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CHAPITRE IV
LES RUES DU CAIRE

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Table des matières

Gamia el Azhar. || L'art de restaurer les monuments. || Les «medresseh». || Le Bazar des Parfums et celui des Épices. || La grande mosquée «El Muaiyad». || Une Porte historique. || L'homme-fontaine. || Le portrait de l'eunuque.

L'entrée principale de l'Université, Gâmia el Azhar, est bientôt visible. Sachant que la Mosquée-Université fut fondée au Xe siècle, on est surpris de se trouver en face d'une construction d'apparence moderne. De nombreuses restaurations et de continuels agrandissements ont fait disparaître presque entièrement les traces de l'édifice qui fut élevé par le Grand Vizir du premier calife Fatimid. S'il est permis de déplorer la perte du pittoresque détruit par la main du restaurateur, ici comme dans beaucoup d'autres mosquées, il faut cependant reconnaître que, sans ces travaux, nombreux seraient les beaux édifices qui auraient cessé d'exister ou qui ne seraient plus qu'une masse informe de ruines. Les revenus des mosquées, qui ont considérablement augmenté, permettent aujourd'hui des travaux importants à la tête desquels se trouve heureusement un architecte de grand talent, Herz Bey, qui a consacré toute sa vie à l'étude de l'architecture sarrasine. Il est regrettable qu'un homme de talent égal n'ait pas dirigé les travaux de restauration exécutés sous Saïd Pacha! Maintenant on peut comparer cet édifice à un vieux vêtement rapiécé. Presque toutes les maisons qui l'entourent ont un certain air d'antiquité, bien qu'aucune d'elles n'existât à l'époque où El Azhar fut construit.


Pour visiter un bâtiment musulman quelconque, il est aujourd'hui nécessaire d'acheter, moyennant cinquante centimes, un billet que votre guide ou le concierge de votre hôtel vous procurera facilement. Six minarets surmontent la mosquée d'El Azhar et deux dômes recouvrent la dernière demeure du saint fondateur. Malheureusement, les bâtiments qui entourent l'Université ne permettent pas de s'en éloigner suffisamment pour voir plus d'un ou deux minarets à la fois. Ceux-ci ont des formes diverses et appartiennent à différentes époques. L'un d'eux, datant de la fin du XVe siècle, est particulièrement beau. La transition graduelle du carré à l'octogone, de l'octogone au cercle, et l'admirable manière dont les angles ont été cachés par des pendentifs-stalactites formant les tasseaux qui supportent les galeries, méritent l'attention. A chaque étage défini par ces galeries et s'élevant au-dessus de la mosquée, la circonférence du minaret devient plus petite, et l'ornementation étant admirablement adaptée à la hauteur progressive, l'ensemble conduit le regard jusqu'au poinçon en forme d'œuf qui supporte l'emblème de la Foi musulmane. Ici, l'art du constructeur a vraiment atteint son apogée; le minaret voisin, moins ancien, est disgracieux et paraît trop lourd par le haut; ses couleurs aussi sont moins belles.

Les deux dômes, construits à un intervalle encore plus grand, font ressortir davantage cette infériorité. Le plus ancien recouvre dignement la tombe, tandis que l'autre serait bon tout au plus à orner un kiosque de journaux.

Dans un angle, en face du côté nord de El Azhar, un large escalier conduit à un portail. C'est l'entrée d'un de ces «medresseh» ou collège, qu'il est souvent difficile de distinguer d'une mosquée. On est surpris d'apprendre qu'il ne date que de 1774. La décadence architecturale avait commencé bien avant, et cependant il est impossible de s'en apercevoir ici. Stanley Lane Poole nous apprend que le monument fut copié sur les plans d'une vieille mosquée de Boulak. Avec les stalles qui l'entourent en bas et le dôme qui s'élève au-dessus de la balustrade d'arabesques, contre le bleu foncé du ciel, on a un sujet de tableau auprès duquel pas un peintre ne passerait sans s'arrêter. Si j'écrivais un guide à l'usage des artistes, je marquerais cet endroit de trois étoiles.

En tournant brusquement au prochain coin, un chemin en zigzag vous conduit bientôt dans El Ashrafiyeh, la rue principale qui continue El Nahâssîn, et vous vous trouvez à nouveau au milieu du bruit et du mouvement de ce quartier affairé du Caire. Ici, il y a d'autres grandes mosquées à côté les unes des autres ou se faisant face, des dômes et des minarets qui coupent la perspective et se détachent sur la ligne azurée du ciel. De nouveau les cris des chameliers, des vendeurs, des conducteurs d'ânes vous étourdissent. Un cocher vêtu d'une robe bleue essaie de conduire à travers cette foule sa voiture pleine de touristes. Le drogman, assis à côté de lui sur le siège, exhorte aussi les piétons à faire place: «Oah ja gedda!»—«Oah ismaelak!»—«Oah riglak».—«Iftah eynak ja am!» (Attention, eh! l'ouvrier!—Eh! là-bas, à gauche!—Attention à tes pieds!—Ouvre donc l'œil, mon oncle!) et bien d'autres cris du même genre. Les touristes ont l'air fatigué et ahuri; ils ont vu tant de choses dans une courte matinée! Un jeune garçon a encore assez d'énergie pour prendre en passant quelques instantanés, mais il semble se soucier fort peu de ce qu'il attrape ainsi au hasard. Juste en face de vous, à côté des marches de la mosquée de Ghûrî et presque entièrement caché par les stores du magasin voisin, se trouve un étroit passage qui conduit au Bazar des Parfums.

Ici on vous offre pour six ou huit francs, un minuscule flacon contenant quatre ou cinq gouttes d'essence de rose. Ce passage couvert et bordé de petites boutiques semblables à des armoires, vous conduit à un dédale de ruelles dont chacune a son commerce particulier. Le Bazar des Épices est très intéressant, et les couleurs qui s'y jouent enchantent le regard. La cannelle, la girofle, la muscade et l'aloès, entassés autour du marchand, s'harmonisent délicieusement avec sa robe de soie et les sacs, paniers et nattes qui forment le mobilier de sa boutique.

L'Égypte d'hier et d'aujourd'hui

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