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CHAPITRE IV

Table des matières

PLAISIRS ET JEUX

Sous le nom de sport sont compris huit sortes de jeux ou d’exercices, tous propres au développement des forces physiques; coup d’œil juste, présence d’esprit, hardiesse, mépris de la fatigue et du danger, sont des qualités indispensables pour quiconque veut se distinguer dans les virils amusements du sport. Aussi les Anglais les appellent-ils manly sport, «plaisirs dignes d’un homme.»

Ce sont d’abord the racing, «courses de chevaux,» et the hunting, «la chasse,» qui, vu leur importance, forment dans ce livre deux chapitres à part.

Puis le boating, l’art de conduire, de manœuvrer un bateau, boat, soit à la rame, soit à la voile. Les regattas, régates ou lutte de vitesse entre des bateaux de diverses formes et grandeurs, sont la partie la plus importante du boating. Les régates sont trop connues pour que nous en donnions ici une description. De celles d’Angleterre sont sortis plus d’un officier supérieur de la marine royale, ces exercices nautiques devenant pour beaucoup de jeunes hommes une passion qui les jette dans cette belle et aventureuse carrière.

Le yachting, exercice du yacht, est une navigation d’agrément et de luxe, à l’usage exclusif des archimillionnaires. Un lord, ennuyé ou rassasié de tous les plaisirs terrestres, s’embarque sur son yacht de deux ou trois cents tonneaux, ayant pour chargement des provisions de la plus fine qualité, un ameublement somptueux, une bibliothèque; pour équipage huit ou dix. vigoureux jacks tar, «Jacques goudron» (sobriquet du matelot anglais), un chef de cuisine et ses aides, et deux ou trois domestiques. Volontairement confiné dans cette mouvante prison, exposé, pour son plaisir, à tous les ennuis et tous les périls de la mer et des tempêtes, il va visiter le Brésil ou le Canada, les Canaries ou le Spitzberg. Pendant un tel voyage, ce favori de la fortune se donne le luxe d’émotions qui le font palpiter bien autrement que les émotions de terre ferme; il goûte mieux, au retour, les douceurs du repos, il sent une sympathie plus vive pour ces milliers d’hommes dont la vie se passe au milieu de pareils dangers pour enrichir la patrie ou pour la défendre. Enfin, ce riche naguère oisif et splenetic, «rongé du spleen,» est devenu un homme heureux, utile, apte aux grandes choses, en un mot, un homme complet. Si son aventureuse Odyssée ne l’a pas guéri du spleen, il se pend ou se coupe la gorge.

The bowling, «jeu de boules,» est une des plus humbles parties du sport, mais non la moins amusante. Comme en Angleterre c’est sur l’herbe, green, qu’on joue aux boules, on a formé le mot bowling-green, dont nous avons fait boulingrin; mot qui chez nous sert à nommer une pièce de gazon bien entretenue dans un jardin ou dans un parc.

Le pedestrianism est une lutte entre deux ou plusieurs marcheurs hors ligne, qui dans quinze à vingt heures feront à pied quarante, cinquante et même soixante lieues. Des sommes considérables sont parfois engagées dans ces luttes, d’une utilité contestable, aujourd’hui qu’il n’y a plus de coureurs comme au siècle dernier, et que des chemins de fer emportent hommes et choses avec la vitesse du vent.

Le cricket, «jeu de la crosse,» est après les courses de chevaux le plus favori des amusements anglais. Il est difficile d’en donner une description; nous l’essayerons cependant. Deux ou plusieurs joueurs tenant en main une bat, sorte de batte pareille à celle d’Arlequin, mais épaisse de trois ou quatre centimètres, se tiennent en face l’un de l’autre, à une distance de cinquante à soixante pas, plus ou moins, selon leur adresse. Derrière chacun d’eux sont plantés en terre, à deux ou trois pouces de distance, deux petits poteaux hauts de trois pieds. Deux petites baguettes de bois de quatre à cinq pouces, appelées wicket, sont placées en travers au sommet des poteaux qu’elles relient entre eux; mais le moindre choc peut les faire tomber. Enfin, il faut une balle en bois, couverte de cuir, et de la grosseur d’une forte orange. L’adresse consiste à lancer cette balle avec la batte, de façon qu’elle aille frapper les poteaux de l’adversaire, ce qu’on est assuré d’avoir fait quand on voit tomber le wicket.

Ce jeu a une telle importance que des joueurs de différents districts et même de différents comtés organisent de grandes parties de cricket, où ils se disputent l’honneur de la victoire. Ainsi, on voit souvent dans les journaux des annonces telles que celle-ci:«Cricket: il y aura, le 15 du mois courant, un grand match, «lutte,» entre les joueurs du comté de Middlesex et ceux du comté de Surrey.» Les noms des vainqueurs sont aussi proclamés dans les journaux.

Ce jeu, essentiellement anglais et qui demande force et adresse, vient de s’introduire en France. Boulogne, Dieppe, Calais, Paris, ont leur club de cricketers, «joueurs de cricket. » La ville de Paris a concédé aux cricketers un terrain au bois de Boulogne, où le 18 mai 1864 il y a eu un cricket-match entre des Français et des Anglais.

Comprendrons-nous dans les nobles exercices du sport le vulgaire et cruel boxing, «la boxe?»

Oui et non. Oui, parce que des hommes du plus grand monde assistent, comme toutes les autres classes de la société, à ces hideuses et sanglantes prouesses de la force brutale, et les encouragent, les sanctionnent ainsi de leur présence. Non, parce qu’il n’y a que des malheureux des plus infimes rangs sociaux qui, pour quelques poignées d’or, descendent dans une ignoble arène pour s’y faire affreusement mutiler et souvent y recevoir ou donner la mort.

Tous les endroits qui servent de théâtre à ces divers exercices s’appellent du nom générique de pleasure-ground, «terrain de plaisir,» ou ring, «cercle.»

Le jeu de whist, que nous avons emprunté aux Anglais, est trop connu pour que nous en parlions ici autrement que pour en donner la prononciation . Whist signifie aussi: «silence.»

Une partie liée, au whist, prend encore un nom anglais et s’appelle un rubber, un rob ou un robre.

Voici un merveilleux exemple du degré de force et d’adresse que peuvent développer dans l’homme les exercices corporels compris sous le nom générique de sport. Un capitaine de la compagnie des Indes, nommé sir Edward Winter, voyant un tigre accourir sur lui, s’élance en deux bonds sur le bord d’un étang qui se trouvait à quinze ou vingt pas. Au moment où le tigre l’atteint, le capitaine le saisit dans ses bras, le presse fortement et se jette avec lui dans l’étang, où il tient le monstre sous l’eau jusqu’à ce qu’il soit noyé. Qu’aurait fait de plus Samson? dit l’épitaphe de ce capitaine, dont le monument funèbre se trouve à côté de celui du célèbre lord Bolingbroke, dans l’église de Battersea, près de Londres.

L'anglais à Paris

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