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DÉDICACE

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Venez, illusions !… au matin de ma vie,

Que j’aimais à fixer votre inconstant essor !

Le soir vient, et pourtant c’est une douce envie,

C’est une vanité qui me séduit encor.

Rapprochez-vous !… C’est bien ; tout s’anime et se presse

Au-dessus des brouillards, dans un monde plus grand,

Mon cœur, qui rajeunit, aspire avec ivresse

Le souffle de magie autour de vous errant.

De beaux jours écoulés j’aperçois les images,

Et mainte ombre chérie a descendu des cieux ;

Comme un feu ranimé perçant la nuit des âges,

L’amour et l’amitié me repeuplent ces lieux.

Mais le chagrin les suit : en nos tristes demeures,

Jamais la joie, hélas ! n’a brillé qu’à demi…

Il vient nommer tous ceux qui, dans d’aimables heures,

Ont, par la mort frappés, quitté leur tendre ami.

Cette voix qu’ils aimaient résonne plus touchante,

Mais elle ne peut plus pénétrer jusqu’aux morts ;

J’ai perdu d’amitié l’oreille bienveillante,

Et mon premier orgueil et mes premiers accords !

Mes chants ont beau parler à la foule inconnue,

Ses applaudissements ne me sont qu’un vain bruit,

Et, sur moi, si la joie est parfois descendue,

Elle semblait errer sur un monde détruit.

Un désir oublié, qui pourtant veut renaître,

Vient, dans sa longue paix, secouer mon esprit ;

Mais, inarticulés, mes nouveaux chants peut-être

Ne sont que ceux d’un luth où la bise frémit.

Ah ! je sens un frisson : par de nouvelles larmes,

Le trouble de mon cœur soudain s’est adouci.

De mes jours d’autrefois renaissent tous les charmes,

Et ce qui disparut pour moi revit ici.

Faust (Édition intégrale, tomes 1 et 2)

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