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PRÉFACE

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Depuis un siècle, le Concordat règle les rapports de l’Eglise et de l’Etat en France. La nomination des évêques et des curés inamovibles, la délimitation des diocèses et des paroisses, le traitement des ecclésiastiques, la restitution des églises pour le service du culte, etc., sont autant de questions fort graves qu’il a résolues en 1801; et, après avoir, au sortir de la grande Révolution, présidé au rétablissement de la Religion catholique en notre pays, il n’a cessé, depuis cette époque, de déterminer les conditions de sa vie publique parmi nous.

Or, ce pacte solennel, signé par Pie VII et Bonaparte, est très menacé en ce moment; il peut être déchiré, dénoncé à brève échéance.

Le 7 mars 1882, une première proposition de loi, visant sa suppression, fut discutée à la Chambre des députés, sans toutefois obtenir la majorité des voix. En voici le texte aussi clair que laconique:

«ARTICLE PREMIER. — Le Concordat du 23 fructidor an IX (10 septembre 1801) est abrogé.

«ART. 2. — Cette abrogation produira tous ses effets à partir du 1er janvier 1883.»

Dans sa séance du 8 décembre 1884, la Chambre revint sur ce sujet périlleux, et une nouvelle proposition de loi fut encore faite dans le même sens, le 1er juin 1886, mais sans plus de succès.

Cette question, grosse de conséquences, fut donc résolue favorablement sous les législatures précédentes; aucun ministre n’a consenti jusqu’ici à prendre la responsabilité de désorganiser l’Eglise catholique en notre pays.

Aujourd’hui, il n’en est plus de même. M. Combes, le président du Conseil des ministres, disait textuellement à la tribune, le 21 mars 1903:

«Les rapports de l’Eglise et de l’Etat sont réglés par le Concordat. Tant que cela ne sera pas abrogé, le ministère est lié. On ne peut dénoncer maintenant la convention; ce serait une mauvaise politique, parce que le pays n’est pas préparé à cet événement.

«La rupture, si produira un jour que je crois prochain.

«Ceux de mes amis qui veulent la séparation de l’Etat d’avec l’Eglise n’attendront pas longtemps.»

Cette rupture, M. Combes la prépare de sang-froid et la rendra inévitable s’il se maintient longtemps encore au pouvoir. Le droit qu’il s’arroge de nommer seul les évêques sans entente préalable avec Rome, la dissolution brutale des congrégations religieuses, sa prétention exorbitante d’empêcher les évêques de choisir à leur gré les prédicateurs, la suppression de l’enseignement chrétien pour l’enfance et la jeunesse, la protection à peine déguisée qu il accorde aux perturbateurs des cérémonies religieuses, la défense d’annoncer la parole de DIEU et de faire le catéchisme dans les idiomes breton et basque, au milieu de populations dont une grande partie ne comprend pas le français, la suppression injustifiable et quotidienne de traitements ecclésiastiques..., tout cet ensemble, voulu, de mesures aussi arbitraires que tyranniques, aussi injustes que vexatoires, ne peut qu’amener, avant peu de temps, la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

Une commission nommée à cette fin, le 11 juin dernier, compte dix-sept membres favorables à cette séparation et seize hostiles.

Ces symptômes sont alarmants. «L’Eglise de France est en péril, disait récemment Mgr Lecot, archevêque de Bordeaux. Elle est menacée, non seulement dans ses congrégations, mais dans son clergé séculier. On croyait que les ennemis de l’Eglise n’en viendraient pas aux violences où ils sont arrivés! Mais nous reverrons probablement les angoisses de la grande Révolution. Il faut espérer qu’alors, il y aura en France des Français et des chrétiens dignes de ce double nom.»

Après la dispersion des religieux, la première étape dans cette voie de lutte à outrance contre JÉSUS-CHRIST et son Eglise sera, vraisemblablement, la dénonciation du Concordat.

Qu’est-ce que le Concordat? Quelle est son origine, sa nature, son histoire? Quel lien établit-il entre le Saint-Siège et l’Etat français? Quelles obligations réciproques crée-t-il entre les deux parties contractantes? Autant de questions aussi intéressantes que graves, et que nous voudrions résoudre d’une manière à la fois claire et complète. Sans cesse, le mot de Concordat revient dans les conversations, et combien en ont une notion précise? En présence des éventualités menaçantes et prochaines dont il vient d’être parlé, à la veille des modifications profondes que la séparation de l’Eglise et de l’Etat peut amener dans la situation du christianisme en France, il n’est pas un catholique qui puisse se désintéresser d’un tel sujet.

Tous les cœurs chrétiens sont anxieux à la vue des sectes antichrétiennes qui veulent monter à l’assaut de l’Eglise et détruire la foi; tous souffrent cruellement à la vue des ruines amoncelées déjà autour de la citadelle. Quel est notre premier devoir? N’est-ce pas de connaître exactement les questions qui s’agitent, d’en avoir une idée nette, et de savoir où l’ennemi veut porter ses coups, afin de les repousser? A cet égard, les catholiques sont-ils assez en éveil? Nous ne le croyons pas.

Puisse l’étude que nous livrons au public combler cette lacune, en ce qui concerne le Concordat!

Le Concordat, sa négociation, ses dix-sept articles, son histoire de 1801 à 1903

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