Читать книгу Compendium des quatre branches de la photographie - Auguste Belloc - Страница 10
ОглавлениеCHAPITRE II
PREMIÈRE OPÉRATION
POLISSAGE DE LA PLAQUE.
L’iodure d’argent étant la couche sensible sur laquelle viendront successivement se produire toutes les réactions physiques et chimiques de la daguerréotypie, il est d’une importance extrême d’insister sur les moyens d’obtenir sa formation régulière.
Plaçons donc en première ligne l’opération que l’on doit faire subir d’abord à la plaque, et disons que du décapage et du polissage de sa surface dépend entièrement la réussite des autres opérations. Ce serait en vain qu’on se serait conformé aux prescriptions les plus minutieuses, qu’on aurait multiplié les précautions: habileté, patience, précautions, tout échouerait devant un polissage incomplet.
Décaper la plaque avec soin, donner à sa surface métallique le bruni le plus parfait, c’est assurer, autant que possible, la pureté chimique de la couche d’iodure d’argent, c’est réunir les conditions essentielles du succès, la sensibilité, la limpidité, la profondeur et la richesse de l’épreuve.
Bon nombre’ de procédés ont été donnés pour décaper la plaque; tous ceux qui ont pour base l’emploi du tripoli et d’une huile essentielle peuvent être adoptés avec un égal succès: toutefois, nous donnons la préférence à l’essence de térébenthine rectifiée à cause de son action énergique sur l’argent.
Le tripoli nous paraît également bien supérieur à la poudre de saphir et à la pierre-ponce, qui n’ont sur les autres poudres que l’incontestable avantage de rayer le doublé, quel que soit d’ailleurs le soin apporté à leur lévigation.
Le rouge doit être choisi avec soin. Nous donnons la préférence au rouge d’acier, d’une couleur violet foncé; il est le seul entre tous les rouges qui ne s’attache pas aux polissoirs et aux plaques, le seul qui soit exempt d’acidité et qui se présente en poudre d’une finesse extrême.
Le coton doit être bien cardé, très fin, très sec et sans grains.
La planchette à polir peut être munie d’un manche à tourillon; elle peut être tournante ou accompagnée d’une petite presse qui serve à la fixer aux bords d’une table.
Un étau attaché à un support solide et à une hauteur convenable nous semble préférable à tout autre appareil pour retenir la planchette à polir; il est, dans tous les cas, indispensable dans un atelier de photographie. On serre entre les mâchoires de l’étau l’appendice fixé sous la planchette à polir, et il est plus facile et plus commode de faire un quart de conversion autour de la planchette que de la tourner au moyen du tourillon.
Trois varlopes en bois (rabots), d’une longueur de 0m, 60sur0m, 12de largeur, constituent la charpente des polissoirs.
La première, garnie de velours de coton blanc bien saupoudré et pénétré de rouge d’acier;
La seconde, garnie en peau de daim, bien couverte aussi de rouge, mais soigneusement brossée, afin qu’elle n’en conserve que les parties qui ont pénétré dans le tissu de la peau;
La troisième, en peau de daim également, frottée de rouge et de noir de fumée, et brossée comme la précédente.
Ces varlopes doivent être tenues, à l’abri de toute poussière, dans une boite appliquée verticalement contre le mur.
En Angleterre, et dans quelques établissements français, on a adopté pour brunir les plaques un grand disque monté verticalement et mis en rotation soit à l’aide d’une grande roue isolée, soit tout simplement par le pied du polisseur.
En Amérique, c’est le polissoir en cône tronqué qui a été adopté de préférence, et si nous jugions de son mérite par la finesse et la beauté des épreuves qui nous viennent de New-York, nous devrions en conclure qu’il est de beaucoup supérieur à tous les po lissoirs employés.
Toutefois, nous pensons que les opérateurs en général doivent donner la préférence au polissage à la main, qui est tout aussi facile, tout aussi expéditif, tout aussi fin et bien moins dispendieux. Du reste, ici comme toujours et dans tout, le succès dépend entièrement des soins et de l’adresse de l’opérateur.