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INTRODUCTION

Table des matières

LA Hollande, après l’évacuation des Prussiens en 1795, se trouva dans la nécessité indispensable de solliciter l’appui de la France, qui, pendant l’invasion des Prussiens, avait vu affluer chez elle un grand nombre de Hollandais, presque tous ennemis de la maison d’Orange, dont les princes furent obligés de se réfugier chez des puissances étrangères. Envahie par les Français à la faveur d’un hiver rigoureux qui lui enleva tous ses moyens de défense, la Hollande fut abandonnée par tous ses alliés, et le 5 mai 1795 le pays fut constitué en République Batave. Le pouvoir législatif résidait dans une assemblée représentative, et le pouvoir exécutif était un Directoire composé de cinq membres. L’armée française occupa tout le territoire de la république: et, par un traité peu avantageux, la Hollande céda à la France quelques provinces méridionales, forma une alliance perpétuelle avec elle, lui paya une somme de cent millions de florins, formant à peu près deux cent-vingt millions de francs. Grâce à ces sacrifices, l’intégrité de son territoire lui fut garantie.

Au mois d’octobre 1801, on fit de grandes modifications à la constitution. On divisa la république en huit provinces; l’assemblée législative fut réduite à trente-cinq membres. Mais, malgré ces changemens, la république n’acquérait pas plus de consistance, et chaque jour ses forces maritimes s’affaiblissaient par les pertes qu’elle faisait en combattant contre la marine anglaise. Ses colonies furent dévastées, son commerce se borna à un simple cabotage, et à entretenir quelques relations avec le continent. Le flux et reflux des évènemens fit éprouver à la banque d’Amsterdam une secousse si violente, qu’elle en fut ébranlée jusques dans ses fondemens; et cette commotion, en répandant partout l’alarme, restreignit encore davantage les opérations commerciales. La paix d’Amiens, loin de lui devenir favorable, lui ravit encore Ceylan, une de ses plus riches colonies.

Cependant, en s’armant de patience, et en retrempant son courage dans l’expectative d’un meilleur avenir, la Hollande se résignait; et, à force de travail et d’intelligence, le pays se soutenait et sa position s’améliorait petit - à - petit, lorsque tout-à-coup elle fut entraînée par la France dans une nouvelle guerre contre l’Angleterre. Dès lors toutes ses espérances s’évanouirent; Surinam et le Cap-de-Bonne-Espérance tombèrent au pouvoir des Anglais, dont la flotte bloqua toutes les côtes de la Hollande, qui, par cette désastreuse disposition, vit s’épuiser entièrement toutes les sources de son industrie en retombant dans une inaction qui présageait une ruine inévitable.

En 1805, au mois d’avril, la constitution hollandaise subit encore de nouveaux changemens. Le corps-législatif, qui se composait de trente-cinq membres, fut réduit à dix-neuf députés. Schimmel penninck, sous le titre de grand-pensionnaire, fut revêtu du pouvoir exécutif avec tout le faste et l’autorité de la souveraineté ; on lui alloua même un fonds annuel dont il n’avait point à rendre compte. Le grand-pensionnaire eut un conseil-d’état composé de neuf membres, et cinq ministres furent créés pour l’administration des affaires. Mais ni les talens supérieurs, ni l’infatigable activité de Schimmelpenninck, dans les connaissances et le patriotisme duquel les Hollandais avaient la plus grande confiance, rien alors ne pouvait opposer une digue assez forte au torrent qui menaçait d’inonder la Hollande. Depuis la perte de son indépendance et l’anéantissement de toutes ses ressources, elle voyait chaque jour se creuser le précipice que lui préparaient les évènemens politiques dont elle était entourée.

Le seul moyen que l’on présumait alors pouvoir sortir la Hollande de la position très-difficile où elle se trouvait, était de la réunir à la France, qui n’osa pas ou plutôt qui ne crut pas devoir encore se prononcer ouvertement à cet égard. On se contenta seulement de faire circuler quelques bruits, précurseurs de grands projets, et, pour les masquer, on obligea la Hollande, en 1806, à se constituer en royaume, et à prendre pour souverain Louis Bonaparte, frère de l’empereur des Français.

La cour de Hollande sous le règne de Louis Bonaparte

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