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IV
ARCHÉROTYPIE

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Table des matières

Vers la fin de1850, M.G. Legray, dans son Traité pratique de photographie, parla le premier du collodion ou dissolution de coton-poudre, comme pouvant être substitué et ayant été substitué par lui à l’albumine, avec de grands avantages, au point de vue surtout de la formation rapide de l’image dans la chambre obscure; il indiqua comme agents accélérateurs l’ammoniaque et les fluorures; comme agent révélateur le protosulfate de fer, et affirma avoir obtenu des portraits en cinq secondes et à l’ombre.

En janvier1851, M. Bingham remplaça aussi l’albumine par le collodion, et fit avec M. Cundell des éxpériences complètement satisfaisantes.

Peu de temps après, M. Archer formula et popularisa une méthode complète de photographie sur verre enduit de collodion, combiné avec l’iodure d’argent dissous dans l’iodure de potassium et rendu sensible dans un bain de nitrate d’argent; son agent révélateur était l’acide pyrogallique de M. Regnault; il fixait à l’hyposulfite de soude; ses épreuves étaient obtenues en quelques secondes; il apprit, en même temps, à transformer directement les négatifs en positifs, par l’addition à la dissolution d’acide pyrogallique, de quelques gouttes d’acide nitrique, et à modifier la couleur ou la teinte de ses épreuves par l’emploi de diverses substances: acétate de chaux, acétate de plomb, acide gallique, etc., etc.

La première idée de la transformation des négatifs en positifs directs est due à M. Herschel. MM. Talbot et Malone la produisirent en ajoutant du nitrate d’argent au bain révélateur; M. Fry l’obtenait au moyen d’une solution de sublimé corrosif. M. Diamond réussit mieux encore, en prenant pour bain révélateur un mélange à parties égales d’acide pyrogallique et d’hyposulfite de soude; M. Lemoine conseilla un bain de ferrocyanate de potasse; M. Martin, de Versailles, enfin, prouva qu’il y avait de grands avantages à se servir d’un bain de cyanure double de potassium et d’argent, et produisit de beaux positifs de ce getire sur bois, sur ferblanc, sur cuivre, sur acier, recouverts d’abord d’un vernis noir ou de vernis des graveurs.

En mai1852, M. de Brebisson publia sa méthode de photographie sur verre collodionné, donnant des épreuves instantanées, et produisit des vues de places, de marchés, avec une foule compacte et agitée d’hommes occupés d’affaires commerciales.

C’est de la même époque que datent les premières tentatives pour conserver l’épreuve positive et la lustrer.

M. Clausel de Troyes nous communiqua ses idées, et nous en fîmes ensemble les essais. En juin1854, nous publiâmes ce procédé, et, nous autorisant de deux années d’expériences comparatives, nous pûmes dire et nous pouvons répéter que l’encaustique, déjà connue et employée en Europe, et assure aux épreuves une durée indéfinie et une vigueur peu commune.

Dès1852, plusieurs photographes eurent l’idée de détacher du verre la couche de collodion transformée en positif direct et de la rapporter sur papier ou sur toile; les premiers beaux succès en ce genre ont été obtenus en1853.

En1853, des essais de reproduction des anneaux d’interférence et des images de la polarisation chromatique, faits par M. Crookes, mirent en évidence une grande différence d’action entre les iodures et les bromures.

Complétons ces éphémérides de la photographie en rappelant les faits suivants:

1o En1846, M. Niepce de Saint-Victor inventa un mode tout nouveau de reproduction photogénique des gravures, fondé sur la propriété singulière dont jouit l’iode, de se porter et de se fixer sur les noirs d’un dessin ou d’une figure quelconque à l’exclusion des blancs: il décrivit sa méthode en1847; en avril1852, il indiquait le moyen de fixer et de rendre inaltérables les épreuves ainsi obtenues, en transformant l’iodure d’amidon qui formait le dessin, en iodure d’argent, que l’on exposait de nouveau à la lumière, pour faire ensuite apparaître l’image avec l’acide gallique, et la fixer à l’hyposulfite de soude.

M. Bavart a converti cette méthode en un art merveilleux pour la reproduction des vieilles gravures; après avoir exposé la gravure à la vapeur d’iode, il l’applique sur une glace préparée à l’albumine, pour former une épreuve négative ou cliché, avec lequel il tire ensuite sur papier des épreuves positives par les procédés connus.

2o En mai1853, MM. Lemercier, Lerebours et Bareswill firent connaître le procédé de photographie sur pierre lithographique qu’ils avaient découvert en juin1852, et présentèrent de très belles épreuves obtenues par ce moyen de reproduction et démultiplication indéfinie, qui consiste essentiellement à recouvrir la pierre d’un vernis impressionnable, vernis au bitume de Judée, par exemple, à y imprimer l’image par l’action de la lumière à travers un négatif, sur verre ou sur papier, à dissoudre le vernis impressionné par l’éther sulfurique, et à traiter l’image comme un dessin lithographique ordinaire.

C’est au fond le procédé de gravure héliographique inventé par le grand Niepce.

3o En mai1853, M. Fox Talbot publia son procédé de gravure photographique sur acier, qui consiste à recouvrir la plaque d’une couche formée de gélatine et de bichromate de potasse, à l’exposer à la lumière, recouverte de l’objet qu’on veut graver, à faire mordre l’image ainsi obtenue par une solution saturée de bichlorure de platine, etc.

Quelques jours après cette publication, MM. Niepce de Saint-Victor et Lemaître, reprenant, pour l’appliquer à l’acier, la méthode de Joseph-Nicéphore Niepce, obtinrent des résultats bien meilleurs, et par la substitution à l’essence de lavande d’un vernis ayant pour base la benzine, M. Niepce de Saint-Victor est enfin parvenu à faire de la gravure héliographique un art véritable, qui promet de donner des résultats excellents.

On nous saura gré, nous l’espérons de cette esquisse rapide, mais complète, des progrès et des conquêtes de la photographie, esquisse tracée pour la première fois, qui rend à chacun ce qui lui est dû, et qui a pour premiers résultats de prouver jusqu’à l’évidence que la plus grande part de la gloire de cette immense découverte, ou plutôt dans cette glorieuse série de découvertes incomparables, revient à la France.

Niepce, Daguerre, Fizeau, Claudet, Niepce de Saint-Victor, etc., etc., les grands noms de la photographie sur plaque métallique et sur verre, sont des noms français..

Wedgewood, Talbot, les grands noms de la photographie sur papier, unis au nom d’Archer, le réalisateur de la photographie sur collodion, suffisent, certes, à honorer l’Angleterre.

Chacun des quatre grands genres de photographie qui ont paru tour à tour, la photographie sur métal, la photographie sur papier la photographie sur verre albuminé, la photographie sur verre collodionné, a ses avantages et ses inconvénients. Sur métal, et produit dans l’atelier d’un artiste consommé, le portrait est d’une exécution facile et presque instantanée; la netteté, la vigueur du ton; le modelé des formes, l’harmonie de l’ensemble, la finesse des détails, la dégradation des teintes, ne laissent absolument rien à désirer; mais cette épreuve si belle est un type unique, elle miroite désagréablement; elle est altérable, et les traits du modèle y sont renversés.

Avec la photographie sur papier, telle que savent la faire les artistes que nous avons déjà cités, les reproductions peuvent atteindre des dimensions énormes et peuvent être multipliées à l’infini: le miroitage n’existe plus, l’opérateur a des allures plus libres, il peut varier à son gré le caractère de l’épreuve; il la renforce si elle est trop faible, il l’affaiblit si elle est trop foncée; il devient artiste presque au même degré que le graveur; il fait, comme il lui plaît j un tableau vague ou ferme; le papier coûte peu, il résiste au frottement et se conserve indéfiniment; mais, en revanche, la texture fibreuse du papier, ses aspérités et ses creux, la communication capillaire qui s’établit entre les diverses parties de la surface inégalement imbibées, sont autant d’obstacles qui s’opposent à la rigueur absolue des lignes et à l’exacte dégradation des ombres et des lumières: la précision de l’image laisse à désirer, les détails sont plus confus, les traits bien moins accusés; il en résulte toutefois une certaine homogénéité d’ensemble, une fusion insensible des lumières et des ombres, une imitation meilleure des effets que l’art des peintres et des dessinateurs cherche à produire.

Les épreuves sur albumine ont bien toute la finesse désirable, l’image est parfaitement nette, les détails complètement accusés; la glace peut être préparée longtemps à l’avance; elle offre, sous le rapport de la facilité du transport, un avantage incomparable; mais la finesse excessive de l’épreuve la rend sèche et dure, elle est presque toujours d’un aspect faux comme relation de ton entre la lumière et les ombres, elle ne rend pas assez les effets de la nature. L’action–de la lumière est si lente que le portrait négatif sur albumine est presque impossible, et, quant à obtenir une couche albuminée propre et sans poussière c’est un travail assez difficile.

La couche de collodionest, en quelque sorte, une feuille très mince de papier, à pâte parfaitement homogène sàns inégalité aucune; elle a au plus haut degré la propriété de se laisser imprégner complètement par les liquides, qui lui communiquent une sensibilité exquise.

Par la promptitude d’impression, elle lutte avec la plaque métallique, mais elle est fragile à l’excès et d’une grande altérabilité: un souffle, la poussière, l’agent chimique le plus faible, l’altèrent quand l’image est en voie de formation.

Si l’on fait la balance des avantages et des inconvénients des diverses méthodes, on pourra conclure immédiatement:

1 Que s’il-s’agit d’obtenir un portrait unique d’un beau caractère, avec une grande finesse de détails, une dégradation parfaite de lumière et d’ombre, une ressemblance absolue, il faut recourir à la plaque d’argent;

2 Que dans la reproduction des monuments de l’art ou des paysages, sur grande échelle, la préfé rence doit être accordée au papier ciré, albuminé ou gélatiné;

3 Que pour la reproduction sur petite échelle et en grand nombre de sujets immobiles) rien, surtout pour le photographe voyageur, ne remplace la glace albuminée que l’on peut garder plusieurs jours sensibilisée, avant et après l’exposition à la chambre noire, sans la soumettre à l’agent révélateur. La giace albuminée est bien plus précieuse encore et tout à fait indispensable quand il s’agit d’obtenir des positifs sur verre pour le stéréoscope, des vues panoramiques, des dnsolving l’iews, ou de fixer les objets agrandis par le microscope solaire, avec des contours fortement accusés et des détails parfaitement dessinés;

4 Enfin, pour les portraits, pour les académies, qu’il s’agit de multiplier, pour toutes les scènes plus ou moins animées de la nature, partout, en un mot, où il y a vie, respiration, mouvement, et lorsque l’objet doit être représenté avant que la lumière qui l’éclaire ait été modifiée, l’albumine et le papier doivent céder le pas au collodion.

Tout bien pesé, la part qui reste au collodion est la part du lion, et la photographie sur glace collodionnée est la première de toutes les photographies.

Après avoir successivement étudié et pratiqué tous les procédés, nous nous sommes exclusivement livré à l’enseignement des quatres branches de la photographie; et, après plusieurs années d’études sérieuses et d’une pratique de tous les jours, nous croyons rendre un service signalé à ceux qui s’occupent de cet art, en leur indiquant les moyens les plus simples d’obtenir des clichés parfaits et des épreuves positives sans reproche.

Entrons donc hardiment en matière avec cette assurance que nous donnent nos études, nos succès, et l’espoir d’être utile aux photographes, en leur aplanissant la route qui conduit à la perfection.

Compendium des quatre branches de la photographie

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