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Babouin. — Sorte de gros singe très lascif, difforme, imbécile et poltron. Il trouve à se marier avec une pareille dot, puisque sa race s’est perpétuée jusqu’à nous depuis l’arche de Noé. Tant il est vrai qu’un mari se prend comme et quand on peut, bien plus qu’on ne le choisit comme on l’avait rêvé au couvent.

Basset. — Chien de petite taille, bas sur jambes, haut en faux-col, pattes cambrées en dedans, coudes arrondis en dehors, nez exquis dont il abuse pour suivre la piste des femmes. Le basset en a-t-il toujours le bénéfice? J’en doute; je crois que derrière lui il y a souvent un chasseur pour ramasser le gibier.

Batraciens. — Qui tient de la grenouille. Cette espèce passe sa vie à désirer une autre forme de gouvernement que celui sous lequel elle vit. Il est rare qu’elle n’en trouve pas un qui finisse par la croquer. Tout est bien qui finit-bien.

Baudet. — Ane entier qui sert d’étalon: il est bon à quelque chose. Passons.

Bécasse. — Genre de passereaux. La bécasse est un excellent gibier lorsqu’elle est grasse, c’est-à-dire assez riche pour qu’un homme intéressé puisse se décider à l’épouser. On la mange en salmis, en pâtés ou à la broche. D’une digestion facile, celui qui s’en nourrit s’en trouve bien. Je la recommande aux jeunes gens délicats qui désirent que le mariage ne leur reste pas sur l’estomac. La bécasse plie et trouve toujours très bien ce que fait et dit son seigneur et maître.

Bélier. — Mâle de la brebis. Cet animal est assez généralement un mauvais mari. Abusant toujours de la faiblesse de sa femelle, qu’il considère comme une esclave bien plus que comme sa compagne, le bélier la sacrifie à ses passions, et se plaint d’avoir une femme qui ne le comprend pas. Brusque, impatient, impérieux, sans douceur et sans tendresse, il vole le bonheur domestique dont il jouit plus souvent qu’il ne le mérite.

Bengali. — Pinson du Bengale. Balzac a dit: «Le bengali est peut-être une âme heureuse. » J’ai longtemps caressé cette pensée comme un désir; aujourd’hui je ne peux voir un bengali sans me dire: «Si c’était l’âme de Balzac!» Et une tristesse indicible s’empare de mon cœur.

Bergeronnette. — Oiseau de la famille des passereaux, à larges pieds. Gracieuse dans ses mouvements, élégante de formes, sobre de couleurs dans ses ajustements, la bergeronnette (diminutif de bergère) est assez sympathique aux voyageurs qui la rencontrent dans tous les pays de l’Europe. Le chasseur l’épargne, considérant sa mort comme un meurtre inutile. Il y a, mieux à manger de par le monde, dit-il, économisons notre poudre.

Biche. — Femelle du cerf et de plusieurs espèces du même genre. La biche est essentiellement parisienne; loin de Paris et du bois de Boulogne, elle dépérit et succombe promptement à une nostalgie incurable. En été, elle émigré bien à Bade ou à Hombourg, mais ses pérégrinations ne sont jamais de longue durée. Intelligente et intéressée, la biche fait avant tout litière du sentiment. Gourmande, paresseuse, avide et sans cœur, la biche est le dernier mot du vice doré, qui n’a pas même pour excuse les sens, pas même pour circonstances atténuantes l’insouciance et la gaîté de la jeunesse.

Bichette. — Petite biche, jeune biche, qui deviendra grande si Dieu lui prête vie, et si les fournisseurs lui font crédit.

Bichon. — Petit chien provenant du croisement du barbet et de l’épagneul. Les vieilles marquises semblent avoir accaparé cette race, qui reconnaît du reste fort bien les bontés que l’on a pour elle. Le bichon porte l’ombrelle, l’éventail, le châle et le livre d’heures de la marquise; il l’accompagne au bal, au spectacle, au bois et au prêche; il lui fait la lecture de la Gazette, et remplit auprès d’elle tous les devoirs d’un vrai patito. En retour de ce dévouement, il reçoit quelques grains de sucre, une niche dans l’hôtel de Mme la marquise, une place dans la voiture et dans la loge aux Italiens. Tout cela lui vaut bien le mépris des honnêtes gens qui le connaissent: mais le mépris glisse sur son poil soyeux, et tout est pour le mieux dans la plus honteuse des relations.

Bidet. — Petit cheval de selle, si doux et si mignon que les dames capables de s’en passer le luxe, le logent dans leur appartement. Un poète entre un jour dans le cabinet particulier d’une grande duchesse bien connue à Paris; il y aperçoit un de ces animaux, et suspend à la crinière du doux palefroi l’impromptu suivant:

Gentil, joli petit cheval,

Doux au montoir, doux au descendre,

Sans être un autre Bucéphal,

Tu portes plus grand qu’Alexandre.

Est-ce un compliment ou une méchanceté ? On se le demande.

Blaireau. — Mammifère de la famille des plantigrades, rangé dans le genre des ours. Il habite généralement des maisons obscures dans les quartiers éloignés; il ne sort de chez lui que pour aller faire son marché. Veuf ou célibataire, le blaireau se suffit à lui-même. Il est inoffensif et passerait inaperçu s’il n’avait la triste propriété de jeter autour de lui une odeur infecte, qui fait dire, en termes populaires: Puant comme un blaireau. Au lieu de l’instruction obligatoire, je réclame pour lui des bains obligatoires.

Boa. — Famille de reptiles de l’ordre des serpents. Les boas sont les plus forts et les plus grands de tous les serpents, mais ils n’ont pas de crochets à venin, ce qui permet à quelques dames d’en porter l’hiver autour du cou. Cette mode tant soit peu surannée date de Mme Ève, pour qui le serpent n’avait rien de déplaisant, au contraire. Aujourd’hui, il n’y a plus guère que les Anglaises pour porter des boas — en été — et des chapeaux de paille — en hiver. — Improper!

Bœuf. — Genre de quadrupèdes ruminants, à pieds fourchus, à cornes creuses (elles sont moins lourdes à porter; quelle chance!), au corps trapu et aux membres courts et robustes. Donc, quand vous verrez sur le boulevard un promeneur trapu, ruminant des paroles inintelligibles, le front orné de cornes creuses (remarquez bien si les cornes sont creuses), vous pouvez le montrer à vos enfants et leur dire: Voilà un bœuf! et au besoin chanter en modifiant le vers du poète:

Enfants, voici le bœuf qui passe,

Cachez vos rouges tabliers.

Quant à deviner ce que tout bœuf rumine dans ses dents, point n’est besoin d’être somnambule. Tout bœuf se dit: «Je voudrais bien être bœuf gras!» Comme qui dirait: «Je voudrais bien être sénateur!» M. Charles Monselet l’a fort bien dit: «On n’a rien été, quand on n’a pas été bœuf gras.»

Bouc. — Animal à cornes qui est le mâle de la chèvre, et dont l’odeur désagréable est passée en proverbe. Malgré cela, le bouc est un animal qui ne manque pas de chic. Il a inventé une coupe de barbe que certains individus d’un goût douteux portent avec aisance et facilité. On dit une barbe de bouc comme on disait à une époque un chapeau d’Orsay. Sans soin de sa personne, le bouc est malpropre et puant. Il n’est pas rare de voir un tuyau de pipe sortir de l’une de ses poches. Il fréquente peu les salons où il ne serait pas à son aise; il préfère le sans-façon des estaminets et des brasseries. Qu’il y reste, mon Dieu! qu’il y reste.

Brebis. — Femelle du bélier. D’un caractère doux et timide, la brebis est le type de la résignation conjugale. Comme tous les êtres inoffensifs et patients à l’extrême, elle est généralement dupe et victime des gens qui l’entourent. Les loups en sont très friands et en font leur pâture habituelle. Aussi modeste que résignée, aussi économe que laborieuse, aussi bonne épouse que bonne mère, la brebis serait digne d’un meilleur sort que celui que lui fait son mâle le bélier.

Buffle. — Espèce de bœuf plus gros que le bœuf ordinaire. On le trouve à l’état sauvage en Asie et en Afrique. En Italie, on l’élève en domesticité et on le conduit au moyen d’un anneau passé dans les naseaux. En France, les femmes lui font passer cet anneau au doigt par le curé de leur paroisse, et le conduisent tout de même par le bout du nez. Inutile de dire que c’est un animal borné et inoffensif. Il arrive quelquefois à la fortune et aux honneurs quand la femme qui le mène connaît bien son chemin.

Buse. — Genre d’oiseau de proie qui passe pour être fort stupide et qui l’est en effet. On n’est pas assez convaincu du mal que cette bête fait dans le monde par sa bêtise doublée de ses appétits voraces. Il est vrai, comme dit le proverbe, qu’on ne saurait d’une buse faire un épervier; c’est-à-dire, d’un sot faire un habile homme! Mais on pourrait au moins la consigner à la porte; tandis qu’il ne manque pas de salons à Paris où la buse a ses entrées. Pourquoi? Parce qu’elle fait nombre; et il y a tant de gens qui préfèrent la quantité à la qualité.

Butor. — Le mâle de la buse. Les deux font le couple.

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