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REVUE PÉDAGOGIQUE.
ОглавлениеDe tout temps l’éducation de la jeunesse, confiée aux grands hommes, a été l’apanage de la souveraineté et de la noblesse.
Les fables indiennes, attribuées à Pilpay, que les traditions font vivre deux mille ans avant Jésus-Christ, ont été composées pour servir d’instruction aux princes, comme le prouve ce titre d’une traduction française, faite par David Sahid d’Ispahan: Livre des lumières, ou La conduite des roys, composé par le sage Pilpay, Indien, Paris, 1644.
Saint Clément d’Alexandrie s’exprime ainsi sur le même sujet: «Phœnix, dit-
«on, fut le précepteur d’Achille, et Adraste
«celui des enfants de Crésus. Alexandre
«eut pour précepteurs Léonide et Philippe
«Nausithoüs.... Le Thrace Zopire ne ré-
«prima point l’impudicité d’Alcibiade....
«Les enfants de Thémistocle eurent pour
«précepteur Sicimus, esclave frivole et
«efféminé, inventeur d’une danse à qui
«les Grecs ont donné son nom. Personne
«n’ignore que les rois de Perse confiaient
«l’éducation de leurs enfants à quatre
«hommes choisis parmi les plus distin-
«gués de la nation, et qu’on appelait in-
«stituteurs royaux.»
En parlant d’Alexandre, il est à propos de rappeler la lettre du roi son père au philosophe de Stagyre: «Je vous apprends,
«lui disait-il, que j’ai un fils; je remercie
«les dieux, non pas tant de me l’avoir
«donné, que de l’avoir fait naître du
«temps d’Aristote.»
Gniphon, grammairien gaulois, qui eut Cicéron pour auditeur, était un des maîtres de César.
Sénèque fut le précepteur de Néron.
Le rhéteur Fronton, sous certains rapports émule de Cicéron, eut pour disciples Lucius Verus et Marc-Aurèle.
L’empereur Commode, fils et successeur de Marc-Aurèle, eut pour précepteur le célèbre grammairien et sophiste Julius Pollux.
L’empereur Constantin, pénétré du mérite de Lactance, lui confia l’éducation de son fils.
Ausone, de Bordeaux, fut choisi pour précepteur de Gratien, fils de l’empereur Valentinien, qui le fit venir à Trèves, où il avait sa résidence.
Désormais, le paganisme mourant fait place au christianisme, qui ne tarde pas à jeter de profondes racines dans le vaste domaine de l’éducation.
Saint Cunibert, qui dans la suite devint évêque de Cologne, fut chargé par le roi Dagobert de l’éducation de son fils Sigebert, qui fut roi d’Austrasie, et, trois siècles plus tard, on trouve Gerbert, depuis pape sous le nom de Sylvestre II, et l’évêque Bernward, de Hildesheim, chargés de celle de l’empereur Othon III. Dans l’intervalle tombe l’époque carlovingienne, dont le grand historien Eginhard fut chargé de l’éducation de Lothaire.
Saint Thomas d’Aquin, d’une famille comtale au royaume de Naples, était, on le sait, un des scolastiques les plus influents de son temps. Saint Louis, roi de France, aimait son enseignement et l’admettait souvent à sa table.
Richard de Bury, évêque de Durham et grand chancelier d’Angleterre, dont le Philobiblion a été récemment traduit pour la première fois en français (Paris, 1856, 1 vol. in-8°), avait été gouverneur du prince de Galles, si célèbre sous le nom d’Édouard III.
Nicolas Oresme fut précepteur du roi de France Charles V, qui l’investit de l’évêché de Lisieux. C’est par ordre de son royal élève qu’il entreprit la traduction française de la morale et de la politique d’Aristote.
Jean Fyot était précepteur d’un fils de Charles VII, et Louis XI, grand amateur des lettres, a composé lui-même, sous le titre de Rosier des guerres, des conseils à son fils Charles VIII.
Ghislain, seigneur de Busbecq, en Flandre, ambassadeur de Ferdinand Ier à la cour de Soliman II, avait été précepteur de l’empereur Rodolphe II et de Mathias, son frère et son successeur.
Le pape Adrien VI et Philippe de Croy, seigneur de Chièvres, ne furent pas les seuls précepteurs de Charles-Quint; on connaît le beau tableau de M. Leys: Érasme lisant le discours sur les devoirs des princes, devant Charles-Quint enfant et Marguerite d’Autriche.
Cleynaerts, célèbre orientaliste belge, fut successivement précepteur d’un fils de vice-roi en Espagne, et du cardinal Henri, à Évora, où résidait alors la cour de Portugal.
Machiavel est qualifié de vénérable précepteur des princes et des grands, par Brantôme, dans ses Vies des dames galantes, discours IV.
Buchanan fut le précepteur de Jacques Ier, roi d’Angleterre, auquel il avait inspiré du goût pour la littérature; ce furent les États d’Écosse qui le nommèrent à ce poste éminent.
Amyot devint précepteur des enfants du roi Henri II.
Nicolas Denisot, peintre, graveur, poète latin et français, fut, en Angleterre, professeur des demoiselles de la famille Seymour.
Le comte de Chiverny, chancelier garde des sceaux de France, a écrit deux instructions à ses enfants, imprimées après sa mort.
Michaud de Corolles, conseiller et secrétaire du duc de Savoie, était précepteur d’Emmanuel-Philibert.
Le célèbre Écossais Jacques Crichton, d’une famille alliée à celle des Stuart, était gouverneur de Vincent de Gonzague, duc de Mantoue.
Un savant hollandais, Abraham Van der Myle, en latin Mylius, était précepteur des enfants du duc d’Albe.
Le jésuite Philippi était précepteur de l’empereur Ferdinand III.
Juste Lipse eut les infants Albert et Isabelle pour auditeurs à l’Université de Louvain.
Le poète Des Yvetaux fut précepteur du duc de Vendôme, puis du dauphin (Louis XIII), auquel Simon Vouet donna des leçons de peinture.
Philippe de Béthune, frère puîné de Sully, était gouverneur de Gaston, duc d’Orléans.
Le cardinal de Retz eut Saint Vincent de Paule pour précepteur.
Philippe III, roi d’Espagne, ayant attiré à sa cour dona de la Cerda, dame portugaise, distinguée par ses talents en musique autant que par ses connaissances en rhétorique, en philosophie et en mathématiques, lui confia le soin d’enseigner les lettres latines aux infants Charles et Ferdinand.
Koeberger a donné des leçons de peinture à l’archiduc Albert, et Gérard Honthorst enseigna le dessin aux filles de la reine de Bohême et à cette princesse elle-même.
Le frère Jean-Baptiste Mayno, peintre espagnol du XVIIe siècle, élève du Greco, était professeur de dessin du prince des Asturies (Philippe IV).
Les jésuites et géomètres Grégoire de Saint-Vincent, de Bruges, et Della Faille, d’Anvers, furent précepteurs de don Juan d’Autriche, fils naturel de Philippe IV, roi d’Espagne; le second accompagna ce prince dans ses voyages en Catalogne, en Sicile et à Naples.
David Teniers, le jeune, fut chargé d’enseigner la peinture à don Juan d’Autriche, et le peintre Richard Gibson fut maître de dessin des princesses Marie et Anne, depuis reines d’Angleterre.
Le père Adam Schall, jésuite allemand et missionnaire en Chine, devint précepteur du jeune prince Khang-Hù.
Le fameux frère morave et philologue, Comenius, fut précepteur des fils d’un gentilhomme des montagnes de Bohême, où il s’était réfugié.
Le duc de Luynes, qui a laissé beaucoup d’ouvrages ascétiques, dont une partie a été publiée sous le nom de Laval, eut pour maître Descartes, qui était aussi précepteur d’Élisabeth, princesse palatine, fille de Frédéric V.
La duchesse de la Rochefoucauld-Liancourt a laissé des instructions, imprimées après sa mort, et données à la princesse de Marcillac, sa petite-fille, pour sa conduite et celle de sa maison.
Le cardinal de Richelieu confia à l’abbé d’Aubignac l’éducation du duc de Fronsac, son neveu.
Nicolas de Villeroi, maréchal de France, fut gouverneur de Louis XIV, qui eut aussi Péréfixe pour précepteur.
Ce monarque avait choisi le duc de Montausier comme gouverneur de son fils, le dauphin, et la femme du duc, Julie de Rambouillet, était gouvernante des enfants de France. Il désigna de Lalande, son surintendant de la musique, pour enseigner le clavecin aux deux jeunes princesses ses filles, mesdemoiselles de Blois et de Nantes.
Françoise de Souvré était aussi gouvernante des enfants de France.
Ce fut pour l’éducation du dauphin, dont il était devenu précepteur, que Bossuet composa son Discours sur l’histoire universelle, sa Politique tirée de l’Ecriture sainte, le Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même, et d’autres ouvrages élémentaires d’histoire et de philosophie.
Fléchier était lecteur du dauphin.
Huet, évêque d’Avranches et sous-précepteur du dauphin, aida Montausier et Bossuet dans l’exécution des éditions dites ad usum Delphini, qu’il dirigea en partie.
Madame de Maintenon, qui avait eu elle-même le chevalier de Méré pour précepteur, fut chargée d’élever secrètement les enfants de Louis XIV et de madame de Montespan. En outre, le géomètre de Malezieux, membre de l’Académie française et de l’Académie des sciences, était précepteur du duc du Maine, qui eut également pour précepteur Urbain Chevreau, le secrétaire de Christine de Suède.
Le roi, se faisant souvent lire de l’Amyot par Racine, choisit Fénelon pour précepteur de son petit-fils le duc de Bourgogne. C’est pour l’éducation de son royal élève que Fénelon composa le Télémaque, les Dialogues des morts, la Direction pour la conscience d’un roi, l’Abrégé des vies des anciens philosophes.
Paul de Beauvilliers, duc de Saint-Aignan et l’ami de Fénelon, était gouverneur des ducs de Bourgogne, d’Anjou et de Berri. Les enfants de France eurent aussi Claude Fleury pour sous-précepteur.
Bossuet plaça La Bruyère auprès de M. le duc de Bourgogne pour lui enseigner l’histoire.
Le comte de Bombelles fut nommé par le régent, en 1718, gouverneur du duc de Chartres.
Le cardinal Dubois, pendant qu’il était, lui aussi, gouverneur du duc de Chartres, a tracé un plan pour l’éducation de son royal élève, plan que l’histoire a conservé.
Le peintre Arlaud, de Genève, donna des leçons au duc d’Orléans, qui le fit loger à Saint-Cloud.
Madame de Maré fut gouvernante des enfants de M. le duc d’Orléans, en survivance de la maréchale de Grancey sa mère, puis en chef après elle, ajoute le duc de Saint-Simon dans ses Mémoires.
J.-B. de Mirabaud, secrétaire perpétuel de l’Académie française, était précepteur des filles de la duchesse d’Orléans.
Sous le titre d’Avis d’un père à sa fille, le marquis d’Halifax, président du conseil d’Angleterre sous Jacques II, a publié un ouvrage, qui a été traduit en français et souvent réimprimé.
Un érudit de Nuremberg, Wagenseil, fut choisi pour gouverneur de quelques gentilshommes, et voyagea avec eux en France, en Espagne, dans les Pays-Bas, en Angleterre et en Allemagne. Louis XIV le combla de présents. Il commença par être précepteur des enfants du comte Henri de Traun, et, dans la suite, le comte palatin du Rhin, Adolphe-Jean, lui confia l’éducation de ses deux fils. Parmi les ouvrages de Wagenseil, il en est un que les biographes passent ordinairement sous silence, mais qui rentre particulièrement dans notre sujet; il a pour titre: Von Erziehung eines jungen Prinzen, der vor allem Studiren einen Abscheu hat, dass er dennoch gelehrt und geschickt werde, Leipzig, 1705.
Deux ans après, parut le livre intitulé : Les règles de la vie civile pour former l’esprit d’un jeune prince, Amsterdam, 1707.
Outre le Traité de l’éducation d’un prince, par Nicole, et l’Institution d’un prince, composée par Duguet pour le duc de Savoie, on a un ouvrage anonyme publié sous le titre de: Essai sur l’éducation de la noblesse, Paris, 1747, 2 vol. in-8°.
Bierling, théologien magdebourgeois, a donné : De conditione politica, oder wie man cavalierement studiren soll, Halle, 1730.
A la recommandation de Ménage, Roger de Piles, peintre et littérateur, d’une famille distinguée dans le Nivernois, fut chargé de l’éducation du fils du président Amelot, et suivit ensuite son élève dans plusieurs ambassades en qualité de secrétaire.
Madame de Guerchois, sœur du chancelier d’Aguesseau, uniquement occupée de l’éducation de ses enfants, est auteur d’un ouvrage ayant pour titre: Avis d’une mère à son fils.
L’Écossais Ramsay fut chargé, en France, de l’éducation du duc de Château-Thierry, et ensuite de celle du prince de Turenne.
Le marquis de la Victoria, célèbre Espagnol, enseigna la peinture à ses deux filles.
Le peintre Tillemans, d’Anvers, protégé du duc de Devonshire, enseigna le dessin à lord Byron.
Le général comte de Neipperg fut chargé de l’éducation du duc François de Lorraine, depuis empereur d’Autriche.
Le comte de Bourcier-Montureux a écrit: Instruction pour mon fils qui prend le parti des armes, 1740, in-4°.
Alary, membre de l’Académie française, qui n’a laissé aucun ouvrage, et Guilbert, auteur d’une Description historique de Fontainebleau, étaient précepteurs, le premier de Louis XV, et le second des pages de ce souverain.
Le baron de Bielfeld, précepteur du prince Ferdinand de Prusse, frère du roi Frédéric II, dédia à son élève ses Institutions politiques, nouvelle édition, Liége, 1768, 2 vol. in-8°, avec le portrait de l’auteur.
La même année parut, également à Liége, la cinquième édition de l’ouvrage: Le véritable Mentor, ou l’éducation de la noblesse, par le marquis Caraccioli, qui fut gouverneur des enfants du prince Rewsky, grand maréchal et premier sénateur du royaume de Pologne.
Madame de Prémontval, fixée à Berlin avec son mari, y fut lectrice de la princesse Guillelmine, épouse du prince Henri de Prusse.
C’est pour la princesse d’Anhalt-Dessau, nièce du roi de Prusse, qu’Euler écrivit ses Lettres à une princesse d’Allemagne sur divers sujets de physique, Berne, 1775, 3 vol. in-8°.
Mistress Manley était lectrice de la duchesse de Cleveland.
David Mallet fut chargé de l’éducation des fils du duc de Montrose, puis devint sous-secrétaire du prince de Galles, dont le comte de Waldegrave était gouverneur.
Parmi les nombreux ouvrages de madame Leprince de Beaumont, on distingue l’Éducation complète, à l’usage de la famille royale de la princesse de Galles, Londres, 1753, 3 vol. in-12, et Civan, roi de Bungo, ou Tableau de l’éducation d’un prince, 1754, 2 vol. in-12.
Don Juan de Yriarte, le savant bibliographe espagnol, était successivement précepteur du duc de Béjar, du duc d’Albe et de don Manoel, infant de Portugal.
Le général baron d’Eggers fut chargé de donner des leçons de tactique aux princes Xavier et Charles de Saxe.
Madame de Tallart était gouvernante des enfants de France sous Marie Leckzinska, femme de Louis XV, et Madelaine-Françoise Basseporte, peintre de fleurs, plantes, insectes, etc., donna des leçons aux filles de Louis XV.
De Moncrif était lecteur de la reine Marie Leckzinska.
Condillac, précepteur de l’infant don Ferdinand, duc de Parme et neveu du roi Louis XV, composa, pour l’instruction de son élève, un Cours d’étude, 1755, 3 vol. in-8°, renfermant une grammaire, un art d’écrire, un art de raisonner, un art de penser, et une histoire générale des hommes et des empires.
Keralio, un des rédacteurs du Journal des savants, fut appelé à Parme pour diriger avec Condillac l’éducation de l’infant.
Darcet, le célèbre chimiste, fut d’abord précepteur des fils de Montesquieu, et un écrivain renommé de la Suisse, Rodolphe Henzi, gouverneur des pages du dernier prince d’Orange.
Sous le titre d’Agathokrator, Basedow, célèbre pédagogiste allemand, a publié un traité d’éducation des princes destinés au trône, traduit en français par le baron de Bourgoing.
Le célèbre Wieland, le Voltaire de l’Allemagne, avait été choisi par la duchesse douairière de Saxe-Weimar, Amalie, régente de ce duché, pour diriger l’éducation des princes ses fils.
Jonathan Holland, l’auteur des Réflexions philosophiques sur le système de la nature, était sous-gouverneur des princes de Wurtemberg.
Le marquis de Barbé-Marbois, magistrat et homme d’État, avait été précepteur des fils du ministre de Sartines.
Campe, surnommé le Berquin allemand, fut quelque temps précepteur des frères de Humboldt.
Le comte de Chesterfield, célèbre comme homme d’État, a laissé un recueil de lettres à son fils, dont une nouvelle traduction française, due à M. Amédée Renée, a paru en 1842.
Laureault de Foncemagne, membre de l’Académie des inscriptions, était sous-gouverneur du duc d’Orléans, dit Philippe-Égalité, qui, lorsqu’il était encore duc de Chartres, donna pour gouvernante à ses enfants madame de Genlis, nièce de madame de Montesson, que le duc avait secrètement épousée. L’un des nombreux écrits de la comtesse de Genlis a pour titre: La Religion considérée comme l’unique base du bonheur et de la véritable philosophie. Ouvrage fait pour servir à l’éducation des enfants de S. A. S. Monseigneur le duc d’Orléans.
L’impératrice Marie-Thérèse fit venir à Vienne le savant numismate Jean Marci, prêtre luxembourgeois, pour faire l’éducation de son fils le prince Maximilien, plus tard archevêque de Cologne, et de ses jeunes frères.
Joseph-François Marie, docteur de Sorbonne, était sous-précepteur des enfants du comte d’Artois, et la duchesse de Polignac, gouvernante des enfants de France, en même temps que favorite de Marie-Antoinette. L’infortunée reine, dès qu’il fut question de son mariage avec le dauphin, depuis Louis XVI, eut pour instituteur l’abbé de Vermond, qui fut envoyé à Vienne sur la recommandation de l’archevêque Loménie de Brienne. Gluck, qu’elle protégea par la suite, avait été son maître de musique.
Madame Campan, d’abord lectrice des trois princesses filles du roi Louis XV, fut chargée, par Napoléon, de donner, au pensionnat de Saint-Germain, l’éducation à Caroline Bonaparte, sa plus jeune sœur, et à Stéphanie de Beauharnais, sa fille adoptive, depuis grande-duchesse de Bade.
Bernard de la Torre, prélat italien, était aumônier des enfants de Murat.
Jean de Muller, le célèbre historien suisse, fut précepteur des enfants du conseiller d’État Tronchin Calandrini à Genève, où il professa ensuite un cours d’histoire pour de jeunes Anglais de distinction, parmi lesquels se trouvait le fameux orateur de la chambre des communes, Charles Abbot, depuis vicomte de Colchester.
Le poète allemand Matthisson était gouverneur du jeune comte livonien Sievers.
Stebbing Schaw, l’historien anglais, fut chargé de terminer l’éducation du célèbre Francis Burdett.
Le philosophe allemand, Gaëtan de Weiller, disciple et ami de Jacobi, était le précepteur du prince Charles de Bavière.
Le grand humoriste de l’Allemagne, Jean-Paul, lui aussi, donna des leçons dans les premières familles de Schwarzenbach, sur la Saale, en Bavière, où son père était pasteur.
Frédéric Ancillon fut chargé de l’éducation du prince royal de Prusse, qu’il accompagna à Paris, en 1814.
Schlosser, l’historien, a été précepteur des enfants du comte de Bentinck, à Varel, dans le grand-duché d’Oldenbourg.
Pancrace Bessa, peintre de fleurs, fruits et histoire naturelle, donna des leçons à la duchesse de Berri, et Pierre-Joseph Redouté, le célèbre peintre de roses, a donné des leçons aux princesses d’Orléans, filles du roi Louis-Philippe.
Akimoff, peintre d’histoire, donna des leçons de dessin aux enfants de la famille impériale de Russie.
Van den Abeele, peintre d’histoire et de paysage, pendant son séjour en Italie, y donna des leçons à la princesse Charlotte-Napoléon.
Un noble français, M. de Jumigny, a publié : Le père gouverneur de son fils, Paris, 1782, et l’année précédente avait paru: De l’éducation d’une princesse, par Monbart, Berlin, 1781.
Des Lettres sur l’éducation des princesses, Vienne, 1791, ont été publiées par la duchesse de Giovane, première gouvernante de l’archiduchesse Marie - Louise d’Autriche, devenue impératrice des Français, et que nous avons déjà eu l’occasion de citer ailleurs.
Madame de Tourzelles était gouvernante des enfants de France sous Napoléon Ier.
Un ouvrage fait pour l’éducation du fils de Napoléon et de Marie-Louise a été publié en anglais sous le titre de: A system of education for the infant king of Rome and other french princes of the blood, Londres, 1820.
L’abbé Le Chevalier, dans la préface de sa Prosodie latine, nouvelle édition, Paris, 1810, in-12, déclare, en parlant des leçons qui composent ce traité, qu’il les avait d’abord destinées à un jeune homme distingué par sa naissance et par ses qualités.
En Belgique, Schwerz, auteur d’un livre estimé sur l’agriculture de ce pays, Halle, 1807-1811, 3 vol. in-8°, était gouverneur dans la famille de Renesse; il a dédié son ouvrage à une comtesse de Renesse, qui épousa le comte de Liedekerke-Surlet.
Cette liste, nécessairement incomplète, devrait comprendre la série assez longue de personnages encore vivants, et que, par cette raison, nous devons nous abstenir de nommer. Cependant, telle qu’elle est, elle suffit à montrer les soins tout particuliers donnés à l’éducation d’une classe de citoyens que la naissance, sinon la fortune, place déjà si fort au-dessus de leurs semblables. Dès lors on est porté à croire, en concluant de la cause à l’effet, que les résultats obtenus doivent se trouver en rapport avec les moyens employés. Voilà, si nous ne nous trompons, un champ nouveau à défricher par ceux qui s’intéressent à la marche et aux progrès de l’humanité. Des recherches dans ce sens, instructives autant que curieuses, établiraient le bilan intellectuel de la classe la plus avantagée de la société.
Pour mieux faire comprendre l’idée que nous venons d’énoncer en termes généraux, nous allons essayer de lui donner un corps en déroulant le tableau de ce que de grands seigneurs, sans acception de pays, ont produit dans toutes les branches des connaissances humaines: c’est un relevé fait dans les biographies, générales et spéciales, enrichi quelquefois d’informations inédites, que notre désir serait de pouvoir multiplier davantage.
Commençons par les beaux-arts, auxquels président les Grâces, qui guideront nos pas dans les régions que nous allons parcourir.