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AVANT-PROPOS.

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LES progrès de l’esprit humain, les révolutions qui s’opèrent dans la marche de nos connaissances, impriment à chaque siècle son caractère.

Le seizième siècle fut fécond en théologiens, ou plutôt tel a été le train des esprits dans ce siècle, que presque tout ce qu’il y eut d’écrivains s’occupa de questions théologiques.

Au dix-septième, les beaux-arts fleurirent, et l’on vit naître les chefs-d’œuvres de la littérature moderne.

Les écrivains du siècle dernier furent philosophes. Ils firent voir que les grandes institutions sociales étaient fondées sur des préjugés et des superstitions, et ils firent tomber les superstitions et les pouvoirs qui émanaient d’elles. Ce fut le siècle des révolutions et de la critique.

Quel sera le caractère du nôtre? Jusqu’ici il n’en a eu aucun. Se traînera-t-il toujours sur les traces du siècle précédent? et nos écrivains ne seront-ils rien autre chose que les échos des derniers philosophes?

Je ne le pense pas: la marche de l’esprit humain, ce besoin d’institutions générales qui se fait sentir si impérieusement par les convulsions de l’Europe, tout me dit que l’examen des grandes questions politiques sera le but des travaux de notre temps.

La philosophie du siècle dernier a été révolutionnaire; celle du dix-neuvième doit être organisatrice.

Le défaut d’institutions mène à la destruction de toute société; les vieilles institutions prolongent l’ignorance et les préjugés du temps où elles sont faites. Serons-nous contraints de choisir entre la barbarie et la sottise?

Ecrivains du dix-neuvième siècle, à vous, seuls appartient de nous ôter cette triste alternative.

L’ordre social a été bouleversé, parce qu’il ne convenait plus aux lumières; c’est à vous d’en créer un meilleur: le corps politique a été dissous, c’est à vous de le reconstituer.

Un tel travail est pénible, sans doute; mais il ne surpasse pas vos forces: vous régnez sur l’opinion, et l’opinion règne sur le monde.

Soutenu de l’espoir d’être utile, j’ose entreprendre d’ouvrir la route; et, dans ce premier essai, je hasarde un coup d’œil sur la situation de l’Europe et les moyens de la réorganiser.

Un monarque, pour être grand, doit protéger les sciences et les arts. Ce propos, tant de fois répété, est l’expression vague d’une vérité qui n’a pas encore été sentie.

Ceux-là seuls, parmi les rois, ont exercé une grande action dans le monde, qui, se laissant aller au mouvement de leur siècle, ont marché dans la route que traçaient les écrits de leurs contemporains. Je n’ai pas besoin d’en dire la raison; elle se voit assez d’elle-même.

Charles-Quint et Henri VIII étaient théologiens et protégeaient la théologie, et certes leurs règnes furent plus beaux que celui du galant et spirituel François Ier.

Louis XIV brilla seul au milieu des rois de son siècle, et Louis XIV, dans toute l’Europe, se fît le protecteur des lettres et de ceux qui les cultivaient.

Le dix-huitième siècle ne compte que deux noms illustres parmi les souverains, Catherine et le grand Frédéric; et ces noms sont ceux des amis des philosophes et des appuis de la philosophie.

Quels rois soutiendront de leur faveur les travaux des écrivains de notre siècle?

Si deux princes, que les lumières des peuples qu’ils gouvernent désignent d’avance pour les protecteurs de tout ce qu’il y a de noble et de bon, daignaient se souvenir qu’en bâtant le cours de l’esprit humain dans son temps, un roi travaille à sa grandeur, combien promptement s’achèverait cette réorganisation de l’Europe, le but de tous nos efforts, le terme de tous nos travaux!

De la réorganisation de la société européenne

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