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LA MAUVAISE COMPAGNIE.

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«Maman, ma tante vient de m’inviter à aller demain avec elle faire les vendanges dans sa vigne. Veux-tu me le permettre?» demandait un soir le petit Jean, au moment où il rentrait chez lui.

Sa mère lui répondit: «Je te le permettrai volontiers, si tu veux me promettre de rester auprès de ta tante et de ta petite cousine Aglaé, et de ne pas aller polissonner avec Jules et Hubert. Je te vois sans cesse avec ces deux garçons, et j’en suis bien fâchée, car ils sont grossiers et mal élevés, et ne peuvent te donner que de mauvais exemples.

JEAN.

Mais, maman, je n’imite pas ce qu’ils font de mal. Je n’ai pas besoin de jurer comme eux, alors même que je me mêle à leurs jeux. Si tu savais comme ils sont amusants! Quelles drôles de farces ils inventent!

LA MÈRE.

Ils feraient bien mieux d’employer leur esprit à apprendre quelque chose d’utile qu’à être toujours à flâner et à jouer aux passants de mauvais tours, qui finiront par leur attirer quelque fâcheuse aventure. C’est un grand malheur pour eux d’avoir un père si peu sévère.

JEAN.

Hé bien! maman, je te promets de ne pas aller avec eux. Alors tu me permets d’aller vendanger?»

La mère ayant répondu affirmativement, il courut chercher dans un coin une jolie petite hotte d’osier qu’on lui avait donnée et dans laquelle il comptait porter le raisin; et toute la soirée il fut occupé à en ajuster les bretelles, afin qu’elle pût se tenir bien droite et bien solide sur son dos.

C’est à peine s’il put dormir de la nuit, tant il se réjouissait de sa journée du lendemain.

De grand matin, il fut réveillé par les chants joyeux des vendangeurs qui se réunissaient pour partir.

En dix minutes il fut habillé et eut rejoint la petite troupe, qui était déjà devant la porte de la maison de sa tante.

Chaque travailleur ou travailleuse avait une hotte ou un panier, et des ciseaux pour couper les grappes.

Jean s’approcha poliment de sa petite cousine Aglaé, l’embrassa et lui proposa de lui porter son panier et de la protéger pendant la route. La petite accepta volontiers. La vigne était assez éloignée de la ville, le chemin difficile, et Aglaé fort poltronne. Bien des fois son jeune cavalier dut l’aider et l’encourager, lorsqu’on avait un ruisseau à traverser, ou un sentier bien roide à gravir. Enfin on arriva, et tout le monde se mit gaiement à l’ouvrage.

Les belles grappes noires et dorées remplissaient les paniers, et, quand les paniers étaient pleins, on allait les vider dans de grandes cuves que des charrettes avaient amenées.

Il est bien entendu que les ouvriers avaient le droit de manger autant de raisin qu’ils voulaient. Seulement, on avait recommandé aux enfants de n’en pas abuser, afin de ne pas se rendre malades.

Pendant toute la première partie du jour, Jean ne quitta pas sa cousine, quoique Hubert et Jules, qui s’étaient joints à leur troupe au sortir de la ville, fissent tout ce qu’ils pouvaient pour l’attirer avec eux.

Voyant qu’ils ne pouvaient y réussir, après s’être bien gorgés de raisin, ils s’éloignèrent un peu de la vigne, et Jean, en allant vider sa hotte, les aperçut fort affairés autour d’un tas de pierres, et ensuite près de l’endroit où la tante Jeanne avait établi une petite cuisine en plein vent pour faire la soupe des vendangeurs, car on ne devait retourner au logis qu’à la fin du jour.

Il crut même voir Jules soulever le couvercle de la marmite.

Vers deux heures de l’après-midi, la tante Jeanne appela tout son monde pour le dîner, qui se composait de pain bis, de fromage, de cidre et d’une excellente soupe aux choux et aux légumes, dont le parfum se répandait tout autour et augmentait l’appétit des travailleurs. Elle avait déjà servi plus de la moitié de son monde, qui s’était assis en cercle sur le gazon, lorsque plongeant sa cuiller tout au fond de la marmite elle la retira pleine d’un gros paquet noir.

«Qu’est-ce que c’est que ça? s’écria-t-on de tous côtés.

Elle élève une grosse taupe à moitié cuite et échaudée. (P. 35.)


— Je crois que c’est la perruque du père Benoît, dit un farceur.

— Mais non, il l’a sur sa tête.

— Tenez, voilà une queue qui pend par là.»

La tante Jeanne, qui jusque-là était restée muette et immobile de surprise et d’in dignation, saisissant cette queue, élève aux yeux de la societé une grosse taupe à moitié cuite et échaudée.

Quelques-uns des convives partent d’un éclat de rire, mais les autres regardent leur assiette d’un air de regret et de dégoût, car personne ne veut manger cette bonne soupe, maintenant qu’on sait qu’une taupe a bouilli dedans et qu’on y trouve des paquets de poil noir.

Aglaé devient toute pâle et toute malade, rien qu’à l’idée qu’elle aurait pu en manger.

«Qui nous a joué ce mauvais tour?» s’écrie tout le monde à la fois; et Jules et Hubert ne sont pas les derniers à dire: «Ce n’est pas nous,» quoique Jean fût bien convaincu que c’étaient eux qui l’avaient fait.

Ils furent obligés de se contenter, comme les autres, de pain bis et de fromage, tandis que deux gros chiens se régalaient de la soupe, et ne méprisaient même pas la taupe qui leur servit de bouilli.

«Ah çà, es-tu donc devenu une petite fille? cria Jules à Jean, lorsqu’ils eurent fini de manger; vas-tu toujours rester comme cela suspendu aux cotillons des femmes?

— Ne vois-tu pas, dit Hubert, que le pauvre petit a peur de se perdre en s’éloignant de sa tante?

— Il craint peut-être qu’il n’y ait des taupes dans la vigne.

— Tu vas voir si j’ai peur,» dit Jean en s’élançant sur Hubert, qui se sauva en riant. Tout en faisant semblant, de temps en temps, de vouloir se laisser prendre, Hubert et Jules l’entraînaient vers un endroit écarté de la vigne. Puis s’arrêtant tout à coup, Hubert dit: «Écoute, Jean, j’ai une idée; vois-tu ce petit raisin noir? il a le jus tout rouge; il faut nous en barbouiller la figure, puis nous courrons après les vendangeuses pour les embrasser; elles ne nous reconnaîtront pas et auront une peur affreuse de nous.

JEAN.

Oh! oui, avec tes farces, tu es cause qne nous avons eu un fort mauvais dîner.

HUBERT.

C’était si drôle, de voir la figure de tout le monde quand on a retiré la taupe! cela valait bien une soupe aux choux. D’ailleurs, ce que je te propose maintenant ne gâtera pas ton souper et ne fera de tort à personne. Tiens, je commence à me barbouiller. Vois quel beau jus rouge!»


Avant que Jean eût le temps de se décider, Jules saisit une poignée de raisins écrasés et lui en frotta vivement la figure; puis, s’étant fait la même opération, ils se mirent à rire tous les trois, en voyant leurs horribles visages d’un rouge violacé. Ils parcoururent alors la vigne et ne tardèrent pas à rencontrer une grosse paysanne qui revenait, son panier plein de raisins sur la tête. Hubert la saisit vivement par derrière, tandis que Jules et Jean sautaient après elle pour l’embrasser avec leurs sales visages.


Mais la paysanne, se débarrassant vivement de son panier, allonge à chacun de mes polissons les plus fameux soufflets qu’ils eussent jamais reçus de leur vie, et s’éloigne en riant, les laissant tout étourdis d’une aventure qui leur semblait peu drôle.

«Ah! j’aperçois là-bas la petite Aglaé, dit Jules au bout d’un instant; courons à elle, je suis sûr qu’elle aura bien peur et. ne nous donnera pas de soufflets.»

Jean aurait voulu les en empêcher, mais ils étaient déjà loin, et il ne put que les suivre.

Quand la pauvre Aglaé se vit poursuivie par ces vrais monstres à figure rouge, elle fut prise d’une frayeur terrible, et s’enfuit en poussant de grands cris.

Tout à coup son pied s’accroche dans une racine, elle tombe le visage contre terre, et sa frayeur redouble en se sentant relevée par les hommes rouges.

Jean avait beau l’appeler par son nom, elle ne voyait et n’entendait rien, criant toujours et pâle comme une morte. Son père arrive attiré par ses cris, et, voyant la cause de sa frayeur, saisit un échalas et chasse mes garnements à grands coups sur les épaules. Ils se sauvèrent de toutes leurs jambes, et, pendant le reste de la journée, n’osèrent plus s’approcher de la compagnie.

Ils allèrent à la recherche d’un ruisseau pour se débarbouiller, puis, à la tombée de la nuit, ils reprirent le chemin de la ville.

En entrant dans une des rues, Hubert dit: «Tu vas voir, Jean, comme nous allons nous amuser. Dans cette grande maison, demeure un portier qui est mon ennemi. Tous les jours je lui fais quelque farce. Restez là, derrière l’angle de la rue.»

Hubert va résolûment jusqu’à la porte de la maison qu’il avait indiquée, tire fortement la sonnette, et court à toutes jambes rejoindre ses deux compagnons. Tous trois regardent, tout en ayant soin de se tenir cachés. Ils voient le portier, qui était un vieillard à cheveux gris, sortir dans la rue, regarder de tous côtés d’un air étonné, puis rentrer. A peine la porte est-elle fermée que Hubert court de nouveau sonner, puis se sauve, et les trois mauvais sujets rient comme des fous, en voyant le pauvre portier sortir encore une fois, et chercher partout celui qui a sonné.

Hubert retourne une troisième fois; mais, au moment où il allait tirer le cordon de la sonnette, plof! voilà un grand seau d’eau qui lui tombe sur la tête, et la voix du malin portier lui crie par la fenêtre: «Attrapé, monsieur le gamin qui venez ainsi déranger les honnêtes gens.»


Hubert furieux frappe du pied, jure, appelle ses amis, et tous trois se mettent à lancer des pierres contre la fenêtre où était le portier, jusqu’à ce qu’ils aient réussi à briser plusieurs vitres.

Alors, effrayés de ce qu’ils ont fait, ils se sauvent.

Il était fort heureux pour Hubert qu’il ne fît pas froid, car il était tout mouillé ; mais il était tellement en colère contre le portier, qu’il n’y pensait pas.

«Si seulement ce vilain homme pouvait nous poursuivre, tomber et se casser le nez, disait-il, comme je serais content! Mais j’ai une idée. Viens, Jean; vite, attache le bout de cette corde à cette borne, et moi l’autre bout à ce décrottoir, de manière à ce qu’elle traverse la rue. Il fait sombre, on ne la voit pas, et tous ceux qui viendront par ici s’accrocheront les pieds et se jetteront par terre. Je suis sûr que le méchant portier va venir; je l’ai vu qui regardait de quel côté nous allions. Tiens, c’est fait!

— Oui, dit Jean, mais allons vite à la maison; je n’ai pas envie d’être attrapé par lui.

— Non, non, reprit Hubert, je veux avoir le plaisir de le voir tomber Cachons-nous dans cette allée sombre, personne ne nous verra.»

A peine y étaient-ils, qu’une femme, chargée d’un paquet, arrive. Jean voulait lui crier de faire attention; mais Jules le retint, et la pauvre femme, s’accrochant les deux pieds dans la ficelle, tombe lourdement. Elle pousse un cri: «Oh! mon pied, mon pied! dit-elle en cherchant à se relever; j’ai le pied foulé ou même cassé.»

Jean court vite à son secours et l’aide à se soulever; au même instant, il entend du bruit derrière lui, et, se retournant, il voit Jules et Hubert saisis par le portier et par un agent de police, qui étaient arrivés du côté où ils ne les attendaient pas; un autre agent, venant vers lui, le prend par le bras et lui dit: «Allons vite, mauvais garnement, vous allez venir passer la nuit au violon, ainsi que vos camarades, et ensuite vous serez jugés pour avoir commis des dégâts, et aussi pour avoir fait tomber méchamment cette pauvre femme.


— Oh! monsieur, je vous en prie, disait le pauvre Jean pâle comme la mort, ne m’emmenez pas en prison; ma pauvre maman en serait malade de chagrin. Je vous promets que je ne ferai plus jamais de sottises; ce sont les autres qui m’ont entraîné. Oh! maman avait bien raison de me défendre d’aller avec eux. Le bon Dieu me punit de lui avoir désobéi!

— Vous direz tout cela demain aux juges, dit le commissaire en le secouant rudement, allons vite.

— Monsieur, je vous en prie, dit la pauvre femme, qui était toujours assise par terre, parce que son pied lui faisait trop mal pour qu’elle pût marcher, laissez aller pour cette fois ce pauvre garçon; je le connais, c’est le petit Jean Dufort, le fils d’une de mes voisines; ce n’est pas un méchant garçon: il est venu à mon secours dès qu’il m’a vue tomber, tandis que les deux autres se sont mis à rire. Oh! ceux-là méritent bien d’aller en prison. Ce sont de méchants garçons que personne n’aime dans la ville.

LE COMMISSAIRE.

Puisqu’il en est ainsi, je veux bien faire grâce pour cette fois à ce petit-là. Venez, madame, appuyez-vous sur mon épaule; je vais vous ramener chez vous.»

Jean fut bien content d’échapper à la prison, mais il ne s’éloigna pourtant pas du terrible agent de police.

Comme il avait bon cœur, cela lui faisait de la peine de voir souffrir la pauvre femme, et il désirait lui être utile. Il la pria de s’appuyer sur lui, et l’accompagna jusqu’à sa maison; là, elle s’assit sur une chaise, et pleura amèrement pendant que ses trois petits enfants se pressaient effrayés autour d’elle, et que le complaisant commissaire était allé chercher un médecin pour soigner son pied.

Jean la regarda en silence un instant, puis lui demanda timidement:

«Est-ce parce que votre pied vous fait bien mal, que vous pleurez?

— Hélas! non, répondit la femme, qui se nommait Françoise. Je pleure parce que je pense que ce mal de pied va m’empêcher de marcher pendant longtemps, et que je ne pourrai ni aller chercher de l’ouvrage ni reporter celui que j’aurai fait. Et que deviendront mes pauvres enfants, si je ne gagne pas d’argent pour leur acheter du pain? Leur père est mort l’année dernière, et ils n’ont que moi pour prendre soin d’eux.

JEAN.

Je serais bien content si je pouvais vous être utile à quelque chose. Ne pourrais-je pas faire vos commissions, aller chercher votre ouvrage et le reporter?

FRANÇOISE.

Sans doute, vous le pourriez, et cela me rendrait grand service. Mais vous allez à l’école, vous n’en avez pas le temps, et puis peut-être votre mère ne vous le permettrait-elle pas.

JEAN.

Oh! si, elle me le permettra quand elle saura que c’est par ma faute que vous vous êtes fait mal. Je vais vite aller lui en demander la permission.»

Au moment où il allait sortir, le médecin arriva et dit, après avoir examiné le pied de la pauvre femme, qu’elle avait une entorse, et que de longtemps elle ne pourrait marcher.

Jean partit en lui promettant de revenir le lendemain matin.

En arrivant chez lui, il trouva sa mère très-inquiète de ce qu’il n’était pas encore rentré.

Elle avait appris que Jules et Hubert avaient été conduits en prison, et l’idée que Jean y était peut-être avec eux l’avait fait beaucoup pleurer. Aussi, lorsqu’elle le vit entrer, elle courut à lui et voulut l’embrasser, mais Jean se recula et dit:

«Oh! maman, je ne mérite pas que tu me caresses. J’ai été trop méchant au jourd’hui.»

Et aussitôt il lui raconta sa désobéissance et toutes les fautes qui en avaient été la suite; il finit en lui demandant la permission d’aider, autant qu’il serait en son pouvoir, la pauvre Françoise.

«Je te le permets très-volontiers, lui répondit sa mère, car je suis bien aise de trouver en toi ce vif désir de réparer tes fautes. Tu vois combien j’avais raison de te dire de fuir la mauvaise société. Il est difficile de ne pas se laisser entraîner au mal quand on choisit pour ses amis des enfants qui montrent, par leurs discours, qu’ils ne possèdent ni l’amour ni la crainte de Dieu. Je suis fâchée d’être obligée d’augmenter encore tes regrets; mais je dois te dire que je viens d’apprendre que ta pauvre cousine Aglaé est revenue très-malade de la frayeur que vous lui avez faite, et qu’on est même assez inquiet sur son compte.

JEAN.

Oh! ma chère petite Aglaé, comment avons-nous pu être si méchants pour elle! Mais je vais tant prier le bon Dieu qu’il la guérira. Ce serait trop affreux si elle mourait par notre faute.»

Quelle triste fin de journée pour ce pauvre Jean, qui s’était tellement réjoui des vendanges!

Il eût évité tous ces chagrins et fût revenu gai et heureux, s’il avait écouté sa mère.

Mais les enfants croient toujours que leurs parents leur font des défenses pour leur plaisir, et sans avoir de sérieuses raisons.

Jean ne put trouver un peu de consolation qu’en priant le bon Dieu de lui pardonner et de lui venir en aide, et en pensant aux services qu’il voulait rendre à la pauvre veuve.

Le lendemain il se leva de bien bonne heure, courut demander des nouvelles d’Aglaé, qui allait déjà beaucoup mieux, puis se rendit chez Françoise.

Il aida l’aînée des petites filles à habiller et à laver ses deux petites sœurs, alla chez le boulanger et chez la laitière chercher le pain et le lait de leur déjeuner, et mit tout en ordre dans la maison; il avait fini tout ce qu’il y avait à faire, quand l’heure de l’école sonna. A la fin du jour, avant de rentrer chez lui, il vint encore voir si Françoise n’avait besoin de rien.

Il en fit autant tous les jours sans jamais se lasser, tant que la pauvre veuve ne put pas marcher. Aglaé se guérit après avoir été quelque temps malade.


Quant à Jules et à Hubert, ils restèrent plusieurs jours dans une prison noire, sale et humide; et lorsqu’ils en sortirent, leur père était si fâché d’avoir eu à payer une grosse somme d’argent pour les vitres qu’ils avaient cassées, qu’il les fit entrer dans un établissement où il fallait qu’ils travaillassent toute la journée, sans jamais avoir un moment pour s’amuser.

Tout le monde trouva que c’était bien fait, et que cela valait mieux pour eux que de passer leur temps, comme ils le faisaient, à faire des farces et des méchancetés.

Il faut espérer que ce régime sévère les corrigera enfin de leurs défauts, mais nous n’avons pas eu de leurs nouvelles depuis.

Les enfants d'aujourd'hui

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