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3 L’influence du profil des juges sur la perception

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Nous profiterons, dans ce chapitre, des résultats d’études s’intéressant à la perception d’accents non-natifs pour en déduire des variables potentiellement pertinentes pour la perception d’accents natifs.

Il va de soi que la perception du degré d’accent (tout comme la perception du degré de compréhensibilité et l’intelligibilité1) dépend du locuteur ou de la locutrice et de sa qualité de voix. En outre, le profil des juges – auditeurs et auditrices (listener effects) – a également un impact considérable sur les évaluations, ce qui renvoie au constat que la communication ne peut fonctionner que si les deux côtés font un effort (cf. Rubin 1992). Nous pouvons constater que les résultats sont souvent mixtes : ainsi, dans Hsieh (2011), Saito, Trofimovich, Isaas et Webb (2017) et Thompson (1991), les experts tendaient à donner des jugements plus indulgents que les participant.e.s sans expérience en FLE/linguistique alors que Lappin-Fortin (2018) et Isaacs et Thomson (2013) n’ont pas observé une différence nette entre ces deux groupes de juges.

Même bilan quant à l’effet de familiarité avec un accent : les uns constatent une corrélation positive avec le jugement d’accent, de compréhensibilité et/ou d’acceptabilité (Baese-Berk/Bradlow/Wright 2013, Ballard/Winke 2017, Gass/Varonis 1984), d’autres non (Fuse/Navichkova/Alloggio 2018, Munro/Derwing/Morton 2006) et d’autres encore obtiennent des résultats plus nuancés. D’après Kennedy et Trofimovich (2008), le fait d’être familier/familière avec un accent facilite la compréhension, mais n’influe pas sur les jugements d’accent et de compréhensibilité.

En outre, Rubin (1992) et Kang et Rubin (2009) ont révélé un effet de reverse linguistic stereotyping, suggérant que le fait d’assimiler une personne à un certain groupe (ethnique) influence la perception des traits linguistiques de ce même locuteur ou de cette même locutrice : lorsque les participant.e.s voient une photo d’un locuteur natif ou d’une locutrice native appartenant à une minorité visible, ils/elles croient percevoir un accent non-natif.

La majorité des études s’appuient sur la façon qu’ont des juges natifs/natives de percevoir les stimuli natifs et non-natifs ; parmi celles qui placent des apprenant.e.s dans le rôle de juges, la plupart compare simplement un groupe natif à un autre groupe non-natif, mais sans résultats univalents jusque-là : si Fayer et Krasinski (1987), Gordon (2018) et Kang, Rubin et Kermad (2019) démontrent que les apprenant.e.s sont plus stricts que les juges natifs/natives, d’autres n’ont pas noté cet écart (Kim 2009, Xi/Mollaun 2011, Zhang/Elder 2011). Par contre, le niveau de maîtrise de la langue étrangère (cf. Schoonmaker-Gates 2012, Wilkerson 2010) et le temps passé dans un pays cible (cf. Flege 1988, Schoonmaker-Gates 2012) semblent avoir un effet incontestable sur la capacité de discriminer la prononciation native et non-native et d’évaluer le degré d’accent.

La prononciation du français langue étrangère

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