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Abeille. — Mouche à miel, insecte de la famille des hyménoptères, ouvrière active et laborieuse. Un certain nombre de ces intéressantes travailleuses viennent de se constituer en société dite des Abeilles, pour distiller un miel destiné aux indigents. Cette société de bienfaisance confectionne des vêtements pour les pauvres. Longue vie et prospérité, pieuses couturières: l’aumône est un miel plus doux que celui du mont Hymette!

Acère. — Qui est privé de cornes, d’antennes. Genre de coléoptères excessivement rares à Paris.

Agneau. — Le petit d’une brebis. Cet animal, d’humeur douce et sans caractère, n’a d’autre mérite que la résignation, cette vertu des gens sans force et sans courage.

Aigle. — Très grand, très fort oiseau de proie. Il y en a de plusieurs espèces; la plus commune est celle que l’on rencontre journellement dans la société parisienne et dont Gresset a dit:

L’aigle d’une maison

N’est qu’un sol dans une autre.

Albatros. — Genre d’oiseaux de la famille des palmipèdes. Leur séjour habituel à la surface des eaux troubles les a fait surnommer pélasgiens. Malgré leur volume, les albatros volent avec une dextérité surprenante; il est rare de ne pas en rencontrer dans toutes les affaires véreuses, et surtout dans certains conseils d’administration.

Alcade. — Famille d’oiseaux établie par Vigors, et qui a pour type le genre alca. On le trouve dans toutes les villes d’Espagne, où il jouit d’une certaine considération. Son plumage est noir et son ramage varie avec les événements politiques. Il a un goût prononcé pour le chocolat, la cigarette et la tertulia. En France, cet oiseau est plus connu sous le titre de maire.

Alouette. — Genre d’oiseaux de l’ordre des passereaux. Joyeuse, amoureuse et matineuse, l’alouette égaie certains quartiers de Paris par ses chansons, qui expriment assez bien l’insouciance de la jeunesse. Difficile à apprivoiser, l’alouette, qui est femme jusqu’au bout des plumes, se laisse assez facilement tuer quand on la chasse au miroir.

Ane. — Mammifère faisant partie du genre cheval. Il existe à l’état sauvage dans l’Asie australe sous le nom d’onagre, et en France à l’état domestique sous le nom d’employé. Il est reconnaissable à ses longues oreilles, à son air abruti, à son braiment rauque et prolongé, et surtout à son entêtement. Il est généralement lourd et paresseux; mais comme il est doué d’une certaine patience, on finit par l’utiliser dans bien des bureaux où le travail se fait par des machines, bien plus que par des employés proprement dits. Sobre et pacifique, l’âne atteint généralement un âge assez avancé, malgré les déboires et les privations dont il est accablé. Trop effacé pour se faire des ennemis ou inspirer de la jalousie, il est plutôt un objet de compassion, et Delille a eu raison quand il a dit:

A force de malheur, l’âne est intéressant!

Anguille. — Nom d’un poisson du genre murène, qui a la forme d’un serpent, et dont la peau est extrêmement glissante. On ne saurait trop s’en méfier, car elle est généralement de mauvaise foi et assez futée pour échapper à ceux qu’elle a trompés; d’où vient cette locution: Il m’a échappé comme une anguille, en parlant d’une personne qui trouve moyen de glisser entre les mains des gens qui croient la tenir: «J’avais traité avec lui, je croyais en être à la conclusion; il m’a échappé comme une anguille.» (Acad.)

Animalcule. — On appelle ainsi tout animal si petit qu’il ne peut être aperçu qu’à l’aide du microscope. On ne peut faire un pas à Paris sans l’avoir sous ses pieds. Pour bien l’étudier, il est indispensable de se servir d’un excellent microscope d’observateur. Rien de plus curieux que de voir grouiller ces petits êtres sans idées, sans goûts, sans jugement, sans pensées, sans vices ni vertus, échappés du règne végétal on ne sait comment, pour venir former la couche infime du règne animal.

Araignée. — Insecte aptère très commun, remarquable par la longueur et surtout la maigreur de ses membres, qui ne peuvent être mis en mouvement sans réveiller de suite dans notre pensée le souvenir de l’ancien télégraphe aérien. Quel que soit l’endroit où on la rencontre, l’araignée est toujours d’un aspect repoussant; mais c’est surtout au bal, où elle a la fureur de se présenter décolletée jusqu’à la ceinture, qu’elle fait reculer les plus intrépides. Un sac de clous serait plus doux à manier que certaines de ces danseuses; et pourtant l’on voit toujours quelques moucherons se laisser prendre dans les toiles que l’araignée tend à leur intention, et derrière lesquelles elle se cache pour guetter sa proie. Les araignées se logent d’ordinaire dans les plafonds. Évitez, lecteurs, d’en avoir dans le vôtre.

Autruche. — Genre de l’ordre des échassiers. «Dieu l’a privée de sagesse, dit le livre de Job, et l’intelligence lui a été refusée.» On ne doit donc point être surpris de la rencontrer dans tous les bastringues de Paris, dont elle fait les délices. Quant à son intelligence, tout le monde sait que l’autruche se croit en sûreté quand elle a caché sa tête sous ses ailes ou derrière le plus petit buisson. On la voit aussi enfouir sa face obtuse sous une triple couche de cold-cream, de rouge et de poudre de riz, et se figurer qu’on la prendra pour une femme véritable, sans s’apercevoir qu’on ne la prend jamais que pour ce qu’elle est. On a vu dans certains dîners des autruches, douées d’une force digestive surprenante, avaler leur couvert d’argent sans en être le moins du monde incommodées. D’aucuns prétendent que les bijoux, les diamants même leur seraient une pâture légère, si on voulait leur en fournir.

Plus stupide que méchante, l’autruche est un des plus beaux ornements du Jardin des Plantes, où MM. les militaires épatés se la montrent avec admiration en disant «Tu vois cette belle ange, Dumanet; si je serais aussi bien colonel comme simple fusilier, eh bien!... je ne te dis que ça.»

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