHE
II
AU FILS D'UN POËTE

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Enfant, laisse aux mers inquiètes

Le naufragé, tribun ou roi;

Laisse s'en aller les poëtes!

La poésie est près de toi.


Elle t'échauffe, elle t'inspire,

O cher enfant, doux alcyon,

Car ta mère en est le sourire,

Et ton père en est le rayon.


Les yeux en pleurs, tu me demandes

Où je vais, et pourquoi je pars.

Je n'en sais rien; les mers sont grandes;

L'exil s'ouvre de toutes parts.


Ce que Dieu nous donne, il nous l'ôte.

Adieu, patrie! adieu, Sion!

Le proscrit n'est pas même un hôte,

Enfant, c'est une vision.


Il entre, il s'assied, puis se lève,

Reprend son bâton et s'en va.

Sa vie erre de grève en grève

Sous le souffle de Jéhovah.


Il fuit sur les vagues profondes,

Sans repos, toujours en avant.

Qu'importe ce qu'en font les ondes!

Qu'importe ce qu'en fait le vent


Garde, enfant, dans ta jeune tête

Ce souvenir mystérieux,

Tu l'as vu dans une tempête

Passer comme l'éclair des deux.


Son âme aux chocs habituée

Traversait l'orage et le bruit.

D'où sortait-il? De la nuée.

Où s'enfonçait-il? Dans la nuit.


Paris, juillet 1838.

Les contemplations. Aujourd'hui, 1843-1856

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