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PRÉFACE
DE LA QUATRIÈME ÉDITION

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(1853)

La traduction qu’on va lire offre sans doute beaucoup d’imperfections. Je n’avais pas encore vingt ans quand je l’ai écrite ; mais, si elle n’est que le résultat d’un travail assidu d’écolier, elle se trouve empreinte aussi, dans quelques parties, de cette verve de la jeunesse et de l’admiration qui pouvait correspondre à l’inspiration même de l’auteur, lequel termina cette œuvre étrange à l’âge de vingt-trois ans. C’est, sans doute, ce qui m’a valu la haute approbation de Gœthe lui-même.

Ne lui ayant jamais écrit, ayant redouté même, de sa part, une de ces louanges banales qu’un grand écrivain accorde volontiers à ses admirateurs, j’ai été heureux de recevoir plusieurs années après la mort de Gœthe le passage suivant, tiré d’un livre de Jean-Pierre Eckermann, intitulé : Entretiens avec Gœthe dans les dernières années de sa vie, et publié en 1838. La personne qui me l’envoyait d’Allemagne avait fait elle-même la traduction de cette page, et je crois devoir la donner telle qu’elle m’est parvenue.

« Dimanche, 3 janvier 1830.

« Gœthe me montra le keepsake pour l’année 1830, orné de fort jolies gravures et de quelques lettres très-intéressantes de lord Byron ; pendant que je le parcourais, il avait pris en mains la plus nouvelle traduction française de son Faust, par Gérard, qu’il feuilletait et qu’il paraissait lire de temps à autre.

« De singulières idées, » disait-il, « me passent par la tête, quand je pense que ce livre se fait valoir encore en une langue dans laquelle Voltaire a régné, il y a cinquante ans. Vous ne sauriez vous imaginer combien j’y pense, et vous ne vous faites pas d’idée de l’importance que Voltaire et ses grands contemporains avaient durant ma jeunesse, et de l’empire qu’ils exerçaient sur le monde moral. Il ne résulte pas bien clairement de ma biographie quelle influence ces hommes ont eue sur ma jeunesse, et combien il m’a coûté de me défendre contre eux, et, en me tenant sur mes propres pieds, de me remettre dans un rapport plus vrai avec la nature. »

« Nous parlâmes encore sur Voltaire, et Gœthe me récita le poëme intitulé les Systèmes. Je voyais combien il avait étudié et combien il s’était approprié toutes ces choses de bonne heure.

« Gœthe fit l’éloge de la traduction de Gérard en disant que, quoique en prose, pour la majeure partie, elle lui avait très-bien réussi.

« Je n’aime plus lire le Faust en allemand, disait-il ; mais, dans cette traduction française, tout agit de nouveau avec fraîcheur et vivacité… Le Faust, continua-t-il, pourtant est quelque chose de tout à fait incommensurable, et toutes les tentatives de l’approprier à la raison (l’intelligence) sont vaines. L’on ne doit pas oublier non plus que la première partie du poëme est sortie d’un état tout à fait obscur (confus) de l’individu ; mais c’est précisément cette obscurité qui éveille la curiosité des hommes, et c’est ainsi qu’ils s’en préoccupent comme de tout problème insoluble. »

J’ai respecté à dessein les germanismes de cette version, de peur d’ôter quelque chose au sens de l’appréciation. Effrayé moi-même plusieurs fois des défauts de la première édition, j’ai corrigé beaucoup de passages dans les suivantes et surtout beaucoup de vers de jeune homme [2]. Peut-être ai-je eu tort, car la forme ancienne de ces vers, qui, en raison de mes études d’alors, se rapportait assez à la forme des poëtes du XVIIIe siècle, est, sans doute, ce qui aura frappé parfois le grand poëte et aura provoqué une partie de ses réflexions.

En effet, lorsque Gœthe composa Faust, il étudiait à Strasbourg et se préoccupait tellement de la littérature française d’alors, qu’il se demanda un instant s’il n’écrirait pas ses ouvrages en français, comme l’avaient fait plusieurs auteurs, Allemands de naissance. Cependant, plusieurs portions du Faust furent écrites ou pensées à Francfort, et le personnage de Marguerite, qui ne se trouve pas dans la tradition populaire de Faust, est dû au souvenir d’un amour de sa jeunesse dont il parle dans ses Mémoires. Cette figure éclaire délicieusement le fond un peu sombre de ce drame légendaire.

Voir cette légende à la suite du second Faust.

Voir le volume des Poésies complètes.

Faust (Édition intégrale, tomes 1 et 2)

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