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AVANT-PROPOS

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Avant d’entrer dans le vif de notre sujet, il est nécessaire d’établir, en peu de mots sans doute, mais d’une manière irréfutable, le droit de l’Eglise catholique à la liberté.

Pendant les jours qui précédèrent son Ascension, JÉSUS-CHRIST ressuscité se montra en Galilée, sur le Thabor, à plus de cinq cents de ses disciples; il leur parla de sa puissance souveraine, universelle, et leur dit en terminant: «Toute puissance m’a été donnée au ciel et sur la terre. Allez et enseignez toutes les nations. Baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Enseignez leur à garder tout ce qui vous a été ordonné ; et voilà que je suis avec vous jusqu’à la consommation des siècles.» Par ces mots, le DIEU fait homme créait, ou du moins annonçait, la grande société religieuse, l’Eglise catholique, qui serait chargée de continuer son œuvre de rédemption sur la terre, après son départ.

Or, non seulement le DIEU fait homme a fondé l’Eglise, mais il lui a donné encore sa Constitution. Et ce n’est pas à Tibère, qui régnait alors sur tout l’univers civilisé, ni à Ponce-Pilate, son procurateur en Judée, qu’il en confia le gouvernement, mais à Pierre, témoin cette parole, véritable promesse de la primauté future: «Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise. Tout ce que tu lieras sur terre sera lié au ciel, et tout ce que tu délieras sur terre sera délié au ciel.»

Et dans une apparition en Galilée, quelques semaines après le reniement du jeudi saint, il lui confirma cette puissance suprême dans une circonstance particulièrement frappante, devant les Douze. Après la pêche miraculeuse et le repas qui suivit, JÉSUS demanda trois fois à Pierre s’il l’aimait.

Et sur sa triple réponse affirmative: «Pais mes agneaux, lui dit-il, et mes brebis.

Par les agneaux étaient indiqués les fidèles, et par les brebis, les pasteurs, de sorte que l’Eglise universelle est sous la garde et le gouvernement de Pierre et de ses successeurs légitimes jusqu’à la fin des âges. Telle est la doctrine catholique, immuable, fondée sur les paroles mêmes de DIEU, et il n’est permis à personne, pas même au Pape, de changer cette divine Constitution.

Sous le Pape sont les évêques, sous les évêques, les prêtres, et autour des prêtres, les fidèles: vaste société dont les membres sont fortement unis par une même foi, une même espérance et la participation aux mêmes sacrements, sous la direction d’un même chef, le Vicaire du Christ.

Par l’établissement ici-bas de cette société religieuse, Notre-Seigneur n’a cependant voulu porter aucune atteinte aux droits du pouvoir civil. Chaque Etat garde ses attributions, défend ses frontières, lève ses armées, encaisse ses impôts, étend son commerce, bâtit des forts, organise ses postes, conclut ses traités de commerce et de paix... Tout ce qui vise le bien-être terrestre, l’Etat en reste chargé ; mais ce qui concerne le bonheur futur et les moyens pour y atteindre, est concédé à l’Eglise, et l’Etat ne peut y mettre la main sans violer la volonté divine et empiéter sur un terrain qui n’est pas le sien. Entre DIEU et les âmes, c’est l’Eglise Seule que JÉSUS-CHRIST a placée.

Toute cette doctrine est fondée sur diverses paroles qu’il a prononcées, et spécialement sur celles-ci: «Rendez à César ce qui est à César et à DIEU ce qui est à DIEU.... Mon royaume n’est pas de ce monde.»

Tel a toujours été l’enseignement de l’Eglise, tel l’enseignement du grand pape Léon XIII dans son Encyclique Immortale Dei, de 1885: «DIEU, dit-il, a divisé le gouvernement du genre humain entre deux puissances: la puissance ecclésiastique et la puissance civile, celle-là préposée aux choses divines, celle-ci, aux choses humaines. Chacune d’elles, en son genre, est souveraine; chacune est renfermée dans des limites parfaitement déterminées et tracées en conformité de sa nature et de son but spécial. Il y a donc comme une sphère circonscrite dans laquelle chacune exerce son action de plein droit. Ainsi, tout ce qui, dans les choses humaines, est sacré à un titre quelconque, tout ce qui touche au salut des âmes et au culte de DIEU, soit par sa nature, soit par rapport à son but, tout cela est du ressort de l’autorité de l’Eglise. Quant aux autres choses qu’embrasse l’ordre civil et politique, il est juste qu’elles soient soumises à l’autorité civile, puisque JÉSUS-CHRIST a commandé de rendre à César ce qui est à César, et à DIEU ce qui est à DIEU.»

Ces principes devaient être rappelés au début de ce travail, parce que, seuls, ils permettent de saisir, sous leur vrai jour, les négociations relatives au Concordat et les démêlés qui s’élevèrent ensuite à diverses époques entre les deux pouvoirs ecclésiastique et civil.

Le Concordat, sa négociation, ses dix-sept articles, son histoire de 1801 à 1903

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