Читать книгу Avant Qu’il Ne Chasse - Блейк Пирс - Страница 10
CHAPITRE CINQ
ОглавлениеAvec le recul, Mackenzie pensa finalement qu’elle aurait mieux fait de passer la nuit à Omaha et de faire la route jusqu’au comté de Morrill durant la journée. Traverser la petite ville de Belton à minuit cinq était plus que sinistre. Il n’y avait pratiquement aucune voiture sur la route et les seules lumières visibles étaient les réverbères le long de Main Street et quelques enseignes lumineuses aux vitrines de bars ainsi qu’au seul endroit qu’elle cherchait actuellement à atteindre, l’unique motel de la ville.
La population de Belton s’élevait à un peu plus de deux mille habitants. Il s’agissait surtout de fermiers et d’ouvriers travaillant à l’usine de textile. Les petits commerces étaient la seule activité du centre-ville car aucune entreprise de plus grande taille ne voulait tenter sa chance dans cette partie du Nebraska. Quand elle était enfant, un McDonald’s, un Arby’s et un Wendy’s avaient essayé de venir s’installer dans Main Street mais chacun d’entre eux avait fini par fermer dans les trois années qui avaient suivi leur ouverture.
Elle prit une chambre au motel après avoir été reluquée de manière peu subtile par le vieux préposé à la réception. Fatiguée par cette journée interminable, elle défit son sac et appela Ellington avant d’éteindre les lumières. Toujours fidèle au poste, il décrocha à la deuxième sonnerie. À sa voix, elle sentit qu’il était aussi fatigué qu’elle.
« Je suis arrivée, » dit-elle, sans prendre la peine de dire bonjour.
« Tant mieux, » répondit Ellington. « Comment tu te sens ? »
« C’est sinistre ici. Un endroit un peu glauque une fois la nuit tombée, j’imagine. »
« Tu penses toujours que c’était la meilleure manière de faire ? »
« Oui. Et toi ? »
« Je ne sais pas. J’ai eu un peu de temps pour y réfléchir. Peut-être que j’aurais dû t’accompagner. C’est plus qu’une simple enquête pour toi. Tu essaies également de mettre une partie de ton passé derrière toi. Et si je t’aime, ce qui est le cas, je devrais être là pour ça. »
« Mais c’est d’abord une enquête, » dit-elle. « Et tu dois d’abord agir en tant que bon agent. »
« Oui. C’est ce que je vais me répéter pour me convaincre. Tu as l’air fatiguée, Mac. Repose-toi. Enfin, si tu parviens encore à dormir seule. »
Elle sourit. Ça faisait presque trois mois maintenant qu’ils partageaient le même lit de manière régulière. « Parle pour toi, » dit-elle. « Je viens juste de me faire reluquer par un préposé à la réception particulièrement âgé. »
« N’oublie pas de te protéger, » dit Ellington, en ricanant. « Bonne nuit. »
Mackenzie raccrocha et se déshabilla. Elle dormit sur le couvre-lit, refusant de prendre des risques en se glissant dans les draps d’un motel à Belton. Elle pensait qu’elle aurait du mal à s’endormir, mais avant que la solitude et le silence de la ville à travers la vitre n’ait eu le temps de la détendre, le sommeil la rattrapa et l’envahit.
***
Son horloge interne la réveilla à 5h45 mais elle décida de l’ignorer et referma les yeux. Elle n’avait pas vraiment un horaire à respecter et de plus, elle ne se rappelait pas de quand datait la dernière fois où elle s’était accordé un réveil plus tardif. Elle parvint à se rendormir et quand elle se réveilla à nouveau, il était 7h28. Elle sortit du lit, se doucha et s’habilla. Elle passa la porte de sa chambre vers huit heures du matin et se mit instantanément à la recherche d’un café.
Elle prit son café accompagné d’un pain saucisse dans un petit snack-bar qui avait toujours fait partie du décor de cette ville, d’aussi loin qu’elle se rappelle. Elle y venait avec ses amis du lycée pour y boire des milkshakes jusqu’à l’heure de la fermeture, à vingt et une heures tous les soirs de la semaine. Maintenant l’endroit lui paraissait plutôt un trou à rats graisseux, une tache sur ses souvenirs d’adolescente.
Mais le café était bon et fort, le carburant parfait pour la motiver à descendre la Route 6 vers un lopin de terre où elle avait vécu une partie de son enfance. Alors qu’elle s’en approchait, elle se rendit compte qu’elle pouvait clairement se rappeler sa dernière visite. Elle était venue avec Kirk Peterson, le détective privé aujourd’hui un peu perturbé, qui était tombé sur l’affaire de son père lorsque Jimmy Scotts avait été assassiné.
Alors quand elle aperçut la maison au détour de l’allée, elle ne fut pas vraiment surprise par ce qu’elle vit. Le toit détérioré menaçait de s’effondrer entièrement sur le mur arrière. Les mauvaises herbes avaient envahi tout l’endroit et le porche avait l’air tout droit sorti d’un film d’horreur.
La maison des voisins était également abandonnée. Ça semblait tout à fait approprié qu’il n’y ait que des forêts des deux côtés des maisons. Peut-être qu’un jour, la forêt s’y insinuerait et engloutirait les vieilles maisons abandonnées.
Ça ne me dérangerait pas du tout, pensa Mackenzie.
Elle gara sa voiture dans une allée fantôme et sortit à l’air libre. Avec l’autoroute loin derrière elle et la forêt s’étendant devant ses yeux, l’endroit était calme et serein. Elle entendit des oiseaux chanter dans les arbres et le bruit du moteur de sa voiture qui refroidissait. Elle marcha à travers le silence en direction de la porte d’entrée. Elle sourit quand elle vit qu’elle avait été défoncée. Elle se rappelait l’avoir fait elle-même quand elle était venue ici avec Peterson. Elle se rappelait également le sentiment bizarre de satisfaction qui en avait découlé.
À l’intérieur, c’était exactement pareil à ce qu’elle avait vu un an auparavant. Pas de meubles, pas d’objets personnels, pas grand-chose en fait. Des fissures aux murs, de la moisissure au tapis, l’odeur du vieux et de l’abandon. Il n’y avait rien ici pour elle. Rien de neuf.
Alors pourquoi je suis venue ?
Elle connaissait la réponse. Elle savait que c’était parce que c’était la toute dernière fois qu’elle y viendrait. Après cette visite, elle ne se laisserait plus jamais envahir par cette satanée maison. Ni dans ses souvenirs, ni en rêve, et certainement jamais dans le futur.
Elle traversa lentement la maison, en observant chaque pièce. Le salon, où elle et sa sœur, Stéphanie, avaient regardé Les Simpsons et étaient devenue limite obnubilées par Les X-Files. La cuisine, où sa mère avait rarement cuisiné quoi que ce soit de valable à part une lasagne dont elle avait trouvé la recette sur une boîte de pâtes. Sa chambre, où elle avait embrassé un garçon pour la première fois et avait laissé un garçon la déshabiller. Il y avait des carrés au mur, légèrement décolorés par rapport au reste de la peinture ; c’était là où étaient accrochés ses posters de Nine Inch Nails, de Nirvana et de PJ Harvey.
La salle de bains, où elle avait pleuré le jour où elle avait eu ses règles pour la première fois. La minuscule buanderie où elle avait tenté d’éliminer l’odeur de bière renversée sur sa blouse, un soir où elle était rentrée tard à l’âge de quinze ans.
Puis, au bout du couloir, se trouvait la chambre de ses parents – la chambre qui hantait ses nuits depuis bien trop longtemps. La porte était ouverte, la chambre l’attendait. Mais elle n’y entra pas. Elle resta debout dans l’embrasure de la porte, les bras croisés sur la poitrine, et observa l’intérieur. Avec la lumière matinale filtrant à travers les fenêtres fissurées et poussiéreuses, la pièce semblait presque immatérielle. Il était facile d’imaginer que l’endroit soit hanté ou maudit. Mais elle savait que ce n’était pas le cas. Un homme était mort dans cette pièce, son sang se trouvait encore sur la moquette. Mais c’était également vrai pour d’innombrables autres pièces dans le monde. Celle-ci n’était pas plus spéciale que les autres. Alors pourquoi lui pesait-elle autant ?
Tu peux penser autant que tu veux que tu es une femme forte et obstinée, lui dit une petite voix intérieure. Mais si tu ne résous pas cette affaire ce coup-ci, cette pièce te hantera le reste de tes jours. Tu pourrais tout aussi bien t’y enchaîner et dresser une porte de prison, ce serait pareil.
Elle quitta l’embrasure de la porte et sortit à l’extérieur. Elle contourna l’arrière de la maison, où se trouvait la seule entrée qui donnait à la cave. La vieille porte était tordue et facile à ouvrir. Elle entra et faillit hurler à la vue d’un serpent vert se faufilant dans l’un des coins. Elle rit d’elle-même et pénétra dans l’espace poussiéreux. Ça empestait la vieille terre et une odeur aigre envahissait l’endroit. C’était un lieu négligé avec des toiles d’araignée et de la poussière partout. Des saletés, de la poussière, des moisissures et de la pourriture. Il était difficile d’imaginer qu’il fut un temps où elle était enthousiaste à l’idée d’y venir chercher son vélo au printemps pour faire des tours dans le jardin. C’était là où son père entreposait la tondeuse et la débroussailleuse et où sa mère conservait tous ses bocaux pour faire des confitures et des gelées.
Envahie par les souvenirs et par l’odeur de rance, Mackenzie ressortit de la pièce. Elle se dirigea vers sa voiture mais elle fut incapable de partir tout de suite. Tel un fantôme, elle traversa à nouveau l’intérieur de la maison. Elle se dirigea vers le bout du couloir, vers la chambre de ses parents.
Elle fixa la pièce des yeux, en commençant tout doucement à comprendre le chemin qu’elle devait prendre. Elle en avait été plus proche hier soir, en roulant à travers Belton et en souhaitant arriver à destination. Cette vieille chambre vide ne contenait rien de plus que d’horribles souvenirs. Si elle souhaitait réellement avancer sur l’affaire, elle allait devoir faire des recherches.
Elle allait devoir arpenter les rues de cette ville dont elle avait redouté, en tant qu’adolescente, ne jamais pouvoir s’échapper.
***
Elle s’était tellement déconnectée de Belton après avoir obtenu un poste au sein de la police d’État à l’âge de vingt-trois ans qu’elle n’avait aucune idée de ce qui avait bien pu s’y passer durant ces dernières années. Elle ne savait pas quels commerces étaient encore ouverts, ni qui était mort ou qui avait vécu jusqu’à un âge avancé.
Bien sûr, ça faisait moins d’une douzaine d’années qu’elle ne vivait plus à Belton, mais une seule année pouvait causer beaucoup de changements dans une petite ville – que ce soit au niveau finances, immobilier ou décès. Mais elle savait aussi que les petites villes avaient tendance à rester enracinées dans les traditions. Et c’est pourquoi Mackenzie se dirigea vers le magasin local de fournitures agricoles qui se trouvait à l’extrémité Est de la ville.
L’endroit s’appelait Fournitures agricoles Atkins et à une époque, bien avant la naissance de Mackenzie, ce fut le centre de l’activité commerciale de la ville. En tout cas, c’est l’une des histoires que son père lui avait racontées. Mais aujourd’hui, ce n’était plus que l’ombre de ce que c’était. Quand Mackenzie était enfant, l’endroit vendait à peu près tous les types de cultures possibles (avec une spécialisation en maïs, comme la plupart des endroits au Nebraska). Ils y vendaient également des petites fournitures agricoles, des accessoires et des articles ménagers.
Quand elle y entra, à peine un quart d’heure après avoir quitté la maison de son enfance, Mackenzie se sentit presque désolée pour les propriétaires. Tout l’arrière du magasin, qui avait autrefois contenu des cultures et des fournitures de jardinage, était vide. Il n’y avait plus maintenant qu’un vieux billard abîmé. En ce qui concernait le magasin en lui-même, il vendait toujours des cultures, mais le choix était très réduit. La section la plus importante était celle offrant des semences de fleurs et de plantes. Une petite glacière à l’arrière contenait des appâts de pêche (des vairons et des vers de terre, à en croire la pancarte écrite à la main) et le comptoir se tenait devant toute une série de cannes à pêche et de boîtes poussiéreuses.
Deux hommes âgés se tenaient derrière le comptoir. L’un d’entre eux remuait une tasse de café tandis que l’autre feuilletait un catalogue de fournitures. Elle s’approcha du comptoir, sans être tout à fait certaine de l’approche à adopter : celle d’une personne du coin revenue après une longue absence ou celle d’un agent du FBI à la recherche d’informations concernant une vieille affaire.
Elle se dit qu’elle se déciderait sur le moment. Les deux hommes levèrent les yeux vers elle en même temps, alors qu’elle ne se trouvait plus qu’à quelques pas du comptoir. Elle reconnut les deux hommes du temps où elle vivait à Belton, mais elle connaissait uniquement le nom de celui qui feuilletait le catalogue.
« Monsieur Atkins ? » demanda-t-elle, en réalisant qu’elle pouvait très bien jouer les deux rôles et obtenir des renseignements fiables – s’il y en avait à obtenir.
L’homme qui tenait le catalogue en mains leva les yeux vers elle. Wendell Atkins avait douze ans de plus que la dernière fois où Mackenzie l’avait vu mais il avait l’air d’en avoir pris au moins vingt. Mackenzie supposa qu’il devait avoir au moins soixante-dix ans maintenant.
Il lui sourit et pencha la tête sur le côté. « Votre visage me dit quelque chose, mais je ne suis pas sûr de me rappeler de votre nom, » dit-il. « Ce serait sûrement plus facile que vous me le disiez, sinon je vais passer toute la journée à me poser la question. »
« Je m’appelle Mackenzie White. J’ai vécu à Belton jusqu’à l’âge de dix-huit ans. »
« White… votre mère s’appelait Patricia ? »
« Oui, monsieur, c’est ça. »
« Et bien, » dit Atkins. « Ça fait vraiment longtemps que je ne vous ai plus vue. La dernière chose que j’ai appris, c’était que vous travailliez pour la police d’État, c’est bien ça ? »
« J’y ai effectivement travaillé durant un temps en tant que détective, » dit-elle. « Mais j’ai fini par partir pour Washington et je travaille au FBI maintenant. »
Elle sourit intérieurement car elle savait que dans moins d’une heure, Wendell Atkins allait dire à tous les gens qu’il connaissait que Mackenzie White était venue lui rendre visite, qu’elle était partie pour Washington et qu’elle travaillait au FBI. Et si la rumeur se propageait, elle savait que les gens se mettraient à parler de ce qui était arrivé à son père. Dans les petites villes, c’était généralement comme ça que les informations se propageaient.
« Ah bon ? » dit Atkins. Même son ami leva les yeux de sa tasse de café, ayant l’air plus qu’intéressé.
« Oui, monsieur. Et c’est aussi la raison de ma visite. Je suis venue à Belton pour faire des recherches sur une vieille affaire. Celle de mon père, en fait. »
« Oh non, » dit Atkins. « C’est vrai… ils n’ont jamais trouvé celui qui lui avait fait ça, n’est-ce pas ? »
« Non, ils ne l’ont jamais trouvé. Et dernièrement, il y a eu des meurtres à Omaha qui semblent être liés à celui de mon père. Je suis venue ici, chez vous, car honnêtement, je me rappelle que mon père y venait de temps à autre quand j’étais enfant. C’était le genre d’endroit où les hommes se retrouvaient pour prendre un café et papoter, n’est-ce pas ? »
« C’est bien ça… même si on ne buvait pas toujours que du café, » dit Wendell, avec un petit gloussement.
« Je me demandais si vous vous rappeliez avoir entendu quoi que ce soit après que mon père soit assassiné. Même si vous pensez qu’il s’agit seulement de rumeurs, j’aimerais le savoir. »
« Et bien, agent White, » dit-il, sur un ton de bonne humeur, « je suis désolé de vous dire que certaines d’entre elles ne sont pas très agréables. »
« Je ne m’attends pas à ce qu’elles le soient. »
Atkins se racla la gorge d’un air gêné et il se pencha légèrement à travers le comptoir. Son ami comprit qu’une conversation inconfortable était sur le point d’avoir lieu ; il prit sa tasse de café et disparut derrière les rangées d’inventaire et d’équipements de pêche derrière le comptoir.
« Certains pensent que c’était votre mère, » dit Atkins. « Et je ne vous dis ça que parce que vous me l’avez demandé. Sinon, je n’aurais jamais osé faire un tel commentaire. »
« Je sais, monsieur Atkins. »
« Les rumeurs disent qu’elle a tout organisé pour que ça ressemble à un meurtre. Et le fait qu’elle… et bien, qu’elle souffre de cette dépression juste après, a paru bien trop opportun à certaines personnes. »
Mackenzie ne pouvait pas vraiment s’offusquer de cette accusation. Elle l’avait elle-même envisagé, mais ça ne tenait pas la route. Cela voudrait dire que sa mère serait également responsable de la mort des vagabonds, de Gabriel Hambry et de Jimmy Scotts. Sa mère pouvait être beaucoup de choses, mais elle n’était certainement pas une tueuse en série.
« Une autre rumeur dit que votre père avait des liens avec des Mexicains pas trop recommandables. Un cartel de la drogue. Une transaction aurait mal tourné ou votre père les aurait dupés d’une manière ou d’une autre, signant par là son arrêt de mort. »
C’était également une autre possibilité sur laquelle ils avaient longuement spéculé. Le fait que Jimmy Scotts ait apparemment été impliqué avec un cartel de la drogue – dans son cas, au Nouveau-Mexique – avait fourni un lien mais, après de longues recherches, il s’avéra qu’il n’y avait pas de connexion. Mais à nouveau, le père de Mackenzie avait fait partie de la police et tout le monde savait qu’il avait arrêté quelques dealers de drogue du coin, alors c’était une supposition facile à faire.
« Autre chose ? » demanda-t-elle.
« Non. Croyez-le ou non, mais je n’aime pas trop me mêler de ce qui ne me regarde pas. Je déteste les rumeurs. J’aurais aimé pouvoir vous en dire plus. »
« Ne vous tracassez pas. Merci beaucoup, monsieur Atkins. »
« Vous savez, » dit-il, « peut-être que vous devriez parler à Amy Lucas. Vous vous rappelez d’elle ? »
Mackenzie essaya de se rafraîchir la mémoire mais n’y parvint pas. « Le nom me dit vaguement quelque chose, mais non… je ne me rappelle pas d’elle. »
« Elle vit sur Dublin Road… la maison blanche avec la vieille Cadillac posée sur des blocs dans l’allée. Cette carcasse se trouve là depuis des lustres. »
Il n’en fallut pas plus pour que Mackenzie se rappelle. Bien qu’elle ne connaisse pas personnellement Amy Lucas, elle se rappelait bien de la maison. La Cadillac en question datait des années 60. Elle était placée sur des blocs depuis une éternité. Mackenzie se rappelait très bien l’avoir souvent vue, durant ces années à Belton.
« Pourquoi elle ? » demanda Mackenzie.
« Elle et votre mère étaient vraiment de très bonnes amies à un moment donné. Le mari d’Amy est mort d’un cancer il y a trois ans. Depuis lors, elle ne vient plus aussi souvent en ville. Mais je me rappelle qu’elle et votre mère passaient beaucoup de temps ensemble. Elles allaient au bar ou jouaient aux cartes sur le porche d’Amy. »
Comme si monsieur Atkins avait comme par magie appuyé sur un bouton, Mackenzie se rappela soudain bien plus de choses qu’auparavant. Elle pouvait à peine visualiser le visage d’Amy Lucas, illuminé par une cigarette qu’elle tenait en bouche. C’est l’amie au sujet de laquelle papa et maman se disputaient souvent, pensa Mackenzie. Les soirs où maman rentrait saoule ou était absente le weekend, elle était avec Amy. J’étais trop jeune pour vraiment comprendre.
« Savez-vous où elle travaille ? » demanda Mackenzie.
« Nulle part. Je suis prêt à parier qu’elle est actuellement chez elle. Quand son mari est mort, elle a reçu un petit pécule. Elle se contente de rester chez elle et de se morfondre toute la journée. Mais s’il vous plaît… si vous allez la voir, je vous en supplie, ne lui dites pas que c’est moi qui vous y ai envoyé. »
« Je ne lui dirai rien. Encore merci, monsieur Atkins. »
« Pas de problème. J’espère que vous trouverez ce que vous cherchez. »
« Moi aussi. »
Elle sortit du magasin et se dirigea vers sa voiture. Elle scruta Main Street tout en se demandant : Mais qu’est-ce que je cherche exactement ?
Elle entra dans sa voiture et démarra en direction de Dublin Road, en espérant y trouver un début de réponse.