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PREMIÈRE PARTIE
VI
PICRATE PLEURE ET SIMÉON LE CONSOLE
ОглавлениеSiméon se tut.
La chaude nuit, claire d’étoiles, palpitait. Par-dessus le talus des fortifications, il la regardait. Il s’amusait à suivre, grâce au repère d’une lointaine cheminée, la montée lente et graduelle de Véga, que le reste de la Lyre accompagne à distance pleine et qui semble entraîner avec elle toute la céleste géométrie. Il laissait s’apaiser en lui le tumulte de son discours. Et il rêvait, heureux de la détente de ses nerfs et du silence de son esprit.
Mais il aperçut Picrate, qui tirait de sa poche un gros mouchoir de coton bleu à carreaux et s’en essuyait les paupières.
– Tu pleures, Picrate?
Picrate ne répondit pas. Il soupira, fit de la tête un signe de dénégation, se mordit la lèvre et pleura encore.
– Ne dissimule pas que tu pleures, Picrate, et ne regrette pas de pleurer. Assure-moi seulement que tes larmes n’ont pas pour origine quelque souffrance personnelle: nulle rage de dents ne t’éprouve, nulle migraine ne t’accable?.. Non! je le savais. Ton espoir s’identifie à celui de l’humanité désabusée. Qu’il est grand et qu’il est pathétique! Cher Picrate, enfantin comme l’humanité, on t’a cassé ton beau jouet!.. Donne-moi ta main, mon Picrate …