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INTRODUCTION

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Table des matières

Tout le monde connaît la ville de Saint-Germain-en-Laye; cette cité antique dont les souvenirs historiques sont légendaires; qui, en1837, eut l’honneur de l’inauguration du premier de nos chemins de fer.

On sait que son château fut bâti par François1er et que c’est là que naquit le grand roi Louis XIV dont le berceau forme les armes de la ville. On en voit encore les armoiries gravées sur le fronton du Pavillon Henri IV, actuellement occupé par le restaurant si renommé où tant de personnages aristocratiques se sont donné et se donnent encore chaque jour rendez-vous. Il est peu d’étrangers en villégiature qui ne soient venus visiter cet établissement, d’où l’on découvre un admirable panorama, s’étendant sur l’immense vallée de la Seine, Port-Marly, Bougival, Croissy, Rueil, le Mont-Valérien, le Vésinet, jusqu’à Maisons-Laffitte et d’autres localités encore.

On sait également que c’est dans l’hôtel attenant à cet établissement, que vient de s’éteindre le célèbre écrivain et le plus grand homme politique de notre temps, M. Thiers, dont la statue érigée • l’année dernière sur la place qui porte aujourd’hui son nom, est un des plus beaux ornements de la ville.

Pendant plusieurs siècles, le château de Saint-Germain fut une résidence royale des plus importantes et des plus agréables environnant Paris. On en voit encore de nombreuses traces, et d’anciens hôtels ayant conservé le style de l’époque, portant des noms célèbres dans l’histoire.

Un autre château, appelé le Châteauneuf, attenant à l’ancien, avait été construit par Henri IV. Le style en était plus moderne et sa situation des plus agréables dominait précisément cette vallée de la Seine dont nous venons de parler. La révolution le détruisit entièrement, et fit vendre les terrains qu’il occupait, en même temps qu’elle dévastait le vieux château, dont elle ne laissa, comme on le dit vulgairement, que les quatre murs.

Les terrains vendus sont ceux qui composent aujourd’hui le quartier du Boulingrin, l’un des plus beaux de la ville, où sont bâtis de magnifiques hôtels, ou maisons de campagne.

Sous l’Empire et la Restauration, le vieux château que l’on voit encore aux trois quarts restauré, fut en quelque sorte abandonné. Louis-Philippe en fit un pénitencier militaire, Napoléon III en ordonna la restauration et le convertit en un musée d’antiquités gauloises et romaines, devant donner l’idée des usages des peuples existant avant l’ère chrétienne. La direction des travaux en fut confiée à l’habile architecte Millet, qui mourut malheureusement avant d’avoir achevé son œuvre; le parc, qui en fut détaché, est aujourd’hui une promenade des plus agréables.

La forêt de Saint-Germain, dont l’étendue est considérable, fut autrefois un rendez-vous de chasse des plus fréquentés par les monarques et les grands seigneurs d’alors. C’est là qu’est situé le grand établissement des Loges, bâti sous le premier empire, servant d’institution aux jeunes filles de militaires, et que se tient ordinairement, au bout de la longue avenue qui y conduit, cette fête traditionnelle et pittoresque en même temps, si connue des Parisiens et des habitants des environs sous le nom de Fête des Loges, qu’ont si souvent décrite nos habiles romanciers.

Qui ne connaît aussi la terrasse de Saint-Germain, dont l’étendue n’a guère moins d’une lieue, et sa rangée d’arbres séculaires s’étendant d’un bout à l’autre, servant d’abri aux promeneurs contre l’ardeur du soleil, cette promenade magnifique, qui fait l’admiration de tous les étrangers et les délices des habitants de la ville?

Par sa situation sur un plateau élevé et sa proximité de la forêt, Saint-Germain jouit d’un air très pur et très salutaire, particulièrement pour les malades et les vieillards. Aussi voit-on beaucoup de Parisiens y venir prendre une résidence d’été; heureux en même temps d’y trouver le dimanche et le jeudi un concert composé d’excellents musiciens.

Le quartier de Noailles, où ont été construites de charmantes villas, de même que celui du Boulingrin, sont généralement habités par de riches rentiers, la plupart commerçants retirés des affaires, désireux de se reposer et de jouir à leur aise du fruit de leurs travaux et de leurs économies.

C’était donc une de ces villas de la rue d’Alsace où l’on rencontre encore quelques vestiges de l’ancienne résidence princière de la famille de Noailles, qu’habitait le dernier des Robert, cet austère vieillard que nous avons eu l’honneur de connaître, et de la famille duquel nous allons raconter l’histoire. Après avoir subi bien des épreuves dans sa vie, qu’il se plaisait à raconter, il s’était retiré à Saint-Germain en1854, y vivant en vrai sage, en véritable philosophe, dans une modeste aisance, sans prodigalité, mais aussi sans parcimonie. Tout son temps se passait dans son jardin, qu’il se plaisait à cultiver, ou dans sa bibliothèque, car il affectionnait tout particulièrement les fleurs et la lecture. Veuf depuis plusieurs années, il ne recevait qu’un très petit nombre de parents et d’amis, dont il avait fait un choix très scrupuleux; on le voyait souvent aussi se promener sur la terrasse et aux abords de la forêt, toujours proprement vêtu, mais sans prétention, et constamment accompagné d’un chien fidèle; s’il rencontrait des connaissances, il causait volontiers, et sa conversation plaisait beaucoup.

En1878, Gustave Robert entrait dans sa soixante-seizième année, sans pour ainsi dire avoir jamais été malade, lorsqu’il fut subitement atteint d’une bronchite aiguë, qui tourna en fluxion de poitrine, et en quelques heures l’enleva à l’affection de ses parents, à l’estime de ses amis, emportant les regrets de tous les habitants de Saint-Germain. Sa mort fut un deuil pour les pauvres, dont il avait été le bienfaiteur à toutes les heures de sa vie.

La famille Robert

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